En altitude, les landes et tourbières
Dans les régions d’altitude, montagne et monts associés – monts d’Ambazac, de Saint-Goussaud, de Blond, de Guéret, de Toulx-Sainte-Croix, de Châlus… – on trouve notamment les paysages traditionnels de landes et de tourbières, qui recèlent des richesses faunistiques et floristiques exceptionnelles. C’est l’ensemble naturel le plus typique du Limousin.
Les tourbières, formées il y a 8000 ans pour les plus anciennes, ont permis la formation et le développement d’une végétation typique où abondent les espèces boréales et boréo-alpines qui sont bien souvent des espèces reliques. On y trouve une flore exceptionnelle : andromède à feuilles de polium, spiranthe d’été, lycopode des tourbières, gentiane pneumonanthe, carex à deux nervures, carex paucilore, canneberge à petits fruits… Et une faune remarquable également : lézard vivipare, libellule arctique, pipit farlouse…
Parmi les plus belles tourbières du Limousin, on peut citer en Corrèze les tourbières du plateau de Millevaches ; en Creuse, la tourbière d’Auzoux, la tourbière de l’étang de Bourdeau (plateau de Gentioux) ; en Haute-Vienne, la tourbière de Pioffray (monts de Blond) et la tourbière de la source du ruisseau des Dauges (monts d’Ambazac). Cette dernière est classée réserve naturelle nationale de la tourbière des Dauges et s'étend sur environ 200 hectares à 30 km au nord-est de Limoges. Plus de 1900 espèces y sont recensées ! Vous pourrez rencontrer l’aérienne linaigrette, la discrète loutre, la virevoltante cordulie arctique, le coloré damier de la succise ou le bruyant pic noir… et peut-être même découvrir la « droséra », la plante carnivore emblématique de ces lieux.
Les landes, quant à elles, paysages traditionnels des hauts plateaux du Limousin, occupent souvent des sommets ou des pentes bien drainées. À l’ouest du Limousin, elles sont de type atlantique, caractérisées par la callune, l’ajonc nain et la bruyère cendrée. À l’est, elles sont davantage de type continental, toujours à base de callune, mais accompagnées dans ce cas par le genêt pileux. En altitude, elles se teintent de nuances montagnardes ; s’y ajoutent des espèces de la série du hêtre : la myrtille, l’arnica, la gentiane jaune et le rare lycopode en massue. Très souvent, elles sont colonisées par le genévrier, le houx ou la bourdaine.
On rencontre dans ces landes une faune assez typique. C’est le biotope de prédilection de certains reptiles : lézard vert, vipères et couleuvres. Les oiseaux des landes sont des espèces qui affectionnent les espaces découverts avec arbres et buissons épars : les busards cendrés et Saint-Martin, le pipit des arbres, le traquet pâtre, la linotte… Parmi les espèces exceptionnelles, on trouve le circaète Jean-le-Blanc, spécialisé dans la chasse aux reptiles, le busard cendré, le puillot fitis, le bruant fou ou encore la fauvette pitchou, bien plus facile à entendre qu'à voir.
Les grands cours d'eau
L'hydrographie du Limousin est exceptionnelle. Parmi les vallées les plus remarquables, citons :
– en Corrèze : la Dordogne et ses affluents (Cère, Chavanon, Diège, Luzège, Maronne…), la Vézère et la Corrèze,
– en Creuse : la Grande Creuse, la Tardes, le Cher, le Taurion,
– en Haute-Vienne : la Vienne, la Gartempe, la Maulde.
Ces grands cours d’eau dessinent des vallées souvent profondes, en gorges sauvages. Les pentes de ces vallées sont principalement couvertes de forêts où dominent les feuillus : chênes et châtaigniers en bonne exposition, hêtres au nord. Le charme existe plutôt en bas de pente ; le tilleul, le frêne occupent le bord même de la rivière sur sol filtrant. Les saules, les aulnes, moins exigeants, peuplent les rives marécageuses.
La faune de ces vallées est remarquable : chevreuil, sanglier, blaireau, renard, et de nombreux mustélidés comme la genette (petit mammifère carnivore de la taille d'un chat). Les hautes vallées montrent encore des populations de loutres, exceptionnelles pour la France et même pour l’Europe. Les rivières sont, en raison de la pente, rapides, bien oxygénées. Les eaux claires et de très bonne qualité sont propices à la vie des salmonidés : la truite, l’ombre, et même le saumon. Quant aux oiseaux, ils sont nombreux et divers, tout particulièrement les rapaces. Les plus exceptionnels sont l’aigle botté, le faucon pèlerin et le hibou grand-duc.
Les étangs
Les étangs sont nombreux dans la région. Ce sont des zones naturelles très intéressantes, surtout lorsqu’ils sont anciens. L’étang le plus exceptionnel de la région est sans nul doute l’étang des Landes, dans le bassin de Gouzon, en Creuse. De par son origine, ère tertiaire, c’est le type-même du site naturel. Tous les autres étangs sont d’origine artificielle. Les plus typiques, avec des ceintures de végétation bien développée et une faune associée plutôt abondante et variée, sont des étangs de superficie suffisamment importante et d’origine ancienne, créés pour la plupart dès le Moyen Âge par les moines.
L’avifaune est constituée d’espèces nicheuses et d’oiseaux hivernant ou de passage : hérons (héron cendré, héron pourpré, butor étoilé, blongios nain…), grue cendrée, marouettes, fauvettes aquatiques, busard des roseaux, balbuzard pêcheur. On trouve aussi une flore remarquable : renoncule grande douve, utriculaire (différentes espèces), châtaigne d’eau, flûteau nageant, sagittaire, épipactis des marais, pédiculaire des marais, gratiole officinale, cistude d’Europe, et bien d’autres.
Les espaces forestiers
Pays de l’arbre et de l’eau, le Limousin est très boisé. À basse altitude, les bois de feuillus du Limousin sont des chênaies mixtes à chêne pédonculé et chêne sessile (celui-ci, plus rare, est caractéristique des massifs plus importants et plus anciens).
Le châtaignier est une espèce associée fréquente, dominante dans certains secteurs (région forestière de la « châtaigneraie limousine » qui correspond à l’arc sud-ouest de la région). On trouve presque toujours le bouleau dans les parties claires.
Le tremble et le charme, plus localisés, caractérisent certains faciès. En altitude, généralement au-dessus de 600 mètres, le hêtre est codominant avec les chênes et tend à les remplacer par évolution naturelle.
Ces forêts acidiphiles se caractérisent encore par le sous-bois où l’on peut noter généralement la présence de la bourdaine, du houx, du genêt à balais, dans les lisières, du sorbier des oiseleurs en altitude. Les sols acides et la diversité des essences forestières permettent le développement d’une abondante flore mycologique représentée particulièrement par de nombreuses espèces de bolets dont le cèpe de Bordeaux. Sur sols enrichis, les chênaies, charmaies, présentent une flore plus diversifiée avec le noisetier, l’aubépine, le prunellier, le fusain, le cornouiller sanguin, le néflier (localement), l’érable champêtre… Les plantes de sous-bois sont alors nombreuses, caractéristiques des sols à humus doux : le lierre, l’arum, la jacinthe des bois, l’euphorbe des bois, l’anémone sylvie, le muguet, le sceau de Salomon, etc.
Dans le sud de la Corrèze, sur calcaire, existent des bois clairs à chênes pubescent avec troène, viorne lantane, brachypode penné, céphalanthères, garance… Le chêne pubescent est le partenaire privilégié d’un champignon très recherché : la truffe noire.
On rencontre dans les bois du Limousin, à condition qu’ils soient suffisamment vastes et tranquilles, les animaux caractéristiques des forêts feuillues d’Europe occidentale : le chevreuil, le cerf, le sanglier, le blaireau, le renard, l’écureuil, la martre, la fouine… Il faut mentionner en outre quelques batraciens comme la salamandre et la grenouille rousse. Et n'oublions pas le chat forestier, le plus gros félin sauvage du territoire limousin, espèce protégée depuis 1979. On le reconnaît à sa robe claire, fauve à grise, légèrement rayée, une ligne dorsale noire, et surtout sa queue touffue, marquée de 3 à 5 larges anneaux noirs. Crépusculaire et nocturne, le Chat forestier est un mammifère très discret et solitaire, mais qui sait, peut-être aurez-vous la chance de l'observer ?
On rencontre aussi de nombreux oiseaux dans les forêts du Limousin. Les rapaces sont en général bien représentés : la buse variable, l’autour des palombes, le pigeon ramier, la tourterelle des bois, mais aussi les pics : épeiche, mar, épeichette. Le pic noir se rencontre dans certains bois à l’est de la région.
Les haies et le bocage
Le Limousin est considéré traditionnellement comme un pays de bocage. Dans le nord de la région (Basse-Marche, Bas-Berry), existe un bocage caractéristique formé d’un maillage régulier de haies vives délimitant des parcelles de grandes dimensions (plusieurs hectares). Elles sont constituées de plantes buissonnantes épineuses (aubépine, prunellier, ronces, houx, églantier) ou non (noisetier, charme, cornouiller sanguin, fusain, troène, tamier), dominées par de grands arbres qui furent jadis régulièrement émondés : chêne pédonculé et, plus rarement, charme, frêne. La flore du pied de la haie est formée de stellaire, fougère aigle, germandrée, houlque molle, jacinthe des bois, arum tacheté, gaillet gratteron, ortie, lapsane commune. Très localement, on peut observer le petit houx dans les haies thermophiles.
Sur les plateaux d’altitude moyenne, le bocage est moins typique, formé de petits bois (de chênes, châtaigniers, bouleaux et hêtres) ou boqueteaux alternant avec des parcelles de prairies ou de cultures.
Les haies, assimilables à des lisières forestières, offrent un excellent abri particulièrement fréquenté par le gibier. L’avifaune les caractérise bien. Citons parmi les passereaux les plus abondants : le merle, le pinson, la mésange charbonnière et la mésange bleue, la fauvette à tête noire, l’étourneau, le pouillot véloce, le rouge-gorge, le troglodyte, le rossignol, le grimpereau des jardins. Dans les vieux arbres creux nichent volontiers les chouettes hulotte, effraie, chevêche.