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Monastère de Morača. (c) Sergey Glebov - Shutterstock.com.jpg

Cohabitation de trois religions

Le Monténégro est un pays multiconfessionnel où cohabitent en toute harmonie les trois principales religions. La religion prédominante est la religion orthodoxe, suivie de l’islam et du catholicisme. Traditionnellement, on estime à environ 78 % le nombre de Monténégrins de confession orthodoxe, à 19 % le nombre de musulmans et à 3 % le nombre de catholiques.
Pour des raisons historiques, les catholiques se trouvent en majorité sur le littoral tandis que les orthodoxes sont principalement dans le nord. La majorité des Monténégrins musulmans sont des sunnites. On les trouve essentiellement près de la frontière albanaise et dans la zone du Sandzjak, cette région historique du nord du pays partagée entre la Serbie et le Monténégro depuis 1913.

L’orthodoxie (christianisme orthodoxe) représente dans le monde la deuxième plus grande confession chrétienne par le nombre de fidèles après l’Église catholique romaine. On estime à environ 200 millions le nombre de personnes baptisées dans le monde. Elle est organisée en de nombreuses Églises territoriales qui forment ensemble « l’Église orthodoxe ». Séparée de l’Église catholique romaine depuis le grand schisme d’Orient (1054), cette Église orthodoxe se compose de quatorze Églises autocéphales (complètement indépendantes), de douze Églises autonomes et de sept Églises non canoniques. Au Monténégro, la majorité des orthodoxes dépendent de l’Église orthodoxe serbe (fondée en 1219), pour qui le Monténégro n’est qu’une de ses nombreuses métropoles. Depuis des années, et de façon encore plus importante depuis l’indépendance du pays, la vie religieuse du pays est marquée par la lutte que se livrent cette Église orthodoxe serbe et l’Église orthodoxe du Monténégro, autoproclamée autocéphale (c’est-à-dire ne dépendant plus de l’Église d’un autre pays) mais non reconnue par les autres Églises, contrairement à l’Église serbe. Restaurée dans les années 1990 comme un projet politique autant que spirituel, cette Église orthodoxe du Monténégro fonde sa prétention à l’autocéphalie sur l’autonomie dont elle jouissait à l’époque turque lorsque le Monténégro, conduit par ses princes-évêques, résistait seul contre la menace ottomane. S’estimant spoliée par l’Église orthodoxe proserbe, qui dispose juridiquement des églises orthodoxes du pays, elle s’est naturellement prononcée en faveur de l’indépendance du pays.

Conflit entre Église monténégrine et Église serbe

Un conflit entre l’Église orthodoxe autocéphale monténégrine (CPC) et l’Église orthodoxe serbe (SPC) dure depuis 1990, lorsque l’Église monténégrine réapparaît après soixante-dix ans d’inexistence – elle avait disparu avec l’État monténégrin en 1921. Il s’explique par la lutte féroce autour de l’héritage des droits de la communauté orthodoxe, comprenant des biens mobiliers et fonciers. Amfilohije Radović, métropolite de l’Église orthodoxe serbe au Monténégro, s’oppose au métropolite Mihailo, chef de l’Église orthodoxe monténégrine. À l’heure actuelle, seules 50 églises orthodoxes sur les 750 que compte le Monténégro se seraient ralliées à l’Église autocéphale monténégrine.

L’Église orthodoxe monténégrine n’est pour l’instant reconnue par aucune Église orthodoxe au monde. En fait, le Parti socialiste démocrate (DPS), la force politique poussant le Monténégro dans le processus d’indépendance, a été autrefois un allié proche du métropolite Amfilohije, chef de l’Église orthodoxe serbe au Monténégro. Mais le DPS de Milo Djukanović opte en 2006 pour l’Église du Monténégro et l’Église orthodoxe serbe considère la renaissance de son homologue monténégrine comme une menace directe contre ses intérêts. L’Église orthodoxe monténégrine fait appel à l’État pour le rétablissement de ses droits, face à l’usurpation prétendue de l’Église orthodoxe serbe.

Monténégro : terre de monastères

Le Monténégro possède une vingtaine de monastères à visiter, dont le plus réputé est de loin celui d’Ostrog. Il est sans conteste le plus haut lieu de pèlerinage des chrétiens orthodoxes dans les Balkans. Dans ce haut lieu de spiritualité, les femmes devront prévoir un gilet fin ou un châle afin de recouvrir leurs épaules avant d’entrer, même s’il fait chaud. Il est l’équivalent de Lourdes en France, et de nombreux touristes viennent du monde entier pour admirer cette beauté qui date du XVIIe siècle. Dédié au saint Vasilije Ostroški, les reliques de ses ossements sont conservées dans une chapelle toujours en présence d’un moine. On raconte que le corps du saint a été retrouvé intacte dans les hauteurs de ces montagnes sept ans après son décès, c’est pourquoi on lui attribue des pouvoirs de guérisseur et de faiseur de miracles. Des fidèles de toutes confessions religieuses se sont laissés tenter par cette expérience mystique et spirituelle unique. Après le baise-main traditionnel au moine, c’est un puissant moment d’émotion auquel il faut s’attendre à la vision de saint Basile d’Ostrog.

Citons également le monastère de Cetinje, érigé au XVIIIe siècle sur les ruines du monastère de Crnojević et détruit par les Turcs en 1692, qui est le centre historique de la spiritualité monténégrine. Le monastère de Morača, qui est l’un des plus vieux du pays, car construit en 1252, est situé entre Podgorica et Kolašin, à 300 m d’altitude sur les bords de la rivière Morača. Ces deux monastères ont également toute leur importance en termes de patrimoine religieux du pays.

La prière du cœur, une prière orthodoxe avec du vin

La prière du cœur est une prière utilisée dans la tradition orthodoxe orientale qui vise à aider les croyants à se concentrer sur leur relation avec Dieu et à atteindre un état de paix intérieure. Bien que la prière elle-même ne soit pas directement associée au vin, il existe une pratique liée à la communion orthodoxe qui implique le vin et qui peut aider les croyants à se rapprocher de Dieu. Cette pratique est souvent accompagnée de la récitation de la prière du cœur.
La prière du cœur est une prière simple qui consiste en une courte phrase que l'on répète plusieurs fois. Elle peut être récitée mentalement ou à voix basse. La prière se présente souvent sous la forme suivante : « Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur. » En grec : Κυριε Ιησου Χριστε Υιε του Θεου ελεισον με τον αμαρτωλον.

« Kurie ièsou hristé uié tou théou éléisson me ton amartolon. » En serbe : Господе Исусе Христе, Сине Божији, помилуј ме грешног. « Gospodé issoussé hristé, siné bojoyi, pomiluï me grechnog. »

Le vin symbolise le sang de Jésus-Christ, qui est considéré comme l'offrande ultime de Dieu à l'humanité. En buvant le vin, les croyants orthodoxes se rappellent cette offrande et renouvellent leur engagement envers Dieu.

Le sacrement de l’eucharistie est au cœur de la foi chrétienne. Dans le catholicisme et l'orthodoxie, la communion est considérée comme une participation à la vie du Christ. Cependant, il existe une différence importante entre ces deux confessions concernant la manière dont ce sacrement est administré.

Dans le catholicisme, la communion est administrée sous une seule espèce, à savoir le pain consacré, qui est considéré comme le corps du Christ. Cette pratique est connue sous le nom de « communion sous une seule espèce ». Les fidèles catholiques ne reçoivent donc pas le vin consacré pendant la messe, bien que le prêtre le boive pendant la célébration.

Dans l'orthodoxie, la communion est administrée sous les deux espèces, c'est-à-dire à la fois le pain et le vin consacrés. Cette pratique est connue sous le nom de « communion sous les deux espèces ». Les fidèles orthodoxes reçoivent donc à la fois le pain et le vin consacrés pendant la messe.

La différence entre ces deux pratiques est en grande partie due à des différends théologiques et historiques entre le catholicisme et l'orthodoxie. Les catholiques croient que la communion sous une seule espèce est suffisante pour recevoir la grâce de Dieu, tandis que les orthodoxes croient que la communion sous les deux espèces est essentielle pour une pleine participation à la vie du Christ. Il convient de noter que certaines Églises catholiques orientales pratiquent la communion sous les deux espèces, tout comme certaines Églises orthodoxes pratiquent la communion sous une seule espèce dans certaines circonstances.

Dans l'orthodoxie, seules les personnes dignes de confiance, dûment habilitées, peuvent boire le vin et communier sous les deux espèces. Cette phrase fait référence aux pratiques de la communion dans l'Église orthodoxe. Dans cette tradition religieuse, il est communiqué que seuls les prêtres et les membres de l’Église qui sont considérés dignes de confiance et dûment autorisés peuvent boire le vin et recevoir l'hostie lors de la messe.

Dans l'orthodoxie, la communion est considérée comme un sacrement, qui doit être respecté et protégé. Pour cette raison, les prêtres et les membres de l’Église sont choisis avec soin, après avoir été soumis à un processus rigoureux de formation et de sélection. Cela permet de garantir que les personnes qui reçoivent la communion le font de manière appropriée et respectueuse.

Seules les personnes dignes de confiance et habilitées peuvent recevoir la communion sous les deux espèces. Nous avons le vin et l'hostie. L'hostie, en se référant à la racine latine, n'est que la victime sacrifiée à Dieu. Le vin permet donc de se connecter avec Dieu. Cela signifie que la communion n'est pas considérée comme une simple cérémonie religieuse, mais comme un moment de profonde connexion spirituelle avec Dieu.

Un pays riche en histoire et en légendes

La légende de la naissance de la ville de Podgorica. Selon la légende, la ville de Podgorica, la capitale du Monténégro, a été fondée par le roi serbe Nemanja au XIIe siècle. Il aurait ordonné la construction d'un pont sur la rivière Morača et aurait dit « Pod gorica » (sous la montagne) pour désigner l'endroit où le pont a été construit. Le nom de la ville est donc dérivé de cette phrase.

La légende du lac Skadar. Le lac Skadar est le plus grand lac des Balkans et est considéré comme un joyau naturel du Monténégro. Selon la légende, le lac a été créé à partir des larmes des fées qui pleuraient la disparition de leur pays magique. Leur royaume aurait été submergé par les eaux lors d'une grande inondation.

La légende de la bataille de Krusi. La bataille de Krusi est considérée comme l'un des événements les plus importants de l'histoire du Monténégro. La légende raconte qu'en 1796, les troupes monténégrines ont vaincu l'armée ottomane à Krusi, grâce à l'intervention de la Vierge Marie, qui aurait fait tomber une avalanche sur les Ottomans.