Découvrez la Malaisie : Population

La Malaisie est composée d’une mosaïque de populations aux origines diverses témoignant des échanges qui se sont produits dans la région pendant des siècles. Les Malais forment le gros des troupes avec 50 % de la population. Les Chinois, arrivés en nombre au début du XIXe siècle, représentent 25 % de la population. Les groupes indigènes, peuples originels de la péninsule et de Bornéo, peinent à atteindre 11 % de la population. Enfin, les Indiens, venus construire les routes sous la domination britannique, ferment la marche avec 10 % de la population malaisienne. Ces différentes ethnies vivent côte à côte et ne se mélangent guère. Elles pratiquent des religions différentes et les pratiques culturelles significatives forment un fossé qu’aucune communauté ne souhaite combler. La question des origines constitue un sujet politique sensible qu’il convient de ne pas aborder. La population malaisienne s’élève aujourd’hui à 31,6 millions d’habitants, contre seulement 10,4 millions en 1970. Par conséquent, 44 % de la population a moins de 20 ans. Le pays est relativement sous-peuplé par rapport à ses voisins et sa densité n’est que de 94 habitants/km². En revanche, le taux d’alphabétisation est l’un des plus élevés du continent, atteignant 93 %.

Les Malais

La Constitution malaisienne définit le Malais comme une personne qui pratique l'islam, parle le malais, se conforme aux coutumes malaises, et est l'enfant d'au moins un parent né au sein de la Fédération de Malaisie avant l'indépendance du 31 août 1957.

Les Malais sont présents dans tout le pays, mais surtout concentrés sur la péninsule malaise. Traditionnellement paysans, ils sont restés assez largement à l'écart du mouvement d'urbanisation qui a débuté au XXe siècle. Beaucoup vivent toujours dans les kampungs. Ils sont en majorité cultivateurs ou pêcheurs et fervents musulmans. 
Dans les années 1970, cependant, une nouvelle politique économique met en place de nombreuses mesures favorisant les Malais afin de créer une classe moyenne malaise. Le concept de bumiputra atteint son paroxysme. Le terme signifie « fils du sol ». Il s'agit de la dénomination officielle en Malaisie pour désigner les Malais. Cette définition exclut d’emblée les Chinois et les Indiens, les Orang Asli et les indigènes de Bornéo. Le concept a été inscrit dans la Constitution afin d’accorder certaines faveurs à ce groupe de la population : bourses, emploi dans l'administration, acquisitions d'entreprises… Il s’agissait d’établir une discrimination positive à l’égard de la population malaise qui se sentait menacée. Autant dire que les minorités ethniques n’ont guère apprécié. Jusque-là, la plupart des entreprises et des commerces étaient entre les mains des Chinois.

Les Malais installés en ville occupent des postes dans l'administration et travaillent dans l'industrie, tout en demeurant très imprégnés des traditions. Ils retournent régulièrement dans leur kampung lors des différentes fêtes religieuses. Les vêtements traditionnels de l'homme se composent du baju melayu, un costume composé d’une chemise et d’un pantalon. Ils revêtent le songket, un foulard en brocard noué autour des hanches, et portent parfois le songkok (calotte). La femme arbore le baju kurung, une tunique ample portée sur une jupe longue, et un tudong, foulard qui couvre les cheveux et encadre le visage. Les vêtements traditionnels sont désormais délaissés au profit des vêtements occidentaux, sauf dans les kampung où les personnes âgées continuent d’arborer fièrement leurs origines.

Les Chinois

Originaires de Chine du Sud, les Chinois de Malaisie souhaitent fuir la misère de leur pays. Mais c'est la présence continue des commerçants chinois aux XIVe et XVe siècles durant l'essor de Malacca qui va leur permettre d'imprimer une trace durable au sein de la population. À la fin du XIVe siècle, la princesse Hang Li-Po fut offerte au sultan de Malacca pour instaurer une alliance commerciale forte entre le port franc et la Chine. Les Chinois continuèrent à utiliser cet itinéraire commercial pendant des siècles, même après la chute de Malacca, mais peu s'installèrent en Malaisie. Ces premiers immigrants chinois sont appelés Peranakans. Ils se rangent aux côtés des Britanniques à leur arrivée, faisant prospérer leurs commerces. Les Peranakans se sont établis durablement en se mariant avec des jeunes filles locales non musulmanes. La fusion des cultures chinoises et malaises associée aux influences occidentales a donné naissance à une culture unique. Les traditions ancestrales chinoises, comme les rites du mariage, de la naissance, du culte des ancêtres et des funérailles ont été préservées. La nourriture, la langue et les vêtements ont été à l'inverse particulièrement influencés par la culture malaise. À Penang comme à Malacca, les maisons témoignent de cet héritage, aussi prenez le temps de flâner dans les rues.

Il faut attendre la domination britannique pour que les Chinois s'installent en nombre. Un grand nombre de coolies chinois arrive dans la péninsule pour travailler dans les mines, la construction et les transports. Les Chinois jouent un rôle économique de premier plan en contrôlant notamment la majeure partie du commerce et de l'industrie. Ils sont surtout présents dans les villes où leur mode de vie se rapproche du mode de vie occidental très imprégné de culture d'entreprise. Ils respectent cependant scrupuleusement leurs traditions et notamment les fêtes du calendrier chinois. Majoritaires dans les États de Penang et à Kuala Lumpur, les Chinois se concentrent aussi à Perak, Selangor, Negeri Sembilan, Malacca et Johor, c'est-à-dire les États de la côte ouest. Ils sont peu présents sur la côte laissée aux pêcheurs et agriculteurs malais. Ils ont également colonisé la Malaisie orientale où ils ont prospéré dans l'industrie du bois.

La colonie chinoise se divise entre Hokkiens du Fujian (37 %), Hakkas (montagnards chinois vivant à l'intérieur des terres du Guangdong et du Fujian, 22 %), Cantonais (20 %), Téotchious (13 %) et d'autres ethnies marginales venues d'autres régions de la Chine.

Les Hokkiens sont les premiers à s'être installés dans la péninsule. Originaires d'Amoy (actuelle Xiamen), ils se placèrent aussitôt au service des Britanniques à leur arrivée, notamment à Penang, Malacca et Singapour. Comme il n'y avait pas de femmes chinoises, et qu'ils ne pouvaient ni épouser une musulmane ni une hindoue, les aborigènes animistes leur firent de beaux enfants. Ils constituèrent une bourgeoisie riche et puissante jusqu'au départ du protecteur anglais. Aujourd'hui, ils sont avant tout commerçants. La seconde vague de Hokkiens débarquée au XIXe siècle sont les ancêtres des Chinois les plus riches de Singapour et de Malaisie.

Les Hakkas, des nomades chinois qui étaient déjà mariés avec des montagnardes de Chine, ont investi le secteur minier. Les Cantonais sont essentiellement cuisiniers ou artisans. Quant aux Teochious, originaires de Swatow (Shantou), entre Amoy et Hong Kong, ils font partie des coolies venus travailler sur la péninsule et ils y sont restés. On peut reconnaître l'origine des Chinois à leur cuisine. Le Hokkien est amateur de nouilles sous toutes ses formes. Le Cantonais pratique la cuisine tous azimuts : tout ce qui rampe, saute, vole ou nage peut être cuit et mangé. Le Hakka utilise la sauce de soja partout. Le Teochiou privilégie son congee, qui est une espèce de bouillie de riz dans laquelle baignent des légumes ou de la viande selon ses moyens.

Les Indiens

Les Indiens ont également joué un rôle central en Malaisie. À 85 %, ce sont des Tamouls. Les autres sont des Malayalis venus du Kerala, des Punjabis du nord de l'Inde et des Telugus d'Andhra Pradesh. Ils naviguent le long des côtes de la péninsule malaise dès le IIe siècle. Fervents commerçants, ils font des échanges avec les populations locales. De nombreux mots de sanskrit sont d'ailleurs repris en bahasa malaysia. Au XVe siècle, ils constituent un pouvoir politique installé ; la religion hindoue et les commerçants indiens font partie intégrante du paysage. Durant la période coloniale britannique, ils viennent travailler dans les plantations, notamment dans les plantations d'hévéas. Résistants à la tâche, ils construisent également routes et voies ferrées. La communauté se concentre aujourd'hui dans les zones urbaines et autour des plantations d'hévéas et d'huile de palme.

Les Indiens de Malaisie constituent la moins nombreuse des trois composantes ethniques. Ils sont souvent méprisés alors que leur apport à la culture malaisienne est tout aussi important. Ils sont propriétaires de petits commerces, employés dans le bâtiment ou ouvriers agricoles, mais certains jouent un rôle influent dans le milieu des affaires. Cependant, il existe une vraie division entre la classe moyenne et supérieure, bien éduquée et influente, et les moins instruits au revenu plus bas, les ouvriers. Ils conservent leurs valeurs, leurs traditions et leur religion. Les Indiens sont très croyants, la plupart sont des hindous dévots et d'autres sont chrétiens, sikhs, ou musulmans. Le mode de vie occidental a influencé les Indiens, notamment en ville. Les femmes portent de moins en moins le sari traditionnel. C'est dans la communauté indienne que la langue anglaise est la plus répandue et enracinée. Ce sont également les Indiens qui sont considérés comme les plus ouverts aux autres communautés. Bien que plus petite quantitativement, la communauté indienne a, tout autant que les autres, contribué à faire de la Malaisie ce qu'elle est aujourd'hui. Les Indiens sont particulièrement concentrés à Penang, Kuala Lumpur, dans le Selangor, le Perak et le Negeri Sembilan.

Les Orang Asli

Résidant sur la péninsule malaise, ces aborigènes sont les plus anciens habitants de la Malaisie. Ils étaient autrefois appelés Sakaï (sauvages, esclaves) par les Malais ou Negritos par les Européens, en raison de leur peau foncée, de leurs cheveux noirs frisés et de leur petite taille (ils mesurent entre 1,47 m et 1,60 m). Ils sont rebaptisés de façon plus respectueuse, Orang Asli, le terme signifiant « peuple aborigène » en malais. Estimés à 140 000 personnes, ils comptent différentes communautés ethniques réparties sur l'intérieur de la péninsule. Traditionnellement nomades, vivant de cueillette et de chasse, ils se sont progressivement sédentarisés et beaucoup ont été absorbés par la Malaisie moderne tout en demeurant le groupe le plus pauvre. Ils se soucient peu de la modernisation du pays et continuent à vivre dans les jungles comme il y a 10 000 ans. Ils sont très susceptibles, et pour eux tuer un ennemi (et les ennemis sont tous ceux qui viennent troubler leur vie rustique) est la manière la plus simple de résoudre un problème. Quelques Orang Asli se sont convertis à l'islam et au christianisme ; en réalité, tous pratiquent l'animisme avec ses milliers d'esprits et de dieux qu’il faut sans cesse contenter et apaiser.

Les indigènes de Bornéo

Les tribus indigènes malaisiennes sont majoritairement originaires de Bornéo, dans les États de Sabah et Sarawak. Les Ibans du Sarawak (ou Sea Dayak) constituent la tribu la plus nombreuse, environ 600 000 personnes. Ils vivent toujours dans la jungle au sein de villages traditionnels qui regroupent des longhouses le long des fleuves Ai, Rajang et Lupar et leurs affluents. Ils se sont convertis au christianisme, mais conservent leurs pratiques animistes. Les Bidayuh (Land Dayak) comptent 170 000 individus se concentrant au sud-ouest du Sarawak, notamment autour de Kuching où beaucoup ont fini par s'installer. Leurs villages se sont modernisés et les longhouses ont presque disparu, et comme les Ibans, ils ont été christianisés.

Dans l'État de Sabah, le plus important groupe d'indigènes est formé par les Kadazan, pour la plupart paysans chrétiens se tournant de plus en plus vers la vie citadine. Ils sont connus pour leurs rites présidés par des femmes prêtres, les bohohizan. Les Bajau sont des pêcheurs et cultivateurs de riz ; comme ils sont également les seuls à élever des poneys, ils sont surnommés les cow-boys de l'Est et vivent dans les alentours de Kota Belud. Les Muruts viennent principalement de l'intérieur des terres. Ils sont les coupeurs de têtes de la légende de Bornéo. Ce sont toujours de bons chasseurs qui utilisent des lances et sarbacanes munies de dards empoisonnés.

Langue

Le bahasa malaysia (malais) est la langue officielle. C'est un idiome assez simple et facile à apprendre. L'alphabet latin est utilisé. Cette langue nationale a été un outil indispensable à l'unification du pays et a permis de dépasser les barrières communautaires. L'anglais, la langue des affaires, est la deuxième langue la plus usitée, notamment dans les villes.

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