Découvrez le Monténégro : A l'écran (Cinéma / TV)

Les meilleurs moments du cinéma national, comme pour la plupart des pays ex-yougoslaves, datent de l’époque de la grande fédération. Dès les années 1940, cependant, le septième art se développe : le maréchal Tito lance la fondation de l’Association cinématographique afin de lutter pour la libération nationale. À l’instar de l’URSS, le cinéma est vu comme un moyen d’instruire la société. Les premiers films de propagande racontent la tragédie de la guerre qui vient de se finir, ainsi que les efforts de reconstruction du pays et sont diffusés avant les longs-métrages en salles. Dans les années 1960, grâce à sa grande originalité formelle, le cinéma yougoslave atteint une renommée internationale : la Vague noire, équivalent de la Nouvelle Vague, renouvelle les points de vue portés sur le régime et la société, critiquant volontiers le socialisme. Après 1992, émergent des cinémas nationaux : bosniaque, croate, kosovar, monténégrin, serbe, slovène…

1970-1990 : le cinéma et la vie rurale au Monténégro ex-yougoslave

Les deux grands noms du cinéma monténégrin des années 1970 à 1990 sont Živko Nikolić et Vlatko Gilić. Tous deux nés au Monténégro, ils vivent ensuite à Belgrade. Leurs films ont en commun le thème de la vie rurale, entre tradition et conditions de vie rudes, ainsi qu’un traitement cinématographique fait de peu de mots. La comédie de Nikolić Čudo neviđeno (Unseen Wonder, 1984) raconte l’histoire d’un homme qui se donne pour mission de redynamiser son petit village de pêcheur en le connectant par un tunnel à la mer. En 1987, son excellent film La Beauté du péché montre un Monténégro reculé et archaïque, où une femme infidèle peut encore être tuée par son mari. On y découvre les plages naturistes de l’île d’Ada Bojana.

Quant au film Jours de rêves de Vlatko Gilić, il a été sélectionné à Cannes en 1980 dans la catégorie « Un certain regard ». Il raconte l’été de la bergère Jelena, jouée par l’actrice serbe Vladislava Milosavljević qui rencontre un pilote d’avion et entame avec lui un jeu de séduction.

Films étrangers sur les côtes monténégrines

Le pays, dont l’atout principal est la nature sauvage d’une beauté exceptionnelle, a su plaire aux cinéastes du monde entier. On compte Les Drakkars (titre original : The Long Ships) réalisé par Jack Cardiff en 1964, filmé à Budva, Petrovac et Ulcinj, et L’ouragan vient de Navarone (1978), film de guerre britannique de Guy Hamilton, avec Harrison Ford. Plus récemment, L’homme qui voulait vivre sa vie d’Éric Lartigau avec Romain Duris qui, suite à un meurtre imprévu, part sur la côte adriatique, dans les bouches de Kotor.

À noter : c’est un réalisateur monténégrin, Božidar Bota Nikolić, qui a découvert Brad Pitt pour son film The Dark Side of the Sun en 1988. Ses honoraires à l’époque était de seulement 1 000 dollars par semaine ! Le tournage ayant été interrompu par la guerre, le film n’est sorti qu’en 1997.

Dans la série des James Bond, il y a une séquence de Casino Royale (2006) au Monténégro et même si elle n’a pas été tournée là-bas, il va sans dire que ce film a largement contribué au développement du tourisme dans le pays.

Années 2000, changements sociétaux et séquelles de la guerre

Au début du XXIe siècle, c’est le renouveau du cinéma monténégrin, au sein d’une société dont les traditions évoluent, tout en constatant les conséquences de la guerre et du démantèlement de l’ex-Yougoslavie. Dragan Marinković réalise le premier film LGBT local, le drame serbo-monténégrin Respire en 2004. Il suit le trio amoureux interdit de Sasa, Stefan et Lana, sa sœur. En 2013, As Pik (Ace of Spades: Bad Destiny) de Draško Đurović a été le premier film monténégrin candidat à l’oscar du meilleur film étranger. L’intrigue se déroule dans les années 1990, à la suite de la guerre, et suit le parcours d’un ancien soldat qui revient dans sa ville natale au Monténégro après un long séjour en prison. En 2018, You Have the Night d’Ivan Salatić est tourné autour du chantier naval de Bijela, au bord de la mer Méditerranée. Il réunit plusieurs générations qui ont vécu le démantèlement de l’ex-Yougoslavie. Marija Perović a réalisé Grudi (Breasts) en 2019. Ce film raconte l’histoire croisée de trois amies dans leur quarantaine qui se retrouvent à Nikšić, leur ville d’enfance. Tandis que l’une est revenue y habiter, les deux autres sont établies en Serbie et en Croatie. Alors qu’elle le cache à ses amies, le cancer d’Ana les rapproche.

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