Découvrez l'Ouzbékistan : Société (vie sociale)

Le facteur dominant de la vie sociale ouzbèke - tout comme dans les autres sociétés d'Asie centrale ou du Turkestan oriental - est l'appartenance à un clan (awlad), sans lequel un individu n'est rien. L'Ouzbékistan contemporain se présente toujours comme un État profondément rural : plus de six habitants sur dix vivent dans les campagnes. Le village (kichlak) est emblématique du pays, et contrairement aux villes qui ont été l'objet de profonds remaniements sous l'effet de la soviétisation, il est resté relativement protégé. Il incarne la solidarité du groupe autour d'une filiation patrilinéaire. Dans chaque agglomération, la mahalla – le quartier, est le premier maillon de la chaîne sociale ouzbèke. Avec la modernisation, de grands enjeux se mettent en place entre les partisans du maintien de la tradition, voire du retour en arrière, et les partisans d'une évolution qui s'occidentalise rapidement.

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L’importance des mahalla

Toutes les villes et tous les villages sont découpés en mahalla qui désigne le quartier. Chaque mahalla a son conseil de sages, son otin (équivalent du mollah pour les femmes). Chacun a le sentiment d'appartenir à une « grande famille ». Les conseils de quartier se réunissent plusieurs fois par mois dans les tchaïkhanas (auberge où l'on sert le thé) pour évoquer les problèmes communs, échanger des nouvelles ou simplement discuter.

Ces réunions permettent de tisser un lien particulièrement fort entre les individus d'un même quartier où entraides et services confortent l'appartenance sociale. C'est très précisément ce système qui a permis à la société ouzbèke de survivre à l'ère Karimov. Durant cette époque particulière, sans le soutien clanique, familial ou de quartier, les populations auraient eu du mal à s'en sortir sans finir à la rue. Néanmoins, chaque service rendu appelle un service en retour.

Le legs soviétique

L'Ouzbékistan, et en particulier Tachkent, a toujours été le « chouchou » de Moscou à l'époque des Républiques socialistes soviétiques. Au moment de l'indépendance, le pays était particulièrement bien équipé en aéroports, hôpitaux, écoles et universités par rapport à ses voisins, beaucoup plus ruraux. Malheureusement, le retour massif des "pieds rouges" Russes laissa un pays en crise à des Ouzbeks non formés ; les équipements, faute de politique constructive en la matière, périclitèrent rapidement. Ce fut l'un des défis à relever par le président Mirziyoyev : moderniser ou remplacer des équipements désormais obsolètes dans les structures publiques, et former des ingénieurs et techniciens compétents.

Une éducation à deux vitesses

L'éducation pour tous fut l'un des grands acquis de la période soviétique. Garçons et filles, assis sur les mêmes bancs de l'école, bénéficièrent d'un bon niveau d'éducation. Même si les temps ont changé et que le niveau scolaire baisse (les meilleures écoles, payantes, n'étant pas accessibles à tous), le taux d'alphabétisation du pays reste élevé (99 %). À l'école, les élèves sont divisés en plusieurs groupes : groupe russe, groupe ouzbek et groupe mixte. Autrement, il existe quelques écoles locales accueillant les enfants des ethnies minoritaires, en particulier tadjikes, mais aussi kazakhes ou coréennes. Si, officiellement, l'égalité est de mise entre ces groupes, la réalité est tout autre puisque les écoles mixtes ouzbek-russes sont les plus cotées.

L'école secondaire est gratuite et obligatoire de 6 à 15 ans, âge auquel les élèves obtiennent un diplôme équivalent à notre BEPC. Suivent trois années menant au baccalauréat pour achever le cursus secondaire. Les élèves choisissent ensuite entre le collège professionnel et l'université.

Un État impliqué

Il existe une aide de l'État pour le financement des études. Chaque élève reçoit des fournitures scolaires. Les étudiants ont droit à une bourse d'État qui est la même pour tous au début du cursus. Le montant varie ensuite en fonction des résultats scolaires.

Dans les zones reculées, les montagnes ou le désert, l'accès à l'éducation est évidemment plus limité. Si les écoles sont bien présentes, le besoin en main-d'œuvre des parents, travaillant dans des fermes, les oblige bien souvent à sacrifier l'éducation de leurs enfants. Les universités de Tashkent et de Samarkand, ainsi que celle, dans une moindre mesure, de Ferghana, proposent un large choix de filières à leurs étudiants. Si les bâtiments datent souvent de la période soviétique, les couloirs ont généralement été repeints aux couleurs du drapeau national.

Une vie de clan

L'appartenance à un clan est un élément déterminant en Asie centrale. En Ouzbékistan, le clan est familial et religieux. Les confréries soufies sont toujours restées très puissantes. Le sens de la famille n'est pas un vain mot. Dans la mesure où il n'existe pas de structures d'accueil pour les personnes âgées, celles-ci vieillissent et meurent généralement chez elles, en compagnie de leurs enfants. Selon la tradition, c'est le fils cadet qui a la charge de rester avec ses parents, d'habiter avec eux et de prendre soin d'eux. Il reprend fréquemment l'activité de son père, lorsque cela est possible. Le fils aîné est celui à qui incombe les études et une carrière pour permettre au clan familial de s'élever dans la société, souvent grâce à la politique maritale.

Les membres les plus âgés de la famille sont aimés et leurs avis écoutés. Ce respect des « anciens » se retrouve dans la vie de tous les jours, dans l'organisation de la vie de quartier avec les conseils d'aksakals (littéralement « barbe blanche »). Ceux-ci sont un maillon essentiel de la vie sociale dans toute l'Asie centrale. Si les Soviétiques ont tenté d'y mettre fin en organisant l'administration et la nomination des maires, les avis des aksakals sont toujours pris en compte.

Un mariage codifié

Vous verrez sans doute de très nombreux couples de mariés se faire photographier dans des parcs, devant des monuments historiques ou des bâtiments emblématiques d'une ville... Le mariage reste très répandu en Ouzbékistan, et rares sont ceux qui choisissent le célibat. La tradition du mariage arrangé persiste bien que les habitudes commencent à changer à Tachkent. Il permet des alliances familiales préparées de longue date, pour lesquelles le statut social et l'appartenance à un clan sont des éléments déterminants. Parfois l'histoire finit par une séparation, le divorce étant légal.

C'est à la mère du fiancé qu'incombe la recherche d'une fiancée. Plusieurs visites codifiées entre beaux-parents et futurs fiancés ont lieu avant la cérémonie. Le mariage est l'occasion de festivités appelées toï. Elles constituent le plus intense lien social de la communauté. Toute la mahalla est invitée à partager les fastes du repas, les chants et les danses. Et les invités étrangers sont toujours les bienvenus. La famille du fiancé se charge du repas de fête ; les parents de la fiancée s'occupent de l'ameublement de la nouvelle maison. Un mariage coûte cher, il faut économiser dès la naissance de leur enfant.

Le mariage est célébré en présence du mollah et de l'otin du quartier. Les habits traditionnels sont de rigueur. Il est suivi d'un mariage civil. Là, la mariée porte une robe blanche à l'occidentale. Il est fréquent de voir passer les cortèges près des statues de Tamerlan pour s'y faire photographier. Au cours de la journée, on mange, on rit, on danse. Seuls les mariés ne participent pas à la fête : la mariée est tenue de ne pas sourire pendant toute la durée du mariage et son mari, bien qu'ayant un peu plus de liberté, se doit de rester réservé. Ils mangent peu et dansent rarement, ou alors seulement à la fin de la fête.

Au cours des jours suivants, la mariée étalera son trousseau dans une pièce de la maison, exposant les robes qui lui ont été faites ou offertes, et les suzani (part importante de la dot de la mariée) qui témoignent de son habileté à la couture et à la broderie, et de la richesse de sa famille selon les tissus employés. Les jeunes époux devront ensuite respecter la règle chilla : pendant une durée de 40 jours, la femme ne devra pas sortir de chez elle et l'homme devra être rentré avant la tombée de la nuit.

La place des femmes

Comme dans de nombreux pays, la place des femmes a tendance à reculer. En Ouzbékistan, le communisme a longtemps assuré une forme d'égalité des sexes dans le cadre de sa lutte contre l'islam. Si vous êtes accueilli chez des Ouzbeks, il se peut qu'elles restent dans la cuisine et assurent le service sans même vous avoir été présentées. Mais dans de nombreuses familles, elles seront présentes tout au long du repas et assises autour de la table, discutant avec les invités.

Depuis la chute de l'URSS, et surtout le retour de l'islam qui pourrait se radicaliser, les changements sont notables. Particulièrement pour celles qui ont vécu dans de grandes villes et ont reçu une éducation supérieure. Pour elles, le mariage aboutit parfois à un total changement de mode de vie :

-la femme mariée ne sort pas seule – et encore moins avec des amis masculins.

-elle travaille seulement si son mari est d'accord et elle doit tenir compte de son avis pour ses tenues vestimentaires.

-elle vit avec sa belle-famille même en l'absence de son époux.

- s'il n'y a pas de descendance mâle, elle héritera des travaux les plus ingrats.

Néanmoins, elles sont consultées dans le cadre des otin de quartier, étant très respectées, il n'est pas rare que des hommes prennent conseil auprès d'elles !

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