Guide de voyage Liban-Sud
Montagnes lumineuses couvertes d'oliviers, de figuiers et de vignes ; vallées bleues, dès que le jour s'achève, ou blanches lorsque la brume les touche : le paysage du Chouf est enchanteur. Contrairement à d'autres régions du Liban, la route est large et correctement asphaltée. Il est vrai que Walid Joumblatt, le leader du Chouf, y veille et qu'il a détenu par le passé le portefeuille des Travaux publics. Charité bien ordonnée commence par soi-même. Au crédit de l'ancien ministre, son intérêt réel pour les questions d'environnement. Pas question pour lui de permettre aux entrepreneurs de remplacer les arbres par des immeubles en béton comme on le voit un peu partout dans le pays. La route est donc très belle, souvent solitaire, parfois bordée de maisons en vieilles pierres de taille devant lesquelles rêvent des vieillards en saroual noir - antalon traditionnel - et calotte blanche sur la tête.
A l'origine cité phénicienne, cette région est au confluent de deux petits fleuves, celui de Barouk et celui de Safa. En 1942, au large de ses côtes, un sous-marin des forces navales vichystes françaises qui gouvernent le Liban est coulé. Des fortifications dont quelques-unes sont encore visibles sont construites sur la route principale et ses plages. Cela ne retardera pas l'avance des troupes alliées (surtout des Australiens).
Damour qui est l'une des plus grandes villes de la côte et du Chouf, fut partiellement détruite par les forces palestino-progressistes pendant la guerre civile et connut un sanglant massacre en 1976. Une partie de la population a fui par la mer en bateau. En 1982, les Israéliens qui viennent d'envahir le pays, envisagent d'y construire un aéroport militaire sur les terres agricoles du littoral.
Hier, terrain de conflits sanglants qui ont vu la mort de plus de 3 000 habitants et la destruction d'une centaine de villages, le Chouf semble avoir commencé à panser ses blessures, et aujourd'hui ses habitants reviennent au compte-gouttes dans leurs maisons. Néanmoins, au cours de votre balade, vous remarquerez que beaucoup d'immeubles ne sont pas terminés. Il reste toujours un ou deux étages inachevés. Paysage surprenant !
Le Chouf, c'est également l'origine de l'entité libanaise. Druzes et chrétiens y vivent ensemble depuis des siècles. Une cohabitation, entrecoupée de querelles sanglantes, ayant fait l'objet de nombreux colmatages, pour préserver cette unité qui est l'un des biens les plus précieux du Liban.
La guerre a entraîné un exode massif des chrétiens fuyant les massacres intervenus - après le retrait brusque de l'armée israélienne - et les exactions des forces libanaises. Le sang a beaucoup coulé. La réconciliation est difficile. Mais il faut qu'elle se fasse, même si cela doit prendre des années. Un ministère a spécialement été créé pour ces personnes réfugiées, éloignées de leurs foyers. On assiste aujourd'hui au retour progressif des déplacés.