Eglise de Santo Antonio sur l'île de Mozambique © Yury Birukov - Shutterstock.com.jpg

Les différentes religions

Ils étaient des dizaines de milliers de Mozambicains, de confessions différentes, à l’accueillir le 5 septembre 2019. Le pape François a été reçu par des « Réconciliation ! Réconciliation ! », avant d’appeler à la paix et à cultiver la confiance dans la diversité.

Selon Le Monde, un représentant du Conseil national des religions, présent lors de la dernière venue du pape, lançait aux côtés des représentants musulmans, chrétiens et hindouistes : « Enfin réconciliés, nous construisons le Mozambique ! »

Dans l’histoire, la religion catholique ne fait son entrée au Mozambique que lorsque les premiers navigateurs portugais débarquent en 1498. Sous la colonisation portugaise, notamment très présente dans la région du Zambèze et dans le sud du pays, alors deux zones clés d’échanges internationaux, ce sont des églises qui sont érigées. La période coloniale a imposé ses croyances catholiques comme la religion officielle. Sous le gouvernement de Salazar, la religion est considérée comme un instrument ultime de civilisation, de contrôle des populations et d’influence nationale. Les chrétiens sont alors privilégiés. Les Portugais envoient très tôt des missionnaires dont le rôle est d’éduquer les peuples par leur culture et par la foi en un Dieu unique. En 1940, le catholicisme devient la religion imposée et officielle du Mozambique. À différents niveaux de l’État, et dans tous les domaines, les dirigeants sont souvent de hauts dignitaires de l’Église catholique. Cette même Église aura, par la suite, la responsabilité de l’éducation scolaire des Africains dits « indigènes ». Mais certains religieux vont faire la distinction entre leur foi en Dieu et la domination coloniale. Ils auront le courage de dénoncer les abus du système colonial. Des pères catholiques d’origine portugaise, des missionnaires et des prêtres mozambicains convertis seront ainsi faits prisonniers, expulsés ou assassinés par la police secrète du gouvernement colonial. À partir de 1975, avec l’indépendance, les choses changent. La première Constitution mozambicaine reconnaît l’égalité des droits indépendamment de la couleur, de la race, du sexe, de l’origine ethnique, du lieu de naissance, du niveau d’instruction, du statut social, de la profession et enfin des croyances religieuses. L’État se définit comme laïque. Quelques différends tout de même ont lieu entre l’État et l’Église, qui jusque-là avait beaucoup de prérogatives dans les domaines de l’éducation et de la santé. La philosophie marxiste, adoptée par le gouvernement de l’époque, bouleverse toutes les structures religieuses.

Une seconde confession religieuse importante : l’islam. Aujourd’hui, notamment dans le nord du pays, les muezzins chantent dès 5h du matin. Les côtes nord-mozambicaines ont été depuis le VIIe siècle le théâtre de commerce avec la péninsule arabique et l’Inde, une influence arabe qui explique la présence actuelle de plus de 20 % de musulmans au Mozambique, particulièrement concentrés dans le nord où l’on trouve de nombreuses ressemblances avec la culture swahilie de Tanzanie et du Kenya. Sur l’île d’Ibo, dans l’archipel des Quirimbas, la population musulmane doit atteindre 99 %. Il est important de s’adapter au fil du voyage. On ne portera peut-être pas le même short à Ponta do Ouro dans le sud du pays que dans les rues sableuses d’Ibo, ni les ruelles pavées d’Ilha do Moçambique, où les vêtements longs seront plus adaptés et respectueux.

La guerre a apporté son lot de troubles, mais dans la nouvelle Constitution appliquée en 1990, les libertés religieuses sont finalement rétablies. Les religieux s’investissent pour la reconstruction dans les domaines de la santé et de l’éducation, mais aussi et souvent par le biais des organisations non gouvernementales (ONG), dans le développement rural et l’aide humanitaire. Aujourd’hui, les catholiques représenteraient plus de la moitié de la population. Quant à l’islam sunnite, il est implanté essentiellement dans le Nord et regroupe la majorité des croyants. Depuis 2017, des groupuscules revendiquant un islam radical sèment la zizanie dans la province de Cabo Delgado où ont eu lieu des attaques meurtrières. Dans la province de Niassa et à Maputo, l’Église anglicane a également sa représentation. Dans le Sud, l’influence de l’Afrique du Sud a provoqué le développement des Églises protestantes et des religions syncrétiques qui conjuguent monothéisme chrétien à un certain respect des cultes traditionnels. L’Église universelle du Sacré-Cœur est également présente au Mozambique, affichant ostensiblement des messages tels que « il y a une solution à la souffrance » et « avec nous tous les maux de l’âme seront guéris ».

Croyances populaires et superstitions

Au-delà des religions, les croyances traditionnelles sont omniprésentes. En Afrique subsaharienne, de nombreux peuples sont animistes. Le Mozambique ne fait pas exception à la règle. Plus de la moitié de la population, qu’elle soit catholique, musulmane, protestante ou hindoue voue un culte à l’animisme. De quoi s’agit-il ? L’animiste croit aux esprits qui ont le pouvoir d’influencer en bien ou en mal la vie des hommes. Une sorte de force vitale qui animerait les êtres vivants et les objets, ainsi que les éléments naturels comme le vent ou les pierres…

D’autres croyances remettent en cause la véracité du virus du sida, par exemple. Pour quelques médecins, ce virus dévastateur est considéré comme un symptôme bénin, associé à l’outrepassement d’un tabou. Dans ce cas-là, l’important est avant tout de « déjouer le mauvais sort », en obéissant aux personnes liées au monde des esprits, cela avant même d’imaginer soigner le malade.

Certaines croyances amènent à des crimes macabres et discriminants. Par exemple, les albinos peuvent être agressés et mutilés sous prétexte que certaines croyances leur attribuent des « pouvoirs surnaturels ». Des rites sont alors menés avec les membres des victimes pour attirer la chance et la richesse. Exactement de la même manière, les personnes chauves peuvent être victimes d’« attaques rituelles ». En effet, selon d’autres croyances populaires, ils seraient des gens riches, mieux encore, leurs têtes contiendraient de l’or.