Découvrez le Mozambique : Population

En 2023, la population mozambicaine est estimée à environ 32 millions d’habitants. Avec une densité de 37,8 habitants par kilomètre carré, c'est un pays relativement peu peuplé. Éparpillées sur le territoire, une vingtaine de grandes villes concentrent l’essentiel de la population sur les côtes. La capitale dans le sud du pays, Maputo, compte 1,2 million d’habitants, plus de 2,5 millions avec son énorme banlieue Matola. Pourtant, les provinces les plus peuplées sont celles du centre-nord autour de Nampula et de la région du Zambèze : près de 45 % de la population totale vit sur ces terres. Beira et Nampula sont aussi de grandes villes. Une trentaine d'ethnies constitue le patchwork culturel du pays, parlant autant de langues différentes. On les recense en quatorze sous-groupes principaux, la plupart d'origine bantoue : swahili, makondé, macua, chuabo, nhanja, nesenga, tawara, shona, tsua, tsonga, tonga, chope, bitonga et swazi.

Un pays peu peuplé

Un an après l’indépendance, un conflit civil a éclaté au Mozambique opposant les partis politiques de la Renamo et le Frelimo, actuellement au pouvoir. Un million de vies ont succombé à ce conflit sanglant, laissant certaines zones du pays complètement dévastées. Depuis, le Mozambique connaît une croissance économique sans discontinuer depuis trente ans, réussissant à créer un dynamisme économique à Maputo, et par extension à Matola, sa banlieue très peuplée, ainsi que dans les grandes villes du pays (Beira, Nampula...). Même si elle n’était pas parfaite ces dernières décades, la stabilisation politique du pays a offert une vie plus sereine et saine à la population. Le taux de mortalité infantile a chuté et l’espérance de vie, même si elle n’atteint pas des sommets, a augmenté : elle est passée de 42 ans en 1990 à plus de 61 ans en 2023. Pourtant, le Mozambique reste dans les dix pays les plus pauvres de la planète, au 185e rang mondial avec un PIB de 500 à 600 US$ par habitant. Une grande majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté de 2 US$ par jour et la PAM a fourni une aide alimentaire à 400 000 réfugiés dans le Cabo Delgado. La malnutrition frappe actuellement ces populations et le nord du pays en général, malmené par des cyclones dévastant les récoltes.

Des peuples majoritairement Bantous

Si le pays compte bien une centaine d'ethnies différentes, les Bantous sont majoritaires à 97,8 %. À l’arrivée des premiers Portugais, au XVIIe siècle, ils l’habitaient déjà depuis plus d’un millénaire. Des populations aborigènes, constituées d’éleveurs et de chasseurs, les avaient précédés. Les Bantous, eux, viennent de partout. Ils seraient arrivés au Mozambique aux alentours de 300 apr. J.-C. À la suite de l’assèchement du Sahara, des populations entières se sont regroupées dans la partie extrême sud du désert et se sont ensuite déplacées progressivement vers l’équateur. Ce sont des peuples issus de la même origine et parlant des langues similaires. On considère que le peuple bantou relève d’une notion linguistique et non ethnique. Il existe aujourd’hui au Mozambique dix groupes ethniques majeurs descendants des Bantous. Les Blancs mozambicains descendants des Portugais sont une très petite minorité, tout comme les Occidentaux expatriés ici.

Les Macua

Les Macua sont majoritaires en nombre. Cette population bantoue d’Afrique orientale occupe surtout le nord du pays. On les retrouve essentiellement dans les provinces de Zambézie, de Nampula, de Niassa et de Cabo Delgado. Ils représentent 40 % de la population totale. Islamisés en partie, ce sont pour beaucoup des agriculteurs qui ont farouchement résisté à la conquête portugaise, mais qui sont toujours restés hostiles au combat mené par le Frelimo. On reconnaît les femmes macua au masque de beauté musiro qu’elle porte sur le visage. La société macua est de nature matrilinéaire. La famille est constituée de la mère, de ses enfants, petits et arrière-petits-enfants et descendants maternels. On dit que les hommes et les femmes sont porteurs du même gène d’un ancêtre commun maternel et l’on considère que seule la femme peut le transmettre aux enfants. Le lien qui rattache le mari au lignage de la femme n’est que de nature affective. L’homme peut donc se marier avec des femmes de différents lignages sans que la descendance matrilinéaire ne soit compromise. Dans la société macua, il n’y a pas de suprématie des femmes ni de gouvernement par les femmes. En revanche, la femme mariée bénéficie d’une grande autonomie, de respect et de prestige. Elle est protégée par son lignage ; en cas de problème, son frère aîné doit s’occuper de ses enfants. Dans les familles islamisées du littoral, la vie conjugale est théoriquement réglée par le mari, mais les traditions matrilinéaires étant profondément ancrées dans les cultures, la femme dispose d’une grande liberté. En revanche, cette liberté n’est pas admise par les musulmans. Par ailleurs, le mariage est interdit entre membres du même clan ainsi qu’entre parents par alliance. Les époux établissent leur domicile auprès de la mère de l’épouse ou auprès de son oncle maternel. Le divorce est possible et fréquent. Généralement les plus anciens se concertent. Si la femme expose des griefs légitimes, celle-ci peut aller vivre chez un autre homme. L’éducation des enfants, le travail des champs, les tâches ménagères, l’eau et le bois sont du ressort de la femme. L’homme s’occupe des travaux difficiles, de la chasse, de la pêche et du commerce. C’est aussi lui qui, par la suite, ira travailler dans les plantations, les mines et toutes les constructions engagées par les Portugais.

Les Tsonga

Les Tsonga vivent en Afrique du Sud, au Zimbabwe et au sud du Mozambique où ils sont majoritaires. Parmi eux, on distingue les Rhonga, les Shangane et les Matsua. L’histoire des Tsonga au XIXe siècle est marquée par l’invasion des Zoulous, entre 1815 et 1830, sous le règne de Manukuse. Entre la vallée du Limpopo et le nord du rio Save, nombreux sont ceux qui ne veulent pas se soumettre – Tsonga est synonyme d’esclave pour les Zoulous – et qui émigrent dans le Transvaal en Afrique du Sud. À la mort de Manukuse en 1856, une terrible guerre de succession se déclenche, entraînant dix années de lutte pour le pouvoir entre les partisans de son jeune frère et ceux de son fils. Muzila, le fils, finit par gagner. L’intervention des Portugais dans les conflits tribaux met fin au règne zoulou en 1895. Les Zoulous ont eu une influence linguistique sur les Tsonga. Aujourd’hui encore, le mariage se déroule après le paiement du lobolo (la dot). L’économie et la vie familiale des régions du sud ont été fortement influencées par le travail migrant en Afrique du Sud. Aujourd’hui, un tiers des Tsonga vivent en dehors des frontières.

Les Makondé

Les Makondé, eux aussi, sont descendants des peuples bantous. Ils sont originaires de la région sud du lac Niassa. Ils auraient ensuite migré vers le nord-est, pour s’établir aujourd’hui côté mozambicain, sur les plateaux de Mueda et de Macomia, dans la province de Cabo Delgado. À l’extrême nord, environ 400 000 Makondé vivent sur les plateaux. Ils vivaient en vase clos, dans des régions difficiles d’accès. Animistes et de tendance méfiante, ils se sont toujours tenus à l’écart, attachés à défendre leur territoire et imprégnés d’une culture spécifique. Sur le plan politique, ils ont joué un rôle important dans la lutte engagée par le Frelimo. Les Makondé sont nés d’une légende : tradition orale africaine oblige…

« Il était une fois, au sud de la Tanzanie, non loin du fleuve Rovuma, une forêt dense. Dans cette forêt, il y avait un homme qui ne se lavait pas, ne buvait pas, ne mangeait pas. Un jour, cet homme sculpta une figure humaine dans le bois d’un ébénier. Il l’apporta ensuite là où il habitait. Il posa cette sculpture debout, près de lui. Dans la nuit, la figure s’anima pour devenir une femme vivante. Au petit jour, ils descendirent ensemble sur les rives du fleuve Rovuma pour prendre leur premier bain. La femme accoucha d’un enfant mort-né. Pour eux, cette terre ne pouvait être que maudite. Ils s’installèrent donc plus loin, dans une vallée. Mais là aussi naquit un enfant mort-né. Terres imprégnées de malédiction… Ils marchèrent et revinrent dans une zone de forêt dense, en altitude, appelée Mahuta. Cette fois-ci, la femme donna le jour à un troisième enfant, vivant et en pleine santé. Puis, ils eurent beaucoup d’enfants et formèrent la famille des Makondé, appelés aussi Vamakondé, ce qui signifie les premiers habitants. Par la suite, les descendants se trouvaient obligés d’enterrer les morts debout, en mémoire de la première mère qui s’était éveillée à la vie dans cette position. Le père avertit aussi ses enfants qu’ils ne devaient pas habiter dans les vallées ni près de fleuves, zones infestées par les maladies. Mieux valait s’installer à une distance d’au moins une heure de la source d’eau. Ainsi, les enfants pourraient grandir en bonne santé et les familles prospérer. » Cette légende, recueillie au début du XXe siècle par le père Adams, permet d’expliquer quelques traits de la vie des Makondé. On comprend en effet le choix de ce peuple vivant dans des régions arides, en altitude, loin des points d’eau, et donc loin des maladies. Le culte des ancêtres, et en particulier de la mère, fait partie intégrante de la vie quotidienne. Enfin, les Makondé ont toujours pratiqué la sculpture comme un culte, ayant la volonté de reproduire l’organisation de leur village. La sculpture décorait aussi tous les objets de la vie quotidienne comme les objets ménagers, outils, récipients, meubles, armes. Avec la colonisation, cette tradition est également devenue une monnaie d’échange. Plus tard, quelques individus se sont intéressés à cette matière qu’ils travaillaient depuis leur enfance en la considérant davantage comme un art. Selon les spécialistes, les Makondé du Mozambique ont joué un rôle important dans le développement de la sculpture contemporaine.

Autres peuples

Les Nhanja sont regroupés dans le nord-ouest du Mozambique, notamment dans une partie de la vallée du Zambèze et de la province de Niassa. Les Caranga, quant à eux, peuplent les rives des fleuves Save et Zambèze dans les provinces de Sofala et de Manica. Sur la côte, vivent quelques centaines de Swahilis, immigrés des régions nord de la Tanzanie et du Kenya, phénomène particulier dans la vallée du Zambèze où les mélanges ont été considérables. Ce sont des cultivateurs pour la plupart. Ils représentent 15 % de la population. Plus au sud, on retrouve les Shona qui appartiennent aux civilisations des plateaux du Zimbabwe. Beaucoup ont contribué à la guérilla anti-Frelimo dans les années 1980. Au sud et à l’ouest d’Inhambane, les Chope et les Bitonga constituent 5 % de la population. Puis, lorsqu’on descend vers Maputo, l’influence de l’Occident augmente.

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