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Les musique et danse traditionnelles

La musique traditionnelle de Nouvelle-Zélande est indissociable de la musique Māori. Depuis l’ère précoloniale, les chansons (waiata) sont exécutées en solo ou en groupe à l'unisson et se basent sur des lignes mélodiques répétées. Une forme vocale courante est le karanga, un chant d’appel et de réponse prenant généralement place au début d’une cérémonie de bienvenue et presque exclusivement exécuté par des femmes, dans la langue Māori.

Une autre part très importante de la musique Māori est les performances sur l’ensemble d'instruments appelé taonga pūoro. Spécifique à la Nouvelle-Zélande, on trouve parmi cette collection d’objets musicaux le koauau et le nguru, des flûtes taillées en bois ou en os, ou encore le pūtōrino, une autre flûte au son féminin et minéral.

Dès la moitié du XXe siècle, des chanteurs et compositeurs Māori comme Howard Morrison (1935-2009), Prince Tui Teka (1937-1985), Dalvanius Prime (1948-2002) et surtout Moana Maniapoto, dont l’œuvre a un important noyau traditionnel, ont développé dans leur musique un style singulier traversé par la culture Māori. Aussi, certains artistes modernes comme la très célèbre Hinewehi Mohi ou plus récemment Tiki Taane, Maisey Rika et Taisha Tari ont remis sur le devant de la scène l'utilisation d'instruments traditionnels. N’oublions surtout pas de mentionner ici Hirini Melbourne (1949-2003) qui demeure un des plus grands ambassadeurs de la musique Māori. Que ce soit dans son utilisation des instruments taonga pūoro ou dans ses waiata, l’artiste a préservé intactes les traditions nationales.

Dans les années 1980 et 1990, les musiques traditionnelles ont commencé à se marier régulièrement aux styles occidentaux et l’on a même vu apparaître des groupes comme Herbs, à l’origine d’un style Māori de reggae.

Dans le cadre d'une campagne visant à faire revivre la musique et la culture Māori au début du XXe siècle, Āpirana Ngata (historiquement l’une des plus importantes personnalités politiques du pays) a inventé la « chanson d’action » (waiata-a-ringa) dans laquelle des mouvements corporels stylisés, tous porteurs de significations se synchronisent avec le chant. Avant l'arrivée des colons, les paroles étaient traditionnellement scandées. Mais les Européens ont importé avec eux le « style chanté » de leur musique. Les Māori ont adopté cette façon de faire et c’est pourquoi certains waiata-a-ringa possèdent une mélodie distinctement européenne – tout en restant Māori par essence.

Hormis cette dernière, on trouve en Nouvelle-Zélande une large famille de danses Māori dont le monde entier connaît le nom : le haka. Si le terme haka, qui signifie « danse », a été popularisé par l’équipe de rugby nationale (les fameux All Blacks) qui l’effectue avant chaque match depuis 1905, il désigne en fait toute une variété de danses traditionnelles que les Māori pratiquent à l’occasion de cérémonies ou de fêtes. Tous exécutés collectivement, comprenant pour la plupart des mouvements vigoureux et des rythmiques criées, ces différents types de haka comprennent des danses guerrières comme le whakatū waewae et le tūtū ngārahu - le premier est sauté, pas l’autre – le ngeri, dont le but était de motiver un guerrier avant le combat ou encore les manawa wera haka, associés aux funérailles. À l’instar de celle que l’on peut voir avant un match de rugby, une performance de haka peut impliquer des contorsions faciales, de montrer le blanc des yeux ou de tirer la langue tout en réalisant des gestes très vigoureux comme se frapper les mains contre son corps et taper du pied. Tous les membres, la voix, les yeux, la langue s’associent pour exprimer le courage, la force ou la joie.

Le groupe de personnes exécutant un haka est appelé un kapa haka (kapa signifiant « groupe »). Le nom désigne par extension la représentation par ce groupe des chants et danses Māori, un moyen important pour ces derniers d'exprimer et de mettre en valeur leur patrimoine et leur identité culturelle. Tous les types de performances Māori ne sont pas utilisés par le kapa haka. Hormis le haka mentionné précédemment, le kapa haka peut réaliser le poi, une danse féminine accompagnée de chants et des mouvements rythmiques d’une balle rattachée aux poignets par une cordelette, le tītī tōrea, une danse tirant son nom des paires de bâtons fins sculptés à manipuler en synchronisation avec la musique, et des chants comme le waiata tira, pièces chorales d’échauffement utilisées comme présentation du groupe au public. On peut citer le waiata-ā-ringa mentionné précédemment et les waiata koroua, chants d’enseignement pour les nouvelles générations, ainsi que les mōteatea, des chants à l'unisson interprétés dans un style rappelant les pratiques Māori précoloniales.

Tous les deux ans, les interprètes de kapa haka de toute la Nouvelle-Zélande participent à Te Matatini, festival des arts et de la culture Māori avec concours de haka, fondé en 1964 dans le but d'encourager le développement des pratiques culturelles Māori.

La musique classique

Etant donné le jeune âge du pays, aucune tradition de musique classique – au sens occidental du terme – ne s’est vraiment développée ici. Cela dit, il y a quelques personnalités notables à mentionner. A commencer par Alfred Hill (1869-1960), compositeur qui a contribué à importer l’esthétique Romantique en Nouvelle-Zélande. Formé en Europe au Conservatoire de Leipzig, il a introduit des thèmes Māori dans la composition occidentale, devenant ainsi le premier à composer une musique porteuse de l’identité nationale. Auteur de plus de cinq cents compositions, dont treize symphonies, huit opéras, de nombreux concertos et deux cantates sur des sujets Māori, Alfred Hill fut longtemps boudé par le public avant de retrouver un regain d’intérêt au XXIe siècle.

Hormis Alfred Hill, on ne distingue pas réellement de style classique propre à la Nouvelle-Zélande avant les années 1960. Douglas Lilburn (1915-2001), formé au Royal College of Music de Londres et très influencé par Jean Sibelius, est souvent considéré comme une des premières voix véritablement néo-zélandaises à obtenir une reconnaissance internationale.

Influencé par le jazz – surtout le feeling d’improvisation – la répétition du minimalisme, et œuvrant essentiellement dans le domaine du classique contemporain, John Psathas est le compositeur néo-zélandais le plus joué à l’international. Moins connu mais tout aussi – si ce n’est plus – prolifique, Anthony Ritchie a composé plus de deux cents œuvres dont cinq symphonies, six opéras, douze concertos et des compositions pour instruments. Il a produit des œuvres pour l'Orchestre symphonique de Nouvelle-Zélande, pour l'Orchestre philharmonique d’Auckland ainsi que pour Michael Houstoun, le grand pianiste néo-zélandais reconnu internationalement, notamment pour son expertise dans les sonates de Beethoven.

Toujours côté interprètes, le pays a engendré quelques talents lyriques de choix dont Dame Kiri Te Kanawa, la cantatrice néo-zélandaise la plus illustre. Et même l’une des figures les plus connues du pays. D’origine Māori, Dame Kiri Te Kanawa voit sa carrière décoller à Covent Garden en 1971, dans le rôle de la Comtesse des Noces de Figaro de Mozart. Elle enchaîne très rapidement les scènes les plus prestigieuses du monde, dont le Metropolitan Opera de New York en 1974, dans le rôle de Desdémone de l’opéra Otello de Verdi.  Mais c’est en 1981 qu’elle sera couronnée d’une consécration mondiale lorsque 600 millions de téléspectateurs l’entendent chanter une ballade d’Haendel lors du mariage du Prince Charles et Lady Diana Spencer. Une grande dame du monde lyrique qui a annoncé en 2017 la fin définitive de sa carrière.

Moins connus, mais tout aussi talentueux, citons Sir Donald McIntyre, un baryton-basse qui a enchanté les scènes de Covent Garden, Bayreuth ou de La Scala ; le ténor Simon O’Neill qui a lui aussi travaillé avec les plus grands (Barenboim, Nagano, Levine, Muti, Petrenko…) sur les scènes les plus prestigieuses (le Met’ de New York, La Scala, le Staatsoper et le Deutsche Oper de Berlin, le Staatsoper de Vienne, le Bayerische Staatsoper de Munich, le Royal Opera House de Londres, le Bayreuth…) ainsi que, bien avant eux, Frances Alda, grande soprano des trois premières décennies du XXe siècle à la technique admirable et à la personnalité haute en couleur. On se souvient particulièrement d’elle pour ses collaborations fréquentes avec Enrico Caruso au Metropolitan Opera de New York.

Côté orchestre enfin, l’Orchestre symphonique de Nouvelle-Zélande (NZSO) est l'ensemble national du pays. Fondé en 1946 et basé à Wellington, il est une entité publique autonome mais dépendant du gouvernement. Le premier chef d'orchestre à porter le titre de « directeur musical » du NZSO fut James Judd entre 1999 et 2007 – il demeure aujourd'hui le directeur musical émérite de l’orchestre – mais l’ensemble est dirigé depuis 2022 par la cheffe d’orchestre Gemma New, nommée directrice artistique, la première femme à occuper ce poste ici. Bien que méconnu hors de ses frontières, le NZSO a réalisé quelques enregistrements très bien accueillis par la critique, notamment des œuvres de Sibelius sous le label Naxos Records.

La musique populaire

Comme mentionné précédemment, les compositeurs et chanteurs Māori sont devenus très prisés du public en développant un style particulier, marquant le renouveau du langage Māori par le biais de la chanson populaire, dont les figures de proue sont Howard Morrison, Prince Tui Teka, Dalvanius Prime, Moana Maniapoto et Hinewehi Mohi, entre autres.

Cela étant dit, la chanteuse populaire néo-zélandaise par excellence se nomme Bic Runga. Originaire de Christchurch, Briolette Kah Bic Runga est considérée aujourd’hui comme l’une des plus belles voix de son pays. Son premier album, Drive, sorti en 1998, rencontre immédiatement le succès en Nouvelle-Zélande avant de gagner l’ensemble du Commonwealth. Suivront de nombreux albums accompagnés, pour la plupart, d’un grand succès commercial. En janvier 2006, elle reçoit des mains de la reine la médaille de l’ordre national du mérite et se produit régulièrement dans le monde entier.

Mais bien entendu, la reine de la pop néo-zélandaise connue dans le monde entier de nos jours est Lorde. Née Ella Yelich-O'Connor en 1996 dans la banlieue d'Auckland en Nouvelle-Zélande, Lorde se passionne jeune pour la littérature et la musique. Elle développe naturellement un talent précoce et signe sur le label Universal à seulement 13 ans ! Très vite, Lorde explose les records avec son tube Royals et impose aux yeux du monde, le style pop inimitable qu’on lui connaît aujourd’hui.

Les musiques actuelles

L’importance et la valeur des productions locales sont officiellement reconnues et soutenues suite à la création en 2000 de l’organisme officiel New Zealand Music Industry Commission, agence financée par le gouvernement engagée dans le développement de l'activité musicale néo-zélandaise, tant au niveau national qu'international. Une réussite dont témoigne notamment l’évolution des radios nationales : tandis que dans les années 1990, seulement 2 % de la programmation des radios était néo-zélandaise, plus de 20 % de la musique diffusée sur les ondes aujourd’hui est locale. Et cette politique explique aussi pourquoi, malgré la grande popularité des succès étrangers, l’industrie du disque locale n’est pas en reste.

Cela étant dit, les gros succès locaux à export commencent plus tôt. Le rock & roll a fait son entrée au milieu des années 1950, notamment avec le succès du pionnier Johnny Tahu Cooper (1929-2014), connu sous le nom de The Māori Cowboy, et sa reprise de Rock Around the Clock de Bill Haley & His Comets. Son single de 1955 Pie Cart Rock 'n' Roll est la première chanson rock originale enregistrée en Nouvelle-Zélande. Mais il faut attendre les années 1980 pour que le rock néo-zélandais commence à avoir une influence sur les créations des rockeurs du monde entier, comme Sonic Youth ou Pavement. Avec ses guitares dissonantes, planantes, voire psychédéliques, et ses productions lo-fi très artisanales, la vague Dunedin Sound et son esthétique, cousine du punk-rock, va profondément marquer la création locale. Portée par des groupes originaires de Dunedin (d’où le nom), comme The Clean, Sneaky Feelings et The Chills, toute cette scène gravitait autour de Flying Nun Records, un label indépendant fondé en 1981 et devenu un emblème de la musique néo-zélandaise. L’héritage de ce mouvement et ce label sont d’ailleurs si lourds et imposants que beaucoup de rockeurs des dernières générations s’en écartent vigoureusement. Parmi eux, citons The Datsuns, mélange garage, punk et hard rock actif depuis 2000, le trio noise-rock sans guitare Wax Chattels, les punks sympas de Salad Boys ou le gros succès indie Gin Wigmore.

Hors du rock, la Nouvelle-Zélande possède une scène dynamique et hétérogène où se croisent des groupes phares comme Fat Freddy’s Drop et son grand fourre-tout de dub, reggae, soul, jazz, R&B ou électronique, Ladyhawke et son electrorock, souvent comparée à la chanteuse canadienne Peaches, The Naked and Famous, de l’indie pop très écoutée, ou encore Benee et Kimbra, deux valeurs sûres de la pop actuelle.

Deux des musiciens néo-zélandais les plus connus le sont… grâce à une série. Le duo Flight of the Conchords composé de Jemaine Clement et Bret Mackenzie connaît un succès international car ils ont créé une série éponyme produite par HBO racontant l’histoire – pas si fictionnelle – d’un duo de musiciens kiwis qui tentent leur chance à New York…. Une série qui vaut autant pour sa musique que pour son humour.

Le hip-hop est évidemment omniprésent en Nouvelle-Zélande. Le premier single sorti par un artiste local fut E Tu d'Upper Hutt Posse en 1988, morceau devenu légendaire relatant l'histoire du mouvement de résistance Māori. Après lui, de nombreux pionniers – parmi lesquels Savage, Scribe et Home Brew sont les plus connus – ont défini une identité propre au hip-hop néo-zélandais et ont attiré l'attention du monde entier.

Si aujourd’hui les rappeurs les plus influents – qui ont souvent connu une carrière internationale – sont Savage, King Kapisi ou Mazbou Q, toute une jeune garde est en train de changer la donne sur place. Par exemple, la rappeuse MEER d'Auckland, d'origine libanaise, irakienne et palestinienne (chose qui s’entend dans ses productions influencées par les sonorités du Moyen-Orient) milite pour plus d’inclusivité, notamment concernant la communauté LGBTQ. Raiza Biza, qui a vécu en République démocratique du Congo, en Zambie et en Afrique du Sud avant de s'installer en Nouvelle-Zélande, a acquis un statut de porte-parole pour la diaspora africaine locale. Le duo d'Auckland Church & AP propose quelque chose proche de Chance The Rapper. KVKA (prononcer « cou-ka ») se distingue par son style « agressif, passionné et honnête » selon ses dires, et ses performances lives ébouriffantes ; ou encore Avantdale Bowling Club, hip-hop libre, conscient et engagé, très expérimental et intéressant.

À noter qu’à l’instar de l’Australie, la Nouvelle-Zélande possède une scène country dite americana, fournie et d’excellente qualité. Proche de la folk et de la soul, elle est notamment représentée par Tami Neilson, désormais canadienne d'adoption et influencée par l'âge d'or des années 1950 et 1960 – Patsy Cline, Wanda Jackson, Etta James, etc. Autres représentants du genre : Kendall Elise, très folk, Jenny Mitchell, country pur jus, Adam Hattaway and The Haunters, plus soul, ou encore Erny Belle, qui offre une perspective Māori au genre.
Parmi les rendez-vous néo-zélandais proposant de belles affiches, citons le Gardens Magic Festival de Wellington qui, pendant une semaine fin janvier, associe de nombreux concerts et jeux de lumière, ou encore le Winter Festival de Queenstown qui propose une dizaine de jours de fêtes et de concerts. Indiquons aussi le festival The Others Way, gorgé de bonnes surprises et de découvertes du monde entier.