Découvrez la Corée du Sud : La K-pop

Ce mot ne vous est certainement pas tout à fait inconnu. Vénérée par beaucoup d’ados, elle a un succès toujours plus grandissant. Mais que se cache-t-il réellement derrière ce phénomène qui brasse tant d’adeptes ? La K-pop est l’abréviation anglaise de Korean pop (pop coréenne) et elle composée majoritairement de boys band ou girls band mais aussi de quelques artistes solo. Mais il ne faut pas s’y méprendre, ce terme désigne en réalité la musique coréenne populaire dans son ensemble. Différents styles musicaux la composent et y sont représentés comme le rock, le hip-hop, la musique électronique, le classique… La k-pop fait partie intégrante de ce qui s’appelle la vague Hallyu et qui représente l’expansion de la culture coréenne, au même titre que les dramas ou les cosmétiques. Quels sont les éléments qui la composent, comment la reconnaître et quelle est la recette de ce succès si bien léché ?

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Les ficelles du succès

La k-pop se caractérise par une culture du « parfait ». Apparence physique, danse, chant, clip musicaux, tout doit faire rêver. Ce n’est pas pour rien que dans le jargon on nomme « Idols » les artistes de k-pop. Ligne archi svelte, peau lisse, lèvres teintées, voilà le package parfait des artistes féminines comme masculins. Les groupes sont généralement composés de 2 jusqu’à 13 membres. Ils adopteront alors chacun un rôle très précis dans lequel ils excellent plus que les autres membres. Il y aura le leader vocal, le rappeur, le danseur, la « belle gueule » … Et chaque fan, pourra parmi les nombreux membres, choisir son bias en d’autres thermes son chouchou. La k-pop est une balance parfaitement réglée.

En plus de chanter, les interprètes dansent et notablement très bien. C’est une des marques de fabrique de la k-pop : des mouvements accrocheurs, répétitifs et parfaitement synchronisés. Ces mouvements ne doivent par ailleurs pas être d’une complexité extrême. Le « commun des mortels » doit pouvoir reproduire les chorégraphies facilement. Ce qui donne souvent lieu en Corée et ailleurs à des flash-mobs ayant pour thème la k-pop. Comme on a pu le voir, la k-pop est aussi en grande partie visuelle. Les clips vidéo sont extrêmement bien réalisés. De nos jours ils sont d’ailleurs considérés comme étant les meilleurs dans ce domaine. Dans cette industrie trois grands groupes, le Big 3, se taillent la part du lion : SM Entertainment, JYP Entertainment et YG Entertainment. Ils ont tous une image et une ligne de production bien particulières. L’un se base sur la beauté physique pendant que l’autre va mettre en avant les qualités vocales... C’est ainsi que l’on a des groupes mignons, d’autres plus sexy, des bad boys, etc. Cette identité spécifique attribuée à chaque groupe à partir de leurs débuts se reflétera dans leurs tenues également. Elles sont déclinées pour chaque membre du groupe et s’adapteront aux thèmes des chansons, les unes après les autres. C’est une mécanique bien huilée. Et la k-pop est bien l’un des rares univers où l’on peut voir des cheveux bleus ou jaunes et ne pas s’en insurger.

Une gloire pas si brillante

Si les Coréens désirent faire partie de cette industrie, ils doivent débuter en tant que « trainees » et suivre un entraînement quasi militaire. Cet entraînement va les former en chant, en danse, en langues étrangères mais aussi veiller à ce qu’ils aient un corps très mince notamment en suivant des régimes draconiens. Cette préparation ne garantit malheureusement pas à 100 % de débuter un jour dans la musique. Une fois qu’ils sont signés, les poulains continuent de s’entraîner et sont dans l’obligation de respecter certaines règles comme ne pas être en couple (pour ne pas fâcher les fans), ne pas boire ni fumer (pour maintenir cette image saine et parfaite), avoir une attitude exemplaire, avoir recours à la chirurgie afin de gommer les éventuels malheureux petits défauts restants… Et surtout, rembourser les sommes déboursées pour leur entraînement. Le résultat inhérent à cette situation est que dans les premiers temps de leur carrière officielle, les idols ne touchent aucun salaire. Pour ceux qui n’ont pas eu la chance de percer, ils se retrouvent endettés jusqu’au cou. Un autre risque plane sur les artistes de k-pop, il s’agit des fans « sasaeng ». Ce ne sont ni plus ni moins que des fans obsessionnels qui n’ont pour seul but dans la vie que d’être proches de leur idole. Cela se traduit par des comportements excessifs comme des filatures, des intrusions dans la vie privée, du harcèlement et parfois pire. Parfaitement bien renseignés et organisés, il est très ardu, même pour les compagnies, de lutter contre ses fans extrêmes.

Les prémisses

Tout un cheminement a été effectué dans la musique en Corée pour parvenir à la k-pop telle que nous la connaissons aujourd’hui. A partir des années 1920-1930 apparaît le trot, une des formes les plus anciennes de k-pop. Ce style mélange les influences musicales coréennes comme le pansori avec celles du Japon, qui occupe le pays, mais aussi avec celles des États-Unis, importées par des missionnaires chrétiens.

A partir des années 1950, les troupes américaines se trouvent sur le sol coréen et donc de nouveaux styles musicaux tels que le rock ou bien la soul sont introduits. Les Kim Sisters sont le parfait exemple de cette musique coréenne qui fait sienne la culture musicale américaine.

La première vague pop arriva dans les années 1980 avec l’émergence de beaucoup de balades notamment. Notes après notes on arrive dans les années 1990 et apparaît alors, lors d’un show télé-crochet, le premier vrai groupe de k-pop, les Seo Taiji and Boys. Ironie du sort, les juges de l’émission avaient détesté leur performance qui était un mix de hip-hop et de new jack. Puis s’en suivra des groupes tels que les H.O.T mais aussi le girls band S.E.S. A cette période là, la k-pop est alors méconnue en Europe. Il faudra attendre l’arrivée d’Internet pour qu’elle se mondialise petit à petit. Ayant débuté par les pays asiatiques puis au fil des années ayant touché les autres continents, la musique coréenne a réussi à conquérir la planète entière. Même si une minorité est déjà imprégnée par le genre, il faudra attendre 2012 pour que sonne l’apparition marquante de la k-pop en France avec le très célèbre Gangnam Style et sa danse chevaline, que l’on connaît tous. Depuis, de nombreux groupes, anciens ou plus récents, ne cessent d’être adulés et de faire des émules jusqu’en Europe et aux États-Unis. En voici une petite sélection des plus fameux : Girls’ Generation, Big Bang, Exo, SHINee, Black Pink, TWICE, Ikon… et une myriade d’autres.

Le cas BTS

Si vous ne vivez pas dans une grotte, vous avez certainement eu vent de ce groupe, qui, on peut le dire, explose tous les records. En 2023, BTS est le groupe le plus populaire de l'histoire de la Corée du Sud, avec plus de 40 millions d'albums vendus. Souvent comparés aux Beatles (c’est pour dire !) les 7 membres qui composent le groupe BTS ont une « Army » (leur fans), auprès de laquelle ils déclenchent fascination et hystérie. Mais pourquoi eux plutôt qu’un autre groupe ? On peut reprocher à la k-pop ce côté trop commercial, sans émotions et sans sincérité de la part des artistes. Les détracteurs du genre iront jusqu’à dire que la k-pop n’est qu’une « usine à fric » et qu’elle sert à chaque fois la même soupe au public. Et c’est sur ce point très précis que les BTS (방탄소년단, « bangtan so nyeondan ») ont réussi à sortir leur épingle du jeu. Leur petite compagnie Big Hit Entertainment use de méthodes plus souples envers eux, les règles sont moins drastiques. Mais surtout, les BTS peuvent écrire leurs propres textes, ce qui confère évidemment bien plus d’authenticité à leurs morceaux. Les thèmes qu’ils abordent font bien sûr écho à ce que leurs fans peuvent vivre et ressentir au quotidien (dépression, système scolaire difficile, féminisme...) : jackpot ! Leurs fans ne sont d’ailleurs jamais laissés de côté. Les BTS leur témoignent très régulièrement leur sincère gratitude, sur scène comme sur les réseaux sociaux. Ce qui séduit dans ce groupe également, c’est son engagement, soutenu par Big Hit, en faveur de l’UNICEF. Une somme conséquente, qui provient des bénéfices de la campagne Love Myself, lui a été offerte.

Quelle est l’ampleur de leur succès ? A leur actif, 7 albums, 1 bande originale, 8 EP, 2 single et une première place au Billboard Hot 100 (classement des meilleures ventes aux États-Unis), 2 concerts en France dont un au Stade de France (les places se sont toutes vendues en quelques minutes), un discours à l’ONU au cours duquel ils encouragent les jeunes du monde entier à s’accepter et à s’aimer…. C’est vraiment la première fois qu’un groupe sud-coréen réussit à se hisser tellement haut sur la scène internationale. Fait amusant : le groupe BTS a sa propre émission, son propre film et même son propre jeu vidéo. Mais, pour le plus grand émoi de leurs fans, le 14 juin 2022, le groupe a annoncé une pause planifiée dans ses activités afin de permettre aux membres de réaliser leurs 18 mois de service militaire obligatoire en Corée du Sud, avec une réunion prévue pour 2025.

Le lexique de la k-pop

Comme dans tout univers à part entière, fleurit aussi dans la k-pop un vocabulaire bien spécifique. La liste est bien longue mais voici quelques-uns des termes les plus courants :

Aegyo : il s’agit de petites mimiques, très enfantines, assez mignonnes.

Bias : la personne que l’on préfère dans un groupe sera notre « bias ». L’« ultimate bias » est quant à lui le favori parmi tous les bias.

Comeback : C’est une nouvelle chanson qui va introduire le retour sur scène d’un groupe.

Debut : on comprend aisément que cela désigne les débuts officiels d’un groupe dans la musique.

Fandom : ce terme englobe toute la communauté de fans d’un groupe.

Lightstick : c’est une petite lampe stylisée représentative d’un groupe. Elles illuminent souvent les salles de concerts.

Maknae : il s’agit du nom donné au membre le plus jeune d’un groupe.

Rookie : nom d’un groupe qui commence tout juste sa carrière.

Trainee : c’est une personne en formation qui cherche à faire partie d’un groupe.

Exportation, économie et merchandising

Entre 1998 et 2003, une décision est prise par le gouvernement : traiter la k-pop comme un objet potentiel d’exportation, au même titre qu’un téléphone Samsung, par exemple. Un des moyens pour rendre cette exportation efficiente et de s’adapter au monde. Bien souvent dans un groupe, un ou deux membres vont être d’une origine différente, bien souvent japonaise ou chinoise. Ceci dans le but de pouvoir toucher les autres pays asiatiques et surtout d’avoir la possibilité d’interpréter les morceaux dans une autre langue que le coréen. Pour les pays hors de l’Asie, la recette est simple : mettre de l’anglais, langue internationale, dans les paroles. La k-pop réussit à faire ce que l’industrie de la musique mondiale peine à réaliser depuis quelques années : vendre des produits physiques. Chaque album est une petite œuvre d’art, avec coffret, livret photos, goodies en tout genre. De plus il y aura plusieurs versions du même album. Les fans ô combien fidèles et dévoués vont chercher à tout acquérir. Le merchandising ne s’arrête pas là et les produits dérivés ne cessent de proliférer : papeterie, tee-shirts, poupées et même emojis cartonnent sur le marché. De plus la vénération portée aux idols va être utilisée dans un autre domaine que celui de la musique. Leur image impeccable va souvent être connectée à d’autres univers en particulier celui de la k-beauty. Beaucoup vont devenir égéries en cosmétiques, ce qui va une fois de plus booster l’économie coréenne. Il est évident pour un fan qu’il vaut mieux acheter telle crème ou tel rouge à lèvres, si sa star les recommande. On voit souvent dans les rues marchandes coréennes, sur les devantures des magasins de beauté, les silhouettes et les visages de ses artistes que l’on utilise jusqu’au bout du bout. La k-pop en Corée et ailleurs rapporte beaucoup. En 2022, selon le rapport de la KOCCA, l'industrie musicale coréenne a enregistré une croissance de 31,7 % d'une année sur l'autre, tandis que les recettes d'exportation de musique ont augmenté de 26,2 %. En outre, les dépenses mensuelles moyennes en contenu K-pop sont passées d'environ 7,50 $ à 11 $ par personne en 2020, avec les dépenses mensuelles les plus élevées provenant des Émirats arabes unis, s'élevant à 36 $ par mois. En 2022, le groupe BTS s'est imposé comme l'artiste K-pop le plus vendu en Corée du Sud, représentant 12,4 % des ventes totales d'albums (34 millions), suivi de Stray Kids, SEVENTEEN et NCT DREAM. Cependant, l'influence du K-pop sur l'économie de la Corée du Sud dépasse ces effets économiques directs, s'étendant aux autres industries, telles que le tourisme, et contribuant à la croissance du pays en général !

La k-pop lors d’un voyage en Corée

En Corée il y a plusieurs endroits dédiés à la k-pop qui ravissent les curieux comme les plus fervents des fans. On peut faire un saut à la SM Town. Situé à Séoul, il s’agit d’un complexe culturel en lien avec la compagnie SM Entertainement. On y découvre son histoire mais surtout on se sent au plus proche des artistes qui en font partie. Il y a même la possibilité de vivre un concert d’hologrammes. Si vous êtes sur l’île de Jeju, vous pouvez visiter le musée Play K-pop, qui vous immerge dans cet univers de gloire et de lumières. Avec de nombreuses activités interactives, vous vous sentirez Idol pendant quelques minutes. Retour à Séoul, lors d’une balade à Gangnam, le quartier le plus chic de la capitale, vous aurez peut-être l’occasion de croiser un ou deux des artistes les plus en vogue. Le magasin Music Korea quant à lui sera parfait pour acheter vos albums et goodies préférés.

Petite discographie

Si le genre de musique qu’est la k-pop vous est totalement inconnu, voici quelques morceaux à découvrir afin de vous familiariser avec. Car les rues marchandes partout en Corée sont inondées par de la k-pop. Bonne écoute !

« Wind Flower » de Mamamoo

« If You » de Big Bang

« Dinosaur » de AKMU

« I loved You » de Day6

« Love Scenario » de IKON

« Sorry » de The Rose

« Boombayah » de Black Pink

« Blood Sweat & Tears » de BTS

« Next Level » de Aespa

« Tomboy » de (G)I-DLE

« Antifragile » de LE SSERAFIM

« Supershy » de NewJeans

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