Terre nourricière et gourmande
De tout temps, l'art culinaire de l'Istrie se concentre sur les produits de son terroir. Entre mer et terre, la ferme et la pêche istriennes apportent l'essentiel des ingrédients. Le bien-manger rime avec cuisine du marché, bonne prise du jour voire belle cueillette et peu d'importation finalement, si ce n'est pour le paprika et les graines de pavot de Hongrie, la cannelle et le gingembre oriental ou encore quelques fruits exotiques. Le savoir-faire ancestral, qui n'a pas attendu les effets de mode, perdure et le circuit court des paysans/pêcheurs nourrit l'inspiration de la " slow food generation ". Sur la terre rouge de l'arrière-pays, on voit les bourgs et villages perchés au sommet des collines, avec leurs champs et prés fleuris, leurs plantations d'oliviers et coteaux de vignes. C'est le domaine de l'agrotourisme qui se développe à grands pas. Il correspond à un label officiel, attribué aux propriétaires qui respectent certains critères d'accueil. Les logements doivent rester dans la tradition de l'architecture régionale. Au choix, bastide ancienne en pierre de taille, ferme-auberge, castel-châtelet ou corps de logis rénové en gîte. Cette idée d'hébergement privilégie le contact avec les habitants, pousse à la rencontre avec les petits producteurs, qui se diversifient dans le tourisme. On échange sur le quotidien rural, on s'ouvre aux rythmes du travail des champs, on s'informe dans la convivialité, en général autour d'un verre de vin et d'une assiette de prosciutto ou de fromage.
Pour les repas, préférez la demi-pension. Ce sera l'occasion pour vous de découvrir les spécialités locales : huile d'olive extra vierge, fromage de brebis, salaison, poissons et crustacés, viandes fermières, verdure comestible, asperges sauvages, vin et eau-de-vie, etc. En retour, le visiteur aura le sentiment de voyager de façon solidaire puisqu'il soutient par sa présence le maintien des terroirs, les modes de production équitable. Plus discrets sur leur mode de récolte, les trufari entretiennent eux le mythe de l'or blanc en Istrie. Ces quêteurs de truffes se cachent dans la région de Motovun, Livade et Buzet. Le paysage, d'un côté des étendues boisées de chênes verts, de l'autre, une vallée féconde autour du lit de la rivière Mirna, prend des airs de Toscane et de Périgord réunis. Des producteurs istriens en ont fait leur fonds de commerce en imaginant le séjour tout inclus dans leur propriété, où ils ont mis en place toutes les prestations d'une résidence hôtelière de charme, avec table d'hôtes gastronomique, piscine, équipements bien-être, visite organisée du patrimoine régional et découverte de ce métier de trufficulteur si particulier. Dans les offices de tourisme de Pula, Rovinj ou Poreč, demandez le livret Gastro de l'année pour les adresses de restaurants les plus cotés qui proposent souvent le séjour en formule demi-pension.
Plus modestement, les fameuses konobas, traduisez auberges familiales, proposent leur menu rustique à toute heure, en ville ou sur les routes. Le matin, il vous sera servi la manestra istrienne, cette soupe épaisse aux légumes de saison que les travailleurs des champs prenaient comme carburant pour une bonne journée ! L'authenticité du terroir fait le lien avec les promenades sur le port, les balades en campagne, les visites des villages perchés. Motovun, Roč et Hum, berceaux de la culture glagolitique, mais aussi Pazin, Buzet, Labin, Grožnjan vous séduiront. L'idéal serait de séjourner dans l'un de ces lieux de l'Istrie Verte, rarement à plus de 20 km de la côte.
À moins que vous ne préfériez les vacances itinérantes ! Faire la Parenzana à vélo, par exemple, soit 123 km de pistes cyclables, à travers monts et vallées, un beau challenge à réaliser. Prévoir le pique-nique du midi avec les produits frais du marché ou ceux vendus sur le bord des routes par les paysans eux-mêmes. Ainsi, sur le parking du fjord de Lim, vous trouverez tout pour aborder les rives du canal, soit 9 km de terres couvertes d'une dense végétation endémique plongeant dans l'eau limpide. Ne pas oublier de prendre avec soi les cartes régionales des voies vertes et la liste des hébergements ruraux adaptés aux deux-roues. La culture des celliers istriens comme celle des oliviers, toutes deux importées par les anciens Romains, dessinent d'autres routes touristiques. Dans les caves viticoles ou domaines oléicoles, on vous parlera du vin rouge autochtone (Teran), riche et fruité, de la Malvasie, ce vin blanc sec, vif et délicat, créé à partir de cépages traditionnels.
L'Istrie bleue ou verte, sensations chromatiques à mélanger
Souvent le tour en Istrie commence à Pula. Il faut s'arrêter sur le forum, embrasser la place centrale, épicentre de la vie sociale et humer l'âme romaine de la vieille ville. On s'installe en terrasse de cafés (vous aurez l'embarras du choix !) et, comme au théâtre, on admire le décor, ce majestueux temple d'Auguste, deux fois millénaire. Le café Ulysse, celui que fréquentait James Joyce quand il enseignait l'anglais à Pula, regarde lui l'arc de triomphe des Serge. D'autres monuments antiques, des églises byzantines, une forteresse, un port, des musées incitent à passer quelques jours à Pula. Voir un spectacle ou un concert dans l'amphithéâtre romain se gravera comme l'un des moments forts de votre séjour.
Remontant la côte nord-est, si vous aimez l'ambiance rétro du Nice anglais, c'est Opatija qu'il vous faut ! Faire la route de la riviera, la promenade de la mer (Lungomare) bordée de cyprès, palmiers, bougainvilliers, romarins et lauriers-roses et, comme les princes d'Europe du siècle passé, se prélasser dans la douceur du climat, les fastes de leurs palais, entrer dans leurs villas, dormir dans leurs manoirs surplombant l'Adriatique.
À Poreč, farniente et culture font aussi bon ménage, entre bains de mer et découverte du patrimoine. La basilique euphrasienne, construite en 540 ap. J.-C., de style byzantin, a été classée par l'Unesco en 1997. Et de Poreč, on peut aussi, après 2 heures de traversée en ferry, faire une excursion à Venise, y passer la journée voire plus et revenir en Istrie.
L'accostage à Rovinj, haut en couleur
Puis, il y a Vrsar, le port où Casanova posa son pied marin et Rovinj, perle de l'Istrie. Il faut arriver à Rovinj par la mer pour saisir la silhouette de la cité polychrome et mouvante dans l'eau. Ravissement des maisons aux façades rouges, ocre ou terre de Sienne grimpant vers la cathédrale Sainte-Euphémie, que domine le vertigineux campanile. Une balade panoramique en contournant les rochers et les remparts permet d'admirer la vieille ville de l'extérieur.
En empruntant les venelles intérieures, vous flânerez de boutiques en galeries où des artisans exposent leurs oeuvres. Les boutiques de souvenirs ont plus d'intérêt à Rovinj (ou Grožnjan) car les petits créateurs y sont plus nombreux. Un shopping plaisant avant de se poser en terrasse pour un verre sur le port. Les plaisanciers, eux, préfèrent suivre la côte rocailleuse de l'Istrie Bleue. Au programme du tableau de bord, cabotage de ports en îles, liberté dans les voiles et petite escale près du ponton, à la konoba du pêcheur. En général, le menu varie peu : calamars frits, anchois marinés, salade, daurade du jour grillée et légumes méridionaux, le tout accompagné d'un petit verre de malvazija (cépage malvoisie). Une autre idée du bonheur !
Infos futées
Quand ? La période estivale, mais vous ne serez pas tout seul ! Préférez la moyenne saison pour éviter la foule sur la côte : printemps fleuri ou été indien. De novembre à avril, nombre d'établissements ferment, surtout à l'intérieur des terres.
S'y rendre. En avion, Croatia Airlines propose des vols hebdomadaires l'été entre Paris et Pula.
CROATIA AIRLINES - Plus d'informations sur le site
AIR FRANCE - Plus d'informations sur le site
Utile. Pour préparer au mieux son voyage.
OFFICE DE TOURISME RÉGIONAL DE L'ISTRIE - Plus d'informations sur le site
OFFICE NATIONAL CROATE DE TOURISME À PARIS - Plus d'informations sur le site