Une fois la crête et la Kibira franchies, on atteint à partir de Rwegura (lac artificiel) la région naturelle du Buyenzi, sur les plateaux centraux.
Un Burundi peuplé et prospère. On retrouve ici, à une altitude moyenne de 1 800 m à 2 000 m, des densités de populations élevées qu'on ne trouve pas du côté de l'Imbo ou des Mirwa. Les provinces de Kayanza et Ngozi sont d'ailleurs les plus densément peuplées du pays, avec des moyennes de plus de 360 habitants au km².
Ici, ce n'est pas l'or jaune qui fait la prospérité de la population, mais l'or vert du café (voire les ors verts, car le thé est aussi planté sur les hauts reliefs vers Rwegura). Les conditions climatiques permettent en effet à de grosses exploitations caféières de prospérer. Les ressources minières sont par ailleurs importantes, comme au nord-ouest. Tout le long de la frontière rwandaise, depuis Rwegura (mont Musumba) jusqu'à Busiga vers Ngozi, des carrières de coltan, de wolfram et de cassitérite sont exploitées de manière artisanale ou plus organisée.
Une région disputée. La région du Buyenzi a connu une histoire particulière dans le cadre de la croissance monarchique, surtout liée aux conflits avec le royaume du Rwanda. Pendant tout le début du XIXe siècle (Ntare Rugamba), les combats de frontière avec ce voisin, de part et d'autre de la rivière Kanyaru, furent incessants, tantôt gagnés par les troupes burundaises, tantôt par celles du Rwanda. Une importante bataille à Ndora (qui ramène au versant occidental de la Kibira), gagnée par le fils de Rugamba, Rwasha, permit la confirmation de la frontière entre les deux royaumes sur la Kanyaru, même si des conflits sporadiques éclatèrent encore jusqu'à la fin du siècle. La généalogie dynamique de la monarchie burundaise dans le Buyenzi se lit sur les cartes, avec la présence, dans toute la région de Kayanza, de domaines sacrés correspondant à des sites funéraires royaux (Budandari, Buruhukiro).
