L’Istrie correspond à une petite péninsule en forme de triangle, partagée aujourd’hui entre l’Italie, la Slovénie, et la Croatie, qui en occupe, de loin, la majeure partie. Royaume de la dolce vita à la croate, l’Istrie est une région rurale et paisible, parsemée de villes et villages historiques.
L’Istrie, de l’Empire romain à aujourd’hui
Les Romains avaient du goût. Dès 178 av. J.-C., ils remarquèrent tout l’intérêt de l’Istrie et y installèrent une colonie. Aujourd’hui, nous les en remercions, car sur toute son étendue, l’Istrie est parsemée de nombreux vestiges romains. Au sud de la péninsule, Pula, plus grande ville istrienne, en est l’exemple le plus marquant. Celle que l’on surnomme « la petite Rome » affiche en effet le vestige antique le mieux conservé de Croatie : un superbe amphithéâtre du Ier siècle. Ancré à une centaine de mètres à peine des flots de l’Adriatique, il constitue le sixième plus grand amphithéâtre romain au monde. Ce Colisée est l’exemple parfait de la capacité de la Croatie à ne pas figer son patrimoine historique, et à le garder bien vivant. Loin d’être devenu une attraction touristique sans vie, l’amphithéâtre de Pula continue en effet d’être un lieu de divertissement et de culture, exactement comme il l’était au temps des Romains. Les arènes accueillent ainsi de nombreux événements, comme des jeux de gladiateurs, un festival de films, des événements sportifs et des concerts. Au programme, à l’été 2024 : Avril Lavigne, Simple Minds, Lenny Kravitz… Rien que ça ! Mais Pula n’est pas la seule ville istrienne à exhiber un riche patrimoine romain. Plus discrète, Poreč en est, elle aussi, un exemple. Au-delà de sa vieille ville, qui a conservé le tracé des rues dessinées par les Romains, la petite ville de 15 000 habitants a également conservé les ruines d’un ancien temple, dédié à Neptune. La ville de l’ouest de l’Istrie est aussi célèbre pour héberger la seule inscription de la région au patrimoine mondial de l’UNESCO : la basilique euphrasienne. Cet ensemble épiscopal du VIe siècle représente l’un des plus beaux exemples d’art byzantin d’Europe, d’autant plus spectaculaire qu’il est intact !
Des trésors cachés
Assez méconnue des touristes français, l’Istrie croate est une région rurale qui regorge pourtant de perles cachées. Outre Pula, et ses nombreux vestiges romains comme son amphithéâtre et son arc des Sergii, le littoral est ponctué d’autres richesses, à commencer par Rovinj. Le centre historique de cette ancienne ville de pêcheurs est logé sur une presqu’île ronde. Au centre de ce vaisseau de toits rouges flottant parmi les eaux, pointe un clocher, formant une scène parmi les plus photogéniques de Croatie. Plus au nord, Poreč passée, la petite ville portuaire de Novigrad séduit par son ambiance côtière. Romaine, slave, puis vénitienne, la localité conserve des atouts de chacune de ces époques. Son centre historique, encerclé de ruines de remparts médiévaux, garde ainsi beaucoup de charme. Tout au sud de la péninsule, c’est cette fois Medulin, un village de pêcheurs d’à peine 2 500 âmes, qui ravit les visiteurs. Au-delà de visiter son ravissant petit centre, on y séjourne avant tout pour profiter de ses charmes balnéaires. Depuis le port de Medulin, tout comme depuis celui de Rovinj, Vrsar ou Poreč, on peut embarquer pour une excursion en mer à la rencontre des dauphins, et admirer le soleil se coucher sur l’Adriatique. Mais les dauphins ne sont pas les seules merveilles qu’on croise en mer, puisque les eaux istriennes sont aussi ponctuées de superbes îles. Sur la façade ouest, les îles Brioni, au large de Pula, sont un archipel déchiré de 14 îlots de verdure perçant parmi les flots turquoise. D’une richesse écologique sans pareille, on comprend rapidement pourquoi le maréchal Tito fut séduit par l’archipel, au point d’y implanter une résidence, mais également un zoo ! Aujourd’hui, les visiteurs peuvent ainsi admirer, au cœur de cet écrin de végétation méditerranéenne, des animaux exotiques importés par l’ancien chef d’État yougoslave, comme un éléphant ou un cacatoès. La côte est de l’Istrie, elle aussi, promet de belles découvertes, et notamment Labin. Cette ville médiévale, hissée sur un promontoire, s’est fait la capitale istrienne de l’art, et ses visiteurs aiment flâner dans ses ateliers et autres musées, ainsi que dans le parc des sculptures de Dubrova, non loin, qui compte plus de 80 statues de pierre blanche en plein air. Mais l’Istrie est loin de se résumer à son littoral. L’arrière-pays, lui aussi, regorge de trésors, comme Motovun. Perché sur sa colline à 277 m d’altitude, ce petit village médiéval offre une vue de choix sur les vignobles alentour qui font sa fierté. À une vingtaine de kilomètres à peine, l’Istrie cache un autre joyau : le parc Zarečki krov, qui exhibe une cascade spectaculaire, un lac, ainsi qu’une grotte.
Le terroir dans l’assiette
Région rurale par excellence, exhibant un riche patrimoine naturel, l’Istrie sait mettre en valeur ses produits régionaux. Vous en serez témoins si vous visitez la région au printemps : vous observerez alors des dizaines de badauds fouiller les talus sur les bords des routes, à la recherche d’un trésor. Vous ne percerez le mystère de leurs convoitises que plus tard, en vous attablant à la table d’un restaurant, lorsque vous verrez les asperges sauvages istriennes être les stars du menu ! Ce sont loin d’être les seules richesses dont regorge le terroir istrien, qui est également très célèbre pour ses truffes. La plus grosse jamais dénichée dans ce sol fertile pesait 1,31 kg ! Elle fut trouvée proche de Motovun, puisque le village s’est en effet fait une telle spécialité de ce mets de choix, que nombre d’habitants ont comme compagnon un chien truffier.
La culture de la gastronomie est particulièrement développée dans la région, à tel point que les fins gourmets pourront se régaler de nombreuses variétés de jambons crus, poissons, fruits de mer, et autres délices. Teintée d’influences italiennes, la cuisine istrienne s’illustre aussi par ses délicieuses pâtes, et notamment les fuži, des rouleaux fins et délicats. Elles seront, comme la plupart des assiettes d’Istrie, arrosées d’un filet d’huile d’olive. La région cultive en effet 23 variétés d’olives différentes, tant et si bien qu’en 2023, l’Istrie fut pour la huitième année consécutive, couronnée meilleure région au monde pour la qualité de ses huiles d’olive extra vierges. Les bouteilles d’huile d’olive ornant les tables d’Istrie sont souvent accompagnées d’autres bouteilles, cette fois de vin, une autre spécialité de la région. Les œnophiles se raviront alors de goûter du Coronica Gran Teran, du Clai Brombonero, ou encore du Malvazija d’Istrie. Cette culture du vin atteint son paroxysme le dernier dimanche de mai, pendant lequel une cinquantaine de vignerons aux quatre coins de l’Istrie ouvrent les portes de leur cave pour célébrer la journée mondiale du vin.
La nature aux sportifs
Au-delà de ses villes et villages historiques, l’Istrie s’illustre par des paysages particulièrement préservés, qui font le plaisir des sportifs. Avec 160 itinéraires cyclables, elle est notamment le paradis des cyclistes. L’un de ces sentiers en particulier fait la réputation de toute la région : la Parenzana. Cette ancienne voie ferrée longeait autrefois tout le littoral de l’Istrie, de Trieste, en Italie, à Poreč, en Croatie, en passant par la Slovénie. Les trains ont désormais déserté ce tracé, pour être remplacés par les randonneurs à vélo ou à pied. La partie croate de la Parenzana s’étend sur 80 km, à partir de Plovanija, en passant par d’autres villages, comme Motovun. Côté mer, là encore, l’Istrie a beaucoup à offrir aux sportifs, qui apprécieront d’explorer ses criques et autres recoins en kayak ou en plongée. Ils pourront ainsi accéder à la grotte bleue, une cavité d’un bleu profond, creusée dans la façade rocheuse proche de Pula. L’Adriatique comblera aussi les plaisanciers, qui pourront compter sur pas moins de 15 marinas, pour partir à la découverte des îles Brioni et de la côte istrienne.
Infos futées
Quand ?
Agréable toute l’année grâce à son climat doux, la visite a une saveur particulière au printemps, lorsque le terroir se réveille, que la région n’est pas encore trop fréquentée, et que les asperges sauvages sont dans toutes les assiettes. Pour la truffe blanche, préférez octobre.
Durée
Si vous organisez une visite plus conséquente de la Croatie, intégrez deux ou trois jours en Istrie. Pour un séjour consacré seulement à la région, vous pouvez lui dédier 5 jours ou plus, pour la découvrir plus en profondeur.
Budget
Hors saison, vous pouvez trouver des logements moyenne-gamme autour de 80 €, alors que c'est moins cher dans un logement privé. En pleine saison, c’est-à-dire en été, vous pouvez même doubler ce budget logement si votre choix se porte sur un hôtel ou un complexe touristique de 4 et 5 étoiles.
Public
Ceux qui aiment les destinations authentiques tomberont amoureux de l’Istrie. Bien qu’elle soit, comme tout le littoral croate, touristique, elle est cependant plutôt méconnue des touristes d’Europe de l’Ouest. Qu’ils ne s’attendent donc pas à être seuls en Istrie, mais ils seront ravis de découvrir sa riche culture gastronomique ou de s’adonner à la culture locale, comme la chasse à la truffe.
Les plus
L’arrière-pays, très rural, ne manque pas pour autant d’activités, de patrimoine et d’offres touristiques.
De nombreuses fermes accueillent les visiteurs pour un repas ou pour la nuit, tout comme les vignerons ouvrent bien volontiers leur cave pour une dégustation.
Les moins
La superficie de Rovinj haut lieu du tourisme istrien ne suffit pas, en haute saison, à contenir son afflux touristique, et il vaut mieux réserver ses restaurants en avance.
Y aller
La voiture peut être particulièrement utile pour visiter les localités plus rurales et les villages. Des agences de location se situent dans toutes les grandes villes et les aéroports. Les routes sont souvent particulièrement belles. En train, Pula est reliée par train à Rijeka et Zagreb et, en été, à Ljubljana. En avion, l’aéroport de Pula est desservi par des vols directs depuis Paris-Charles de Gaulle, Bruxelles, Bâle, ou Zurich.
Utile
Louer un vélo est l’un des meilleurs moyens de découvrir l’Istrie, aussi bien ses villages de l’arrière-pays entourés de vignobles, que son littoral, qui est très vite sauvage, à peine a-t-on quitté les villes.