Comment se fait-il que São Nicolau, qui, tant pour la variété et la richesse de ses paysages que pour la gentillesse de sa population, n'a pourtant rien à envier à ses deux soeurs Santo Antão et São Vicente, soit restée si longtemps à l'écart de la liste des perles du Cap-Vert ? Le rayonnement international de la cosmopolite São Vicente ou la difficulté d'accès, car sans avion, elle est à 4 heures de mer de Mindelo, lui ont peut-être fait de l'ombre ?
Et pourtant, la trop modeste et discrète São Nicolau, a tous les atouts pour devenir un des points d'attraction de l'archipel.
Deuxième île du Cap-Vert par sa superficie de 388 km2 (51 km d'ouest en est et 25 km du nord au sud), São Nicolau présente une diversité de reliefs et de sites de grand intérêt.
Ses paysages, souvent grandioses, sont d'une beauté à couper le souffle : son pourtour et toute sa partie est, volcaniques et désertiques, ne sont pas sans rappeler par endroits l'Ouest de Santo Antão, Fogo ou les rivages de Maio. Le matin, par temps couvert, on se croirait même sur Mars !
Son centre, sur les pentes et dans les ravines du Monte Gordo (1 382 m) ne sont, comme la vallée de Paúl de Santo Antão, que végétation luxuriante et cultures : manioc, bananes, mangues, maïs, haricots, tomates... C'est que l'eau ne manque pas, là. Une nappe phréatique l'achemine par une galerie de 2 km creusée dans la roche avec le soutien d'ingénieurs français.
Le peuplement date du XVIIe siècle, quand l'eau coulait en abondance et que l'île était couverte de plantations. A cette époque, São Nicolau est alors l'île la plus fertile de l'archipel, on y produit du vin, du café... mais plusieurs vagues de sécheresse et d'invasions " bibliques " de sauterelles vont y mettre un terme. La famine s'installe et pousse les habitants à fuir l'île pour se réfugier sur ses voisines.
Aujourd'hui, ils sont en majorité pêcheurs ou agriculteurs et vivent dans la tradition grâce à ces terres toujours fertiles. Entre les XVIe et XIXe siècles, São Nicolau n'a pas non plus été épargnée par les attaques de pirates qui volent, pillent et tuent. La population se déplace alors à l'intérieur des terres, où elle bâtit Ribeira Brava et les Portugais construisent une forteresse pour protéger le port de Preguica.
La nature est encore toute puissante à São Nicolau et les amateurs de randonnées ou trekking auront l'embarras du choix : ombre et calme des vallées verdoyantes, ou pierriers volcaniques et sableux sous un soleil de plomb, en altitude ou au niveau de la mer. Ses eaux, très poissonneuses, font de la pêche un atout pour l'économie de l'île. Enfin, le sable noir de ses plages (celles près de Tarrafal sont les plus réputées) a quelques vertus curatives. Sa forte teneur en iode et en titane a un effet bénéfique sur les rhumatismes et l'arthrite.
A São Nicolau, tout le monde se connaît, c'est un peu comme une grande famille. Les habitants sont d'une extrême gentillesse, sympathiques et ouverts, avec le sens de l'accueil. Les possibilités d'hébergement, bien qu'en développement, sont encore assez limitées. Les adeptes de l'authentique en seront ravis.