Histoire Histoire

La banquise se retire et laisse place à une surface habitable qui deviendra plus tard la Suède.

L’ensemble du territoire commence à se peupler de tribus qui vivent de la chasse et de la pêche. Ces peuplades nomades domestiquent les animaux et introduisent les premières cultures.

Les premiers cultivateurs sédentaires apparaissent.

C’est l’âge du bronze danois, qui doit son nom aux armes et objets de culte en bronze et en cuivre caractéristiques de cette époque. Des rochers sculptés, illustrant les rites de la fécondité ou montrant des armadas de bateaux, indiquent une ouverture sur le monde, une maîtrise du fer et un ensemble de progrès techniques qui vont favoriser la constitution de communautés villageoises fondées sur la coopération.

La période des Vikings coïncide avec une expansion agricole qui débute vers 700 et qui se caractérise par l’existence d’une société composée essentiellement de fermes isolées vivant dans une assez grande autarcie. Ces fermes sont entourées de terres cultivées et de près et le travail des champs est surtout effectué par les femmes et des esclaves, appelés trälar.

La première église de Suède est construite, marquant le début de la christianisation du pays par des missionnaires tels que saint Anschaire, venu sur invitation du roi Björn. Il devint par la suite archevêque de Hambourg.

Olof Skötkonung devient le premier roi chrétien de Suède.

Conjointement à la période viking, s’opère le début de la christianisation en Suède. Les missionnaires venus d’Allemagne ou de Grèce, bien qu’appuyés par le pouvoir royal, progressent très lentement du sud vers le nord de la Suède, et les croyances païennes continuent d’imprégner longtemps encore la vie quotidienne. Ce n’est qu’au XI^e siècle que la Suède fut véritablement christianisée, bien que le paganisme et l’ancienne mythologie nordique perdurent jusqu’au XII^e siècle. De très nombreuses églises furent alors construites, tout d’abord en bois, puis en pierre, dont des centaines sont encore visibles aujourd’hui.

Cette période se caractérise par une très forte rivalité pour le pouvoir séculier entre les Sverker et les Erik, deux grandes dynasties.

Magnus Ladulås (1275-1290) promulgue un décret qui privilégie une noblesse séculière en dépit d’une société organisée selon un modèle féodal.

La peste noire décime 30 % de la population.

L'Union de Kalmar est consacrée dans un traité qui stipule que la Norvège, la Finlande et la Suède sont désormais gouvernées par un seul et même monarque. Ainsi, tout le pouvoir royal se retrouve concentré entre les mains de la reine Margrethe I^re de Danemark. Cette union sera pourtant fragilisée par de nombreux conflits.

Bain de sang de Stockholm. Les forces danoises du roi de l'Union, Christian II, envahissent la Suède.

La Suède, avec le roi Gustav Vasa à sa tête, déclare son indépendance et met fin à l'Union de Kalmar. Gustav Vasa transforme peu à peu le pays en un État national moderne. Les biens de l’Église romaine sont confisqués par l’État, les finances assainies et une administration nationale inspirée du modèle allemand se met en place. Alors que l’État se renforce, l’influence luthérienne devient prépondérante : lentement, l’Église suédoise se sépare de Rome pour s’organiser en Église nationale, ses biens sont confisqués, et la réforme protestante s’accomplit.

La monarchie devient héréditaire.

Mort de Gustav Vasa, dont les fils lui succèdent. L’objectif principal de ces rois est d’accroître la puissance commerciale de la Suède en mer Baltique, et de contrôler ainsi les routes commerciales vers la Russie et la Pologne. Durant cette période, la Suède connaît plusieurs conflits armés contre le Danemark.

Intervention de la Suède dans la guerre de Trente Ans (1618-1648). Le roi Gustave II Adolf intervient en faveur de l'Allemagne protestante. Les armées suédoises s’emparent des territoires de la Prusse orientale, traversent l’Allemagne et atteignent la Bavière en 1632, où elles remportent la bataille de Lützen. Au cours de cette bataille, le roi Gustave II Adolf est tué, mais il devient l'un des monarques légendaires d'Europe car son intervention dans la guerre de Trente Ans fut décisive.

Couronnement de Christine de Suède. De ses quatre années de règne, on retiendra surtout qu’elle était une érudite et fit de sa cour un foyer d’humanisme. Elle invita même, en 1650, René Descartes à la cour de Suède. Reine atypique, elle refuse de se marier, montre un goût certain pour la culture et les modes étrangères, et met à mal les finances du royaume avec ses politiques d'anoblissement en masse.

Christine de Suède abdique pour diverses raisons (lassitude, conversion au catholicisme, difficultés financières), et son cousin Charles X Gustave accède au trône.

Le roi suédois Charles X Gustave marque les mémoires en annexant non seulement la Scanie, mais aussi les provinces de Halland et de Blekinge ainsi que l’île de Gotland, alors possessions danoises. De même, lors de la paix conclue en 1658 avec le Danemark à Roskilde, les provinces de Bohuslän, de Jämtland et de Härjedalen, autrefois norvégiennes, deviennent suédoises.

La Suède est vaincue par le Danemark, la Pologne et la Russie durant la Grande Guerre du Nord. Elle perd à ce moment-là la plupart de ses possessions, à l'exception de la plus grande partie de la Finlande.

Après la mort de Charles XII en 1718, se déroule une véritable révolution parlementaire, pacifique mais radicale : le pouvoir est placé entre les mains du Parlement, mettant fin à l'absolutisme royal. C'est l'ère de la liberté. Cette période sera aussi marquée par un grand essor culturel et scientifique : l’invention de l’échelle thermométrique centésimale par le physicien Anders Celsius et le système de classification des plantes élaboré par le naturaliste Carl von Linné contribuent au renom scientifique du pays.

Durant les guerres napoléoniennes, la Suède cède la Finlande à la Russie. Le mécontentement qui s’ensuit provoque une révolte des militaires et des fonctionnaires qui aboutit à l’exil de Gustave IV Adolf. Une nouvelle Constitution est adoptée. En vigueur jusqu’en 1974, elle partage le pouvoir entre la couronne et le Parlement.

Pour des raisons stratégiques, l’un des maréchaux de Napoléon est choisi comme successeur à la couronne. C’est ainsi qu’en 1810, le maréchal français Jean-Baptiste Bernadotte est désigné prince héritier. Il accède au trône peu après et parvient à persuader les Danois d’accepter la Poméranie, dernière possession suédoise sur le continent européen, en échange de la Norvège.

La Suède, la Norvège et le Danemark adoptent une monnaie commune : la couronne.

Crise liée à une baisse des prix favorisée par la concurrence des céréaliers américains. Cela entraîne une émigration massive vers les États-Unis (1,5 million de Suédois émigrent entre 1850 et 1930).

Durant les deux dernières décennies du XIX^e siècle, l’expansion rapide d’une classe ouvrière industrielle favorise l’organisation syndicale et politique extraparlementaire. Le Parti social-démocrate est fondé à Stockholm, et lutte pour le suffrage universel égalitaire.

Les syndicats fondent la Confédération générale du travail de Suède (L.O., Landsorganisationen).

Cette période est marquée par l'émergence de mouvements populaires puissants et du mouvement ouvrier. L'industrie suédoise se développe très rapidement au cours du XX^e siècle, transformant le pays en une des principales nations industrielles d'Europe après la Seconde Guerre mondiale.

Dissolution pacifique de l'union entre la Norvège et la Suède.

Suffrage universel pour les hommes.

Durant la Première Guerre mondiale, la Suède observe une politique de neutralité à l’égard des belligérants. Ceci ne se fait cependant pas sans difficulté, car les classes dirigeantes ont des liens étroits avec l’Allemagne, et que la Russie tsariste, qui comprenait alors la Finlande, inquiète de nombreux Suédois.

Les Sociaux-Démocrates entrent au gouvernement.

Suffrage universel pour les femmes.

La réforme constitutionnelle, mais aussi la forte augmentation du chômage, marquent les années 1920 d’une grande instabilité politique. Entre 1920 et 1932, neuf gouvernements vont se succéder, dominés tantôt par les sociaux-démocrates, tantôt par les libéraux et les conservateurs. Cependant, les politiques menées se différencient assez peu les unes des autres, et les tensions sociales se multiplient.

Un accord est signé à Saltsjöbaden, qui illustre parfaitement ce qu’on a considéré depuis comme le « modèle suédois ». Un accord avec le Parti agrarien permet l’adoption d’un programme anti-crise grâce à une politique de grands travaux publics, couplé à des mesures sociales comme l’adoption, en 1938, de la loi sur les deux semaines de congés payés annuels pour tous.

Avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, la Suède adopte, à l’instar des autres pays nordiques, une position de neutralité, cependant mise à l’épreuve dès l’hiver 1939-1940 par la guerre entre la Finlande et l’Union soviétique. Lorsqu’en avril 1940, les nazis occupent le Danemark et envahissent la Norvège, la pression allemande pour permettre l’acheminement, à travers le territoire suédois, de matériel destiné à l’attaque contre la Norvège s’accentue au point de faire céder le gouvernement suédois. Dans le même temps, la Suède permet à 7 500 juifs danois d’échapper à la persécution nazie en les accueillant, et contribue par l’action de personnages comme le comte Folke Bernadotte et Raoul Wallenberg à en sauver des dizaines de milliers d’autres.

Création d'Ikea.

Astrid Lindgren publie le premier livre de Fifi Brindacier.

Les années d’après-guerre seront celles des réformes. Les gouvernements sociaux-démocrates votent des lois de protection sociale concernant en particulier la majoration de la pension vieillesse et l’instauration de l’allocation familiale et de l’assurance maladie. La fiscalité est révisée dans un sens plus progressiste. C'est la construction de l’État-Providence suédois.

La Suède rejoint les Nations unies.

L’ancien Riksdag (Parlement) à deux chambres, inspiré de la constitution de 1809, est remplacé par un Riksdag à chambre unique.

Une nouvelle constitution réduit les pouvoirs royaux à des fonctions purement cérémonielles. Depuis cette date, il appartient au Premier ministre et non au roi de former le gouvernement et de présider les Conseils des ministres. À l’exception des périodes allant de 1976 à 1982 et de 1991 à 1994, les gouvernements successifs sont presque toujours à majorité sociale-démocrate.

Assassinat d'Olof Palme, Premier ministre social-démocrate.  Si, sur le plan de la politique intérieure, l’action du Premier ministre s’inscrivait dans la continuité de ses prédécesseurs sociaux-démocrates (lutter contre le chômage en renforçant le rôle de l’État-Providence), dans le domaine de la politique étrangère, Olof Palme n’hésita pas à se démarquer des États-Unis en critiquant durement leur intervention au Viêtnam et en prenant parti pour les pays émergents.

La Suède, accompagnée de la Finlande et de l’Autriche, fait son entrée dans l’Union européenne.

Présidence suédoise de l’Union européenne. Globalement considérée comme efficace et positive, notamment sur les questions de l’élargissement de l’Union.

Refus populaire (par référendum) d'adopter l'Euro.

La coalition de centre-droite remporte les élections législatives. C’est une véritable rupture dans le paysage politique suédois. Ces résultats mettent fin à 12 ans de règne social-démocrate. Le parti social-démocrate demeure le premier parti suédois mais se retrouve isolé face à la coalition. Fredrik Reinfeldt devient Premier ministre et parvient à fédérer les différentes formations politiques, bien que sa politique, notamment de privatisation massive pour combler la dette, soit loin de faire l’unanimité.

Le gouvernement est contesté concernant sa proposition de loi FRA, un système d’écoute et de surveillance électronique ultra-moderne dénoncé comme portant atteinte à la vie privée.

L’entrée du parti d’extrême-droite Sverigedemokraterna (Démocrates suédois) au Parlement provoque de grandes manifestations de contestation et une onde de choc dans tout le pays ; le « modèle suédois » vient de prendre un coup.

Le vent tourne et les sociaux-démocrates finissent en tête aux élections européennes de mai. Stefan Löfven, membre du Parti social-démocrate est nommé Premier ministre et forme une coalition minoritaire avec les Verts.

Accord de décembre, « Decemberöverenskommelsen ». Le Premier ministre forme un accord historique avec les six grands partis de l’Alliance. Cet accord stipule que durant les huit prochaines années, les six partis ne voteront pas contre un budget proposé par le gouvernement, quels que soient les résultats des prochaines élections.

Attentat terroriste au camion bélier sur la Drottninggatan, la grande rue piétonne du centre de Stockholm, qui a fait 5 morts et 14 blessés.

Début septembre, l'échiquier politique est bouleversé lors de l'élection législative qui se solde par une absence d’une majorité et un refus de coopérer. Après plusieurs mois de négociations, les partis sortis vainqueurs s'entendent finalement pour former un nouveau gouvernement. Une « collaboration limitée » qui permet à Stefan Löfven, le social-démocrate, de garder sa position de dirigeant bénéficiant du soutien du Parti du centre (C) et du Parti libéral (L).

Le 26 mai 2019, le Parti social-démocrate suédois des travailleurs arrive en tête des élections européennes avec 23,6 % des suffrages, devant les Modérés (droite) et les Démocrates suédois (extrême droite).

Les élections provoquent une onde de choc dans le pays et en Europe : pour la première fois, les partis de la droite conservatrice et modérée forment une coalition avec l'extrême droite (les Démocrates suédois) en vue de battre le bloc de gauche. Et cela fonctionne, bien que de justesse, puisque le bloc de droite obtient trois sièges de plus que la gauche au Riksdag, lui permettant de former un gouvernement. C'est Ulf Kristersson (les Modérés) qui est nommé Premier ministre, tandis que les Démocrates suédois deviennent la deuxième puissance du pays.

L'une des conséquences de l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février 2022 a été de mettre un terme à la position de neutralité historique de la Suède. Suite à cela, le Parlement a très vite ratifié la demande d'adhésion à l'OTAN, à laquelle s'oppose toujours la Turquie d'Erdogan qui voit d'un mauvais œil l'accueil réservé par la Suède aux militants du PKK, considéré par la Turquie et l'UE comme un groupe terroriste.