Mosquée Rouge de Pettah © leodaphne - iStockphoto.com.jpg

Bouddhisme

Le bouddhisme touche la majorité de la population sri-lankaise qui pratique le bouddhisme Theravāda. Issu de l’école Sthaviravāda, ou « Enseignement des Anciens » en sanskrit, c’est un bouddhisme conservateur resté fidèle aux enseignements professés par Gautama Siddharta dans ses discours et recueillis par ses contemporains. Le but ultime des adeptes de cette doctrine est d’atteindre le Nirvāna. Pour ce faire, ils doivent suivre autant que faire se peut les cinq préceptes du bouddhisme : respecter toute forme de vie, ne pas voler, garder le contrôle de ses sens et ne pas commettre d’adultère, ne pas mentir, et ne pas consommer de substances toxiques (alcool drogues). Si respecter ces cinq préceptes ne conduisent pas forcément au nirvana, cela permet au moins aux pratiquants de ne pas se réincarner dans des niveaux de vie inférieurs (monde animal, végétal, esprits).

La vie de Bouddha. Le prince indien Siddhartha Gautama est né en 560 ou en 623 av. J.-C. dans les jardins de Lumbini (aujourd’hui au Népal), son père régnait sur la principauté de Kapilavastu, sur le versant indien de l’Himalaya. Le Bouddha n’est donc pas une figure légendaire, mais un personnage historique dont la vie est bien documentée. Sa mère mourut peu après sa naissance et son père reporta toute son affection sur cet enfant unique. Pour le protéger de la misère du monde, il lui interdit de s’éloigner des abords immédiats du palais. À 16 ans, il se marie avec une cousine princesse. À 28 ans, il sort du palais pour parcourir les environs. Il fait quatre rencontres qui changent totalement sa vision du monde et de la vie. D’abord celle d’un vieillard décrépit qui lui apprend que la jeunesse ne dure pas. Puis celle d’un homme atteint de la peste noire qui lui fait connaitre ce qu’est la maladie. Ensuite, la vue d’un cadavre sur un bûcher lui fait découvrir la réalité de la mort. Lors de sa quatrième sortie, il croise un ascète mendiant d’une grande sérénité au milieu de toutes ses souffrances. À 29 ans, il s’enfuit dans la forêt, laissant femme et enfant. Désirant échapper à la souffrance, il suit d’abord l’exemple de l’ascète. Durant sept années, il se consacre au yoga, ne mangeant que très peu. Mais ces épreuves lui apparaissant comme une peine inutile, il se plonge alors dans la méditation et connaît enfin l’Illumination, l’Éveil, atteint sous un arbre à Bodhgaya en Inde. Il devient un Bouddha, un être Illuminé. L’homme doit suivre une voie entre l’ascétisme et l’hédonisme : la voie du milieu. Le bouddhisme, comme l’hindouisme, a foi en la réincarnation. Celui qui parviendra à mettre fin au cycle des réincarnations cessera de souffrir et atteindra le Nirvāna. Durant le reste de sa vie, Bouddha mène une vie de pèlerin pour mettre en pratique sa doctrine, qu'il prêche en proposant sa vie comme modèle. Il ne répond que rarement aux questions que ses disciples lui pose, les écrits sur ses sermons sont donc très rares. À 80 ans, en 480 av. J.-C., il s’éteint. Il s’allonge sur le côté droit et attend d’entrer au Nirvāna.

Les prémices du bouddhisme au Sri Lanka. Le bouddhisme Theravāda a été introduit sur l’île au IIIe siècle av. J.-C. par le moine Mahinda et la nonne Sangmitta, des enfants de l’empereur indien Ashoka. Ces missionnaires ont été mandatés pour transmettre les enseignements de Bouddha au royaume d’Anuradhapura. Pour ce faire ils apportèrent avec eux une bouture de l’arbre Bo (ou « Bodhi Tree », l’arbre sous lequel Siddhartha Gautama atteignit l’Illumination), dont le descendant est encore visible de nos jours dans la ville sacrée : le Jaya Sri Maha Bodhi. Les deux grandes chroniques historiques du Sri Lanka, le Dipavansa et le Mahavansa, relatent leurs pérégrinations dans l’île et la façon dont ils ont converti au bouddhisme le roi Devànampiya Tissa. Mahinda et Sangmitta se sont tous deux éteints à Anuradhapura, un peu plus de 200 ans avant notre ère. Ils ont largement contribué à propager le bouddhisme non seulement au Sri Lanka, mais également au Myanmar, en Thaïlande, au Laos, au Cambodge, et au Viêt-nam. Tous ces pays se réclament encore aujourd’hui de l’école Theravāda.

Les lieux de culte. Le patrimoine bouddhiste de l’île est particulièrement riche et plusieurs sites sont inscrits à l’Unesco : la cité sacrée d’Anuradhapura,  l’ancienne capitale de Polonnaruwa, la cité sacrée de Kandy ou encore le temple-grotte de Dambulla (Dambulla Rock Temple). L’île compte environ 6 000 temples, souvent composés d’une structure identique : un sanctuaire contenant une ou plusieurs statues de Bouddha allongé ou assis, un stupa, un arbre Bo, et une statue en extérieur de Bouddha, le plus souvent représenté debout ou assis. Les paysages du Sri Lanka sont parsemés de ces grands stupas blancs, appelés aussi dagobas ou chedis : ce sont de grandes structures en briques en forme de cloche, visibles à des kilomètres à la ronde, et qui contiennent le plus souvent des reliques de Bouddha. Le plus imposant au monde est le Jetavanamaraya Stupa d’Anuradhapura. Le pays compterait environ 15 000 moines bouddhistes. Ils font vœu de pauvreté, n’ont pas de possession et vivent de l’aumône offerte par les habitants de l’île. Drapés de leur ample tunique safran et le crâne rasé, vous les rencontrerez principalement dans et autour des temples. Vous les croiserez parfois même dans les villes. Il faut éviter de les toucher – surtout si vous êtes une femme –, essayer de tenir sa tête légèrement en-dessous de la leur en signe de respect, et bien sûr demander leur autorisation préalable pour toute photographie. Bien que considérés comme sacrés par une grande partie de la population, il ne faut pas occulter le fait que les moines participe également activement à la vie politique du pays. Ces dernières années ont vu se propager un mouvement radical de moines nationalistes, particulièrement virulent envers les communautés hindoues et musulmanes du pays.

Le bouddhisme au quotidien. La vie des bouddhistes sri-lankais est rythmée par le calendrier lunaire. Chaque jour de pleine lune, appelé poya en cinghalais, est férié dans tout le pays. Il correspond à l’uposatha, un jour mensuel consacré à l’observation des enseignements de Bouddha. Les fidèles, entièrement vêtus de blanc pour l'occasion, se rendent dans les temples pour effectuer des offrandes de fleurs à Bouddha, brûler de l’encens pour se purifier et allumer des lampes à l’huile symbolisant l’illumination. La suite de la journée est consacrée à la prière, à la méditation et à l’écoute de lectures de textes sacrés par les moines. En ce jour on s’abstient également de consommer de la viande ou de l’alcool. Les festivals bouddhistes les plus importants encadrent les jours de pleine lune, le plus célèbre étant celui d’Esala Perahera du Temple de la Dent à Kandy.

Sites notables : le Gangaramaya Temple à Colombo, le Sri Dalada Maligawa et la cité sacrée de Kandy, la cité sacrée de Polonnaruwa, le Jaya Sri Maha Bodhi à Anuradhapura, le Dambulla Rock Temple, Adam’s Peak (Sri Pada), Mihintale Peak, le temple Kalutara Chaitya & Bodhiya.

Hindouisme

L’hindouisme est essentiellement pratiqué par les Tamouls. Au début du XXe siècle, les hindous représentaient encore près d’un quart de la population de l’île. Le conflit sri-lankais a contraint une  grande partie de Tamouls à quitter le pays. Selon certaines estimations, les hindous ne constitueraient de nos jours plus que 11 % des habitants du pays, concentrés essentiellement dans les régions nord et est de l’île. L’hindouisme a été introduit antérieurement au bouddhisme par les principales dynasties qui gouvernaient l’Inde du Sud : Chola, Pândya et Pallava. Les temples sont nommés kovil et foisonnent de couleurs et de sculptures de différents dieux sur leur gopuram, leur imposante tour d’entrée.

Les principes de l’hindouisme. Les hindous sont polythéistes et vénèrent la Trimurti, la trinité hindoue constituée des dieux Brahmā, Vishnou et Shiva. Ils vénèrent autant des dieux masculins que féminins. Brahmā est le dieu de la création. Il est souvent représenté avec quatre têtes et sa compagne est la déesse Sarasvati. Vishnou est le dieu de l’équilibre. Il est représenté avec la peau bleue, quatre bras et il est accompagné de Garuda, sa monture mi-homme mi-oiseau. Vishnou possède une dizaine d’avatars (ou réincarnations), dont Rāmā, le héros du Rāmayana, Krishna, le dieu à la flûte, et enfin Bouddha. Sa shakti, ou divinité féminine associée, est Lakshmi, qui représente la richesse et la bonne fortune. Shiva, le dieu de la destruction mais aussi de la renaissance de l’univers, est sans aucun doute le dieu le plus important au Sri Lanka. Il apparaît sous de multiples formes et sous des centaines de noms, selon les attributs qu’il représente. Son animal-support est le Nandi, un bœuf. Son épouse est la déesse Parvati dont la monture est un tigre ou un lion. Elle est la déesse de la procréation et incarne un modèle à suivre pour les femmes hindoues. Ensemble ils ont deux fils. L’un est pacifiste, il s’agit de Ganesh, le dieu à la tête d’éléphant. On le vénère pour obtenir une protection et pour lever les obstacles qui se dressent sur son chemin. C’est une divinité très populaire qui est également présente dans certains temples bouddhistes. L’autre est un guerrier, il est appelé Skanda, Murugan ou Karkiteya selon les régions. Il est le plus souvent dépeint avec une dominante rouge. Il est particulièrement vénéré au Tamil Nadu et au Sri Lanka, et plus précisément au complexe de Kataragama (sud-est), à Trincomalee (est), et à Jaffna (nord). Vous apercevrez sans doute la svastika dans différents temples : n’ayez aucune crainte, c’est un symbole hindou ancestral sacré et positif qui représente les forces cosmiques qui régissent l’univers. La svastika accompagne souvent les représentations du dieu Ganesh.

Les castes. L’hindouisme divise les individus en différentes castes. La caste la plus élevée est celle des Brahmanes, qui occupent les fonctions sociales les plus importantes, puis vient celle des Kshatriyas, les guerriers, suivi par la caste des Vaishyas (les commerçants, les agriculteurs et les artisans), et enfin les serviteurs, les Sûdras. Ce système est encore suivi de nos jours par les Tamouls indiens des Hautes Terres, arrivés avec les Britanniques. Les Tamouls sri-lankais ont hérité d’un système qui a été modifié par les rois successifs de l’île. Ils établissent une distinction entre les hindous du nord et de l’est, ainsi qu’entre les agriculteurs, qui occupent le haut de l’échelle sociale et qui constituent près de la moitié des hindous de l’île, et les habitants de la côte  est qui sont principalement des pêcheurs. Il faut savoir que les individus hors castes, appelés communément intouchables en Inde, n’existent pas au Sri Lanka.

Sites notables : le Nallur Kandaswamy Kovil de Jaffna, le Keerimalai Naguleswaram Kovil à Kankesanthurai, le Nagapooshani Amman Kovil à Nainativu, le Konesawaram Kovil de Fort Frederick à Trincomalee, Adam’s Bridge à Talaimannar, le Sri Munneswaram Devasthanam à Chilaw, le Sri Murugan Kovil à Slave Island (Colombo).

Islam

L’islam est arrivé sur l’île au VIIe siècle avec les premiers marchands arabes venus faire commerce avec l’ancienne Serendib. Plusieurs d’entre eux ont épousé une femme locale, l’ont convertie à l’islam, et se sont alors installés sur l’île, ce qui a favorisé la propagation de la religion de Mahomet. Les descendants de ces marchands sont appelés Maures du Sri Lanka. Certains musulmans du Kerala sont également venus vivre sur l’île par la suite. L’arrivée des colons portugais au XVIe siècle a été tragique pour la communauté musulmane : leur population a drastiquement diminué à cause de la politique de conversion et de persécution menée par les Portugais. Les Javanais et les Malais, des musulmans venus des colonies néerlandaises et britanniques aux XVIIIe et XIXe siècles, ont contribué au renouveau de l’islam dans l’île. Le XIXe siècle a également été marqué par l’arrivée de musulmans venus d’Inde et du Pakistan. Aujourd’hui la grande majorité des musulmans du Sri Lanka sont sunnites et ont comme langue principale le tamoul. Plus récemment, les investissements importants de l’Arabie saoudite dans les structures religieuses ont favorisé l’émergence d’un islam plus radical. C’est d’ailleurs une organisation influencée par les idées salafistes, le National Thowheeth Jama’ath, qui est à l’origine des attentats meurtriers de Galle Dutch Pâques 2019.

Sites notables: la mosquée rouge de Pettah (Al Jamiul Alfar Masjid), la mosquée blanche à Galle (Meeran Jumma Masjid), la grande mosquée de Beruwela (Masjid Al Abrar).

Christianisme

Il aurait été introduit dans l’île vers l’an 60 de notre ère par Thomas, un des douze apôtres de Jésus. Après avoir fondé sept églises au Kerala, il se rend à Taprobane (alors le nom du Sri Lanka) pour tenter d’évangéliser les autochtones, sans grand succès. Il faudra attendre le XVIe siècle et l’arrivée des Portugais pour que le catholicisme connaisse un essor important. Puis, avec les colons néerlandais et britanniques, c’est le protestantisme qui prédomine. De nos jours le catholicisme est pratiqué par plus de 80 % des chrétiens sri-lankais. Les églises les plus remarquables se trouvent dans le sud du pays et dans les régions de Mannar, Puttalam et Negombo.

Sites notables : le Sanctuaire de la Sainte-Croix (Holy Cross National Shrine) à Marawila, l’église Sainte-Anne (St Anne’s National Shrine) à Alankuda, l’église réformée néerlandaise de Galle (Galle Dutch Reformed Church ou Grotte Kerk).