Découvrez la Pologne : A l'écran (Cinéma / TV)

Le cinéma aurait pu être une invention polonaise, si les frères Lumière et Thomas Edison n'avaient pas écrasé leurs concurrents au début du siècle dernier. Pour autant, l'histoire du cinéma polonais est riche de techniques, de cinéastes et de films qui ont tout à fait leur place au panthéon du septième art. Qu'ils aient opéré dans leur propre pays ou qu'ils aient émigré au gré des guerres et des changements de régimes, ces réalisateurs et réalisatrices ont marqué le XXe siècle et continuent encore aujourd'hui à faire partie des plus modernes et des plus grands noms du cinéma sur les pages des critiques. Récemment, avec la montée en puissance des plateformes et l'adaptation de romans à succès comme Le Sorceleur, l'industrie polonaise s'est également développée en streaming. Les festivals de cinéma du pays comptent désormais parmi certains des rendez-vous incontournables d'Europe. Vous reprendrez bien un peu de kinematografia ?

AdobeStock_333698989.jpg

Quelques figures nationales

Le cinéma polonais fait partie des précurseurs de l’histoire du septième art dès l’invention du Pleograf par Kazimierz Prószyński en 1894. Quelques mois à peine avant la première projection des frères Lumière, ce Varsovien d’origine lance l’industrie de son pays avec un appareil de prise de vues et de projection qui fait aujourd’hui partie des ancêtres du cinéma. C’est d’ailleurs avec un cinématographe Lumière que fut réalisée la première projection publique de « cinéma » en Pologne, plus précisément au théâtre Juliusz-Słowacki, à Cracovie, le 14 novembre 1896. Impossible de dresser ici une liste exhaustive des cinéastes polonais, tant ils sont nombreux et leurs productions diverses. Attardons-nous cependant sur certaines des grandes figures de ce cinéma national, ainsi que quelques autres moins connues mais néanmoins cruciales. Ainsi, Ladislas Starewitch sera l'un des pionniers du cinéma d'animation, influençant toute l'histoire de ce médium avec Le Roman de Renard (1932), tandis que Pola Negri sera l'une des plus grandes stars du muet à Hollywood, grâce à des films comme La Danseuse espagnole (1923) ou Paradis défendu (1924) d’Ernst Lubitsch. Après la Seconde Guerre mondiale et la mort de Staline en 1953, une nouvelle « école polonaise » fait son apparition, avec pour chef de file Andrzej Wajda. Se détachant du réalisme socialiste, Wajda revient – comme ses contemporains Kawalerowicz, Munk ou Konwicki – sur l'histoire récente de la Pologne, la guerre et sur les affres de sa Génération (1955). Son film le plus célèbre de cette période est sans doute Cendres et diamants (1958), un récit dur et sombre sur les traumatismes de l'après-conflit, et les actes et responsabilités de chacun. Un chef-d'œuvre en noir et blanc qui inspirera de nombreux cinéastes de la « nouvelle vague » polonaise dans les années 1960, comme Polanski avec Le Couteau dans l’eau (1962) ou Zanussi avec La Structure de cristal (1968). Wajda restera l’une des figures principales du cinéma national jusqu’à sa mort en 2016, réalisant de nombreux films, dont certains – comme L’Homme de fer (1981) – lui vaudront d’être inquiété par la censure. Le film remporte la palme d’or la même année, un message fort pour cette œuvre inspirée par la naissance du mouvement Solidarność.

En parallèle, d’autres figures apparaissent comme Krzysztof Kieślowski, mais aussi la réalisatrice Agnieszka Holland, qui obtient le prix de la Critique à Cannes pour son film Acteurs provinciaux (1979). Avec les dernières années du communisme et la chute du mur en 1989, le cinéma polonais est victime de la crise économique, tout en s’ouvrant à de nouvelles perspectives internationales. Kieślowski parvient malgré cette situation à réaliser l’un de ses films les plus célèbres, La Double Vie de Véronique (1991) avec la comédienne française Irène Jacob, histoires de deux femmes, l’une polonaise, l’autre française, dont les vies sont intrinsèquement liées entre Paris et Cracovie. Kieślowski réalise ensuite un triptyque franco-polonais autour des notions de liberté, d’égalité et de fraternité. BleuBlanc et Rouge, trois films sortis entre 1993 et 1994, remportent des prix à Venise, Berlin et sont nommés plusieurs fois à Cannes et aux oscars. Kieślowski disparaît prématurément le 13 mars 1996, mais sa postérité traverse encore le cinéma polonais et mondial aujourd’hui.

Depuis les années 2000, de nouveaux genres et de nouvelles figures apparaissent, comme Małgorzata Szumowska, ours d’argent à Berlin pour son film Body (2015), ou Paweł Pawlikowski qui remporte l’oscar du meilleur film étranger avec Ida (2013). Tout récemment, ce sont les cinéastes Jan Komasa (La Communion, 2019) et Dorota Kobiela (La Passion Van Gogh, 2018) qui apportent un nouveau souffle à un cinéma toujours plus dynamique et varié, autant en termes de fiction que de documentaire et de cinéma d’animation.

La Pologne, haut lieu de cinéma

Entre son passé communiste, ses villes médiévales et les blessures laissées par la Seconde Guerre mondiale, la Pologne a inspiré de nombreux cinéastes. David Lynch place ainsi l’action de son film Inland Empire (2006) entre Varsovie et Łódź, tandis que l’on reconnaît aisément Wrocław dans Cold War (2018) de Paweł Pawlikowski ou dans Le Pont des espions (2015) de Steven Spielberg, avec Tom Hanks. Spielberg a par ailleurs réalisé l’un de ses plus grands récits en partie à Cracovie, ville où Oskar Schindler réside et travaille dans La Liste de Schindler (1993). L’usine d’Oskar Schindler, rue Lipowa, apparaît bien sûr dans le film, ainsi que le tristement célèbre camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau, non loin de la ville. L’appartement d’Oskar Schindler, que l’on visite rue Straszewskiego, la gare de Kraków Główny, la basilique Mariacka ainsi que le pont Piłsudski constituent certains des lieux les plus marquants utilisés dans le film. Autre cinéaste revenant sur ce passé traumatique, Polanski mettra en scène la déportation des Juifs dans son film Le Pianiste (2002), qu’il tourne principalement à Varsovie. En 2019, c’est la série à succès The Witcher, inspirée des romans de fantasy de l’auteur polonais Andrzej Sapkowski, qui offre de nouvelles perspectives au patrimoine polonais. Ainsi, la première saison est notamment filmée au château d’Ogrodzieniec, à une soixantaine de kilomètres de Cracovie. Autre forteresse apparaissant dans la série, le château de Niedzica vaut également le détour.

Festivals et cinémas polonais notoires

Cracovie accueille l’un des plus vieux festivals de cinéma d’Europe, le festival du Film de Cracovie. Depuis 1961, celui-ci dédie sa programmation aux courts-métrages, à l’animation et au documentaire, et se déroule chaque année – ou presque – au mois de juin. Nowe Horyzonty, ou festival des nouveaux horizons, prend place quant à lui à Wrocław en août, avec une programmation de films hors des sentiers battus. À Varsovie se tient depuis 1985 le Warsaw International Film Festival, proposant des avant-premières internationales, des documentaires et des premières œuvres de jeunes cinéastes. Rendez-vous en octobre dans la capitale pour cet événement. Enfin, le tour d’horizon ne serait pas complet sans évoquer certaines des plus belles salles du pays, comme le cinéma Iluzjon à Varsovie, le Kino Pod Baranami de Cracovie, ou l’intriguant Kino Stare de Łódź. Arrêtez-vous également dans l’impressionnant Kinoteka, un complexe abrité dans le palais de la Culture et de la Science de Varsovie. Bonne nouvelle : en Pologne, le cinéma se regarde le plus souvent en version originale, vous pourrez donc – selon vos préférences – profiter de certaines séances sans nécessité de comprendre la langue de Wajda ou de Kieślowski.

Organisez votre voyage avec nos partenaires en Pologne
Transports
Hébergements & séjours
Services / Sur place
Envoyer une réponse