Découvrez le Sri Lanka : Musiques et Scènes (Danse / Théâtre)

Si le nom de Sri Lanka évoque des images paradisiaques de reliefs verdoyants traversés d’éléphants et de couchers de soleil scintillant sur l’eau, on ne connaît, souvent, que trop mal sa culture. On ignore quelle terre de diversité il est, point de rencontre entre communautés cinghalaise, tamoule et minorités maures et burghers. Toutes imprègnent la musique nationale. Autant que les influences des pays et ethnies qui s’y sont succédé à travers l’Histoire : Portugais, Indiens, Britanniques ou Africains… Les premiers ayant par exemple introduits sur place les guitares et ukulélés tandis que les esclaves et conscrits africains les accompagnant ont apporté le baila, une des esthétiques les plus populaires et importantes du pays. Si la tradition musicale s’est appuyée sur de nombreux apports extérieurs, on retrouve le même mécanisme au travers des styles et des générations, la musique classique sri-lankaise étant traversée de nombreux ragas indiens tandis que les grands succès pop ont longtemps contenu du calypso. Une culture voyageuse et accueillante.

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La musique traditionnelle

La musique traditionnelle sri-lankaise est intimement liée à l’histoire coloniale du pays. Les Portugais sont les premiers à arriver sur place, au début du XVIe siècle. Ils emportent et introduisent la guitare et le ukulélé. Les Portugais sont également accompagnés d’Africains, conscrits ou esclaves, qui apportent de leur côté un style de musique appelé baila. Mélange d’éléments afro-portugais et sri-lankais, le baila est l'un des plus anciens genres musicaux du pays. Cela dit, son entrée dans la culture populaire n’interviendra que durant les années 1960, entre les mains expertes de Wally Bastianz, véritable pionnier qui adapta les rythmes africains à la langue cinghalaise et permis au genre de s’infuser largement dans la société. Par la suite, ce sont des grands noms du genre tels que M.S. Fernando (surnommé « l’Empereur du baila ») et Maxwell Mendis qui l’ont porté vers son apogée des années 1990, époque à laquelle c’était Desmond de Silva qui était considéré comme le roi du genre. Toujours très populaire, saccadée et fiévreuse, cette musique s’est mariée avec le temps à d’autres esthétiques comme le calypso ou la musique électronique pour enfanter de nouveaux genres.

Autre genre traditionnel remarquable, le nurthi est l'adoption d’une forme dramatique inspirée du théâtre indien apparu au Sri Lanka vers la fin du XIXe siècle. Caractérisé par ses dialogues déclamés en musique, le genre est une part importante de la production musicale locale.

Un des très grands noms, si ce n’est le plus grand, de la musique cinghalaise est de loin Amaradeva (1927-2016). Né Wannakuwatta Mitiwaduge Don Albert Perera, ce chanteur, violoniste et compositeur a révolutionné la musique locale en croisant tradition cinghalaise et râga indien, donnant ainsi naissance à un nouveau genre, le Sarala Gee. Fan d’expérimentations en tout genre, il a également incorporé des harmonies occidentales dans sa musique et souvent employé des instruments indiens comme le sitar (luth indien à manche long), le tablâ (percussion d’origine indienne) et l’harmonium (similaire à l’orgue). Grâce à son œuvre omniprésente, il a travaillé pour le théâtre, la télévision et le cinéma - transcendant les générations et les appartenances ethniques ou de classe, Amaradeva a acquis un statut unique quasi royal.

Pas aussi vénéré mais adoré quand même, Premasiri Khemadasa (1937-2008) a été l’un des musiciens les plus célèbres du pays. D’abord flûtiste, il s’est illustré en composant une musique combinaison des airs folkloriques cinghalais et d’influences hindoustani et occidentale. On dénote notamment la présence de chants lyriques dans sa musique témoignant d’une connaissance approfondie de l'opéra et de l'harmonie. Enfin, parmi les « pères » de la musique moderne cinghalaise, impossible de ne pas citer Ananda Samarakone (1911-1962), qui a lui aussi brillé dans le registre du Sarala Gee mais reste surtout dans les mémoires comme l’auteur de Sri Lanka Matha, l’hymne national sri-lankais.

Des genres, musiciens ou œuvres qui sont autant d’occasions d’apprécier les instruments typiques du pays comme la grande famille des tambours comprenant les gataberaya (ou gatabera), yak-beraya, dawula, thammatama, udekki ou rabana, les cymbales thalampata, horanewa, sorte de hautbois à anche double ou encore la hakkediya, conque utilisée comme une trompette.

On s’en doute mais il existe peu d’occasions aussi belles que l’Esala Perahera de Kandy pour embrasser les traditions musicales (et autres) du Sri Lanka. Cette fête, une des plus colorées de toute l’Asie, se déroule pendant dix jours, et plonge au cœur de la culture sri-lankaise. Autrement le Galle Music Festival est une bonne option avec une part de sa programmation consacrée à la musique traditionnelle.

La musique classique

Ce sont les Portugais qui ont introduit la musique classique au Sri Lanka pendant la colonisation, bien que l’on note une nette intensification durant l’ère anglaise. Depuis, la musique classique occidentale est jouée et enseignée dans le pays, y compris à l’école durant les études secondaires ou tertiaires. Si le pays n’a pas porté de cadors de la discipline, quelques noms demeurent importants à l’échelle nationale et ont parfois même été remarqués à l’international. À commencer par Premasiri Khemadasa, mentionné précédemment, qui a fusionné le meilleur de l’héritage folklorique local, aux ragas classiques indiens et à la tradition musicale occidentale pour composer de grandes symphonies comme Muhuda et Mage Kale Mavni. Il a également composé une cantate Pirinivan Mangalya, probablement la seule cantate bouddhiste et figure parmi les rares, si ce n’est le seul musicien, à avoir composé des opéras en cingalais. Manasawila est sans conteste celui qui le rendit célèbre.

Chez les musiciens, le violoncelliste de renommée mondiale Rohan de Saram, Britannique d’origine sri-lankaise et les pianistes Rohan de Silva et Malinee Peris ou encore le violoniste Dinesh Subasinghe (connu pour avoir réintroduit le Ravanahatha, une vièle ancêtre du violon) figurent parmi les plus réputés. Cela dit, c’est vraiment la pianiste Tanya Ekanayaka qui s’est faite remarquée ces dernières années grâce à plusieurs albums parus sur l’excellent label Naxos où se multiplient les références aux mélodies folkloriques sri-lankaises. Notons également que l’Orchestre symphonique du Sri Lanka est l’un des plus anciens orchestres d’Asie du Sud et qu’il se produit très régulièrement à Colombo. L’occasion d’entendre ce que le pays compte de mieux dans le domaine.

La musique populaire

La musique sri-lankaise a connu deux figures cardinales incarnées par Sunil Santha et Rukmani Devi. Le premier est considéré comme l'un des grands bienfaiteurs de la musique nationale. Compositeur et chanteur influent, quantité de succès cinématographiques des années 1950-1960 contiennent une de ses compositions. Une figure immortelle de la « variété » locale, tout comme Rukmani Devi, actrice de premier plan au milieu du XXe siècle et chanteuse hors pair que l’on surnomma le « rossignol du Sri Lanka ». Adorée dans une centaine de films où elle a pu démontrer tout son talent, Rukmani Devi reste aussi célèbre pour sa voix et ses chansons indétrônables dans le cœur des Sri Lankais.

Dans les années 1960, le pays a vu émerger une vague de groupes pop tels que Los Cabelleros, La Ceylonians, La Bambas ou Los Muchachos. Tous jouaient un style de baila trempé de calypso influencé par la musique d’Harry Belafonte et dont les stars du genre étaient The Moonstones, et The Golden Chimes.

Les décennies suivantes, l’ouverture culturelle a favorisé l’intégration de nouvelles musiques comme la pop et le R&B. C’est ainsi que le duo Bathiya and Santhush est apparu sur la scène musicale dans les années 1990 avec une musique autant inspirée par les groupes européens que les mélodies cinghalaises, tamoules et anglaises.

À noter que la fameuse chanteuse M.I.A est d’origine sri-lankaise. Si elle est née sur le territoire britannique, Mathangi Arulpragasam a passé les dix premières années de sa vie au Sri Lanka, à Jaffna, considérée comme la capitale culturelle des Tamouls sri-lankais. Égérie de l’électro hip hop engagé et arty, elle revient en 2022 avec un nouvel album nommé MATA.

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