Découvrez la Suède : Environnement

La Suède, principalement composée de forêts, montagnes, lacs et rivières, exerce l'allemansrätt, droit coutumier qui autorise l'accès à la nature, y compris dans les propriétés privées, et témoigne d'un lien privilégié à la nature. Le pays fait partie des plus avancés en matière de transition écologique. Dès la crise pétrolière de 1973 la Suède a mis en œuvre un politique visant à sortir des énergies fossiles via notamment le développement des énergies renouvelables. Avec un taux de recyclage des déchets de 99 %, le pays s'inscrit dans une démarche d'économie circulaire, que l'on retrouve dans la culture du Lagom, cet art de vivre associée à la « slow life ». Le pays reste cependant un grand consommateur de biens et d'énergie. L'exploitation forestière génère quant à elle des impacts négatifs sur le climat et la biodiversité. Mais la Suède peut compter sur l'action de sa jeunesse, à l'image de sa figure emblématique, Greta Thunberg.

Parcs nationaux et droit d'accès à la nature

Le « droit de tout un chacun » (allemansrätt) permet à toute personne en Suède de circuler librement dans la nature – espaces publics et propriétés privées – et d'y cueillir baies et champignons. Ce droit coutumier témoigne d’une conception de la nature comme patrimoine partagé. Le pays compte 29 parcs nationaux sur son territoire qui concilient préservation des milieux naturels et accueil des visiteurs. La Laponie suédoise comporte 4 parcs nationaux (Sarek, Padjelanta, Muddus et Stora Sjöfjället), qui protègent des écosystèmes de forêts, toundras, lacs et glaciers. Les parcs nationaux de Fulufjället et de Tiveden, situés dans le centre du pays, protègent des forêts anciennes, tandis que la Scanie abrite les parcs nationaux de Söderåsen, Dalby Söderskog et Stenshuvud. La Suède possède également des parcs nationaux littoraux et marins, à l'image du parc national de Kosterhavet, qui protège les îles éponymes, ou le parc national de l’archipel de Haparanda, dans le golfe de Botnie.

La Suède face au changement climatique

La Suède subit les effets liés au réchauffement climatique, avec une hausse des températures annuelle deux fois plus forte que la moyenne mondiale. Le pays a connu en 2018 une vague de chaleur sans précédent, avec pour corollaire une grande sécheresse et des incendies de forêts. Le foin vint à manquer, ce qui contraignit certains éleveurs à abattre du bétail, et la baisse des récoltes nécessita l'importation de céréales. En 2022, la Suède subit un nouvel épisode caniculaire et frôle son record absolu de chaleur (38°C relevés en 1933 et 1947) avec une température de 37,2 °C relevée à Målilla, dans le comté de Kalmar. Le pays n'a pas attendu la survenue de ces événements pour mettre en place des actions pour lutter contre le changement climatique. La Suède a initié dès les années 1970 une politique volontariste pour limiter sa dépendance aux énergies fossiles, fondée notamment sur le développement des énergies renouvelables (hydroélectricité, biomasse, déchets, éolien). Une taxe carbone a été instituée en 1991. En 2018 les énergies renouvelables représentaient 54,6 % de la consommation brute d'énergie finale, classant la Suède en tête des pays européens. La capitale est chauffée à plus de 75 % par des réseaux de chaleur urbain (alimentés majoritairement par la biomasse et les déchets) et ses bus fonctionnent au biogaz. La Suède a développé des écoquartiers : Västra hamnen, édifié à Malmö, plus récemment Hammarby Sjöstad dans la capitale, et le projet en cours de Stockholm Royal Seaport. Le pays qui vise la neutralité carbone en 2045 reste toutefois un gros consommateur d'énergie. Les barrages ont aussi l'inconvénient de fragiliser les milieux naturels et la biodiversité.

Les impacts liés à l'exploitation forestière

Si les arbres représentent 69 % du territoire, les plantations dominent, les forêts anciennes ne représentant que 12 % des boisements, avec moins de 6 % de forêts classés. Le pays s'est développé grâce à l'exploitation forestière au XIXe siècle et l'industrie reste largement fondée sur le bois (biocombustibles, papier, construction de meubles). Une étude publiée dans la revue Nature en 2020 a mis en exergue l'augmentation des superficies forestières exploitées dans le pays pour la période 2016-2018, ce qui contribue à diminuer le stockage du carbone. Les replantations de résineux, effectuées après des coupes rases, y compris dans les forêts anciennes, induisent également un appauvrissement de la biodiversité et une moindre résistance aux aléas naturels. Un rapport de Greenpeace publié en 2017 a mis au jour le déboisement de la forêt boréale suédoise et russe par les sous-traitants de l'entreprise suédoise Essity (fabricante de mouchoirs et papier toilette). La fabrication du papier induit également l'émission de polluants et nécessite d'importantes ressources en eau.

Améliorer la qualité des eaux douces et de la Baltique

Les déversements agricoles contribuent à l'eutrophisation des rivières, lacs, mais aussi de la mer Baltique, où l'on constate la présence de « zones mortes ». Mer fermée et peu profonde, la Baltique subit la pollution des différents pays qui la bordent. Aux pollutions agricoles s'ajoutent les rejets industriels et ceux du transport maritime. La convention d’Helsinki, qui regroupe les 9 pays riverains de la Baltique, a mis en place un programme d'actions concertées pour la période 2007-2021 pour lutter contre les pollutions et protéger la biodiversité de la mer.

Économie circulaire et sobriété

Le pays recycle 99 % de ses déchets, grâce à une approche poussée de l'économie circulaire et une incitation financière. Des déchets sont transformés en énergie, et canettes et bouteilles en plastique sont consignées. On trouve également dans le pays un centre commercial qui ne vend que des produits recyclés ou de seconde main, Le ReTuna Återbruksgalleria. Cette démarche s'apparente au Lagom, un certain art de vivre fondé sur le « juste milieu », et la sobriété. Le köpskam, ou honte d'acheter, a aussi fait son apparition, dans un pays où la société de consommation est encore bien présente.

Mobilités douces

La Suède est accessible en train et vélos, et traversée par les EuroVelo 3, 7, 10, et 12.  Les transports en commun et l'intermodalité sont bien développés. Stockholm a instauré un péage urbain, après référendum en 2006, et a vu sensiblement baisser et le trafic routier et la pollution aux particules fines. Le flygskam, ou « la honte de prendre l’avion » s'est développé suite aux Accords de Paris sur le climat. Plus qu'une émotion, le terme qualifie une attitude fondée sur la volonté de lutter contre le réchauffement climatique, suivie d'actions. On a en effet assisté en Suède à une hausse significative des déplacements en train en 2019 et à une baisse de la fréquentation des vols intérieurs, également dus à d'autres facteurs, comme la taxation des billets d'avion en 2018. Des investissements sont déployés afin de développer le réseau ferroviaire et notamment les trains de nuit à destination de l'Europe. Ainsi, depuis 2022 il est possible de rallier Hambourg depuis la capitale suédoise, et d'autres lignes sont amenées à être créées.

Greta Thunberg, figure de proue de l'activisme pour le climat

Enfin, on ne saurait conclure ce chapitre sans mentionner la jeune activiste suédoise Greta Thunberg, à l'initiative des grèves pour le climat (Fridays for the future) en 2018, et qui a entraîné dans son sillon tout un pan de la jeunesse mondiale. La jeune activiste suédoise a aussi créé une fondation qui soutient des projets dans le monde entier, et poursuit son engagement en s'exprimant lors de sommets internationaux ou en participant à des manifestations et actions politiques plus ciblées.

Romina Pourmokhtari : un espoir pour une jeunesse inquiète ?

Le Premier ministre Ulf Kristersson (Les Modérés), élu en octobre 2022, a choisi de donner voix à la jeunesse pour défendre le climat au sein de son gouvernement. En effet, du haut de ses 26 ans, Romina Pourmokhtari, nommée ministre de l'Environnement le 18 octobre 2022, est devenue la plus jeune ministre de l'histoire de la Suède. On peut cependant se demander si ce choix n'est pas en grande partie symbolique, l'ancienne présidente de l'Association des jeunes du Parti Libéral n'ayant jamais montré une implication particulière en faveur de la cause écologique auparavant.

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