Les beaux-arts à Valence
Implanté dans le centre historique de Valence, jouxtant la cathédrale Saint-Apollinaire, en bordure de la première terrasse de la ville, le Musée de Valence, d'art et archéologie, occupe l'ancien palais épiscopal récemment rénové de manière remarquable. Une architecture moderne offre désormais un bâtiment lumineux avec vue panoramique sur le paysage valentinois, du Vercors jusqu'aux montagnes de l'Ardèche. Créé en 1850, installé dans ce palais depuis 1911, il garde la mémoire de ce vaste hôtel particulier entre cour d’honneur et jardin privé : tour épiscopale fortifiée du XIIe siècle, galerie ogivale, plafonds peints des XVe et XVIIe siècles... Ses collections, riches de plus de 20 000 œuvres, offrent dans un parcours réinventé un large panorama de l’histoire de l'Homme et des arts, de la Préhistoire régionale à l’art contemporain. Sa section Art réunit peintures, dessins, sculptures et arts décoratifs, et se distingue par sa richesse en œuvres sur le thème du paysage, depuis son "invention" au XVIe siècle comme genre autonome jusqu'à sa relecture par les artistes contemporains. De grandes expositions temporaires d'art contemporain et de nombreuses animations complètent l'attrait de ce monument valentinois dédié à l'art.
Bernard Cathelin, inspiration Drôme
Parmi les peintres ayant marqué la région, le plus célèbre est le Parisien Bernard Cathelin (1919-2004), issu d'une famille originaire de la Drôme. Celui-ci resta très attaché à ce département tout au long de sa vie. Peintre, lithographe et illustrateur français, Bernard Cathelin s'est fait connaître par de nombreuses expositions en France, en Suisse, aux États-Unis, au Canada, en Allemagne, en Chine. Sa peinture est particulièrement appréciée au Japon. Il est inhumé à Montéléger, près de Valence, où se situe sa maison familiale. Son atelier drômois, au premier étage de la maison des Rebattières, est parfois ouvert au public par ses descendants comme lors des journées du patrimoine en 2015 ou pour célébrer le 100e anniversaire de sa naissance en 2019. Peintre abstrait connu pour ses aplats lumineux, Bernard Cathelin démarrait tous ses tableaux dans la Drôme où il passait l'été dans cette maison familiale. Si ses œuvres n'étaient pas terminées, il les faisait voyager jusqu'à son atelier parisien, dans l'immeuble du restaurant la Tour d'Argent. Du toit de ce bâtiment, il jouissait d'une vue sur l'île Saint-Louis et la cathédrale Notre-Dame qu'il a dessinée pour orner une série de paravents. Mais c'est surtout ses grandes peintures aux aplats lumineux qui le rendirent célèbre. Les critiques y voient la lumière du Sud...
Art naïf, art brut, art singulier
La Drôme abrite le chef-d'œuvre d'art naïf réalisé à Hauterives par Ferdinand Cheval, dit le facteur Cheval. Le Palais idéal du facteur Cheval est un site unique et fascinant dont la visite enchante petits et grands. Inscrit à l'inventaire des monuments historiques, il fut édifié par Ferdinand Cheval, à la main, de 1879 à 1912, avec des coquillages, des galets et des pierres. Ce temple d'art naïf, chargé de symboles, dégage une vraie magie.
On peut aussi citer le Musée d'Art Moderne de Saint-Just-d'Ardèche qui présente des fresques et sculptures en extérieur, accessible à tous. Jean Mathon, initiateur-animateur de ce site et artiste ardéchois contre le nucléaire et viticulteur, est également un personnage haut en couleur. Ajoutons le Bann'art, festival d'art singulier qui programme sa 36e édition en 2021, et qui accueille une quarantaine d'artistes le week-end de la Pentecôte dans les écuries de l'ancien château de Banne. Peintures et sculptures actuelles dévoilent des mondes créatifs, dans une ambiance festive et conviviale.
Dans un autre registre, Gaston Dintrat (1889-1964) est un peintre valentinois, paysagiste et décorateur mais surtout connu comme sculpteur. On lui doit plusieurs monuments aux morts régionaux, dont le célèbre monument aux morts dit pacifiste de Joyeuse en Ardèche, inauguré en 1925, devenu depuis 2007 le symbole de l'association laïque des amis des monuments pacifistes et antimilitaristes de l'Ardèche, fondée en 2007, qui entend perpétuer le message de paix symbolisé par le monument aux morts de Joyeuse. Elle organise un rassemblement pacifiste devant ce monument tous les 11 novembre. Maître-compagnon, tailleur de pierre, surnommé « la Vertu de Valence » par ses compagnons, il a travaillé plusieurs années dans des ateliers parisiens avant de rejoindre sa Drôme natale en 1948. Il a fini sa vie à La Roche-de-Glun dans une ancienne auberge de mariniers.
A l'origine des beaux-arts, les grottes ornées
Depuis 1995 et la découverte médiatisée de la grotte Chauvet-Pont d’Arc, le grand public sait que l’art des grottes ornées, en France, ne se limite pas au Sud-Ouest et qu’il était antérieur de plusieurs milliers d’années à ce que l’on pensait jusque-là. L'Ardèche totalise 18 grottes ornées par nos ancêtres du Paléolithique qui témoignent de plus de 20 000 ans de Préhistoire humaine et d’art. La grotte Chauvet-Pont d'Arc dévoile plus de 1 000 figures exécutées sur les parois voici 37 000 ans pour les plus anciennes. En s’effondrant, il y a 21 000 ans, le porche d’entrée a permis une conservation exceptionnelle, jusqu’aux empreintes de pas des derniers occupants, encore visibles lors de la découverte ! Le désastre de la sur-fréquentation touristique de la grotte de Lascaux ayant servi de leçon, le joyau de la grotte ardéchoise est fermé au public. Et sa monumentale reconstruction est un exploit artistique et scientifique qui permet au grand public de visualiser cette œuvre d'art spectaculaire.
Les grottes ornées ardéchoises font l’objet de nombreuses études scientifiques, de conservation et de sécurisation. Depuis 2015, les 18 grottes sont inscrites au titre des monuments historiques. Un ouvrage passionnant leur est dédié. Intitulé Les Grottes ornées d’Ardèche, rédigé et diffusé gratuitement par la Direction régionale des affaires culturelles Auvergne-Rhône-Alpes, il est disponible en version imprimée auprès de la conservation régionale des monuments historiques (04 72 00 43 48) ou en version numérique sur le site www.culture.gouv.fr.
