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Différentes communautés qui cohabitent

Le Monténégro est frontalier de la Croatie, de la Bosnie-Herzégovine, de la Serbie, du Kosovo ainsi que de l’Albanie. Comme les autres pays de l’ex-Yougoslavie, le Monténégro est un pays multiethnique et multiconfessionnel. Outre les Monténégrins et les Serbes, y cohabitent une importante minorité d’origine albanaise, rom, bosniaque (musulmans originaires de Bosnie) et de petites communautés de Croates, de Macédoniens et de Slovènes. En un mot, tous les peuples des pays de l’ex-Yougoslavie !

La répartition de ces différentes communautés au sein de la population monténégrine est difficile à évaluer avec exactitude, celle-ci ayant beaucoup fluctué au cours de ces dernières années, en raison d’une part de l’afflux de réfugiés lors des conflits des années 1990, d’autre part parce que chaque nouveau pays issu de l’ex-Yougoslavie essaie de présenter des statistiques favorables à sa politique et à sa composition ethnique.

Ainsi, la présentation de la répartition des Serbes-Monténégrins a été très fluctuante dans le temps, non pas tant à cause des mouvements de population mais parce que les gens peuvent se déclarer successivement Serbes ou Monténégrins selon leurs options politiques (souverainiste/fédéraliste) : selon les partisans du rattachement du Monténégro à la Serbie, les Monténégrins sont en réalité des Serbes, selon les pro-indépendantistes, les Monténégrins sont au contraire un peuple à part entière. Lors du recensement de 2011, 45 % des habitants se sont déclarés comme Monténégrins et 29 % comme Serbes. Jusqu’à présent, les différentes ethnies présentes sur ce territoire ont cohabité dans une relative harmonie. La Constitution adoptée en 1992 et celle de 2007 reconnaissent des dispositions locales particulières à l’égard des minorités.

La nationalité musulmane : une religion reconnue comme nation, un cas unique au monde

Le mot « Musulman » avec un M majuscule désigne la nationalité créée à la fin des années 1960 par les autorités yougoslaves de l’époque pour désigner les habitants de Bosnie-Herzégovine dont les ancêtres s’étaient convertis à l’islam durant l’occupation turco-ottomane.

La nationalité musulmane a été reconnue en 1971 par le maréchal Tito et cette nouvelle nationalité a ensuite été adoptée par les Musulmans de Serbie, du Monténégro et de Macédoine du Nord (à l’exception de ceux se reconnaissant dans la nationalité albanaise). Aujourd’hui, les Musulmans du Monténégro sont surtout nombreux dans la région du Sandjak, une circonscription administrative de l’ancien Empire ottoman, aujourd’hui à cheval sur la Serbie et le Monténégro. Ils sont considérés comme une ethnie à part entière depuis 1996 au Monténégro.

Les minorités

Les Albanais. Le nombre de Monténégrins d’origine albanaise représente environ 10 % de la population. Ces « Albanais » du Monténégro sont principalement implantés à Tuzi (au nord de Podgorica), à Ulcinj (ville annexée par le Monténégro en 1881 aux dépens des Albanais), à Plav, Gusinje et Rožaje. La région de Malesija, une plaine entourée de collines au bord du lac de Skadar, compte environ 15 000 Albanais qui représentent 75 % de la population de cette région.

Enfin, il est à noter que le gouvernement monténégrin a mis en place en 2004 le premier département universitaire en langue albanaise du Monténégro, spécialisé dans la formation des maîtres.

Les Bosniaques. Les Bosniaques (ou Slaves musulmans, à ne pas confondre avec le terme Bosnien, qui désigne les habitants de Bosnie-Herzégovine) représentent 9 % de la population. Ils vivent principalement dans la région du Sandjak monténégrin (près de la frontière de la Serbie et du Kosovo). À Plav et Rožaje, ils constituent près de 90 % de la population.

Les Roms. Selon le recensement de 2011, les Roms étaient environ 6 251. Selon certains experts, ce chiffre est cependant sous-évalué et le nombre de Roms présents dans le pays tournerait plutôt aux alentours de 20 000 (ce qui en ferait alors la quatrième minorité du pays). La majeure partie de cette communauté est de confession musulmane et vit dans la partie centrale du pays.

Autres. Les petites minorités telles que les Croates, les Macédoniens et les Slovènes sont généralement concentrées dans la capitale, Podgorica. Selon le recensement de 2011, il y a environ 1 000 Russes qui habitent au Monténégro (ce chiffre aussi est sous-évalué). Trente mille habitants (ou 5 % de la population) n’ont pas déclaré d’origines ethniques lors du dernier recensement.

Les langues parlées

La langue parlée par les Monténégrins et la langue officielle du pays (depuis la Constitution adoptée en 2007) est la langue monténégrine issue du dialecte iékavien, c’est-à-dire une variante monténégrine du serbe. La construction d’identité nouvelle a porté le débat politique dans le champ linguistique autour de l’idée de « langue monténégrine ». En 2004, le gouvernement a modifié les programmes d’enseignement, utilisant le terme « langue maternelle (serbe, monténégrin, croate, bosniaque) » au lieu de « langue serbe ».

La différence entre la langue parlée par les Monténégrins et la langue littéraire serbe provient notamment de l’alphabet, qui comprend deux lettres supplémentaires, mais surtout de l’accentuation. On n’y place pas les accents aux mêmes endroits. Il faut toutefois noter que cette variante monténégrine est au cœur d’une polémique politique. Les souverainistes ont obtenu que la langue officielle du pays soit baptisée le « monténégrin » alors que jusqu’à présent il était admis que les Monténégrins parlaient la même langue que les Serbes.

Toutefois, selon le recensement de 2011, 43 % de la population déclarent comme langue maternelle le serbe contre 37 % comme langue monténégrine. La langue parlée par les Monténégrins et les Serbes a pour proches parents le macédonien et le croate avec lequel, avant que la politique ne s’en mêle, constituait une seule et unique langue : le serbo-croate.

En réalité, que l’on parle le serbe, le serbo-croate, le bosniaque ou le monténégrin, il s’agit bel et bien de la même langue. Les variantes, les formes et l’histoire sont identiques. Autrement dit : tous parlent la même langue dans la région des Balkans et ça arrange tout le monde économiquement ! Cette langue commune est bien une des dernières choses qui les liera pour longtemps.

Deux alphabets pour un pays

Les Monténégrins utilisent les alphabets cyrillique et latin avec la même facilité. Dans la nouvelle Constitution de 2007, les deux alphabets sont d’ailleurs considérés comme égaux. Créé au IXe siècle par des disciples du frère Cyrille, un moine originaire de Thessalonique, le cyrillique est un alphabet inspiré de l’alphabet grec. Outre le serbe, il sert à transcrire le russe, le bulgare, l’ukrainien et un certain nombre de langues non slaves de l’ex-URSS. L’une de ses particularités est de comporter trente-trois lettres. Aujourd’hui, les milieux économiques et les médias utilisent plus largement les caractères latins. De même, la plupart des panneaux routiers et des plaques indiquant le nom des rues sont désormais en lettres latines. Ce qui facilite bien évidemment la vie des touristes, le cyrillique étant difficile à s’approprier en quelques jours seulement.