Découvrez l'Italie : Environnement

En matière d’environnement, l’Italie du Nord se remarque aussi bien par ses échecs que par ses réussites. Sa plus grosse faiblesse est la qualité de son air, pour laquelle elle obtient un bilan inquiétant à l’échelle internationale. En effet, la moitié des 50 villes européennes à l’air le plus pollué par les particules fines sont italiennes. Mais le gouvernement ne reste pas inactif face à ce problème, et ses mesures sont concrètes et nombreuses. C’est ainsi qu’elle occupe la 27e place du Climate Change Performance Index 2021, classant les pays prenant le plus de mesure pour faire progresser la question du climat. Mais en matière de climat comme en matière de biodiversité, la Botte se caractérise aussi par ses contrastes. Car entre les abords industriels de Milan, les sommets des Dolomites et les plaines rurales du Frioul Vénétie Julienne, il y a un gouffre. Ainsi, si les écosystèmes du Nord sont les plus fragilisés du pays, il reste quelques trésors, parmi les plus préservés d’Europe.

Le lourd bilan des particules fines

Si près de la moitié des 50 villes les plus polluées d’Europe sont italiennes, elles se trouvent presque toutes en Italie du Nord ! Ainsi, Crémone, Padoue et Venise sont sur le podium national, tandis que Milan n’arrive pas loin derrière, étant ainsi la pire grande ville du pays en la matière. Les deux coupables principaux sont les voitures, nombreuses dans cette région très densément peuplée, et l’industrie, socle de l’économie nord-italienne.

La Cour de justice de l’Union européenne est allée jusqu’à condamner le pays pour ses taux de particules fines systématiquement au-dessus des normes. En interne, le gouvernement commence, lui aussi, à chercher les coupables, et a même inscrit les crimes contre l’environnement dans son code pénal en 2015.

Il faut dire que l’Italie est un pays particulièrement vulnérable face au réchauffement climatique. Non seulement son grand littoral de près de 7 500 km est menacé par la montée des eaux, mais en plus, les catastrophes naturelles, principalement les inondations, s’y multiplient bien plus qu’ailleurs. Les fameux phénomènes d’acqua alta de Venise sont ainsi de plus en plus fréquents et repoussent toujours leurs records. L’Italie enregistre même le triste record européen (et la sixième place mondiale) du plus grand nombre de morts liées à des événements climatiques extrêmes : 20 000 personnes tuées depuis 1999.

Le problème est si central que depuis 2020 les écoliers italiens sont les premiers au monde à avoir des cours sur le changement climatique. En effet, le gouvernement prend le problème au sérieux, et s’est même engagé, lors de la COP 21, à faire baisser ses émissions de CO2 de 40 % d’ici 2030 par rapport à ses niveaux de 1990.

On en voit les premiers résultats : toutes les émissions italiennes de polluants sont sur la courbe descendante. Les émissions de CO2 ont été presque divisées par deux depuis leur plus haut niveau en 2004, et les particules fines, gros point noir de la péninsule, ont diminué de 15 %.

Une sécheresse record

Le nord de l’Italie a connu en 2022 sa pire sécheresse depuis 70 ans, à tel point que cinq régions ont dû sonner l’état d’urgence climatique. Sous une chaleur record de 10 °C à son sommet, une partie du glacier de la Marmolada, plus haut sommet des Dolomites, s’est effondrée, provoquant la mort de 11 personnes.

L’hiver avait pourtant laissé pressentir un été redoutable, puisque les chutes de neige avaient diminué de 70 % par rapport à leur normale, mais personne ne s’attendait à un phénomène d’une telle ampleur. L’emblématique Pô, plus long fleuve italien, qui s’étire des Alpes à l’Adriatique, a beau être également celui avec le plus fort débit, il s’est retrouvé à sec par moments. Le Piémont, dans lequel il prend sa source, a connu 110 jours d’affilée sans une seule goutte de pluie. Un seul fleuve manque, et c’est toute la sécurité alimentaire du pays qui est compromise, puisque la vallée du Pô fournit à elle seule 40 % de la nourriture italienne.

Au-delà des extrêmes de l’été 2022, le manque d’eau est un problème récurrent pour l’Italie, dont les nappes phréatiques maigrissent dangereusement. Les causes : une agriculture peu durable, qui pompe la grande majorité des réserves, et des infrastructures vétustes et peu efficaces.

Pour l’eau restante, la pollution est monnaie courante, comme c’est le cas de la nappe phréatique située entre Padoue et Vicence. Grande comme le lac de Garde, elle recevait depuis les années 1960 les rejets toxiques de l’usine mitoyenne Miteni, jusqu’à sa fermeture en 2018. Dans cet intervalle, 350 000 personnes ont été intoxiquées, si bien que le taux de cancer y est 30 % plus élevé que dans le reste du pays.

Une biodiversité entre mer et montagne

Entre les hauts sommets des Dolomites et les plages ligures se trouve une richesse biologique exceptionnelle, si bien que l’Italie est le pays européen comptant le plus grand nombre d’espèces de plantes. Parmi elles, on trouve quelques espèces endémiques, comme la Campanula sabatia, qui ne s’épanouit de ses délicates fleurs violettes que sur les falaises calcaires de la Ligurie, sur la bien nommée Riviera des Fleurs. Sa richesse est telle que parmi les cinq lieux italiens classés au patrimoine naturel de l’Unesco, trois se trouvent dans le nord de l’Italie : les forêts primaires et anciennes de hêtres, les Dolomites et le Monte San Giorgio.

L’un des nombreux trésors naturels du nord de l’Italie n’est autre que le Tagliamento, surnommé par les Italiens il Re dei fiumi alpini : le roi des fleuves alpins. Long de 170 km, ce fleuve est l’unique cours d’eau alpin à avoir gardé sa morphologie d’origine, sans jamais subir de modifications de l’Homme. Cela risque cependant de changer, alors qu’un projet de barrage est discuté pour protéger les villes en aval de ses crues torrentielles. Si le barrage, qui serait situé à Pinzano, est discuté depuis deux décennies déjà, c’est que les écologistes et les villes alpines en amont montrent la plus ferme opposition à ce chantier qui viendrait perturber ce qui est le dernier couloir écologique fluvial préservé des Alpes.

Malheureusement, ce type de situation n’est pas rare, et les écosystèmes du nord de l’Italie subissent constamment les pressions de l’urbanisation, de l’agriculture et de l’industrie. On note ainsi la disparition de nombreuses espèces du sol italien, comme l’esturgeon, un poisson européen au bord de l’extinction.

Mais tout n’est pas si noir, et les forêts alpines, notamment, se reconstruisent peu à peu sous l’effet de l’abandon de l’agriculture de montagne, qui ne se révèle plus assez rentable. Les efforts futurs pourraient être encore plus intenses, alors qu’en septembre 2022 l’Italie a pris la mesure historique d’inscrire la conservation de l’environnement et de la biodiversité dans sa Constitution, pour protéger les générations futures.

Les parcs nationaux du nord de l’Italie

L’Italie du Nord compte 8 parcs nationaux et une centaine de parcs naturels et régionaux. Le premier parc national italien est le parc national de Gran Paradiso, dans la Vallée d’Aoste. Il a initialement été créé pour protéger le bouquetin (Capra ibex), qui était alors une espèce en voie d’extinction. C’est mission réussie, puisqu’un siècle plus tard, non seulement le bovidé ne figure plus dans ce classement, mais en plus, le parc abrite la plus grande population d’Europe, avec 3 000 spécimens ! Ils sont accompagnés d’au moins 8 000 chamois, et d’autres animaux de montagne, comme les marmottes, les lynx, et même quelques loups.

Comme lui, de nombreux parcs nationaux, régionaux ou réserves protègent les régions alpines, comme le parc naturel des Dolomites Frioulanes, le parc naturel Sciliar-Catinaccio, le parc national du Val Grande, ou encore le parc national du Stelvio. Ensemble, ils permettent de couvrir une vaste zone montagneuse pour protéger les écosystèmes fragiles des Alpes. Nombre d’entre eux, comme le parc national des Dolomites Bellunèses (parco nazionale Dolomiti Bellunesi), couvrent le célèbre massif des Dolomites, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco.

L’Unesco reconnaît aussi le parc national de l’archipel toscan en tant que réserve de biosphère. Il abrite en effet de nombreuses espèces rares entre les sept îles qui forment son archipel : Elbe, la plus grande, Capraia, Pianosa, Montecristo, Giglio, Gorgone et Giannutri. Bien que l’écologie du parc soit soumise à quelques pressions, comme le tourisme important ou un réseau routier développé, elle bénéficie de plusieurs mesures de conservation. L’affluence est ainsi limitée par endroits, comme les constructions, et les espèces exotiques envahissantes y sont éradiquées. Certaines espèces particulièrement vulnérables, comme le goéland corse (Ichthyaetus audouinii), font l’objet d’une attention particulière. Ainsi, le débarquement et le mouillage des bateaux sont interdits près des colonies.

Enfin, derrière sa grande richesse culturelle, il ne faut pas oublier que le Parc national des Cinque Terre, le plus petit parc national italien, est d’un grand intérêt écologique. La création du parc en 1999 avait pour but de sceller la relation étroite entre l’Homme et la nature qui se trame ici depuis des siècles. C’est pourquoi l’administration a adopté en 2001 le label Marchio di Qualità Ambientale visant à limiter l’impact négatif du tourisme et encourager la pratique de l’écotourisme. Le label garantit aux visiteurs de séjourner dans un hôtel qui valorise le patrimoine local en proposant des produits typiques et qui respecte les normes environnementales, notamment en matière d’eau et d’énergie.

Des progrès en matière de déchets

Si le Nord n’est pas aussi mauvais élève que le Sud en matière de déchets, il reste en retard par rapport à la moyenne européenne. C’est le système de gestion qu’on pointe du doigt : la collecte est bien souvent défaillante, et les déchets finissent dans des décharges parfois clandestines, et rarement aux normes européennes. En découle une importante pollution des réserves d’eau douce, mais aussi de la mer Méditerranée, mer la plus polluée au monde, avec 600 000 tonnes de plastique qui y atterrissent chaque année.

Mais justement, l’empire du plastique est en plein effondrement en Italie. Dans ce pays qui représente 60 % du marché européen des plastiques à usage unique, la directive 904 de l’UE, imposant leur interdiction, est mal passée. Même si ces déchets représentent 70 % de ceux retrouvés sur les plages, une partie de la classe politique italienne a jugé cette loi pénalisante pour les 280 entreprises italiennes qui les produisent, et les 815 millions d’euros qu’elles représentent. Le plastique semble décidément bien ancré chez le plus gros consommateur européen (et troisième au monde) de bouteilles d’eau en plastique.

Heureusement, l’Italie se montre plus coopérante dans d’autres domaines, au point de, cette fois, défier les mesures européennes. Elle anticipe en effet de 15 ans les objectifs européens en termes de recyclage d’emballages carton et papier, avec un taux de recyclage de près de 90 %, contre à peine plus de 70 % en moyenne dans l’UE. Elle est ainsi la championne européenne en la matière.

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