Guide des Îles Eoliennes : Arts et culture
La Sicile est un lieu béni pour les amoureux d'architecture. Elle donna le jour aux plus belles inventions des Grecs et des Romains, mais aussi aux architectures byzantines et arabes, normandes, ou encore du baroque.
C'est sur l'île que l'on trouve les témoignages les mieux conservés et les plus émouvants de la Grèce antique. C'est en 735 av. J.-C. que commencèrent à se développer les monuments grecs sur l'île, et en premier lieu à Syracuse. Le style dorique marque de son empreinte les constructions de cette époque. Les temples de la vallée d'Agrigente, de Ségeste, mais surtout Selinonte, sont monumentaux, à la fois clairs et lumineux, comme en apesanteur et irréels, un coup de force de la conception architecturale, peut-être jamais égalé par la suite (à part le Panthéon de Rome). Les théâtres, inventés par les Grecs, sont ces autres témoignages majeurs de l'art de la pierre. Ceux de Ségeste et de Taormina, incrustés au coeur de la nature, montrent avec force ce que recherchaient les anciens dans la tragédie : un retour aux énergies premières de la terre et une tentative de se fondre aux puissances telluriques. Les Romains étaient moins versés dans le sacré et les arts que les Grecs, et ils transformèrent les théâtres pour accueillir les jeux, ils construisirent ainsi celui de Catane. Leurs constructions importantes sont davantage utilitaires, comme l'aqueduc de Termini Imerese. Mais cependant, il faut visiter absolument ce joyau perdu au coeur de la campagne de Piazza Armerina qu'est la Villa Casale, lieu de villégiature de Maximilien, bras droit de Dioclétien au IIIe siècle de notre ère. Vous pourrez y admirer des mosaïques d'un raffinement exceptionnel, en partie réalisées par des artisans venus d'Afrique du Nord.
La présence byzantine est malheureusement moins bien conservée que l'antique, mais tout aussi intense. Elle transforme les temples grecs en lieu de culte chrétien (notamment la cathédrale de Syracuse). Mais, à partir du XIe siècle, le style byzantin trouvera des échos grâce à la rencontre des artisans arabes et normands qui nous laissent par là des témoignages uniques, que l'on ne trouve pas ailleurs en Italie. De cette bouillante période de créativité et de partage naît un style singulier et original propre à la Sicile. Les cathédrales en sont les signes les plus éclatants : admirez celles de Monreale et Cefalù, et tout particulièrement les mosaïques où l'influence byzantine est la plus prenante. Ici encore, en plein Moyen Age comme chez les anciens, l'architecture trouve son ascèse, sa plus forte présence et sa puissance d'expression dans la recherche spirituelle.
Outre l'arabisant Castello della Zisa, il y a enfin le palais des Normands de Palerme de Roger II (1105-1154), siège de la dynastie d'Hauteville. Commencé au IXe siècle par les Arabes, il fut complété par les Normands jusqu'à la moitié du XIIe siècle.
Le coeur du projet est la chapelle Palatine : c'est un haut lieu de synthèse des styles les plus étrangers, chrétiens et arabes. Au XIIIe siècle, l'invasion du fascinant Frédéric II de Hohenstaufen amena un style monumental des plus austères : il faut voir, perdue dans la brume des sommets d'Enna, sa fameuse tour octogonale, intouchable, mystérieuse et inquiétante.
C'est au XVIIe siècle, durant la présence espagnole que naît le mouvement baroque. La folie et les extravagances du style alors florissant semblent vouloir compenser la dureté des temps où intolérance, esprit d'inquisition dominent, alors que les séismes sévissent à Catane, Noto et Raguse de 1669 à 1693.
Les architectes Landolina et Gagliardi (1680-1762) se vouent à la reconstruction de Noto, qui est la ville chef-d'oeuvre du baroque. Puis Vaccarini (1702-1768) réinvente Catane ou encore Giovanni Vermexio (1621-1657), Syracuse.
Comme pour vaincre les coups portés par les puissances de la nature et la fatalité, les artistes baroques se jouent des lois de la réalité en sublimant la pierre pour créer un monde irréel et féerique.
Style des excès, joyeux et dramatiques à la fois, le baroque convient merveilleusement bien au caractère sicilien. Tout est dès lors jeu, faux-semblant, théâtre : aussi bien les perspectives des rues, les proportions monumentales des palais ou les volutes et les escaliers des églises qui ressemblent davantage à des scènes de représentation, à des salons qu'à de lieux de pénitence.
Habitat typique. Il n'existe pas d'habitat typiquement sicilien. En ville, en Sicile comme dans d'autres régions du Sud, les immeubles sont très rapprochés les uns des autres et séparés de petites ruelles pour mettre les habitants à l'abri de l'écrasante chaleur estivale. L'important étant que les rayons du soleil pénètrent le moins de temps possible dans ces interstices. Ces ruelles sont des voies de communication, autant pour se déplacer que pour se rencontrer et pendre le linge en hauteur. On sort donc facilement tables et chaises en pleine journée pour papoter avec ses voisins.
L'abside en architecture antique est un volume qui sert à élargir le fond d'un monument. Elle est souvent en forme de demi-cylindre et surmontée d'une demi-sphère. Cet espace privilégié délimité permet de mettre l'espace en valeur : c'est le lieu propice pour exposer une statue ou le siège de magistrat.
Arcade. Il s'agit d'une ouverture constituée d'arcs qui peuvent prendre diverses formes. Il existe au total sept formes d'arcade différentes, dont l'arc en plein cintre, brisé, trilobé...
Autel. Un autel est un monument religieux installé dans un lieu de culte qui a la forme d'une table et qui sert aux sacrifices religieux ou aux offrandes. On retrouve dans le mot " autel " deux notions fondamentales : la hauteur dans le sens d'élévation (du latin altare) et la nourriture (du latin alere).
Chapiteau. Elément d'architecture qui termine une colonne et lui transmet les charges qu'elle doit porter. De forme différente, il a un aspect utile en même temps qu'esthétique. En style classique, on lui connaît généralement trois formes : ionique, corinthien et dorique.
Chrisme. Il s'agit du monogramme du Christ formé par les deux premières lettres grecques de Christos (X et P). Souvent, on retrouve, associés au monogramme, les symboles de l'alpha et de l'oméga, qui signifient le début et la fin de toutes choses.
Christ Pantocrator. On utilise ce mot pour nommer la représentation du Christ dans une position bien particulière celle du Christ " en majesté " en train de bénir de la main droite et portant les Evangiles de l'autre main. Un exemple magnifique de la représentation d'un Christ Pantocrator est dans la cathédrale de Monreale près de Palerme.
Clef de voûte. Devenue même une expression, c'est la pierre maîtresse d'un édifice, celle qui maintient toute la structure d'une voûte, car elle est située dans l'axe de symétrie de l'arc ou de la voûte.
Cloître. Situé à proximité ou à l'intérieur de bâtiments religieux, c'est une cour entourée de murs. Il sert notamment comme lieu de méditation.
Crypte. Qui signifie " cacher ", désigne les pièces souterraines taillées dans les sous-sols des églises pour accueillir les reliques des saints. Beaucoup d'églises anciennes possèdent des cryptes.
Frise. C'est un élément d'architecture qui se trouve au dessus des colonnes, plus exactement entre l'architrave et la corniche. Très souvent la frise possède un décor sculpté, dans l'ordre ionique et corinthien, elle est généralement bombée.
Ogive. Sous une voûte, l'ogive est l'arc formé en diagonale.
Le péristyle est un portique ou une galerie de colonnes qui fait le tour d'un édifice à l'intérieur ou l'extérieur de son mur d'enceinte. Ce qui le distingue de la colonnade.
Stuc. C'est un mélange à base de chaux et de plâtre. Le tout peut-être également mélangé avec de la colle forte et utilisé dans la réalisation de motifs décoratifs. Ce matériau est essentiellement utilisé en décoration et en sculpture. Assez léger et peu coûteux, le stuc a, au fil du temps, remplacé le marbre massif.
Trompe-l'oeil. Peinture qui dans son motif donne l'illusion d'une certaine perspective.
Voûte. Il s'agit d'un élément architectural qui couvre l'intérieur d'un édifice. On distingue trois types de voûtes : la voûte d'arêtes (lorsque deux berceaux de la même taille se croisent), la voûte en berceau (des arcs sont répartis le long d'un axe longitudinal) et la voûte sur croisée d'ogives (des ogives se croisent perpendiculairement à la clef de voûte).
Depuis la nuit des temps, la main est l'outil premier du Sicilien : qu'il soit architecte, pêcheur ou artisan. Le travail manuel, ce rapport concret et direct à la matière exemplaire du caractère sicilien, se transmet de père en fils, et la tradition cimente la famille.
Outre les fameuses Pupis, ces marionnettes géantes que les manipulateurs fabriquent eux-mêmes, déguisent, peignent jusqu'aux moindres détails même dans les décors, la production artisanale la plus remarquable de l'île est sans doute la céramique.
Après les vases d'argile de l'époque de la préhistoire, son lieu d'élection est Caltagirone, cité baroque de la province de Catane.
La tradition des joyeuses Faenze della Sicilia, qui décorèrent les patios arabes avant les murs de la ville, trouve ses spécialistes avec la famille Bongiovanni aux XVIIIe et XIXe siècles, qui reproduisaient avec des figurines des scènes populaires.
La tradition artisanale de Caltagirone est toujours bien vivante, et dans de nombreux villages de Sicile, on utilise des santons pour créer des crèches géantes à l'époque de Noël (des concours sont même organisés !).
Les charrettes siciliennes aux couleurs criardes font partie du folklore local. Depuis le XIXe siècle et jusque dans les années 1960, ces charrettes tirées par des mules étaient utilisées par la population pour transporter les marchandises et les hommes à travers la Sicile. Avec le temps, ce mode de transport est devenu une véritable oeuvre d'art, chaque élément de la charrette étant constitué de bois sculpté peint avec de vives couleurs : jaune, rouge, bleu et blanc. On pouvait distinguer sur les carrettu les plus soignés les faits d'armes des plus vaillants combattants. Plusieurs musées sont consacrés à ces carrettu, dont celui de Terrasini.
On ne peut pas les citer, mais les fashion victims trouveront bien sûr les marques incontournables qui constituent leur panoplie : vêtements, chaussures, lunettes de soleil (à porter surtout en intérieur), montres, parfums et autres productions à la mode évidemment italiennes et moins chères qu'en France. Question look et mode, la jeunesse palermitaine n'a rien à envier aux Parisiens.
Sinon, n'oubliez pas tous les autres souvenirs plus typiques et touristiques : l'alimentaire (pâtes de toutes les couleurs, parfums à l'encre de seiche, même au chocolat, et de toutes les formes, huile d'olive, pâtisseries siciliennes, cannoli, cassata), mais aussi des Pupis (marionnettes siciliennes), de la céramique de Caltagirone, ou l'incontournable marsala... de Marsala.
Le seul cinéaste italien important né en Sicile est Giuseppe Tornatore, l'auteur du célèbre Cinéma Paradiso, auquel participèrent tous les habitants de Giancaldo, version cinématographique de Bagheria. De nombreux cinéastes américains comme Capra, Scorsese, Coppola ou Michael Cimino sont les enfants de l'émigration sicilienne de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Mais la Sicile fut pour la majorité des plus grands cinéastes italiens d'après-guerre un point crucial d'ancrage, de référence et un sujet de prédilection.
Hauts lieux touristiques ou villages oubliés, les sites qui ont servi d'écrin pour des scènes inoubliables sont légion. A voir en priorité : La Terre tremble (tournée à Acitrezza avec de véritables pêcheurs siciliens), Le Guépard, de Luchino Visconti, L'Aventura de Michelangelo Antonioni (tourné sur les îles Eoliennes, et dans la Sicile baroque, à Noto, entre autres). Mais aussi Kaos I (1984) et Kaos II (1999), des contes siciliens des frères Paolo et Vittorio Taviani, inspirés des nouvelles de Luigi Pirandello, Oublier Palerme de Francesco Rosi, d'après Edmonde-Charles Roux.
Respiro d'Emanuele Crialese, avec l'actrice Valeria Golino dans le rôle principal, nous emmène sur les rives de Lampedusa, une île perdue au sud de la Sicile. Respiro s'arrête sur la vie de Grazia, un petit bout de femme éprise de liberté et pleine d'amour pour ses deux fils. Dans ce petit village de pêcheurs au bout de la Méditerranée, la caméra d'Emanuele Crialese se pose sur la tranquillité immuable d'un paysage toujours bleu, et qui rime parfois avec la cruauté obtuse de la communauté humaine qui l'habite. La deuxième oeuvre du jeune réalisateur italo-américain a connu dès sa sortie un grand succès à l'échelle mondiale. Il a d'ailleurs reçu nombre de récompenses, dont le Grand Prix, le Prix du public et le Prix de la jeune critique lors de la semaine internationale de la critique à Cannes en 2002.
Evidemment Stromboli, terre de Dieu, de Rossellini (la maison dans laquelle vécut Ingrid Bergman durant le tournage est conservée telle quelle), ou encore Le Facteur, où l'île de Salina est la terre d'asile du poète Pablo Neruda. Enfin Salvatore Giuliano, réalisé par Francesco Rosi en 1961, retrace la vie du célèbre séparatiste sicilien, grande figure du banditisme populaire.
En octobre 2004, est sorti le Retour de Cagliostro, une satire signée Daniele Ciprì et Marseco Franco, deux personnalités italiennes issues de la télévision, connues pour leur humour noir et une certaine insolence. Sous la forme d'un reportage, le film retrace le rêve de deux frères siciliens de faire de leur modeste studio palermitain un studio de cinéma sur le modèle hollywoodien. Ils font pour cela appel à une star américaine, mais le résultat est plutôt catastrophique.
Outre les tragédies grecques représentées durant l'Antiquité, c'est principalement au XIIIe siècle, au moment où les Croisades des Albigeois poussent les troubadours de Provence à l'exil, que naît un art du verbe en Sicile. C'est en effet à cette période qu'une poésie populaire voit le jour, soeur de nos chansons de geste. Comme le veut la tradition orale inaugurée par Homère et l'Odyssée, les poètes errants de villages en villages contaient des faits divers vrais (des exploits des Maures à ceux de Garibaldi plus tard), ou des légendes et des mythes. Mais c'est en fait au moment de l'Unité italienne et du rattachement de l'île à la péninsule que l'écriture trouve sa place et son identité en Sicile avec ceux qui restent parmi les écrivains majeurs des deux siècles derniers.
Giovanni Verga (1840-1922), né à Catane, est un des principaux représentants du mouvement vériste italien. Après une formation littéraire en Sicile, où il reste jusqu'en 1871, il part pour Florence puis pour Milan, où il lie de nombreuses amitiés littéraires. Parmi ses oeuvres les plus importantes, citons La Vie des champs, Les Malavoglia qui inspira La Terre tremble à Visconti, et Maître Don Gesualdo. Il termina sa vie à Catane, loin de la vie littéraire.
Le plus connu de tous est certainement Luigi Pirandello (1867-1936), fils d'Agrigente. Il accomplit ses études littéraires à Palerme, puis à Rome et enfin en Allemagne. Il enseigne la littérature à partir de 1897 en même temps qu'il collabore à diverses revues. Au début du siècle, il publie ses premiers poèmes, essais et ses pièces majeures - comédies philosophiques en tout point uniques -, datent des années 1920 : Chacun sa vérité, Comme avant, mieux qu'avant, Six personnages en quête d'auteur. Il obtient le Prix Nobel de littérature en 1934. Pirandello est, comme tous les génies, un précurseur et un visionnaire. Il éclaire une voie, et sa lumière est assez puissante pour guider encore les auteurs d'aujourd'hui. L'univers du théâtre peut désormais être pirandellien ou brechtien comme il est parfois shakespearien. Six personnages en quête d'auteur est régulièrement représentée et montée par les plus grands metteurs en scène. Son théâtre traduit une réflexion profonde et métaphysique sur la place de l'homme dans l'univers, ses doutes et ses recherches, individuellement et socialement, dans un style toujours poétique.
Les grands auteurs contemporains Leonardo Sciascia (1921 - 1989) et Vincenzo Consolo (né en 1933), donnent de leur île une évocation précieuse et vraie. Sciascia est connu pour Le Conseil d'Egypte paru en 1963, Les Oncles de Sicile paru en 1959. Quant à Consolo, on le connaît surtout pour Le Sourire d'un marin inconnu paru en 1980, Le Palmier de Palerme en 2000.
Vitaliano Brancati (Pachino 1907-Turin 1954), écrivain, essayiste et dramaturge, scénariste à ses heures, a vécu la majeure partie de sa vie en Sicile, à Catane, et à Zafferana, après être passé par Rome dans sa jeunesse.
Sa terre natale de Sicile sert de décor à l'ensemble de son oeuvre qui peut se diviser en trois périodes. Don Juan en Sicile (1942) témoigne d'un moralisme aigu et satirique. La seconde période de sa production littéraire est plus tragique comme en témoigne Le Bel Antonio (1949), qui sera porté à l'écran en 1960 par Mauro Bolognini et dont le rôle-titre est interprété par Marcello Mastroianni. Enfin, la fin de son oeuvre est teintée par l'angoisse de la mort, notamment dans Les Ardeurs de Paolo (1955).
Leonardo Sciascia (Racalmuto 1921-Palerme 1989) est sans conteste le grand témoin de la société sicilienne de l'après-guerre. Né dans la province d'Agrigente, ce romancier et essayiste fut d'abord instituteur dans son village natal. Il se consacra ensuite à l'écriture, fit des incursions dans le monde de la politique et fut élu en 1976 au conseil municipal de Palerme sous l'étiquette " indépendant de gauche ", poste dont il démissionna au bout d'une année.
Ses récits, de style néoréaliste, teintés de régionalisme, inaugurent le roman enquête, forme littéraire qui lui est propre. Ses fables policières sont autant d'énigmes, qui constituent une constante interrogation sur le pouvoir, ses dérives et ses conséquences. Plus qu'un écrivain politique engagé, il se veut écrivain civique, dénonçant les excès, les manipulations, les compromissions, les mensonges et les semi-vérités.
Quelques titres à retenir : Les Paroisses de Regalpetra ou la Chronique d'une école de village, Le Contexte, qui servit de base au film Cadavres exquis, La Mer couleur de vin sur les rapports entre mafia et Eglise, et L'Affaire Aldo Moro.
Giuseppe Tomasi di Lampedusa (1896-1957), palermitain, duc de Palma et surtout prince de Lampedusa, est connu pour son célèbre Guépard, adapté par Luchino Visconti dans un des chefs-d'oeuvre du cinéma mondial. L'oeuvre unique et posthume de cet écrivain aristocrate reste une icône de l'identité sicilienne.
Elio Vittorini (1908-1966) est surtout connu pour son roman Conversation en Sicile, dont l'adaptation cinématographique dépouillée fut très remarquée au Festival de Cannes en 1999 sous le titre de Sicilia dans la sélection " Un certain regard ". Publié en 1938, ce roman fut saisi et interdit par la censure fasciste en 1942.
Giuseppe Bonaviri : Le Tailleur de la grande rue, Gallimard, 1989. Le Murmure des oliviers, Verdier, 1990.
Vitaliano Brancati : Le Bel Antonio, 10-18, 1981. Les Années perdues, Garnier-Flammarion, 1999.
Andrea Camilleri : La Concession du téléphone, Fayard, 1999. L'Opéra de Vigata, Métailié, 1999. Chien de faïence, Fleuve Noir, 2000. Le Voleur de goûter, Fleuve Noir, 2000.
Vincenzo Consolo : Les Pierres de Pantalica, Le Promeneur, 1990. Le Sourire du marin inconnu, Grasset, 1990. Ruine immortelle, Seuil, 1996. Le Palmier de Palerme, Seuil, 2000.
Dominique Fernandez et Leonardo Sciascia : Les Siciliens, Denoël, 1977.
Dominique Fernandez : Le Radeau de la gorgone, Grasset, 1997
Giuseppe Tomasi di Lampedusa : Le Guépard, Seuil, " Points ", 1996.
Leonardo Sciascia : Le Contexte, Gallimard, " Folio ", 1979. Les Paroisses de Regalpetra, Gallimard, " Folio ", 1986.
Elio Vittorini : Conversation en Sicile, Gallimard, " Folio ", 1990.
Barry Unsworth : Le Joyau de Sicile, Archipel, 2008.
John Dickie : Cosa Nostra, l'histoire de la mafia Sicilienne de 1860 à nos jours, Buchet/Chastel, 2007.
Maria Pia Di Bella, Dire ou taire en Sicile, Editions du Félin, 2008.
Courrier International se posait une question fondamentale : " La télévision italienne est-elle la plus bête du monde ? "... Cela vaut la peine de se poser la question... et d'allumer la télévision ? Les efforts de Romano Prodi et de son gouvernement pour redorer le blason de la télévision italienne se révèlent sans succès avec le retour de Berlusconi dont on connaît la main mise sur les médias italiens.
Pour vous consoler avec la télévision francophone, sachez que certains hôtels captent - mal hélas, même les plus luxueux - TV5.
Les Corriere della Sera et Repubblica sont parmi les derniers bastions des quelques intellectuels qui restent. Le journal de la Sicile s'appelle, bien sûr, Il Giornale di Sicilia (www.gds.it), mais chaque chef-lieu de province a son canard parfois très instructif (pour les manifestations culturelles ou les derniers potins sur le parrain du coin), comme La Sicilia (www.lasicilia.it) à Catane et, dans le sud-ouest, La Gazzetta del Sud (www.gazzettadelsud.it) à Messine, etc.
En dehors des grandes villes comme Palerme ou Catane, il est difficile de trouver les classiques de la presse internationale, Le Monde ou Le Figaro.
On sait à quel point le chant est viscéral pour l'Italien et en particulier pour le Sicilien. Sa tradition populaire est d'une richesse exceptionnelle et subit les influences arabes et espagnoles. Elle inspira de nombreux musiciens dits " savants ". Citons ici les trois compositeurs siciliens classiques.
Alessandro Scarlatti (1660-1725) est bien sicilien, mais c'est à Naples qu'il étudie la musique. Son premier opéra est un franc succès et lui ouvre les portes des salons romains, où il se met au service des nobles et des religieux de la Ville éternelle. A partir de 1684, il partagera sa vie entre Naples et Rome au gré des postes et des charges octroyées. Sa principale oeuvre reste : Il trionfo dell'onore, d'abord jouée à Rome où elle fut applaudie, puis à Naples où elle fut reprise 18 fois !
Alessandro Scarlatti initia son fils Domenico (1685-1757) à la musique dès son plus jeune âge. Parallèlement à ses fonctions d'organiste à Naples, celui-ci compose des musiques religieuses et des opéras. Après un bref passage par Venise, où il rencontre Haendel et Gasparini qui influenceront son art, il redouble d'activité à Rome, mais en 1720 il entre au service du roi du Portugal à Lisbonne comme maître de la chapelle de la cour. En 1729, il est à la cour d'Espagne à Madrid, où il a suivi l'infante Maria Barbara. Son oeuvre est constituée de quantité de sonates et de quelques opéras écrits à ses débuts.
Vincenzo Bellini (1801-1835) est bien sûr la gloire des Siciliens en matière de musique. C'est l'un des plus importants compositeurs d'opéras italiens. Fils d'un modeste organiste sicilien, il fait ses études au Conservatoire royal de Naples. Très connu en Italie, il part à Londres, puis à Paris, où il devient l'ami de Chopin, Cherubini et Liszt. Ses opéras les plus connus et immortalisés par la Callas sont La Somnambule, Norma (1831) et Les Puritains (1835).
Enfin, il faut savoir que c'est en Italie, et pour un moment en Sicile, que Richard Wagner (1813-1883) a cherché refuge loin de l'Allemagne qu'il finissait par exécrer, et ce, avant de mourir à Venise. Il acheva à Palerme (à l'Hôtel des Palmes) son testament et chef-d'oeuvre Parsifal, monument insurpassable de l'histoire de la musique qui ouvrit à la modernité de Debussy. En errant dans les rues de la ville, au milieu des palais délabrés, éventrés, et en particulier à la tombée de la nuit, vous comprendrez mieux pourquoi l'orchestration prit des teintes si funèbres et crépusculaires.
Le Sicilien, quel que soit son âge, chante à tue-tête, siffle et hurle parfois, dans la rue, les restaurants, mais surtout sur les marchés. Depuis le Moyen Age, ces derniers sont la scène d'élection et le terreau des chants populaires traditionnels, parfois les plus complexes, et qui inspirèrent nombre de compositeurs : de Bellini, fils et gloire de Catane, à Luciano Berio qui répertoria dans ses oeuvres les chants des pêcheurs et les cris des marchés de Sicile. Ecoutez au petit matin sur les marchés de poisson de Catane ou de Palerme, avec quel art on tente de vous vendre la plus misérable sardine ! Vous y devinerez des mélopées et des volutes arabisantes... L'Italie est par excellence le pays du chant, mais c'est plus particulièrement à Naples et en Sicile que se trouve son berceau. La Sicile est terre de conflits où la présence du volcan menace sans cesse, " terre d'eau et de feu ". La tradition veut que le chant, si essentiel à l'insulaire, soit né de ces tensions et de cette proximité du volcan. Le chant serait comme une réponse à la menace de la catastrophe. Cette énergie unique, comme arrachée à la douleur, qui se déploie dans le chant depuis la nuit des temps, serait une tentative de narguer la Mort.
Après les artisans anonymes des mosaïques de la Villa Casale, de Monreale et de Palerme, le premier grand nom sicilien des arts plastiques est le génial Antonello da Messina (1430-1479), l'un des plus grands peintres de tous les temps. Son style est dépouillé, intérieur et silencieux, et d'une précision qui rappelle curieusement l'art chinois. Antonello, né à Messine vers 1430, est un phare de l'art occidental. Il a principalement travaillé en Sicile, mais on trouve ses oeuvres aux quatre coins de l'Europe (à la National Gallery à Londres, au Louvre, et bien sûr au musée de Palerme). Outre ses oeuvres pieuses, on notera ses portraits d'une vérité bouleversante, notamment Le Condottiere, visible au Louvre.
Giacomo Serpotta, le maître du stuc. Né en 1652, mort en 1732, il est l'un des sculpteurs phares de la Palerme du XVIIIe siècle. On lui doit notamment la statue équestre de Charles II exécutée en 1682 que l'on pourra admirer au musée de Trapani (il s'agit d'un moulage). Ce n'est qu'en 1686 qu'il se lance dans l'art décoratif de stuc avec l'oratoire (chapelle privée ou qui constitue une partie d'un couvent) di San Lorenzo de Palerme. Il marquera le début d'une grande renommée. Les décorations, fresques et reliefs qu'il va exécuter vont ensuite s'enchaîner et son talent d'artiste décorateur en stuc d'intérieurs d'églises ne sera jamais controversé. La plupart des églises dans lesquelles il a oeuvré se trouvent à Palerme : Sant'Orsola (en 1696), delle Stimmate (en 1700), abritée par le musée national de Palerme, et l'oratoire de Santa Zita.
Le Caravage (1571-1610) n'est pas sicilien, mais c'est l'un des hôtes les plus célèbres de l'île, et son influence fut très importante. Michelangelo Merisi, homme déchiré et torturé, dans sa vie comme dans sa création artistique, fut souvent à la lisière du droit chemin, et parfois nettement au-delà. Son talent, néanmoins, est incontesté. Il a su d'ailleurs, malgré son caractère ombrageux, trouver des mentors et des protecteurs pour le placer sur le devant de la scène artistique. Au tournant du siècle, sa notoriété est considérable et les belles familles romaines apprécient son style et sa fougue dans des oeuvres au style résolument novateur piochant son inspiration dans les sujets profanes de la vie quotidienne qu'il travestit pour répondre aux commandes religieuses qui lui sont passées.
Ses frasques deviennent malheureusement trop nombreuses pour être étouffées et, après avoir tué un joueur dans un tripot, il doit fuir à Naples, puis à Malte (uniquement parce que le premier bateau qui accepte de le transporter était celui des Chevaliers), où son passage est mémorable, semant le désordre sur l'île de l'Ordre. Pourchassé par de nombreux ennemis, il continue pourtant à produire : on le voit en Sicile, puis à nouveau à Naples, puis à Porto Ercole, où il vient mourir. Les causes de cette mort sont obscures mais son testament retrouvé en 2001 indiquerait que ce soit de maladie. Ses oeuvres se trouvent dans les plus grands musées du monde, aux Offices à Florence comme au musée du Vatican ou à la Galerie Borghèse à Rome, au Louvre, à l'Ermitage ou encore à la National Gallery.
Pietro Novelli (Monreale 1603-Palerme 1647) est le peintre sicilien le plus important du XVIIe siècle. Influencé par Le Caravage, il apprend très vite la peinture avec son père. Après avoir étudié à Palerme, l'artiste décide de voyager. Lors d'un séjour à Rome, Pietro étudie des tableaux auprès de célèbres artistes de la Renaissance italienne. A Naples en 1630, il s'intéresse aux oeuvres des peintres naturalistes napolitains. Toutes ces influences vont lui permettre de développer un art réaliste et éclectique. Lorsqu'il retourne en Sicile en 1637, Novelli peint essentiellement des scènes religieuses. Il travaille ainsi pour les bénédictins de Monreale et réalise de nombreuses fresques pour différentes églises en Sicile. Certaines oeuvres sont toujours visibles dans des églises de l'île. A Palerme, vous découvrirez Le Miracle de saint Philippe dans l'église del Gesù. L'oratoire del Rosario dans le quartier de la Vucciria à Palerme possède également une des peintures de l'artiste. Parmi la série des Mystères du Rosaire, sur la voûte, la cinquième toile n'est autre que la représentation du Couronnement de la Vierge de Pietro Novelli.
Renato Guttuso (Bagheria 1912-Rome 1987), ami et collaborateur de Federico Fellini, était le peintre contemporain le plus connu de Sicile et un artiste engagé. Il subit l'influence des cubistes dans ses débuts (La Fuite devant l'éruption de l'Etna, 1938). Inscrit au parti communiste, il se dressa contre le fascisme (La Crucifixion, 1941) et rejoint la Résistance. Il participa à la fondation du mouvement artistique " Fronte Nuovo delle Arte " en 1947. Son oeuvre s'engage sur le terrain social puis devient plus autobiographique vers la fin. Une exposition permanente lui est consacrée dans sa ville natale de Bagheria.
Originaire de Campione et de Bissone, cette famille d'artistes architectes et sculpteurs a oeuvré aussi bien sur le continent italien qu'en Sicile et notamment à Palermo, Messina et Trapani. En effet, parmi les plus connus d'entre eux, Domenico Gagini, et son fils, Antonello, né et mort à Palerme, qui a animé un atelier florissant à Palerme. Le petit-fils de Domenico, Antonino, a lui activement participé à la chapelle de la Madone de Trapani en ornant de statues massives l'arc décoré de cette même chapelle. Certains experts s'accordent pour dire que cet arc sera par la suite la source d'inspiration de ce qui sera appelé aux XVIIe et XVIIIe siècles le baroque sicilien.
La tradition des marionnettes est intimement mêlée à l'art des conteurs (ou troubadours) qui, dès le Moyen Age, narraient les histoires de la chevalerie. Les marionnettes auraient été, selon certains, introduites en Sicile par les chevaliers normands il y a très longtemps. L'autre hypothèse est que ces thèmes chevaleresques auraient été repris au XIXe siècle par un maître d'école passionné par l'histoire de France dans un livre intitulé Les Paladins de France, oeuvre qui aurait servi d'inspiration aux marionnettistes de son pays. Charlemagne fut alors transformé en râleur et Roland affublé d'un sérieux strabisme. Retranscrits en Italie sous forme de romans et de poèmes, ces récits étaient vulgarisés auprès du peuple par les chanteurs ambulants. Les marionnettistes siciliens adaptaient les romans, et les dialogues étaient improvisés durant le spectacle. Les histoires saintes, les drames shakespeariens, les histoires de bandits inspirèrent également les marionnettistes. Les histoires napolitaines racontent des aventures d'affiliés à la Camorra ou de mauvais garçons. Les représentations de l'Opera dei Pupi étaient présentées dans des espaces clos, dans les quartiers populaires. Présentée par épisode, l'histoire s'étirait sur de longs mois, ancêtre de nos feuilletons et actuelles séries télévisées. Le spectacle du jour était annoncé par des affiches peintes sur toile, retouchées au fil des intempéries. Divisées en carrés, elles représentaient plusieurs scènes. Les spectateurs, principalement des hommes et des enfants, manifestaient leurs émotions avec force. Malheureusement, ces spectacles, autrefois populaires, ont presque tous disparu avec l'apparition progressive de la télévision. Aujourd'hui, seules ont survécu des représentations uniques. A Palerme, il existe d'ailleurs un musée des Marionnettes que l'on vous conseille vivement (www.museomarionettepalermo.it).
Découverte du pays
Infos pratiques
Histoire & culture
Autre
- Bienvenue aux Iles Éoliennes !
- Fiche technique
- Comment partir ?
- Histoire
- Mode de vie
- Monnaie
- Taux de change
- Coût de la vie
- Budget
- Banques et change
- Moyens de paiement
- Pourboires, marchandage et taxes
- Duty Free
- Réglementation
- Matériel de voyage
- Obtention du passeport
- Formalités et visa
- Douanes
- Développer – Partager
- Climat
- Haute et basse saisons touristiques
- Manifestations spéciales
- Conseils
- Centres de vaccination
- En cas de maladie
- Assistance rapatriement – Assistance médicale
- Trousse à pharmacie
- Hôpitaux – Cliniques – Pharmacies
- Femme seule en voyage
- Voyager avec des enfants
- Voyageur handicapé
- Voyageur gay ou lesbien
Galerie Photos