Découvrez le Monténégro : Littérature (BD / Actualité)

Indépendant depuis 2006, le Monténégro est en voie de construction d’une identité propre, bien qu’il reste encore fortement associé aux autres pays de l’ancienne Yougoslavie. La distinction – politique – se devine notamment dans les langues, le monténégrin ayant ainsi été proclamé langue officielle en 2007. Néanmoins, de ce siècle de remise en question identitaire est née une littérature affirmée qui commence vraiment à s’exporter aujourd’hui, à l’image de La Bouche pleine de terre de Branimir Sćepanović, décédé en 2020, qui a accédé au statut de classique et s’est vu republié par les éditions Tusitala. Évidemment, dans un pays marqué par des guerres et une occupation, la plume des écrivains se nourrit principalement de l’histoire récente, chacun ayant, de plus, été en contact, de près ou de loin, avec le monde politique. Ce sont donc des textes forts qui nous parviennent, qui n’hésitent pas à convoquer l’ironie pour se faire entendre.

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Les origines de la littérature monténégrine

Les Chroniques du prêtre de Dioclée – seraient la version latine élaborée au XIIe siècle d'un manuscrit plus ancien rédigé en vieux-slave – sont bourrées d'inexactitudes sur le passé de la Dalmatie et des régions voisines, mais n'en demeurent pas moins la première œuvre d'importance du Monténégro. Quelques siècles plus tard, Petar II Petrović-Njegoš (1813-1851), poète national et prince-évêque du Monténégro, compose ses premiers textes. Ses aspirations politiques n'aboutissant pas, Petar II Petrović-Njegoš passera l'essentiel de sa courte vie à écrire. De lui est resté notamment un long poème épique, La Couronne des montagnes, qu'il publie en 1847. Elle deviendra après la mort de son auteur un enjeu politique, faisant tour à tour l'objet d'un culte ou devenant prétexte pour attiser le feu entre les orthodoxes et les musulmans, revendiquée par les Serbes et reniée par certains intellectuels, cette œuvre sera instrumentalisée.

XXe et XXIe siècles

Les conflits qui émaillent la grande histoire au XXe siècle n'empêchent pourtant pas aux petites de s'écrire, à en croire le nombre d'écrivains qui y laissent leur marque. En 1901, paraît à titre posthume Exemples d'humanité et de bravoure de Marko Miljanov qui n'a appris à écrire qu'à cinquante ans après s'être retiré de la vie politique. Un musée lui est consacré dans sa ville natale de Medun.

C'est en politique également qu'évoluera Milovan Djilas (1911-1995) jusqu'à ce que, dans un premier article paru en 1954 dans le New York Times, il égratigne Tito. Ses prises de position lui vaudront de réguliers séjours en prison et ses ouvrages seront soumis à la censure jusqu'en 1988. C'est par le biais de la fiction que Mihailo Lalić évoquera l'histoire récente du Monténégro dans Ratna sreća en 1973. Fiction et politique encore pour Čedo Vuković (1920-2014) avec Mrtvo Duboko, un roman qui campe un homme pendant la Seconde Guerre Mondiale tentant d'échapper aux tchetniks.

Borislav Pekić publie dans les années 1970 La Toison d'or qui retrace sur cinq siècles le destin d'une famille serbe d'origine aroumaine. Miodrag Bulatović publie quant à lui Le Coq rouge, l'histoire de Muharem qui décide de fuir l'oppression et de partir à la conquête du vaste monde, son volatile sous le bras. Branimir Sćepanović (1937-2020) excellera lui aussi dans l'art subtil des métaphores angoissantes où il est difficile de ne pas discerner l'avenir de l'ex-Yougoslavie dans La Bouche pleine de terre en 1974.
Mirko Kovač (1938-2013) qui reçut le prix Tucholsky remis par le PEN-Club suédois tout autant en reconnaissance de son talent qu'en soutien suite au harcèlement dont il avait été victime. La Ville dans le miroir, récit autobiographique et nostalgique d'une enfance passée à Dubrovnik, est disponible aux éditions M.E.O. Borislav Jovanović, né en 1941 à Danilovgrad, a travaillé en faveur de la littérature monténégrine, aussi bien pour la défense de la langue que pour son talent de dénicheur de jeunes talents.

La nouvelle génération s'incarne d'ailleurs sous les traits d'Ognjen Spahić, qui vit le jour dans la capitale Podgorica en 1977, et qui fut couronné en 2014 par le prix de Littérature de l'Union européenne pour La Tête pleine de joies, un recueil de nouvelles qui tente d'élucider le processus de création littéraire (éditions Gaïa).

Top 10 : Lecture

La littérature du Monténégro

Encore associé aux pays auxquels il a été historiquement lié, le Monténégro se distingue pourtant par une littérature élaborée et engagée. Si les livres ne trouvent pas toujours à franchir les frontières, quelques textes sont déjà devenus des classiques, et d’autres parlent si bien de cette destination qu’il serait dommage de ne pas s’y intéresser.

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Voyage historique et politique au Monténégro

Un document inestimable publié pour la première fois en 1820 et né sous la plume d’un émissaire de Napoléon. Vialla de Sommières, éditions Minerve.

De l’île de Pâques à Obock, en passant par Séoul

Voyageur infatigable et écrivain prolixe, Pierre Loti se (re)découvre pour ses souvenirs monténégrins, joli prétexte ! Pierre Loti, éditions Arthaud.

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Le Sourire du scorpion

Une banale escapade en raft dans le canyon de la Tara vire au drame et Tom, 15 ans, doit affronter ses pires cauchemars. Patrice Gain, éditions Le Mot et le Reste.

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La Bouche pleine de terre

Deux hommes en croisent un troisième qui court, seul. Ils décident de se lancer à sa poursuite. Allégorie de l’absurde et texte inoubliable. Branimir Šćepanović, éditions Tusitala.

La Fortune des Winczlav, Vanko 1848

S’opposant à la tyrannie du pouvoir en place, un jeune médecin n’a d’autre choix que de fuir le Monténégro. Jean Van Hamme et Philippe Berthet, éditions Dupuis.

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Demain la brume

Un roman vrai qui campe à la perfection les tensions qui précèdent la guerre en Yougoslavie, elle qui aura tant d’incidence sur le Monténégro. Timothée Demeillers, éditions Asphalte.

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Peindre debout

Pour la première fois sont réunis vingt-huit entretiens avec le peintre monténégrin surréaliste Miodrag Đurić, plus connu sous le nom de Dado. Dado, éditions L’Atelier contemporain.

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Territoire et nationalisme au Monténégro

Comment le pays a-t-il fini par se définir comme indépendant suite aux guerres qui ont bouleversé cette région du monde ? Amaël Cattaruzza, éditions L’Harmattan.

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Maroucha

Une petite fille raconte son enfance entre 1916 et 1930 dans la région du Sandzak, à cheval entre la Serbie et le Monténégro. Danica Peric, éditions L’Harmattan.

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Croatie et Monténégro

Le pays ne compte pas moins de cinq parcs nationaux et un patrimoine historique d’exception, un plaisir pour les yeux ! Collectif, éditions Place des Victoires.

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