Histoire Histoire

Des agriculteurs et des pêcheurs provenant de Sicile peuplent l’île. C’est aussi le début d’une civilisation préhistorique très importante marquée par de nombreux temples mégalithiques encore visibles aujourd’hui comme les  temples répartis entre Malte (Tarxien, Skorba, Hagar Qim) et Gozo Ggantija) ou encore l’hypogée de Hal Salieni, considéré comme l’une des plus grandes œuvres d’art de la représentation anthropomorphique de la Préhistoire. Une période reflétant une grande soif religieuse, « capable de déplacer des pierres ».

Avec l’arrivée de peuples guerriers venant de Sicile et d’Italie du Sud, l’âge du bronze s’accompagne d’un reflux puis d’un arrêt de la soif religieuse et marque le début d’une époque plus belliqueuse qui verra l’apparition de camps protégés en haut des collines et des premières villes fortifiées.

De par sa position stratégique au centre de la Méditerranée, Malte sera très convoitée par les grands navigateurs au cours de l’Antiquité. Et passera successivement aux mains des Phéniciens, des Grecs puis des Carthaginois (600 av. J.-C.) pour devenir un rouage essentiel de cet axe de circulation, grâce à ses ports.

A cette date, à la faveur des guerres puniques, ce sont finalement les Romains qui colonisent ce point stratégique de la Méditerranée, qui restera sous leur contrôle jusqu’à l’effondrement de l’Empire romain en 395. A Rabat, le musée Domus Romana abrite de nombreuses mosaïques attestant de leur présence. Cette époque marque aussi le début de la christianisation de l’île. En route vers Rome, saint Paul y fait naufrage (60 ap. J.-C.) et convertira les habitants dont le gouverneur Publius qui deviendra le premier évêque de Malte, à l’endroit qui serait celui de la cathédrale Saint-Paul de Mdina.

Les Arabes, Aghlabides de l’actuelle Tunisie, envahissent Malte et détruisent la ville forteresse de Mdina. Les Maltais sont convertis à l’islam mais la pratique chrétienne est tolérée. Une domination qui en fait aussi un haut lieu de l’esclavage et laisse de nombreuses marques dans la langue et la dénomination des noms de lieux comme Marsa, signifiant le port.

C’est le début de la domination des Normands dirigés par Roger I^er, comte de Sicile, et en 1127 l’île passe sous domination sicilienne. Un contrôle sicilien qui s’exercera avec une relative harmonie entre les communautés chrétiennes et musulmanes.

Après la brutale prise de pouvoir en Sicile de l’empereur Henri IV, Malte passe sous le giron de la famille des Hohenstaufen, princes germaniques. C’est Frédéric II, empereur germanique, qui expulsera les musulmans. L’île se rechristianise et de nombreux musulmans se convertissent. A partir de 1492, l’archipel accueillera aussi des familles juives chassées d’Espagne.

A la mort de Frédéric II, la puissance des Hohensaufen décroît et est remplacée par la domination des Angevins, dirigés par Charles d’Anjou, qui introduiront à Malte un contrôle administratif très poussé. Toutefois, mécontents de la pression fiscale qui augmente, les Maltais se tournent vers les Aragonais puis les Castillans.

Né à Parisot dans l’actuel Tarn-et-Garonne, il a été le 49^e grand maître de l’ordre hospitalier de Saint-Jean-de-Jérusalem et c’est lui qui a soutenu le grand siège de Malte en 1565, face aux Ottomans. En 1566, il fait reconstruire le fort Saint-Elme et fonde juste à côté une ville nouvelle qui portera son nom, l’actuelle capitale de Malte. Mort à l’âge de 74 ans, il est enterré dans la crypte de la co-cathédrale Saint-Jean de La Valette. Depuis 2012, sa statue trône sur une place qui porte son nom, peu avant la place de Castille.

La puissance ottomane fait peser une nouvelle menace sur les îles maltaises, qui se traduit par une première attaque du Grand Port, à Birgu, en 1488, et par le saccage de Mosta en 1526. C’est dans ce contexte que Charles Quint offre en 1530 la jouissance et la défense des îles maltaises à l’ordre hospitalier de Saint-Jean-de-Jérusalem, moyennant le salaire symbolique d’un faucon par an.

Glormu Cassar, aussi connu sous le nom de Gerolamo Cassar, est un architecte maltais, né dans une famille d’origine sicilienne. Il a marqué de son empreinte la capitale La Valette, dont il a été le principal architecte. Il dessina les sept auberges des chevaliers de Saint-Jean, la co-cathédrale Saint-Jean et le Palais des Grands Maîtres. Très influencé par la Renaissance italienne, il a su marier les canons de ce genre avec les premières fantaisies du baroque, le tout avec une certaine homogénéité.

Ce dernier débute le 19 mai lorsque Mustapha Pacha débarque dans la baie de Marsaxlokk avec une armée de 40 000 hommes face à 9 000 Maltais. Le 23 juin, les Turcs prennent le fort Saint-Elme et s’ancrent dans le port de Marsamxett, puis attaquent Birgu et Senglea. Les pertes sont nombreuses dans les deux camps mais l’arrivée du « grand secours » de 9 000 Siciliens, le 7 septembre, oblige les Turcs à rembarquer après un siège de Birgu de 31 jours. C’est l’une des plus grandes victoires de la chrétienté sur l’Empire ottoman qui amorce aussi le déclin de la puissance maritime turque.

L’épidémie de peste fait plus de 11 000 victimes parmi une population de 60 000 habitants.

Au sein de l’ordre des Chevaliers de Malte, l’influence de l’Espagne décroît et c’est désormais la France qui envoie le plus grand nombre de Chevaliers.

En partance pour la campagne d’Égypte, Napoléon Bonaparte s’empare de Malte après le refus du Grand Maître d’accueillir l’armée française mais surtout pour s’assurer une position sûre en Méditerranée, face aux Anglais. Durant 6 jours, Napoléon séjourne au Palazzo Parisio (actuel ministère des Affaires Étrangères). Il met fin à la domination de l’ordre de Malte et lance de nombreuses réformes (constitution, droits accordés aux paysans, fondation d’écoles primaires et d’enseignement supérieur, réorganisation des finances, abolition de l’esclavage et de l’Inquisition...). Son passage est aussi marqué par le pillage des églises et des palais pour payer les soldats.

Face au pillage de l’île par les troupes napoléoniennes, les Maltais font appel aux Britanniques et après un embargo de deux ans mené par la Royal Navy, les Français se rendent aux Britanniques le 5 septembre 1800. Malte devient alors un protectorat anglais.

Avec la signature du traité de Paris suivant la première abdication de Napoléon, le Royaume-Uni conserve Malte qui est annexée officiellement à l’empire britannique en 1816, et se transforme aussi en une base navale anglaise. L’ouverture du canal de Suez en 1869 renforce sa position de passage obligé et l’île joue le rôle d’entrepôt de marchandises pour les bateaux reliant l’Occident à l’Orient.

Imposition de la langue anglaise et interdiction de l’italien, occupation du pouvoir politique et économique : la présence anglaise n’est pas mieux acceptée que la présence française. Et l’époque voit monter les revendications nationalistes. Les Britanniques proposent des constitutions qui ne durent que quelques années mais dès la fin de la Première Guerre mondiale, le soulèvement de la population aboutit à la première Constitution d’État autonome, à représentation proportionnelle, les Anglais gardant toutefois la main sur la défense et la politique étrangère. Elle sera suspendue deux fois, en 1930 et en 1933.

Occupant une position stratégique, Malte est bombardée pendant trois semaines par les Allemands et les Italiens à partir du 11 juin 1940. Un avion, le Faith, en réchappe, et est aujourd’hui exposé au musée de la Guerre de La Valette. De janvier 1941 à avril 1942, l’île subit de nouveau des bombardements allemands massifs destinés à protéger le ravitaillement des troupes allemandes en Afrique. Malgré les destructions et le manque de vivres, les Maltais résistent et Malte se voit décernée la George Cross, le 15 avril 1942, par le roi George VI, une croix qui figure toujours sur le drapeau maltais. Au total, Malte a supporté près de 3 000 raids aériens lors de ce que l’on a appelé le « second grand siège » et qui se terminera par la victoire d’El Alamein. L’île devient alors la base aérienne de départ pour l’invasion de la Sicile en 1943.

Après la restauration de l’autonomie du gouvernement en 1947, Malte accède finalement à l’indépendance le 21 septembre 1964 après un oui massif lors du référendum à ce sujet. L’île demeure dans le Commonwealth et les forces britanniques y stationnent toujours.

L’île proclame la République et élit son premier président, Anthony Mamo. Une action menée sous l’impulsion du Premier ministre Dominic Mintoff, travailliste, qui a aussi négocié le retrait progressif des troupes anglaises qui quitteront définitivement l’île le 31 mars 1979.

Malte est membre des Nations unies depuis 1964 et membre du Conseil de l’Europe depuis 1965, mais c’est en 1977 qu’est lancée la première phase d’ajustement économique et de modernisation du pays, avec comme objectif l’entrée dans l’Union européenne. La demande d’adhésion n’intervient qu’en 1990 puis est gelée jusqu’en 1998, date du retour au pouvoir des nationalistes, pro-Europe. Son adhésion interviendra le 8 mars 2003 après le succès du référendum portant sur cette adhésion (54 % pour) et un très fort affrontement entre partisans du oui (nationalistes) et du non (travaillistes).

Malte entre officiellement dans l’Union européenne, avec une section spéciale prenant en compte les besoins spécifiques de l’île de Gozo (omniprésence de l’agriculture, faibles peuplement et niveau de vie). Elle intégrera l’espace Schengen en 2007 puis la zone euro en 2008. Depuis son adhésion, l’île s’est distinguée à deux reprises : en choisissant le maltais comme langue diplomatique à côté de l’anglais et en contraignant l’Europe à ne pas faire référence au droit à l’avortement dans la Constitution européenne.

C’est le travailliste George Abela qui devient le huitième président de la République maltaise. Et c’est un an plus tard qu’il rencontrera le pape Benoît XVI, venu à Malte 1 950 ans après le naufrage de saint Paul sur l’archipel. Une messe a eu lieu sur la place des Greniers à Floriana, devant l’église Saint-Publius.

Après 15 ans passés dans l’opposition, la gauche, le parti travailliste, remporte une victoire historique qui porte à la tête du gouvernement Joseph Muscat, nouveau Premier ministre, âgé de 39 ans seulement. Mais malgré un bilan économique positif, ce gouvernement se trouve empêtré dans les Panama Papers mis au jour en avril 2016, qui révélaient, entre autres, que deux proches du Premier ministre avaient un compte offshore au Panama, ce qui conduisit Joseph Muscat à convoquer des élections législatives anticipées le 3 juin 2017, qui seront de nouveau gagnées par le parti travailliste.

Malte préside le Conseil de l’Union européenne pour la première fois de son histoire. La prochaine présidence devrait intervenir en 2030.

Daphne Caruana Galizia, blogueuse et journaliste, meurt dans l’explosion de sa voiture. Écrit en anglais, son blog était l’un des plus lus dans l’île et elle y postait notamment de nombreux articles impliquant des proches de Joseph Muscat dans les Panama Papers. Ce dernier a qualifié cet acte de « barbarie » et des milliers de Maltais ont défilé dans La Valette, le 22 octobre 2017, pour réclamer lumière et justice sur les affaires de corruption jalonnant l’actualité du pays. Après sa mort, un collectif de 18 médias internationaux, dont Le Monde, The Guardian, El Pais et Times of Malta, travaille à reprendre les enquêtes qu’elle menait. Le 14 octobre 202, les deux frères Georges et Alfred Degiorgio sont condamnés à 40 ans de prison pour ce meurtre. Une condamnation qui fait suite à celle de Vincent Muscat le 24 février 2021 (15 ans de prison).

Durant un an, La Valette est devenue capitale culturelle européenne, ce qui a été l’occasion de nombreuses manifestations et a aussi permis la création du Muza (Musée National des Beaux-Arts) qui, après une rénovation de l’Auberge d’Italie, se propose de diffuser la culture des beaux-arts à un public beaucoup plus large (20 000 œuvres exposées, trois fois plus que dans l’ancien musée).

Les dirigeants des sept pays méditerranéens de l’Union européenne (France, Italie, Portugal, Espagne, Malte, Chypre, Grèce) se réunissent à La Valette. S’ils s’accordent sur des questions écologiques et sociales, le désaccord demeure entre eux concernant l’accueil des migrants. Depuis la fermeture des ports italiens, Malte a souvent ouvert ses portes pour apporter un premier règlement à la crise (comme en août 2018 avec l’accueil de 114 migrants remorqués par le second Aquarius) mais sous réserve d’une répartition équitable et automatique de ces migrants dans l’ensemble de l’Union.

C’est Robert Abela, 45 ans, qui est élu par les militants du parti travailliste pour remplacer Joseph Muscat à la tête du gouvernement. Malgré un bilan toujours positif, une croissance record, un faible taux de chômage, Joseph Muscat a choisi de démissionner car l’enquête menée sur l’assassinat de Daphne Caruana Galizia révèle l’implication de plusieurs personnalités de son entourage politique, son directeur de cabinet notamment.

La Commission européenne a annoncé l’ouverture d’une procédure d’infraction contre les mécanismes dits de « passeports dorés »  qui octroient la nationalité maltaise, et donc européenne, moyennant un investissement ou un paiement. Une procédure « non conforme à la coopération loyale » européenne. Le gouvernement maltais dispose d’un délai de deux mois pour répondre à cette lettre de mise en demeure.

Le pape François s’est rendu dans l’archipel maltais : La Valette, Floriana et Gozo. C’est la troisième visite d’un pape en 30 ans.

Malte accueille la réunion de neuf pays méditerranéens visant à faire concorder leurs positions sur la question de l'immigration, notamment via la Méditerranée.