Vie familiale
La cellule familiale est le groupe le plus important auquel appartient un Sri-Lankais. Les intérêts généraux de la famille passent avant ceux de l’individu et on favorisera toujours les parents proches, que ce soit pour un poste professionnel, une faveur, dans un conflit… Les faits et gestes d’un seul membre de la famille peuvent influencer, positivement ou négativement, la façon dont celle-ci est perçue par la communauté. La répartition des rôles dans le foyer suit souvent un modèle traditionnel : le père est en charge des revenus tandis que la femme a la responsabilité des affaires domestiques. S’ils jouissent tous deux d’une grande autorité au sein du foyer, la décision finale dans les questions importantes revient presque toujours au patriarche. La famille revêt un caractère presque sacré au Sri Lanka et il est d’usage commun d’évoquer d’emblée ces sujets, ne soyez donc pas étonné ou offensé si vos interlocuteurs se montrent curieux à votre égard.
La naissance. L’arrivée au monde d’un nouveau membre de la famille, quels que soient sa communauté religieuse ou son niveau social, est toujours considérée comme un évènement capital. Des festivités où famille, voisins et amis sont invités, sont organisées. La naissance d’un fils est mieux accueillie dans les milieux traditionnels et/ou ruraux, la fille représentant encore un fardeau pour certaines familles. La date et l'heure précises de la naissance sont soigneusement enregistrées pour déterminer l'horoscope de l’enfant, qui est censé prédéterminer toute son existence. Ainsi l’horoscope sera lu par un astrologue à sa naissance, à sa puberté et pour toute autre décision importante de sa vie (examen, emploi, compatibilité du conjoint, etc.). Les anniversaires constituent également une étape importante et sont célébrés avec ferveur.
Le mariage est un moment capital dans la vie de tout Sri-Lankais. Les unions sont le plus souvent arrangées par les parents, qui prennent en compte plusieurs critères comme la caste, l’ethnie, la religion, l’horoscope et, comme en Inde, la dot que doit payer la famille de la mariée. Les différentes communautés religieuses suivent des rites propres à leurs croyances mais, afin de préserver « l’ordre et le tissu social », s’accordent sur des points essentiels : la future épouse doit être vierge avant le mariage, les époux doivent être issus de la même ethnie, de la même caste, de la même obédience religieuse et posséder un statut social plus ou moins identique. Le mariage d’un homme et d’une femme est avant tout le mariage entre deux familles. Les festivités entourant la cérémonie doivent être clinquantes et flamboyantes, afin d’impressionner famille, cousins lointains, amis, voisins et vagues connaissances… Un mariage cinghalais compte parfois plus de 300 invités, et tant pis si la famille de la mariée qui prend en charge les frais, doit s’endetter pendant 5 ans… Sa réputation est en jeu ! Généralement, la mariée habite dans la maison de son époux et de ses parents et sa famille. Au Sri Lanka, les connections sociales et professionnelles entre les familles des mariés sont favorisées. On observe cependant une augmentation des « mariages d'amour » chez les jeunes générations. Les jeunes mariés viennent souvent de la même communauté religieuse et possèdent généralement un statut socio-économique similaire. Malgré tout, il est courant que l'homme soit légèrement plus qualifié, plus éduqué et plus âgé que la femme.
La cérémonie du poruwa, une ancienne tradition remontant à 300 ans av. J.-C., constitue l’apothéose d’un mariage traditionnel cinghalais. Le poruwa est une plate-forme en bois ornée de dorures et de décorations, parfois surmontée d’une ombrelle en soie. Les mariés, vêtus d’habits de lumière traditionnels, se rendent sur le poruwa ensemble, faisant face à l’audience divisée en deux, avec la famille de l’époux d’un côté et celle de l’épouse de l’autre. Ils entament alors une succession de rituels précis aidés par leurs parents, puis les « demoiselles d’honneur » entament un chant pour leur porter bonheur. La cérémonie du poruwa se termine lorsque les mariés allument une lampe à huile ensemble, le feu symbolisant leur amour qui brûlera éternellement.
Les funérailles. Chaque communauté religieuse possède ses rites en matière de funérailles. Il est de coutume d’incinérer les défunts pour les bouddhistes et les hindous, tandis que les musulmans et les chrétiens préfèrent une inhumation. Il est à noter que ces rites ne sont pas strictement suivis, il arrive qu’un bouddhiste soit enterré ou qu’un chrétien soit incinéré. Avec l’apparition de la pandémie de Covid-19, le gouvernement a imposé l’incinération obligatoire le 31 mars 2020. Enfin si vous traversez un village décoré de tissus blancs lors de votre séjour, sachez que cette couleur est également utilisée par les bouddhistes pour les funérailles.
Sexualité
La société sri-lankaise est extrêmement pudique en matière de sexualité. Les relations sexuelles sont toujours exclusivement réservées au mariage, quelle que soit la communauté ou la classe sociale. Une femme se doit d’être « respectable » avant le mariage, la virginité prénuptiale est donc essentielle. Ainsi il est quasi impossible pour une femme qui a perdu sa virginité de trouver un mari. De même les relations sexuelles extra-conjugales sont très mal perçues et peuvent conduire une femme à être exclue de sa famille et de sa communauté… Le fait qu’une frange de la jeunesse sri-lankaise aille faire ses études à l’étranger contribue à faire évoluer les consciences. Ainsi, à Colombo, si les jeunes couples ne s’affichent guère en public, on préfère fermer les yeux sur le fait qu’ils aillent passer le week-end dans les hôtels de Mount Lavinia, la station balnéaire chic dans la banlieue sud de la ville, où on loue des chambres pour abriter les amours naissantes ou éphémères.
Avortement. Il est illégal dans le pays, même si quelques exceptions sont observées lorsque la santé de la mère est en danger. Certaines femmes victimes de violences sexuelles recourent parfois à des avortements clandestins pouvant représenter un danger pour leur santé. En effet, les naissances hors mariage sont considérées comme une abjection par la société, ce qui peut parfois engendrer des drames comme des suicides ou des infanticides.
Contraception. Après avoir longtemps été autorisés aux seuls couples mariés, les moyens de contraception sont aujourd’hui disponibles pour tous au Sri Lanka. On peut facilement se procurer des préservatifs dans la plupart des pharmacies, même si cela est encore mal perçu par les plus conservateurs.
Homosexualité. Elle est interdite au Sri Lanka et peut être passible d’une peine de 10 ans d’emprisonnement. Les articles 365 et 365A du Code pénal sri-lankais interdisent les « rapports charnels contre nature » et « l’indécence caractérisée entre personnes », ce qui permet de criminaliser officiellement les relations homosexuelles entre adultes consentants, même dans la sphère privée. Si de telles peines sont rares, elles autorisent une forte discrimination envers la communauté LGBTQI+, les répressions policières pouvant même aller jusqu’à la torture selon Human Rights Watch. Les minorités sexuelles du pays sont confrontées à des problèmes d’homophobie mais souffrent également d’un manque de couverture médiatique positive. Les membres les plus privilégiés de ces minorités décident le plus souvent de quitter l’île et de s’installer à l’étranger pour échapper à ces problèmes. Des groupes de défense des droits de minorités sexuelles se sont créés et, pour sensibiliser le grand public à cette question, la communauté LGBTQI+ organise chaque année, depuis 2005, sa Gay Pride à Mount Lavinia, au sud de Colombo, avec notamment un concours de cerfs-volants. La situation globale s’améliore peu à peu avec l’influence des jeunes générations qui font évoluer les mentalités. Il est intéressant de noter que le Sri Lanka a été élu destination de voyage émergente en Asie en 2019 par Travel Lemming, un site de voyage gay-friendly.
Place des femmes
En 1960, le Sri Lanka a été le premier pays dans le monde à élire une femme au poste de Premier ministre : Sirimavo Bandaranaike. Pourtant de nos jours, les femmes sont peu représentées au gouvernement, le Sri Lanka étant même le pays d’Asie du Sud-Est à compter le moins de participation féminine dans la vie politique, avec une représentation au Parlement qui n’a jamais dépassé les 6 %. L’éducation gratuite promue en 1945 a permis aux inégalités de genres de s’estomper. En 1946, le taux d’alphabétisation des femmes sri-lankaises était de 44 % et celui des hommes de 70 %, contre 90 % pour les femmes et 93 % pour les hommes de nos jours. Cependant, en raison du poids de la société traditionnelle sri-lankaise, les opportunités éducatives et professionnelles offertes aux femmes dépendent surtout de leur milieu social. Le conflit sri-lankais a eu des conséquences particulièrement désastreuses pour les femmes, notamment pour celles qui ont perdu leurs maris pendant la guerre. De plus la militarisation de la société a contribué à aggraver les différents types de violence faites aux femmes, et plus particulièrement aux femmes tamoules. Les organisations internationales ont dénoncé une recrudescence des violences domestiques, du harcèlement sexuel et des viols. De plus, les femmes victimes de violences sexuelles sont souvent mis au ban de la société car elles constituent une honte pour leur famille et leur communauté. Si plusieurs actions gouvernementales sont menées en faveur des femmes ces dernières années, les mentalités dans la société sri-lankaise évoluent lentement, surtout dans les zones rurales.
Vie professionnelle
Travail. En 2022, le salaire mensuel moyen est d’environ 48 000 Rs (soit 208 €) et le salaire minimum, imposé depuis 2013, est de 12 500 Rs. Les travailleurs sri-lankais gagnant moins de 20 000 Rs par mois et les retraités ne touchant que de petites sommes sont souvent contraints de cumuler différents emplois. Les familles ayant de faibles revenus ont droit à une aide mensuelle de l’État de 750 Rs. Les citoyens de plus de 70 ans peuvent profiter du versement d’une aide gouvernementale mensuelle de 2 000 Rs s’ils ne bénéficient d’aucun autre revenu. Malheureusement, cette aide est insuffisante et une majorité de ces personnes âgées dépendent alors de leurs enfants, qui eux-mêmes sont souvent en proie à des difficultés financières.
Retraite. L’âge de la retraite est fixé à 55 ans pour les hommes et à 50 ans pour les femmes. En 1815, les fonctionnaires travaillant pour la Couronne britannique ont été les premiers employés du pays à bénéficier d’une retraite. Les fonctionnaires du secteur public doivent avoir travaillé pour l’État pendant au moins 10 années consécutives pour bénéficier d’un versement de la part du Département des Pensions. Depuis 1958, les employés du secteur privé cotisent à une caisse de retraites différente, l’Employee’s Provident Fund. Pour constituer le capital retraite, le salaire est ponctionné de 8 % et l'entreprise participe à hauteur de 12 %. Les systèmes privés de pensions permettent aux plus privilégiés, qui peuvent cotiser davantage, de disposer d’une retraite plus confortable. Les fermiers, les pêcheurs, les personnes travaillant dans les plantations de thé et les travailleurs autonomes disposent d’un régime spécial.