D'abord, elle s'est appelée São Filipe, mais avec la fureur de son volcan, on lui a préféré le nom de Fogo (" feu "). Avec ses paysages dantesques, elle est propice aux randonnées et n'est pas vraiment balnéaire. La noirceur de la région volcanique contraste avec les maisons colorées de São Filipe. C'est une île ronde, habitée de 40 000 habitants sur une superficie de 476 km² et surmontée d'un pic de 2 829 m, le Pico, qui n'est autre que le sommet du volcan. Ce dernier est le symbole de l'île et le point le plus haut de tout l'archipel. Au fur et à mesure que l'on monte en altitude, le terrain contient de plus en plus de roches noires, conséquence d'une intense activité volcanique.
Le climat y est particulièrement chaud pendant toute l'année, seules les soirées y sont plus fraîches. Le volcan semble avoir beaucoup influencé le caractère des gens de l'île de Fogo, qui ont la réputation d'être aussi orgueilleux que lui et dotés d'une forte personnalité. Ses colères et ses grondements sont compris et acceptés de la population, qui le respecte beaucoup. Le volcan est simultanément une divinité positive pour la fertilité qu'il apporte, mais aussi négative en raison de la menace qu'il représente. La principale activité économique est l'agriculture. Les nuages retenus sur les hauteurs délivrent une pluie salvatrice et on y cultive des légumes, des noix de cajou, du tamarin, des pommes, des grenades, des cacahuètes... Tout pousse sur la lave ! Raisins et café poussent au pied du volcan, dont la partie nord est recouverte de verdure. La réputation de ce dernier est internationale, le classant même au 3e rang des meilleurs cafés du monde. Il ne faut pas hésiter à en rapporter et le faire moudre à votre retour en Europe, sa saveur est exquise et raffinée. Sur toute l'île, la fertilité de la terre est un phénomène assez bizarre, d'autant plus qu'elle ne demande pas une grande quantité d'eau. Malgré tout, il a été construit un système étendu d'irrigation, pour arroser les cultures de fruits et légumes exportés vers les autres îles. Son fromage de chèvre est également réputé. Curieusement, l'eau jaillit des sources naturelles qui se trouvent plus nombreuses dans le nord, au niveau de la mer, rendant difficile l'arrosage des plantations situées plus haut. Actuellement deux sources donnant une eau de bonne qualité sont répertoriées, au sud celle de Nossa Senhora Soccoro et au nord celle de Praia Ladrão, ainsi que les puits d'Avito et Achada Malva. Le raisin cultivé au pied du volcan est presque entièrement utilisé pour produire un vin local très apprécié, le Manecom. Il ne contient pas d'additifs chimiques. La pêche n'est pas très développée car les gens de l'île sont avant tout des paysans, mais elle est pratiquée de manière artisanale dans certaines localités comme São Filipe, Mosteiros et Salinas. Environ 500 tonnes de poisson sont pêchées annuellement. On pêche principalement le thon, le rouget, le saumon, la sole, peu consommée sur l'ensemble de l'archipel, car les Cap-Verdiens ne l'apprécient pas, le maquereau, la langouste... et beaucoup de fruits de mer. Dans cette région, le tourisme s'est développé plus tardivement à cause du peu d'infrastructures existantes, mais l'île, promise à un bel avenir, a déjà rattrapé son retard. Fogo invite à la découverte de sites fantastiques et très différents, comme les immenses plantations et les plages de sable noir, bénies par le très imposant volcan que beaucoup rêvent d'escalader. C'est une île à découvrir absolument, car le contraste est saisissant et la nature d'une beauté captivante. L'île de Fogo n'est pas seulement à découvrir pour son volcan, mais aussi pour la randonnée, notamment dans ses forêts de conifères, pour ses magnifiques plages de sable noir Fonte Bila, Praia de Nossa Senhora Soccorro et la baie de Salinas, pour la pêche, pour ses vins, son café et pour le repos qu'elle procure. Sans oublier ses belles maisons coloniales centenaires, ses édifices comme l'église de São Filipe et de São Lourenço, ses cimetières de Blancs, riches, et de Noirs, pauvres, qui retracent une époque coloniale difficile ; et surtout sa population très accueillante.
Histoire. C'est au XVe siècle que débute le peuplement de l'île. Sa première activité est la culture du coton pour la fabrication des pagnes, servant de monnaie d'échange contre des esclaves. Les pirates ne manquent pas de visiter l'île à maintes reprises et la pillent, comme dans toutes celles de l'archipel. Fogo, voisine de Brava, connaît la même émigration vers les Etats-Unis avec l'arrivée des baleiniers qui s'y arrêtent pour faire le plein de main-d'oeuvre. Ces deux îles ont une histoire similaire qui a eu pour conséquence une forte influence américaine dans le mode de vie et la culture des habitants. L'architecture des maisons de Fogo, appelées sobrados, avec leur style colonial et leur balcon en bois, est assez harmonieuse. À l'époque, les sobrados sont composées d'un rez-de-chaussée où dorment les esclaves et d'un premier niveau qui sert de logement aux maîtres. Une cour intérieure, le quintal, permet de se détendre à l'ombre d'un arbre ; elle sert à abriter les chevaux de race que l'on sort à l'occasion des fêtes de São Sebastião, São Filipe, São João et São Pedro. Tout autour, des vérandas correspondent à différentes pièces de la maison. Presque tous les propriétaires de sobrados font construire une réplique de leur maison à la campagne, dans leurs terres, où ils passent leurs vacances. Les premiers sobrados ont été construits autour de l'église Matriz, au milieu du XVIIIe siècle. Malheureusement mal conservés, certains tombent en ruine. La population de l'île est estimée à environ 40 000 habitants. Vous verrez de nombreux métis aux cheveux blonds et aux yeux verts ou bleus, ce qui ne vous surprendra pas quand vous saurez l'histoire de son peuplement. En effet, l'île a accueilli davantage de colons et moins d'esclaves africains que dans le reste de l'archipel. Puis, au XIXe siècle, un Français, le comte de Montrond, fuit la France après un duel qui se solde par la mort de son adversaire. Il se réfugie à Fogo, où il vit jusqu'à sa mort. Ce véritable Don Juan a eu beaucoup d'enfants, contribuant ainsi à éclaircir la peau des générations suivantes. Nombreux sont ceux qui portent son nom dans l'île. Les habitants du village de Chã das Caldeira seraient presque tous ses descendants.