Découvrez l'Ouzbékistan : Population

L'actuelle répartition ethnique au sein des États d'Asie centrale est le résultat millénaire de rencontres entre nomades et sédentaires, du métissage induit par les grandes invasions, de la mixité de multiples religions, de la cohabitation mouvementée et féconde entre les cultures turcophones et iranophones, et du tracé artificiel des frontières opéré par Staline dans les années 1920-1930. Il en résulte un mélange impressionnant et particulièrement déroutant. Hormis tous les peuples turcophones d'Asie centrale et la majorité perse de Bukhara et Samarkand, il n'est pas rare de rencontrer des Allemands, des Coréens, des Biélorusses, des Tatars… Pour autant l'Ouzbékistan, peuplé aux trois quarts d'Ouzbeks, affiche la population la plus homogène parmi les cinq républiques d'Asie centrale, et forme le noyau ethnique le plus important d'Asie centrale : un peu plus de 40 millions d'individus, dont près de 36,4 millions vivent en Ouzbékistan.

Un melting pot ethnique

Longtemps, les ethnies se sont côtoyées mais sans jamais vraiment se mélanger. Les seuls mariages mixtes se faisaient entre Russes, Ukrainiens ou Tatars et quelques ethnies locales mais très rarement entre Kirghizes, Kazakhes et Tadjiks ou Ouzbeks. Cette absence de mixité explique la préservation de chaque mode de vie, des cultures et des traditions, ou des vêtements distinctifs, même si sept décennies de pouvoir soviétique et le virage opéré vers la modernité après l'indépendance ont lissé quelques-unes de ces différences.

Aujourd'hui encore, il suffit de traverser un bazar, ou d'attendre son train sur un quai de gare, pour remarquer la diversité des caractéristiques physiques, et on ne peut s'empêcher de rechercher à quelle communauté ou à quelle page de l'histoire chacun appartient. Les peuples turcophones sont majoritaires mais il existe une forte minorité tadjike persanophone, vivant principalement au Tadjikistan et dans la vallée de Zeravchan en Ouzbékistan. On trouve des Tadjiks dans les monts Nourata, au sud du lac Aydar Kul, et ils sont majoritaires à Boukhara et Samarcande, villes historiquement perses que le découpage territorial de Staline a fait tomber du côté ouzbek de la frontière.

Des Ouzbeks majoritaires

Les Ouzbeks constituent la communauté ethnique la plus importante d'Asie centrale et représentent près de 40 % de la population des cinq républiques d'Asie centrale. En Ouzbékistan, ils constituent les trois quarts de la population, mais sont 2 % au Kazakhstan, 10 % au Turkménistan, près de 15 % au Kirghizistan et pas moins de 25 % au Tadjikistan. Au Kirghizistan et au Tadjikistan, ils sont essentiellement regroupés dans la vallée de Ferghana, un bastion historiquement ouzbek, mais qui a été divisé entre les trois républiques par Staline lors du tracé des frontières.

La seconde communauté est celle des Russes restés après l'indépendance. Ils constituent 5 % de la population, à quasi-égalité avec les Tadjiks (moins de 5 %). Pour compléter ce tableau, il faut encore citer les Kazakhs (environ 4 %), les Karakalpaks (2 %), les Tatars (2 %), les Coréens (1 %) et les Ukrainiens (1 %). Les 5 % restant sont constitués de dizaines de groupes ou de sous-groupes : Tchétchènes, Biélorusses, Allemands, Arméniens… immigrés ou déplacés de force sous l'occupation soviétique.

Si toutes ces populations ont reçu lors de l'indépendance la nationalité ouzbek, le sentiment d'appartenance ethnique domine largement.

Qui sont les Ouzbeks ?

Les Ouzbeks sont une ethnie turcophone, musulmane, sunnite et historiquement installée depuis le début du XVIe siècle dans l'actuel Ouzbékistan, dans la partie tadjike et kirghize de la vallée de Ferghana et dans le nord de l'Afghanistan, autour de Mazar-i-Sharif.

Mais tout comme les Turcs ne sont pas originaires d'Istanbul, les Ouzbeks n'ont pas leur berceau en Ouzbékistan. Leurs origines remontent à Ozbeg khan, l'un des chefs de la Horde d'Or. Descendus du Kazakhstan au début du XVIe siècle, ils chassèrent les Timourides de l'actuel Ouzbékistan. Leur chef Chaybani khan y fonda son nouveau royaume, s'établissant au nord de l'Amou Daria et constituant le système des khanats ouzbeks qui allaient perdurer jusqu'à la conquête soviétique.

Tadjiks, Russes, Juifs...

Les Tadjiks sont une ethnie perse, iranophone, musulmane sunnite, installée à l'origine en Sogdiane, et aujourd'hui dans l'actuel Tadjikistan, dans la partie sud du Kirghizistan, dans le Nord-Est de l'Afghanistan. Ils représentent la majorité de la population dans les régions de Samarkand et de Bukhara. Les Tadjiks ont été les premiers peuples sédentaires d'Asie centrale.

Les Russes ou les Ukrainiens sont tous des descendants de colons arrivés au XIXe siècle, ou ayant émigré à la suite de la Seconde Guerre mondiale. Après le tremblement de terre de Tashkent, en 1966, de nombreux Russes participèrent à la reconstruction de la ville et choisirent d'y vivre. Néanmoins, une grande partie de la communauté est retournée en Russie depuis l'indépendance. La petite minorité allemande descend des Allemands de la Volga, émigrés en Asie centrale pendant l'époque coloniale. Ils sont majoritairement retournés dans leur pays d'origine après l'indépendance de l'Ouzbékistan et la réunification des deux Allemagnes.

Enfin, citons le cas de l'importante communauté juive dite "de Bukhara". Leurs origines demeurent obscures et remonteraient, pour certains historiens, à l'Empire Achéménide (VIème-IIIème av. J.-C.). Souvent assimilés (à tort semble-t-il) aux Juifs d'Orient de rite séfarade, ils auraient été relocalisés par Tamerlan au XIVème siècle. La communauté enregistrait 100 000 personnes en 1990. Nombre d'entre eux ont fait le choix d'émigrer en Israël ou aux États-Unis au cours des mois suivant l'indépendance, seuls 3000 résident encore dans le pays (dont 350 à Bukhara en 2023). On trouve une douzaine de synagogues (dont 2 à Bukhara contre 30 précédemment).

Quelle langue parler ?

L'ouzbek fait partie du groupe des langues turques, majoritaires dans la région. Parmi les cinq républiques d'Asie centrale, seuls les Tadjiks sont iranophones. L'ouzbek de la vallée de Ferghana est considéré comme le plus pur, et les habitants du Khorezm, à l'autre bout du pays, ne comprennent pas toujours leurs compatriotes de l'Est. Une grande partie de la population (en particulier les personnes âgées) parle le russe, plus ou moins bien, mais toujours suffisamment pour se faire comprendre. Les enfants ne le parlent pas, sauf ceux qui sont envoyés à l'école russe ou russo-ouzbèke. C'est au moment de l'entrée sur le marché du travail que la langue prend davantage d'importance dans la vie quotidienne. L'apprentissage est grandement facilité par l'omniprésence des médias russes : la télévision diffuse toutes les chaînes russes (divertissement, informations, lifestyle, sport...).

Concernant les autres langues étrangères, les écoliers et les étudiants sont de plus en plus nombreux à apprendre l'anglais. Dans les grands centres touristiques, vous n'aurez pas de mal à trouver des interlocuteurs anglophones. Le français a également le vent en poupe et de nombreuses agences touristiques sont capables de procurer les services de guides francophones d'un très bon niveau.

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