- 700 av. J.-C à 395 ap. J.-C
L'èpoque gréco-romaine
Comme partout dans les Balkans et en Méditerranée, les Grecs s'installent au Monténégro à partir du VIIIe siècle av. J.-C. Les Romains prennent le contrôle de ces terres en 229 av. J.-C. pour lutter contre les actes de piraterie menés par les Illyriens. En 168, l'Illyrie devient une province romaine. Au début de notre ère, le territoire actuel du Monténégro correspond à la province romaine de la Dalmatie, faisant partie de l'Illyricum qui couvre l'ensemble des Balkans. En 285, l'empereur romain Dioclétien dont le palais est à Split en Croatie, d'origine dalmate, instaure le système de la tétrarchie pour tenter de contrôler ce vaste empire.
Du V° au VIIIe siècle
Invasions barbares et époque byzantine
En 395, la « ligne Théodose », qui partage l'Empire romain en deux, coupe la côte monténégrine à la verticale : le futur centre historique du Monténégro se trouve dès lors dans l'Empire d'Orient. Aux Ve et VIe siècles, le Monténégro est ravagé par les invasions barbares, avars et goths.
Pour la région du Monténégro, la principale invasion barbare est orchestrée par les Goths. Parmi eux les Ostrogoths et leur chef Théodoric (474-526) créent le royaume des Ostrogoths (couvrant l'Italie, la Sicile et la Dalmatie), au détriment de Rome et, semble-t-il, avec la bénédiction de l'Empire Byzantin.
En 626, les Avars sont repoussés en Illyrie orientale par l'empereur byzantin Héraclius. Byzance favorise l'installation de populations slaves voisines (Croates et Serbes) pour supplanter les Avars. Finalement, la province de Dioclée est retirée de la tutelle de l'évêque de Rome et placée sous l'autorité du patriarche de Constantinople en l'an 732. Couvrant le lac de Skadar, les bouches de Kotor et une partie de la rivière Zeta, cette région correspond assez bien au territoire du Monténégro actuel.
IXe au XIIe siècles
La Dioclée, une principauté slave
Les populations slaves continuent de s'installer dans la Dioclée. Originaires de Pologne et d'Ukraine, elles sont constituées de deux grands courants dans les Balkans, les Croates et les Serbes. Les premiers s'installent au nord du pays et les seconds à l'est et au sud.
Du XIe au XIVe siècle
Zeta, cœur de la Dioclée
Au début du XIe siècle, la Dioclée n'est plus qu'une partie de la Serbie (circonscription administrative et militaire au sein de l'Empire byzantin). Le roi Stefan Vojislav s'efforce cependant de se libérer des tutelles serbe et byzantine et d'établir sa propre dynastie. Son descendant, Mihailo, étend le royaume vers le nord-ouest. Il sera appelé roi de Dioclée et de Dalmatie. Son fils Constantin Bodin, roi de Dioclée de 1081 à 1101, a été de façon éphémère tsar de Bulgarie en 1072. L'expansion maximale de la Dioclée englobe alors une partie de la Bosnie et de la Rascie (Serbie orientale).
L'appellation Crna Gora (montagne noire ou Monténégro) apparaît dans le courant du XIIIe siècle. En 1166, Étienne Nemanja, nommé par Constantinople pour gérer la Rascie, s'émancipe de cette tutelle. En 1189, il annexe la Zeta, qui restera sous domination serbe jusqu'en 1355. Son fils sera couronné par le pape. La dynastie des Nemanja atteindra son apogée avec Étienne Douchan (1331-1355). Après avoir conquis la Macédoine, il se fait nommer empereur des Serbes et des Grecs. Son empire, « la Grande Serbie », couvre également l'Albanie et l'Épire. À sa mort, l'empire se morcelle et commence à être convoité par les Turcs.
XIVe et XVe siècles
Le Monténégro sous le joug ottoman
La poussée ottomane se fait sentir dans les Balkans à partir de 1354. Alors que la Serbie devient vassale des Turcs en 1389 après la bataille du champ des Merles (Kosovo), la Zeta réussira pendant près d'un siècle à se maintenir à l'écart des Turcs sous la dynastie des Balsić, des Branković et des Crnojević (1360 à 1496). Ces trois familles réussiront en tissant des liens avec Venise à se protéger de la poussée turque, d'où le nom du Monténégro comme la « Sparte serbe ».
Après la prise de Shkodra par les Turcs en 1479, la Zeta disparaît et la dynastie des Crnojević se réfugie à Cetinje, qui devient ainsi la capitale du Monténégro. La région devient vassale des Turcs, mais réussit à sauvegarder une relative autonomie, avec une assemblée de représentants. En 1496, le Monténégro est placé sous la suzeraineté théorique du sultan ottoman.
Du XVe au XVIIIe siècle
Les princes-évêques du Monténégro
Au XVe siècle, les Turcs ne parviennent pas réellement à exercer leur autorité sur les tribus et clans des montagnes. Le pouvoir se transmet dès lors pendant près de trois siècles d'un évêque à l'autre.
Jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale, le système des princes-évêques place le Monténégro dans le monde orthodoxe. La grande divergence des histoires serbe et monténégrine se situe à ce moment charnière où la Serbie est occupée par les Ottomans et où le Monténégro réussit à mettre en place le système pérenne des princes-évêques.
1696
Danilo Petrović Njegoš, prince-évêque du Monténégro
Danilo Petrović Njegoš devient prince-évêque du Monténégro. Il réussit à asseoir véritablement son pouvoir en fédérant les tribus monténégrines et en luttant contre les villages les plus réfractaires, comme les Turcs ou Albanais des montagnes orientales du pays. En 1711, il noue des relations avec la Russie orthodoxe de Pierre le Grand, ce qui lui apportera pendant trois siècles une protection stratégique. Danilo Ier est considéré comme le père de la nation monténégrine. Peu avant sa mort en 1735, il réussit à faire accepter la règle d'une transmission du pouvoir à son neveu et à fédérer les principales tribus monténégrines, ce qui amènera la stabilité de la dynastie des Petrović, qui régneront jusqu'à 1914 sur le Monténégro.
XIX° siècle
Une indépendance progressive
En 1841, le prince-évêque Pierre II fixe les frontières du Monténégro avec l’Autriche sans en référer à l’Empire ottoman. Puis son successeur Danilo II réussit, contre l’avis des Turcs, à laïciser la charge de prince. Il repousse les tentatives d’invasions turques de 1852 et 1853. Le traité de Paris clôture en 1852 la guerre de Crimée et la Russie renonce à s’agrandir aux dépens de la Turquie. Napoléon III s’oppose à ce que la Turquie fasse valoir ses droits sur le Monténégro en envoyant une flotte dissuasive au large de celui-ci. Une dernière tentative d’invasion turque est arrêtée à Grahovo six ans plus tard. Les frontières du Monténégro sont enfin délimitées par une commission internationale en 1859 et au traité de San Stefano (1878), le Monténégro obtient un accès à la mer.
1914-1918
Le Monténégro dans la Première Guerre mondiale
Le 28 juin 1914, l’attentat contre le prince héritier d’Autriche-Hongrie François-Ferdinand est perpétré par Gavrilo Princip, étudiant serbe de Bosnie, au nom de l’unité de tous les Serbes. Cela amène le Monténégro à déclarer, par solidarité avec la Serbie, la guerre à l’Autriche-Hongrie le 8 août 1914.
Les 40 000 soldats-paysans monténégrins, aguerris par les guerres balkaniques, vont être incorporés à l’armée serbe et participeront notamment à la bataille de Belgrade. Mais en janvier 1916, face à la poussée austro-hongroise, l’armée monténégrine sera dissoute et le roi part en exil en Italie.
La lutte des Blancs et des Verts : fédéralistes contre indépendantistes
Le peuple turbulent du Monténégro est traditionnellement divisé entre verts indépendantistes et blancs favorables à l'union avec la Serbie. Le 30 novembre 1918, une grande Assemblée nationale formée à Podgorica autour du mouvement des blancs vote l'union avec la Serbie au sein de la nouvelle Yougoslavie, ainsi que la destitution de la dynastie des Njegoš. Le roi du Monténégro, Nikola Ier, abdique en faveur de son gendre, Alexandre Karađorđević, devenu roi de Yougoslavie. Les partisans d'une indépendance du Monténégro, réunis autour du mouvement des verts, organisent la riposte. La première révolte monténégrine dirigée contre la domination étatique serbe a lieu à Noël 1918, sous l'impulsion de l'ancien ministre de l'Intérieur, Jovan Plamenac. Ce dernier mène une insurrection de milices vertes contre la ville de Cetinje, laquelle est rapidement réprimée par l'armée serbe et les milices monténégrines blanches. Fin 1918, l'Assemblée monténégrine issue des élections de novembre décide la déchéance de la dynastie des Njegoš et le rattachement du Monténégro à la Serbie. Le Monténégro devient partie intégrante du royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes de Pierre Ier, roi de Serbie. Un climat de guérilla opposant des Monténégrins aux Serbes règne jusqu'à 1924, malgré la reconnaissance internationale du royaume au congrès de Versailles. La mort du roi Nikola Ier en France, le 1er mars 1921, prive le gouvernement en exil de son chef, et l'opposition à la domination serbe se cristallise en un mouvement politique, le Parti fédéraliste monténégrin, qui remporte 23 % des voix aux élections législatives de mars 1923. Ce parti sera à l'origine du développement du Parti communiste au Monténégro.
Octobre 1929
Adoption de l’appellation de royaume de Yougoslavie.
1941- 1945
Le Monténégro dans la Seconde Guerre mondiale
L'invasion de la Yougoslavie par les forces de l'Axe, pendant la "Guerre d'avril" en avril 1941, est suivie par une guerre de libération qui dura jusqu'en 1945 et s'acheva par la victoire du Conseil antifasciste de libération de la Yougoslavie (AVNOJ), les résistants communistes dirigés par Tito. Entre-temps, en 1943, les autorités allemandes décident de rattacher les Bouches de Kotor au Monténégro.
1945
La République fédérative populaire de Yougoslavie
La République socialiste du Monténégro est proclamée au sein de la République fédérative populaire de Yougoslavie (communiste). Un régime totalitaire subordonné à Staline qui dirige alors l'URSS est mis en place par Tito, les opposants sont réprimés tout comme les confessions religieuses (orthodoxes, catholiques et musulmanes), et le régime communiste est mis en place avec l'établissement des kolkhozes dans les campagnes. L'industrie est nationalisée, de même que les propriétés agricoles excédant 45 hectares.
1948
Tito rompt avec l'URSS de Staline
À la fin des années 1940, un conflit éclate entre Tito et Staline, car le Yougoslave résiste à la mainmise soviétique. En 1948, le Kominform émet une condamnation du Parti communiste de Yougoslavie, qui perd également son allié albanais, Enver Hoxha qui préfère s'aligner sur l'URSS.
1950-1980
Le socialisme de marché
Dès 1950, Tito met en place un concept d'autogestion et un "socialisme de marché", s'opposant à l'étatisation soviétique. Ainsi, les ouvriers sont responsables de la gestion des entreprises et non l'État fédéral yougoslave, qui ne possède aucune entreprise. Il augmente le pouvoir des banques et opte pour une mise en concurrence des entreprises sur le marché. Pendant 10 ans, le pays reçoit une aide financière de près de 2,5 milliards de dollars des États-Unis. L'économie yougoslave se porte bien, le pouvoir d'achat augmente. Entre 1952 et 1979, la croissance moyenne du PIB en Yougoslavie est de 6 %. En 1974, un amendement de la constitution est voté donnant à Tito le titre de Président à vie, renforçant son régime autoritaire. En 1979, le 2e choc pétrolier plonge la Yougoslavie dans une crise économique, le poids de la dette devient écrasant.
4 mai 1980
Mort de Tito.
À la mort de Tito, la Yougoslavie fédérale n'a plus d'homme fort à la tête du pays. Les tensions entre les différentes nations fédérales de la république provoquent un éclatement du pays.
1990 - 2003
Dislocation de la Yougoslavie et guerre civile
Après la chute de l'URSS, le pays devient en 1992 La République fédérale de Yougoslavie, abandonnant toute référence au socialisme. Pendant la guerre civile qui oppose les Serbes aux Bosniaques et aux Croates de 1992 à 2003, les Monténégrins combattent aux côtés des Serbes. Mais la république fédérale va prendre ses distances avec Slobodan Milošević, président de la Fédération dès 1997.
4 février 2003
Naissance de l’Union Serbie-et-Monténégro qui signifie la disparition définitive de la Yougoslavie.
21 mai 2006
Indépendance du Monténégro
Référendum sur l'indépendance : le taux de participation est de 85 % et 55,5 % des votes sont favorables à l'indépendance. Le choix de l'indépendance passe donc de justesse (il fallait plus de 55 % d'opinions favorables pour que l'indépendance soit entérinée). Le Parlement du Monténégro proclame l'indépendance le 3 juin 2006. Le 22 juin, il devient le 192e État membre de l'ONU.
Décembre 2017
Le Monténégro rentre après plusieurs années de négociation dans l'OTAN. Le pays est, en revanche, encore aujourd'hui, en cours de négociation pour intégrer l'Union européenne.
2018-2023
Milo Đukanović, président du Monténégro
Milo Đukanović, chef du Parti démocratique des socialistes (DPS) remporte l'élection présidentielle. Leader de la fédération monténégrine depuis 1991 et proche du Serbe Slobodan Milošević lors de la révolution anti-bureaucratique (1988-1989) et de la dislocation de la Yougoslavie (1991-1992), il a déjà été six fois Premier Ministre et président de la Fédération Yougoslave, c'est l'homme fort du Monténégro. Pourtant, il est par la suite accusé d'entretenir des liens étroits avec la mafia italienne, en particulier dans le trafic illicite de tabac depuis 2003 par un procureur de Naples.
Mai 2023
Jakov Milatović, pro-européen est élu président
Jakov Milatović, leader du parti Europe Now, gagne les élections présidentielles malgré la victoire aux législatives en 2020 du parti nationaliste pro-serbe For the Future of Montenegro (ZBCG). En octobre 2023, Milojko Spajić, également du parti Europe Now, devient Premier Ministre à la tête d'une coalition avec les pro-Serbes de ZBCG.