Découvrez le Sri Lanka : Thé

La qualité du thé de Ceylan est reconnue dans le monde entier, et avec une production d’un peu plus de 300 000 tonnes de thé en 2021, le Sri Lanka représente le 4e plus gros producteur mondial, après la Chine, l’Inde et le Kenya. Cependant, le théier n’est pas une plante autochtone de l’île : sa culture a été introduite par les Britanniques au XIXe siècle. Ils ont importé des plants d’Assam : le Camellia sinensis. Aujourd’hui encore, ce sont les descendants de la main-d’œuvre importée jadis du Tamil Nadu qui travaillent dans les plantations. L’histoire du thé de Ceylan est indissociable de deux personnages charismatiques qui ont grandement contribué à son essor : James Taylor et Thomas Lipton. Avant d’arriver dans votre tasse, le thé subit un processus de transformation complexe. Pour en apprendre davantage sur le thé, nous vous recommandons vivement la visite d’une des nombreuses Tea Factories que compte l’île durant votre séjour.

Histoire

Au XVIIIe siècle, sous le régime colonial néerlandais, la cannelle de Ceylan est la principale culture agricole de l’île. La crise économique européenne de 1830 condamne les plantations de cannelle qui produisent majoritairement pour l’export. Quelques années plus tard, les plantations de café supplantent celles de cannelle, mais cela ne dure pas, puisqu’à la fin du XIXe siècle, un parasite décime les caféiers. On tente alors de les remplacer par la cultivation du cacao qui connaîtra le même sort. Dès 1824, les premiers théiers sont importés de Chine et d’Assam, en Inde, par les Britanniques. La Planter’s Association of Ceylan (PA) est créée en 1854 avec pour objectif de pérenniser les plantations du pays (thé bien sûr, mais également noix de coco, latex, etc.). La PA est l’une des plus anciennes institutions de l’île encore en activité, et c’est d’ailleurs grâce à son influence que se sont développées les routes et le transport ferroviaire dans l’île. L’essor spectaculaire de la production de thé naîtra plus tard sous l’impulsion d’un Britannique, James Taylor. À la fin des années 1870, les plantations de thé ont remplacé celles de café. En 1890, Thomas Lipton rencontre James Taylor et réussit son pari de démocratiser le thé, qui était alors considéré comme un produit de luxe. Au début du XXe siècle, les Britanniques importent de la main-d’œuvre du Tamil Nadu, en Inde, pour travailler dans les plantations, car les Cinghalais s’y refusent. De nos jours, ce sont leurs descendants qui fournissent l’essentiel de la force de travail dans la production du thé. Dès 1971, les plantations, qui appartenaient aux Britanniques, sont nationalisées par le gouvernement sri-lankais. En 1972, Ceylan devient le Sri Lanka, mais l’appellation « Thé de Ceylan » est gardée car elle est constitue un gage de qualité. Malgré les nationalisations, la qualité du thé produit sur l’île décline, et à partir de 1992, les plantations sont de nouveau privatisées, avec pour conséquence une qualité retrouvée. Le Ceylon Tea Museum est inauguré en décembre 2001 à Kandy. La production de thé au Sri Lanka atteint des records dans les années 2000 et le pays est alors le 3e producteur mondial. Il a été dépassé depuis par le Kenya qui lui a ravi sa place sur le podium.

Le processus de transformation du thé

Après l’échec des plantations des cafés, les Britanniques comprennent rapidement que l’île possède un climat et des élévations variées favorisant la culture du thé, comme en Inde. Les arbres utilisés majoritairement dans les plantations de thé sont deux variétés importées d’Assam, un État du nord-est de l’Inde ; leurs noms scientifiques sont Camellia sinensis var. assamica et Camellia sinensis var. sinensis. Ces théiers sont choisis par les Britanniques pour leur longue durée de vie et leur résistance. Comme pour le vin, les parfums varient en fonction de la nature des sols. Les théiers sont taillés régulièrement pour les maintenir à la taille d’un buisson, mais laissés à la nature, ils peuvent atteindre entre 5 et 8 mètres. À Ceylan, le bourgeon terminal est nommé tip. Le choix, dans l’arbuste, de ce qui sera récolté, détermine le type de cueillette et donc le grade dans la classification. La cueillette, réalisée uniquement par des femmes, se pratique plusieurs fois par an, jusqu’à quatre fois ou plus suivant les régions. Les cueillettes s’organisent par round de quatre à quatorze jours, le temps que le théier se renouvelle. La « cueillette impériale », qui à l’origine se pratiquait par des vierges, consiste à ne prélever que le bourgeon final et parfois la première feuille qui suit. La « cueillette fine » se compose du bourgeon terminal et des deux premières feuilles. Celles qui prélèvent le tip et les trois premières feuilles restent de très bonne qualité. On comprend ainsi mieux en quoi ce type de récolte ne peut pas être mécanisé. Les paniers remplis sont par la suite portés vers les manufactures proches où les feuilles sont traitées suivant des normes strictes. Du processus entier dépendront la qualité et la finesse de la récolte obtenue. Ainsi, d’année en année, jamais deux lots d’un même jardin ne seront identiques. Avant de pouvoir être infusé dans une eau frémissante, le thé subit un important processus de transformation qui se décline en 6 étapes.

Le flétrissage : il permet de retirer une partie de l’humidité contenue dans les feuilles fraîchement récoltées. L’opération prend de 18 heures à 32 heures.

Le roulage : l’opération a pour but de libérer des enzymes contenus dans les feuilles, qui permettront une meilleure fermentation.

La fermentation : les feuilles sont placées entre 1 heure et 3 heures dans une étuve chaude et humide. C’est un processus aléatoire qui repose sur le talent et l’expérience du planteur, qui décide de sa durée.

La dessication : la fermentation est stoppée par un processus de séchage où les feuilles sont exposées à une température de 90° pendant une vingtaine de minutes.

Le tamisage : les feuilles sont triées en fonction de leur taille.

Le criblage : il permet, après un tamisage scrupuleux, de séparer les brisures des feuilles entières. Enfin, les feuilles sont emballées.

Toutes ces étapes de production sont réalisées à proximité des plantations, dans des manufactures de thé, appelées tea factories en anglais. Cela permet au thé de garder sa fraîcheur et ses arômes originels. La classification du thé est établie en fonction de la nature du théier, de la région de production, de l’élévation de la plantation (les thés de haute qualité sont généralement cultivés au-dessus de 1 500 m d’altitude), de la qualité de la cueillette (bourgeon, feuilles), de la nature des traitements (fermentation)… La classification en appellations diverses est donc très réglementée, et définit par conséquent le prix du thé. Un thé de grande qualité portera généralement le nom de la plantation dont il est issu. La mention pure thé de Ceylan est généralement accompagnée d’un logo jaune avec un lion muni d’un sabre.

La visite d’une manufacture de thé est une expérience incontournable d’un séjour dans l’île. Parmi les plus intéressantes : Damro Labookellie Tea Lounge et Blue Field Tea Garden à Ramboda (proche de Nuwara Eliya), Mlesna Tea Castle St. Clair à Patanha, et Uva Halpewatte Tea Factory à Ella. Les visites sont le plus souvent gratuites, et après avoir assisté au processus de transformation, une dégustation est proposée, avec bien sûr la possibilité d’acheter le thé produit sur place. Et si vous désirez être hébergé au cœur d’une plantation, Heritance Tea Factory et Tea & Experience Factory - Mandaram Nuwara à Nuwara Eliya sont des adresses à retenir.

Les pionniers

James Taylor. Cet Écossais quitte Londres à 17 ans pour se rendre à Ceylan (Ceylon en anglais). Au milieu des années 1860, il visite l’Inde pour apprendre les rudiments de la culture du thé. Il fomente le projet de planter du thé dans le jardin où il travaille, le Loolecondera Estate à Delthota (à 35 km au sud-est de Kandy et 75 km au nord-ouest de Nuwara Eliya). Cette plantation de 8 hectares, nommée « champ 7 », est très fructueuse et devient la première surface de thé de l’île exploitée à des fins commerciales. En 1872, il implante dans sa propriété de Loolecondera, une manufacture équipée de machines inventées par ses soins, ce qui lui permet d’accroître de façon spectaculaire la production et de proposer du thé dans son emballage. L’exportation de thé de Ceylan explose. Dès la fin des années 1870, la majeure partie des plantations de café de l’île sont supplantées par la culture du thé. En 1890, James Taylor rencontre en Australie un certain Thomas Lipton qui fera connaître le thé à l’Europe. À Ceylan, le thé devient un enjeu économique majeur, les grandes compagnies britanniques s’emparent du contrôle sur les plantations et les petits cultivateurs comme Taylor sont évincés de la chaîne de production. Le 2 mai 1892, soit à peine un an après sa mise au pilori, James Taylor meurt de dysenterie, à l’âge de 57 ans. Il est enterré au cimetière Mahayyawa à Kandy. Un an plus tard, le thé de Ceylan est présenté au monde à l’Exposition universelle de Chicago…

Sir Thomas Lipton. Thomas Lipton est né à Glasgow en 1848. Ses parents irlandais, qui tiennent une petite épicerie, lui ont sûrement donné le goût du commerce. Très tôt, il quitte les bancs de l’école pour travailler sur un petit bateau à vapeur faisant la liaison entre Glasgow et Belfast. Les histoires de marins partis aux États-Unis le fascinent et à 15 ans, il met les voiles pour travailler au pays de l’oncle Sam. Il y découvrira les formidables atouts de la publicité au travers de ses différentes expériences professionnelles. En 1870, il rentre à Glasgow pour aider ses parents avec leur petit commerce et ouvre sa propre épicerie un an plus tard, le Lipton’s Market. Il met alors en pratique son savoir-faire de la réclame appris aux USA et c’est le succès ! Lipton pérennise son entreprise avec la création de la première chaîne de magasins de Glasgow. Dix années plus tard, il comptabilise une vingtaine de commerces, mais il reste à l’affût de nouvelles opportunités. En 1890, il se rend au Ceylan britannique avec une idée en tête : populariser et démocratiser le thé qui est à l’époque considéré comme un produit de luxe. Il rencontre James Taylor avec qui il fait affaire. Lipton met en pratique la même idée qui a fait le succès de ses épiceries : se fournir à la source et ainsi supprimer les coûts superflus des intermédiaires. Il parvient à faire baisser le prix du thé en achetant lui-même des plantations. Après trois semaines de présence sur l’île, il en possède sept, dont la fameuse plantation de Dambatenne. Il applique ses méthodes commerciales au thé : une publicité ciblée, un emballage soigné, une marque et un logo facilement reconnaissables et un slogan imparable : « Direct from the tea garden to the tea pot » (« directement de la plantation de thé à la théière »). Il est le premier à vendre le thé dans des boîtes individuelles avec la marche à suivre pour bien le faire infuser clairement inscrite sur la boîte ! Son entreprise connaît alors un succès foudroyant, il s’enrichit rapidement et le nom Lipton devient une marque reconnue internationalement. Thomas Lipton devient le fournisseur de thé officiel de la reine Victoria en 1895, et il est anobli le 18 janvier 1898. En 1924, il fait même la couverture du fameux magazine Time. Sir Thomas Lipton s’éteint le 2 octobre 1931 dans la banlieue de Londres, mais son héritage perdure encore de nos jours. Au Sri Lanka, une statue a été érigée en son honneur à l’endroit même où il surveillait ses plantations de thé, le Lipton’s Seat à Haputale.

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