Un fort taux d’endémisme
En 2019, le ministère de l’Environnement a publié le rapport Environment Aotearoa dressant un état des lieux inquiétant de la biodiversité : 4 000 espèces seraient en danger d’extinction. Parmi les coupables, les espèces introduites causent des ravages. Les rats, les chats ou les opossums sont ainsi des prédateurs redoutables, pour une faune qui n’y a jamais été confrontée.
Le pays du Kiwi (lui aussi en voie d’extinction) prend toutefois les mesures nécessaires. Devant l’hécatombe, dès 1953, le Parlement signe le Wildlife Act, qui interdit, selon les cas, de tuer, chasser, manger ou posséder la majorité des vertébrés indigènes de l’île. Les espèces les plus vulnérables font aussi l’objet d’actions ciblées. A plus grande échelle, le programme Predator Free New Zealand 2050 prévoit de débarrasser l’île de tous ses prédateurs introduits d’ici 2050.
La forêt face aux bûcherons
Autrefois recouvert à 80 % de forêt, le territoire s’est peu à peu vu remplacer par des champs, si bien que les arbres couvrent aujourd’hui un peu moins d’un tiers du pays. On estime que 70 000 ha de terres ont été rasés pour être convertis en pâturage pour accueillir les 30 millions de moutons que compte aujourd’hui le pays !
Le pays est toutefois bien décidé à inverser la tendance. La politique des parcs nationaux, commencée dès 1887, participe largement à préserver le bush : nom local de la forêt native. En 1971, la déclaration de Maruia, une pétition recueillant 340 000 signatures pour appeler à la fin de l’abattage de la forêt primaire, aura vu la plupart de ses revendications satisfaites et aura permis de freiner le processus de déforestation.
Des ressources considérées comme des personnes
En 1975, le gouvernement crée le tribunal de Waitangi, avec pour but de dédommager les Maoris des terres qui leur ont été volées par les Européens. C’est ainsi qu’en 2014, une plainte d’une tribu maorie, les Tūhoe, a mené la forêt Te Urewera (un « parc national ») qu’ils considéraient comme sacrée, et qui leur avait été arrachée, à obtenir le statut de personne juridique : une première mondiale. Les intérêts de la forêt peuvent désormais être défendus devant un tribunal par deux représentants. Depuis, deux autres lieux ont obtenu le même statut : le fleuve Whanganui et le mont Taranaki.
L’eau : un autre paradoxe néo-zélandais
Avec 425 000 km de cours d’eau, 4 000 lacs et 200 poches souterraines, la Nouvelle-Zélande dispose d’importantes ressources en eau. Quel comble alors que ce secteur soit en pleine crise ! Car les engrais azotés, qui dopent la rentabilité agricole, finissent souvent leur course dans les cours d’eau. Ainsi, en 2017, sur 10 rivières contrôlées, 7 présentaient des taux tels qu’elles étaient impropres à la baignade.
A la pollution par l’industrie agricole, s’ajoute le vieillissement des infrastructures. Les cas de contamination du réseau d’eau potable, de ruptures de canalisation, de débordements et de fuites se multiplient. Depuis 2018, on ajoute même du chlorure dans les eaux de Christchurch pour éviter les intoxications, en attendant de moderniser les infrastructures.
En 2021, la Première ministre Jacinda Ardern a annoncé le Three Waters Reforms Program, visant à renouveler les infrastructures vieillissantes. Il prévoit, d’ici 2024, de faire passer la gestion des infrastructures des mains des 67 comtés, qui rencontrent des difficultés à les financer, à celles de quatre organisations publiques dédiées, et avec des fonds alloués.
La guerre au nucléaire
La Nouvelle-Zélande est une pionnière : c’est en effet le premier pays au monde à s’être légalement déclaré dénucléarisé, à travers l’importante loi New Zealand Nuclear Free Zone, Disarmament, and Arms Control Act 1987. La législation, importante au cœur des Kiwis, est d’ailleurs prise au pied de la lettre, puisque les cas de sous-marins nucléaires refusés dans les eaux néo-zélandaises sont courants. Si ce sont les essais nucléaires français dans le Pacifique, qui avaient poussé le Parlement à l’adopter, elle a aujourd’hui une visée écologique. Ainsi, la Nouvelle-Zélande s’enorgueillit de produire 80 % de son électricité à partir de ses riches ressources : les fleuves sont utilisés pour l’hydroélectricité, les volcans pour la géothermie, et le vent pour l’énergie éolienne. La Nouvelle-Zélande est ainsi parmi les pays de l’OCDE avec la plus grande proportion d’énergies renouvelables dans son mix énergétique.
Une biodiversité protégée
Le Tongariro National Park revêt autant une importance écologique, que spirituelle et historique. C’est en effet le premier parc national néo-zélandais, et parmi les premiers au monde. C’est en 1987 qu’un chef de tribu maori offre trois sommets volcaniques à la couronne britannique, à condition qu’ils soient protégés. C’est le seul moyen qu’il trouva pour éviter aux sommets, sacrés dans la spiritualité maorie, d’être exploités par les Européens. Aujourd’hui, même l’Unesco reconnaît leur importance en classant le parc au patrimoine mondial de l’humanité. Il faut dire qu’il abrite une biodiversité riche, et notamment 56 espèces rares d’oiseaux, telles que l’emblématique kiwi.
Mais c’est Fiordland National Park qui obtient la médaille du parc le plus grand, avec 12 500 km², soit presque autant que la superficie du Monténégro, et plus que le Qatar. Entre ses magnifiques fjords, il abrite notamment un excentrique : le kakapo (Strigops habroptila), seul perroquet incapable de voler ! C’est le plus sauvage mais aussi le plus grand, le plus mystérieux et le plus inaccessible des parcs de Nouvelle-Zélande (cinquième au monde). Le parc est d’autant plus essentiel que le volatile est classé en danger critique d’extinction, avec seulement 126 spécimens recensés en 2012. Il fait d’ailleurs l’objet d’un programme de conservation visant à éliminer les prédateurs introduits des frontières du parc : le chat, l’hermine et le rat.
En Nouvelle-Zélande, même les villes abritent une riche biodiversité. C’est le cas de la capitale Wellington, où une superficie de 225 ha (un peu moins que Central Park) est restaurée comme elle l’était avant l’homme. Zealandia récupère sa forêt primaire, se débarrasse de ses espèces introduites, et devient ainsi un projet unique au monde. Une barrière au maillage très fin empêche tout chat domestique de venir croquer un kiwi, « kākā » ou autre « tūī », trois oiseaux endémiques présents.