L'écrivain chinois Gao Xingjian, Prix Nobel de littérature en 2000, décrit dans son récit de voyage La Montagne de l'âme (1990) sa rencontre amoureuse avec les fabuleux paysages du Guizhou. Comment rester insensible aux charmes de cette " Terre Précieuse ", comme la décrivent les caractères qui composent son nom ? Egalement appelée Qian (黔), cette province est une terre festive et d'une inestimable richesse culturelle. Méconnue des chemins touristiques traditionnels, elle devrait ravir les amateurs de paysages karstiques et les curieux des minorités du Sud de la Chine.
Dans le parc de Huangguoshu, vous pourrez admirer quelques-unes des plus belles cascades de Chine. Là et ailleurs, les randonneurs pourront vadrouiller au coeur de pans karstiques d'une singulière beauté, constellés de grottes calcaires, de rivières, de chutes d'eau et de rizières en terrasse. Ceux qui prendront le temps de découvrir les villages Buyi, Dong, Miao et Shui n'oublieront pas de sitôt les festivals hauts en couleur et la joie de vivre de ces peuples.
Pour ceux qui veulent absolument fuir les sites envahis de touristes et de marchands ambulants, il faut aller à la rencontre des campagnes profondes du Guizhou. Certes la route est longue et le chemin sinueux, mais la visite de ces petits bouts de paradis perdu vaut bien quelques heures de transport, d'autant que l'arrivée des lignes à train rapide a considérablement simplifié les voyages dans cette région de Chine !
Histoire
Longtemps coupé du monde, le Guizhou ne fut établi en tant qu'entité administrative que sous les Ming (1368-1644), qui la désignèrent sous l'appellation qian (黔). Sous la dynastie suivante des Qing, les soulèvements de minorités ethniques y étaient si fréquents que l'on disait la province vouée à un révolte mineure tous les trente ans, et à une rébellion majeure tous les soixante ans !
Sur ces terres où rien ne pousse, la culture du pavot devint un pis-aller pour le Guizhou lors des deux guerres de l'Opium. Lors de la guerre contre le Japon (1937-1945), le gouvernement national de Tchang Kai-shek installa sa capitale provisoire à Chongqing. Très vite, cette dernière fut reliée par des routes aux provinces voisines du Guangxi et du Guizhou. Ainsi désenclavée, la province commença alors timidement à se développer avant de retomber brutalement dans le sommeil au terme de la guerre.
Il fallut attendre plusieurs années avant que l'économie locale ne soit redynamisée par Mao, qui fit du Guizhou l'une de ses bases de développement militaire secrètes. Passée du militaire au civil dans les années 1980, l'industrie locale bénéficie aujourd'hui des grands travaux d'infrastructures - gare, ligne à grande vitesse et autres aéroports - dans le cadre du programme de développement du Grand Ouest. La province du Guizhou reste néanmoins l'une des provinces les plus pauvres de Chine, avec 15 % de sa population vivant en dessous du seuil de pauvreté.
Une région rurale
Les habitants du Guizhou, dont environ 38 % sont issus de minorités ethniques, restent avant tout des paysans. La forte densité de population entraîne une concurrence accrue pour accéder aux terres cultivables, dont beaucoup sont exploitées à grande échelle pour la production de tabac. Les surfaces forestières de la province sont considérablement entamées et régulièrement replantées de bois de sapin. Le manque d'éducation des populations locales et l'augmentation de la pollution font du Guizhou une province vulnérable aux problèmes sociaux et environnementaux, et c'est encore à ce jour la province la plus pauvre de toute la Chine. C'est pourquoi le gouvernement central y promeut avec vigueur le développement du tourisme, afin d'apporter une source de revenus supplémentaire à ses habitants et de maintenir en vie des traditions autrement condamnées à disparaître.
Arts et culture
Le Guizhou est particulièrement connu pour être une terre festive. Tous les ans sont organisés de nombreux festivals hauts en couleur. Lors de votre passage dans les villages Buyi, Miao ou encore Shui, n'hésitez pas à suivre le cortège de danseurs et de chanteurs, aux costumes tous plus élaborés les uns que les autres. Les voyageurs sont toujours reçus à bras ouverts lors des célébrations locales, donc n'hésitez pas à vous renseigner dans les offices du tourisme des grandes villes. Attention, les dates des festivals dépendent du calendrier lunaire et changent donc tous les ans.
