Panorama du cinéma ouzbek

Au début des années 1930, le réalisateur ouzbek Suleyman Khodjaev réalise Avant le lever du soleil. Ce film raconte la révolte des populations d’Asie centrale contre la mobilisation pour la guerre décrétée par le tsar en 1916. Khodjaev est déporté et meurt au goulag, juste après la sortie du film. La mort du réalisateur représente à elle toute seule la sévérité extrême et la censure dont l’URSS fait preuve envers le cinéma ouzbek. Dans les années 1960, trois films, dont Tachkent, ville du pain (1968), de Shoukrat Abassov, ont la folle audace de parler de l’Ouzbékistan, de la culture de son peuple, de ses traditions et des difficultés de la vie quotidienne. La Nouvelle Vague qui fait fureur un peu partout dans le monde et la « détente » initiée par Khroutchev déclenchent cet écart de conduite que la période brejnévienne tente aussitôt d’effacer. Quelques rares cinéastes, comme la réalisatrice Kamara Kamalova, n’en poursuivent pas moins une œuvre personnelle. Dans Le Sauvage, un jeune homme donne une gifle à un personnage omnipotent et craint de tout le quartier qu’il terrorise depuis des années. Le parallèle est à peine masqué. La perestroïka, puis l’indépendance sont l’occasion pour de jeunes réalisateurs un peu provocateurs de libérer leur imagination et d’évoquer l’identité du peuple ouzbek, comme Djahongir Faiziev avec Qui es-tu toi ? (1989). La même année, Une histoire de soldat de Zoulfikar Moussakov plante la caméra dans une caserne où des soldats originaires d’Ouzbékistan et de Russie tentent en vain de se comprendre et de communiquer dans un univers où il faut obéir aux ordres.

Mise en lumière par Gérard Depardieu

De nos jours, le cinéma ouzbek a du mal à se faire une place sous les projecteurs. L’augmentation du tourisme cinématographique (voyage qui consiste à se rendre sur des lieux de tournages ou lieux présents dans des films) donne à l’Ouzbékistan une raison d’accroitre son industrie cinématograhique. L’Ouzbékistan tente de développer son économie en attirant réalisateurs et producteurs sur ses terres. En 2019, le pays, toujours en quête de développement, s’allie au Japon dans une coproduction ayant pour but de fêter les 25 ans  de leurs relations diplomatiques. C’est ainsi que le réalisateur japonnais Kiyoshi Kurosawa réalise le mélancolique et sensible Au bout du monde, à Tachkent. La même année, l’acteur français Gérard Depardieu, véritable amoureux de l’Ouzbékistan, devient ambassadeur officiel du tourisme ouzbek en France. Depardieu est également au cœur du projet Sur les routes de la soie, un documentaire produit par le comité national du tourisme et B-Tween (maison de production française). Le cinéma ouzbek est dès lors à surveiller et nous réserve peut-être de belles surprises très prochainement…