Histoire du cinéma sri-lankais
Le pays était encore Ceylan lorsque le cinéma débarque sur l'île en 1903, sur demande du gouverneur britannique de l'époque West Ridgeway. Destinées alors uniquement aux colons et aux populations locales anglicisées, ces premières projections cinématographiques vont rapidement créer un intérêt auprès des populations locales, amenant à l'installation très rapide de salles permanentes. On y montre alors des films en majorité indiens ou anglais, dont certains sont tournés au Sri Lanka, à défaut d'être des productions nationales. Selon les sources, le premier film sri-lankais daterait des années 1930-1940. En 1933, une production au titre de Paliganeema ou La revanche est en effet présentée à Colombo en tant que film sri-lankais, sans que l'on puisse toutefois l'attribuer à un cinéaste précis. Si cette œuvre est difficile à recontextualiser, il est en tout cas certain qu'en 1947, le film Kadawunu Poronduwa ou La Promesse rompue est réalisé par le Sri Lankais Jyotish Sinha, et présenté au Kingsley Cinema en grandes pompes. Ce mélodrame chantant, bien que fortement influencé par le cinéma indien de la même période, reste néanmoins le premier film en cinghalais, fondateur de l'histoire du cinéma national.
Parmi les figures marquantes du 7e art sri-lankais, difficile de passer à côté du réalisateur Lester James Peries. Fatigué des déclinaisons de films bollywoodiens offertes par l'industrie de son pays, il dirige sa caméra vers les populations locales et traite des sujets nationaux en filmant sur place et en extérieur, une petite révolution. Mettant en scène coup sur coup La Conquête de la zone sèche en 1954 et Rekava ou La Ligne du destin en 1956, le cinéaste voyage dans de très nombreux festivals internationaux, avant de faire partie de la sélection du Festival de Cannes en 1957. Malgré un succès critique, il faudra attendre 1964 et Gamperaliya ou Changement au village de ce même réalisateur pour que le cinéma sri-lankais local trouve son public, jusqu'alors cantonné aux productions de style indien rocambolesques et chantantes, peuplées de sujets légers. D'autres films, orientés sur la condition des femmes dans la société sri-lankaise, sortent également dans les années qui vont suivre, à l'image de Gehenu Lamai (1978), réalisé par Sumitra Peries, collaboratrice et épouse de Lester. Plus récemment, soulignons enfin les succès internationaux de Purahanda Kaluwara (2001) au festival de Singapour, ou La Terre abandonnée de Vimukthi Jayasundara (2005), portrait d'une région du pays ravagée par la guerre civile, qui remporte la Caméra d'or à Cannes. Côté public national, des fresques épiques comme Aba (2008) ou Aloko Udapadi (2017) attirent les foules, et s'exportent parfois même en Inde ou dans d'autres pays d'Asie. Aujourd'hui, le cinéma sri-lankais semble plus dynamique que jamais, avec un nombre conséquent de films produits chaque année et un public fidèle de plus en plus nombreux.
Entre jungle et histoire, tournages au Sri Lanka
Longtemps colonie britannique, Ceylan a inspiré de nombreux cinéastes en mal d'exotisme. Dans La Piste des éléphants (1954), la jeune actrice Elizabeth Taylor (ou Liz) incarne ainsi une jeune femme mariée à un riche planteur anglais, et venue résider dans sa plantation d'Elephant Walk. Un film d'aventure tourné dans la jungle de Sigiriya et autour du temple de Kiri Vihara qui semble certes aujourd'hui un peu daté, mais l'occasion tout de même de découvrir Liz Taylor à ses débuts. Celle qui sera, quelques années plus tard, la grande Cléopâtre d'Hollywood. Trois ans plus tard, c'est le cinéaste David Lean qui tourne Le Pont de la rivière Kwaï près du village de Kitulgala et le long de la rivière Kelani. Plusieurs quartiers de la ville de Kandy, ainsi que le Royal Botanic Gardens figurent également dans ce film de guerre devenu culte, avec Alec Guinness et William Holden. En 1958, il remporte sept Oscars, dont la très rare triplette meilleur film-réalisateur-acteur. Enfin, l'on ne saurait être complet sans parler du second volet de la série Indiana Jones de Steven Spielberg, qui choisit la ville de Kandy et la plantation de thé Hantana pour le tournage du Temple maudit, avec Harrison Ford qui reprend le rôle de l'archéologue aventurier au fouet et au chapeau iconiques. Le village fictif de Mayapore sera construit de toutes pièces sur les terrains de ce qui est aujourd'hui le Ceylan Tea Museum de la région, tandis que le fameux pont de cordes est suspendu dans les gorges en aval du Victoria Dam (barrage Victoria), au nord de Kandy. Le temple maudit, lui, n'existe pas réellement au Sri Lanka, au risque de décevoir les fans du film. Vous pourrez par contre, si cette activité vous tente, grimper à dos d'éléphants comme Indy au Pinnawala Elephan Orphanage, réserve où sont protégés plus d'une soixantaine de pachydermes encore aujourd'hui.
À Colombo et ailleurs, des salles chargées d'histoire
Si les premiers cinémas de l'île ont été détruits dans les années 2000 ou reconvertis comme en lieux de spectacle, comme c'est le cas du Elphinstone Theatre, de nombreuses salles sont en activité au Sri Lanka dont certaines fêteront bientôt leur centenaire. Il en est ainsi de L'Empire Cinema ou du Regal Cinema, opérationnels depuis les années 1930, même si d'autres salles de Galle ou de Kandy rivalisent en ancienneté avec celles-ci. Plus récent mais néanmoins vintage à souhait, l'architecture moderne du Liberty Cinema, construit en 1955, ne vous laissera pas indifférent. Depuis, des multiplexes ont également envahi les grandes villes du pays pour répondre aux demandes grandissantes du public. À Colombo, le PVR Lanka, complexe d'une grande chaîne indienne de cinémas ouvert en 2019, vous accueille par exemple dans des salles dernier cri, sièges en cuir et tables intégrées pour vos séances VIP. À Kandy, c'est le KCC Cineplex qui vous accueille, tandis qu'à Galle, c'est le Queens qui vous permettra de profiter des dernières sorties d'Hollywood et de Bollywood. Bonne nouvelle pour les cinéphiles non versés dans le tamil ou le cinghala, une bonne partie des films internationaux sont montrés en version originale. Pourquoi ne pas en profiter pour faire une pause, avant de poursuivre votre exploration de cette île pleine de trésors ?