Découvrez la Nouvelle-Zélande : Société (vie sociale)

Le mode de vie néo-zélandais est très relax et il est deux adages locaux qui l'illustrent très bien : « Go with the flow » et « She'll be alright ! ».
« Go with the flow » signifie simplement « suis le courant » et engage à ne pas trop se « prendre la tête » et à simplement se laisser porter par les événements. « She'll be alright » pourrait se traduire par « Elle ira bien », « Elle s'en sortira ». Cependant le « elle » est mystérieusement non relié à qui que ce soit et l'expression est utilisée de la même manière qu'on utiliserait « Ça va l'faire ! » : pour s'encourager ou se dire que ça va aller dans un élan d'optimisme inébranlable. « No worries » est une autre locution incontournable – « Pas d'souci ». Le vrai pays du Hakuna Matata en quelque sorte.
Ici on se lève tôt, on finit le travail tôt, on se couche tôt, et on est dehors – dans l'eau ou sur les sentiers – dès que le temps le permet.

Mode de vie

Les Néo-Zélandais sont réputés pour avoir un excellent équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Ici la semaine classique va du lundi au vendredi, et on travaille de 9h à 17h. Avant le travail on va souvent à la salle de gym, et on vaque à des occupations plus « chill » après sa journée.

On s’invite peu les uns chez les autres (l’apéro est vraiment un concept très français), mais on se retrouve beaucoup dans les bars, cafés et « eateries » (« endroits où manger », mot plus relax que « restaurant », désignant un établissement plus formel). On mange tôt, d’ailleurs. Entre 17 et 19h en général. Témoins de ce décalage, le journal télévisé, équivalent de notre « 20h » est ici à 18h ! Cela signifie que tout ferme assez tôt également, et les Européens en voyage sont souvent déroutés par les centres-villes qui s’endorment de très bonne heure.

Un peu contradictoire cependant : les grands supermarchés (New World et Countdown) sont ouverts jusque très tard (22 ou 23h souvent), et de nombreuses échoppes ou enseignes sont ouvertes 7 jours sur 7. Les employés doivent alors s’organiser avec des systèmes de « roster » (tableaux de service) qui ne collent pas vraiment avec le « Monday-Friday 9 to 5 » des professions plus classiques. Mais en Nouvelle-Zélande, la souplesse est clé, et la société s’organise pour que chacun puisse avoir le luxe de suivre le « flow » de sa journée sans contraintes horaires trop marquées. On peut ainsi aller faire ses courses en sortant du « gym » tôt le matin ou après son cours de danse ou sa séance de cinéma du soir, ou aller faire des emplettes ou gérer ses affaires n’importe quel jour de la semaine. Pratique, il faut bien l’avouer.

Le système dans son ensemble est plus souple que notre système français, ce qui implique certes moins de protection, mais donne plus de libertés pour s’organiser comme on veut, même quand on a des horaires de travail un peu décalés. N’oubliez pas : « She’ll be alright! ».

Côté loisirs, la culture de « l’outdoor » (« l’extérieur ») a une place énorme ; en Nouvelle-Zélande on est dehors dès que le temps le permet ! Sur ou dans l’eau pour plonger, surfer, faire de la voile, du canoë, du paddle ou du bateau, ou sur les sentiers, armés de bâtons de randonnée (ou de ski) ou sur un « mountain bike » (VTT). La Nature a une place centrale dans le cœur des kiwis et on en profite dès qu’on peut. Chose facilitée par les nombreux longs week-ends dont dispose le pays, les jours fériés étant souvent arrangés pour tomber un lundi ou un vendredi. Seuls les fêtes de fin d’année (1er et 2 janvier, 25 et 26 décembre), le Waitangi Day (célébrant la signature du traité éponyme) et l’ANZAC day (commémoration des soldats ANZAC – Ausralia and New Zealand Army Corps – morts au front lors des 1re et 2de guerres mondiales) sont à dates fixes, et sont reportés au lundi si elles tombent sur un jour non travaillé.

Calendrier

Décalage des saisons oblige (hémisphère Sud), l’année scolaire s’étale sur l’année civile. Elle démarre en février et se termine en décembre. L’année est divisée en 4 « terms », séparés par 2 semaines de vacances scolaires ; 2 semaines de vacances en avril (automne), 2 semaines en juillet (hiver), 2 en septembre (printemps) puis 5 à 6 en décembre-janvier pour la grande pause estivale.

En plus de ces périodes de vacances, de nombreux jours fériés viennent ponctuer le calendrier. 11 jours fériés nationaux, et un jour férié « anniversaire » par région. Curiosité néo-zélandaise, et témoins d’une époque où chaque province disposait de son propre gouvernement – le manque de voies de communication et de transport entre les villes rendant difficile (voire impossible) la mise en place d’un gouvernement central –, ces derniers commémorent un événement lié à la fondation de la région. Par exemple, le Malborough Anniversary Day commémore la fondation de la province de Malborough, après sa séparation de la province de Nelson en 1859. Wellington Anniversary Day commémore l’arrivée des premiers colons amenés par la New Zealand Company à bord du Aurora le 22 janvier 1840.

Les « anniversary days » sont généralement observés le lundi ou vendredi le plus proche de la date anniversaire afin d’avoir un long week-end pendant lequel des événements festifs (foire, concerts, marchés…) sont souvent organisés dans différentes villes de la région.

Il est rare de trouver des Néo-Zélandais qui savent exactement à quoi correspondent les « anniversary days », mais il est bon de se renseigner sur leurs dates, car les locaux profitent très largement de ces longs week-ends pour prévoir de petites escapades ci et là ; il faut donc anticiper et bien réserver son hébergement ou ses activités à l’avance sur ces dates !

Education

Ici l’école est obligatoire de 6 à 16 ans. Comme en Angleterre et en Australie, les petits Néo-Zélandais portent l’uniforme, de l’école primaire jusqu’à la fin du lycée. Avant 6 ans, ils sont généralement inscrits dans un « ECE », « Early Childhood Center », des institutions crèche-école maternelle, accueillant des enfants de 6 mois à 5 ans où plusieurs professeurs mettent à disposition des activités pour les enfants, ceux-là étant ensuite libres de participer à ce qui leur plaît.

Après le lycée, la plupart des élèves poursuivent en études supérieures, sans que cela n’ait systématiquement pour but de les orienter vers un métier spécifique. Pas de sacralisation des études ici : on fait des études par intérêt ou curiosité, non pour le prestige ; le milieu du travail étant beaucoup plus ouvert qu’en France, il n’est pas rare de voir ensuite des étudiants se diriger vers des métiers qui n’ont aucun rapport avec les études poursuivies !

Santé

Côté santé, on a un système qui s’approche du système britannique, mélangeant public et privé. Le système public assure la prise en charge de tous les soins liés à un accident via ce que les locaux appellent l’ACC (Accident Compensation Corporation), et ce quel qu’il soit. Accident de voiture ? Soins pris en charge. Entorse en randonnée et besoin d’un kiné ? Soins pris en charge. La planche de surf vous atterrit sur la tête après une mauvaise chute dans l’eau et il vous faut un osthéo pour débloquer le cou ? Pris en charge aussi. La prise en charge n’est pas toujours intégrale, mais c’est quand même un sacré coup de pouce au portefeuille.

Si l’on veut une couverture plus exhaustive, ou une prise en charge plus rapide, il faudra souscrire à une assurance privée, ce qui s’apparente à notre système de mutuelle.

En revanche, tout ce qui est maladie ou douleurs chroniques ne sera pris en charge ni par l’ACC, ni même par l’assurance si c’est un mal dont vous aviez déjà connaissance au moment de souscrire. Mieux vaut donc ne pas attendre d’avoir des problèmes pour s’offrir une couverture santé.

Mœurs et faits de société

Aotearoa est, dans l’ensemble, un pays où les gens font preuve d’une extrême gentillesse et d’une grande tolérance. Ici, le respect et l’entraide sont des règles de vie.

Vous vous apercevez arrivé à la caisse du supermarché que vous avez oublié votre portefeuille, ou que votre carte ne passe pas ? S’il n’y a que deux/trois bricoles sur le tapis, il peut arriver qu’une des personnes derrière vous propose de régler pour vous, en vous préconisant simplement de rendre la pareille à une autre personne dans le besoin quand vous le pourrez. Vous marchez au bord d’une route de campagne pour rejoindre la ville voisine ? Il y a fort à parier qu’un automobiliste s’arrête pour proposer de vous déposer. Vous avez l’air perdu, nez dans la carte et sourcils froncés ? Quelqu’un s’arrêtera pour vous aider à vous repérer. Vous avez perdu votre passeport ou votre portefeuille ? Quelqu’un l’a sans doute rapporté à la station de police la plus proche, voire aura tenté de vous contacter sur les réseaux sociaux pour vous informer de sa trouvaille et s’entendre avec vous sur comment vous le retourner.

Avec tant de bienveillance ambiante, on a dû mal à imaginer que le pays puisse souffrir un quelconque problème d’intolérance. Et de fait, le racisme, l’islamophobie, l’antisémitisme, l’homophobie ou encore la transphobie sont bien moindres en comparaison à ce qui peut se voir en Australie, aux Etats-Unis ou même en Europe. Moindres, mais pas inexistants ; les populations māori et pasifika notamment souffrent beaucoup de racisme ordinaire, problème régulièrement soulevé par les médias et dont le pays a du mal à se défaire ; et, en 2019, le pays a subi son premier attentat terroriste depuis l’affaire du Rainbow Warrior (bateau de Greenpeace coulé par les services secrets français en 1985), avec l’attaque de la mosquée de Christchurch par un suprémaciste blanc qui a ouvert le feu sur la foule et tué 51 personnes. Cet épisode a profondément marqué les esprits et traumatisé les Néo-Zélandais qui se pensent comme une nation tolérante, et il fut suivi de grandes vagues de solidarité envers les populations musulmanes.

Côté LGBTQ+ le pays est très tolérant et se veut inclusif. Le mariage de personnes de même sexe est entré dans la loi en 2013, et les questions liées à la sexualité ou au genre sont beaucoup moins sujettes à débat qu’en Europe. Wellington est notamment une ville où être queer n’est en fait pas vraiment un sujet ; les gens sont comme ils sont, et on ne se pose pas de question.

Témoin de cette mentalité progressiste : le pronom neutre (« they » au lieu de « he » ou « she ») est utilisé de plus en plus fréquemment, et les formulaires administratifs, d’inscription ou de collecte de données sont systématiquement inclusifs.

Autre témoin révélateur du caractère progressiste d’Aotearoa : elle fut le premier pays à accorder le droit de vote aux femmes, grâce aux efforts de Kate Sheppard, une suffragette qui parcourut l’ensemble du pays en 1893 et récolta plus de 30 000 signatures de femmes qu’elle présenta ensuite au Parlement pour appuyer son propos. La pétition, longue de 270 m, finit de convaincre les députés, et le suffrage féminin fut entériné la même année, soit 51 ans avant la France !

Vie et organisation sociale māori

La culture māori, sur certains aspects, se vit en parallèle de la culture européenne, à travers des notions et structures qui lui sont bien spécifiques. En voici quelques exemples.

Marae. Le marae (prononcé « maraille ») est le lieu central de la vie sociale māori. Dans la culture māori le mot désigne un ensemble de bâtiments incluant un wharenui, de« whare », bâtiment, et « nui » grand - désigne un hall de rencontres sociales, spirituelles et politiques ; un marae ātea, l'espace extérieur directement en face du wharenui, un wharekai. De « whare », bâtiment, et « kai », nourriture, désigne le lieu où l'on fait à manger et où on se restaure ; et un bloc de sanitaires.

Chaque iwi, voire chaque hapu a son propre marae et il est d'une importance culturelle primordiale. Les Māori voient leur marae comme leur « tūrangawaewae », qui se traduit en anglais par « place to stand and belong ». Difficile d'en faire une traduction en français car nous n'avons pas d'équivalents exacts de ces deux mots. « Stand » signifie se tenir debout, et est souvent employé avec un sens de fierté. Nous utiliserions sans doute deux mots pour cela : « se tenir debout et droit ». Quant à « belong », il fait référence au sentiment d'appartenance à un endroit, une communauté. Quand on « belong » quelque part, on fait partie du tout.

Les marae sont utilisés pour des hui (rencontres, rassemblements ou rendez-vous officiels), āhuareka (célébrations), tangi (funérailles), et pour des ateliers d'éducation ou autres événements importants.

Le bâtiment le plus important du marae est le wharenui, dont l'architecture est pensée pour représenter le corps humain : le tekoteko (figure gravée) sur le faîte du toit représente la tête, les maihi (les pignons du toit) représentent les bras, ouverts pour accueillir les visiteurs. Le tahuhu (panne faîtière) représente la colonne vertébrale et les heke, poutres descendant vers les murs sculptés, représentent les côtes de la cage thoracique.
Les jambes se situent à l'extérieur et sont représentées par les deux piliers qui encadrent l'entrée.

Le wharenui représente souvent un ancêtre particulier, et ses piliers et panneaux gravés racontent le whakapapa de la tribu. Quand on entre dans un wharenui, il faut enlever ses chaussures. On n'y consomme ni boisson ni nourriture, et il faut toujours s'assurer d'avoir la permission d'un responsable du lieu avant de prendre des photos.

Whanāu. Notion centrale dans l’organisation des sociétés māori, la whanāu désigne la famille étendue. Elle englobe 3-4 générations ainsi que les oncles, tantes, cousins et cousines, parfois des amis très proches. Le terme est aujourd’hui entré dans le langage courant néo-zélandais et se traduirait dans ce contexte plutôt par « communauté ».

Whakapapa et Pepeha. Une coutume importante dans la culture māori est de réciter son whakapapa (généalogie) quand on se présente à quelqu'un de manière formelle. Cette récitation permet de dire d'où l'on vient de manière très précise. On inclut ainsi non seulement ses ancêtres et sa tribu, mais aussi la zone géographique d'où l'on vient en nommant sa rivière ou sa montagne la plus proche, on peut introduire des noms d'animaux ou de plantes qui poussent de la région dont on vient ; cela montre ainsi nos attaches au monde des hommes, et à Papatūānuku.

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