Vers 1250
Arrivée des premiers explorateurs polynésiens
La découverte d'Aotearoa est attribuée à Kupe, un explorateur légendaire qui quitta Hawaiki – terre légendaire ancestrale de tous les peuples polynésiens – pour chasser un octopode (pieuvre) géant qui perturbait la pêche autour de l'île. La chasse fut longue et ardue et le mena jusqu'aux îles de la Nouvelle-Zélande.
En approchant des terres, Kuramārōtini, la femme de Kupe, vit au loin une longue étendue blanche. « He ao ! He ao ! » – Un nuage, un nuage ! (un nuage indiquait la présence de terres proches) – « He ao tea ! » – Un nuage blanc ! – « He ao tea roa ! » – Un long nuage blanc !
Cette exclamation fut ce qui donna son nom à l'île alors découverte.
Il s'agit évidemment ici d'histoires et de légendes, et l'existence même de Kupe est difficile à vérifier. Nul doute cependant qu'elle indique une certaine réalité historique.
Plus qu'une pieuvre, c'est probablement les baleines et leurs mouvements de migration qui lancèrent les Polynésiens sur les eaux. Quant aux raisons qui les poussèrent à partir en quête de nouveaux territoires, l'histoire de l'octopode géant perturbant la pêche semble indiquer des problèmes d'approvisionnement ou de raréfaction des ressources.
1642
Premier contact avec les Européens
Le navigateur néerlandais Abel Tasman est envoyé par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales dans une mission d'exploration des mers du Sud, en quête d'un légendaire « continent austral ».
C'est au cours de ce voyage qu'il découvrira la Tasmanie, et en poursuivant vers l'est qu'il apercevra la Nouvelle-Zélande. Un premier contact conflictuel avec les Māoris le dissuada cependant de poser pied à terre. Une incompréhension mutuelle dans les rituels d'accueil amena à un affrontement en mer qui engagea Tasman à reprendre la route aussitôt. Il longea alors la côte ouest de l'île du Nord, en faisant une première ébauche de carte mais n'ayant aucune idée de s'il s'agissait d'une île ou d'un continent.
1769-1770
Voyages du capitaine Cook à bord du HMS Endeavour
Officiellement, James Cook est envoyé dans le Pacifique pour une mission scientifique : observer la trajectoire de Vénus afin d'essayer de déterminer la distance entre la Terre et le Soleil.
Officieusement, et secrètement, Cook est envoyé à la découverte du légendaire continent austral, tout comme Tasman au siècle précédent.
Les instructions reçues précisaient qu'il devait, « avec le consentement des natifs, prendre possession de points stratégiques dans le pays au nom du roi de Grande-Bretagne ; ou, si le pays est inhabité, en prendre possession pour sa Majesté ».
Cook voyage avec Tupaia, un chef tahitien qui parle anglais et māori et sera d'une grande aide pour établir des relations aussi amicales et pacifiques que possible avec les différents iwi (tribus) rencontrés.
A l'occasion de ces voyages, Cook introduira de nouvelles sources de nourriture, telles que le porc et la pomme de terre, mais aussi de nouvelles maladies comme la tuberculose, la syphilis et la gonorrhée.
1810-1820
Premiers peuplements européens et arrivée des mousquets
Un petit nombre d'Européens s'installe peu à peu à certains points clés des côtes d'Aotearoa. Baleiniers, chasseurs de phoques, pêcheurs, marchands, bagnards s'étant évadés d'Australie, mais aussi quelques missionnaires chrétiens.
Au début des années 1820 un nombre important de baleiniers s'installe à Kororāreka (près de l'actuelle Russell), dans la Bay of Islands, et la ville devient vite un port baleinier d'importance, le plus grand de l'hémisphère Sud pendant un temps.
Kororāreka fut un point de contact important entre Māori et Européens : certains Māori travaillaient à bord des navires, les hapu (clans) de la région vendaient porc et patates aux marins. Moins reluisant, Kororāreka était aussi connu pour son réseau de prostitution, les services sexuels étant un moyen comme un autre pour les Māori d'échanger des biens. Entre ça et le fort taux d'alcoolisme, Kororāreka hérita des surnoms de « scourge » (fléau) ou « Hellhole » (trou d'Enfer) du Pacifique.
Mais la ville reste un port marchand d'importance. Une ligne d'échange commerciale se met en place entre les hapu locaux et les colonies de Nouvelle Galle du Sud, en Australie. Les Māori envoient des cochons et des pommes de terre, et reçoivent en échange du tabac, de l'alcool, des outils en métal, des vêtements en coton, et... des mousquets.
La découverte et l'accès aux armes à feu pour les Māori sont le point de départ d'une série de guerres dévastatrices qui touchera l'ensemble d'Aotearoa.
1820-1840
Les guerres des mousquets, ou guerres des pommes de terre
La société māori est une société tribale, il n'y a jamais eu de gouvernement central mais une multitude d'iwi et hapu (tribu et sous-tribu) historiquement installées sur différentes zones du territoire. Les relations entre iwi et hapu n'étaient pas toujours pacifiques et, en 1818, le chef Hongi Hika de l'iwi Ngāpuhi (dans le Northland), nouvellement armé de mousquets, lança des raids contre les tribus voisines, seulement équipées d'armes traditionnelles. Le succès de Hongi Hika incita d'autres iwi à s'équiper de mousquets et les conflits se poursuivirent jusqu'à ce que l'ensemble des tribus ait accès aux armes à feu.
On estime que 3 000 batailles eurent lieu pendant cette période, coûtant la vie à 20 000 à 40 000 Māori.
Outre les mousquets, l'autre grand responsable de ces conflits n'est autre que… la pomme de terre. Source de nourriture fiable et facile à cultiver, la pomme de terre permit de nourrir les guerriers plus facilement et plus longtemps, ce qui fut un facteur si déterminant que certains historiens font référence à ces guerres sous le nom de « Potato Wars », la guerre des pommes de terre.
6 février 1840
Signature du traité de Waitangi
Le traité de Waitangi est vu comme le traité fondateur de la nation néo-zélandaise. C'est via ce traité qu'Aotearoa est officiellement rattachée à la couronne britannique, accordant (sur le papier...) aux Mâori les mêmes droits qu'aux colons britanniques. Des erreurs de traduction furent cependant source de nombreux griefs et engendrèrent des conflits importants.
1840-1841
Choix d'une capitale
Avant la signature du traité, le port de commerce le plus important du pays est Kororāreka. Le gouverneur Wiliam Hobson est cependant réticent à y placer la capitale du fait de sa réputation de « Hellhole » du Pacifique et des mœurs peu vertueux qui y règnent. Il choisira d'abord Okiato, légèrement au Sud de Kororāreka (l'actuelle ville de Russell englobe les deux anciennes villes de Okiato et Kororāreka) pour ensuite placer la capitale à Auckland après avoir acheté les terres de la région.
Ce déplacement de la capitale (et donc des échanges marchands) plus au Sud fut très mal reçu par les hapu de la Bay of Island qui se sentirent lésés. Cela engendra un conflit connu sous le nom de la guerre du nord (Northern wars), l'une des étincelles qui mettra le feu aux poudres et engendrera les guerres néo-zélandaises qui ravageront le pays dans les décennies suivantes.
1845-1855
Début des guerres néo-zélandaises (New Zealand wars)
Suite à la signature du traité, d'énormes vagues de colons britanniques (appelés Pākehā par les Māori) viennent s'installer en Nouvelle-Zélande. En 10 ans, on passe de 2 000 à 20 000 Pākehā vivant dans le pays.
Les colons ont tous reçu la même promesse : des terres. Commence alors une vaste campagne pour acheter des terres aux Māori, les échanges se faisant souvent à leur détriment, à coup de promesses non tenues ou de prix totalement bradés, profitant du fait que l'argent reste un concept vague pour les Māori. Ils sont donc de plus en plus réticents à céder leurs terres, mais le nombre de colons augmente encore et toujours et la pression se fait de plus en plus forte.
Les tensions montantes vont faire éclater des affrontements sur l'ensemble du territoire. Les Māori essayent de défendre leurs terres, les Pākehā tentent de les obtenir/conquérir.
Les situations sont complexes du fait du caractère tribal de la société māori. Il ne s'agit pas d'une simple opposition māori/pākehā. Les rivalités entre iwi et hapu faisaient que certains clans décidaient parfois de s'allier aux Pākehā pour certaines campagnes.
1854
Premier Parlement de Nouvelle-Zélande
Formation du premier parlement néo-zélandais qui siège alors à Auckland.
Le droit de vote est accordé aux hommes britanniques de plus de 21 ans et propriétaires de terres. Les Māori n'étaient théoriquement pas exclus, puisque sujets de la Couronne depuis le traité, mais leur système de propriété collective des terres les empêchait de remplir la dernière condition.
1858
Création du mouvement Kīngitanga – roi māori
A la fin des années 50, c'est plus de 60 000 Pākehā qui vivent sur le territoire. Pour la première fois, les Māori sont en infériorité numérique.
La pression pour l'acquisition de terres se fait de plus en plus grande et le conflit escalade.
Dans une tentative d'unir les tribus contre la vente incontrôlée de terres, certains iwi décident d'établir une figure d'autorité centrale pour faciliter les négociations. Un « roi » māori, mais qui n'avait nullement vocation de défier la Couronne britannique.
La version māori du traité de Waitangi stipulait en effet que les Māori gardaient l'autorité sur leur territoire. Mais la version britannique précisait qu'ils cédaient leur souveraineté à la Couronne. La mise en place d'un roi fut donc perçue comme un acte de rébellion, ce qui provoqua l'épisode le plus sanglant des guerres néo-zélandaises : l'invasion et la bataille du Waikato.
1863
Invasion et bataille du Waikato
L'invasion du Waikato fut le tournant décisif des guerres néo-zélandaises. Le gouverneur craignant un ralliement de plus en plus significatif au Kīngitanga, il demanda des renforts à l'Empire britannique pour écraser le mouvement. 10 000 soldats impériaux furent envoyés, 4 000 soldats coloniaux mobilisés, et quelques centaines de Māori grossirent encore les rangs.
En face, les 5 000 soldats du Kīngitanga ne purent pas faire grand-chose.
Après les guerres néo-zélandaises, 1,5 million d'hectares (soit 5 % de la superficie du pays) furent confisqués aux Māori comme sanction pour punir la « rébellion ».
1865
L'île du Sud devenant de plus en plus peuplée, notamment du fait des ruées vers l'or, le gouvernement déplace la capitale à Wellington afin d'avoir une position plus centrale.
1867
Quatre sièges au Parlement sont réservés aux Māori. Les Māori obtiennent alors le droit de vote pour désigner leurs représentants.
1879
Il n'est plus nécessaire d'être propriétaire de terre pour pouvoir voter, tous les hommes du pays, de plus de 21 ans et sujets de la Couronne ont alors accès au vote.
1893
Pour la première fois dans le monde, le droit de vote est reconnu aux femmes, grâce à Kate Sheppard, qui parcourut le pays avec une pétition qui récolta les signatures d'un quart des femmes adultes du pays !
1914-1918
Première Guerre mondiale
Les soldats de l'ANZAC, « Australian and New Zealand Army Corps », se joignent aux efforts de guerre. La campagne la plus soulignée dans l'histoire de la Nouvelle-Zélande fut celle de Gallipoli, en Turquie, mais c'est sur le front Ouest (notamment dans la Somme) que les corps néo-zélandais subiront le plus de perte. Ces pertes sont commémorées le jour de ANZAC Day, autour du slogan « Lest we forget ».
1939-1945
Seconde Guerre mondiale
De nouveau, la Nouvelle-Zélande se joint à l'effort de guerre et envoie des troupes. La guerre dans le Pacifique fera craindre une attaque directe sur le territoire et des défenses sont construites sur les côtes, un peu à l'image du mur de l'Atlantique en France.
Des bases militaires américaines s'installeront dans le pays, la Nouvelle-Zélande étant une bonne base pour les combats dans le Pacifique.
1947
40 ans après avoir obtenu le statut de dominion (colonie indépendante), le pays abandonne son statut de colonie et devient entièrement souverain.
Années 1950-60
La Nouvelle-Zélande trouve d'autres marchés que le marché britannique et élargit ses politiques d'exportation, leur conférant une plus grande autonomie. Les politiques d'immigration s'ouvrent.
1975
Création du Tribunal de Waitangi, une commission d'enquête est mise en place pour investiguer les violations du traité et offrir réparation aux iwi et hapu lésés. Les tribunaux de Waitangi sont encore actifs aujourd'hui. Des terres sont restituées, des compensations financières sont attribuées. Toujours trop peu selon certains, mais reconnu comme un pas dans la bonne direction.
1984
La Nouvelle-Zélande interdit aux navires à propulsion nucléaire ou équipés d'armes nucléaires de mouiller dans ses ports, ce qui brouille ses relations diplomatiques avec les Etats-Unis. Le pays est cependant très fier de s'afficher « nuclear-free ».
1985
Les services secrets français coulent le Rainbow warrior, un navire de Greenpeace mouillant à Auckland et s'apprêtant à faire route vers le Pacifique pour protester contre les essais nucléaires français qui y sont faits. Son sabotage est ordonné par le ministre des Affaires étrangères Charles Hernu, avec l'autorisation du président Mitterrand. Il fera un mort : Fernando Pereira, photographe et membre d'équipage.
L'affaire est traitée par le secrétaire général des Nations Unies qui accordera une double réparation à la Nouvelle-Zélande : la France doit formuler des excuses officielles et verser 7 millions de dollars de dommages et intérêts.
La Nouvelle-Zélande est une jeune nation qui réussit à s'opposer ainsi à une grande puissance européenne, ce qui conforte le pays dans son indépendance et renforce le sentiment d'identité nationale : leurs idéaux sont distincts de ceux du Royaume-Uni ou des puissances voisines, et ils ont les ressources et la volonté de se battre pour les affirmer.
1987
Fin des restrictions d'immigration basées sur les origines ethniques. L'immigration se base depuis sur les compétences, essayant d'attirer dans le pays les corps de métiers et compétences qui y manquent.
2004
Fondation du parti māori. Les Māori occupent une place de plus en plus importante dans le paysage politique et culturel.
22 février 2011
La troisième ville du pays, Christchurch, voit son centre-ville ravagé par un séisme de magnitude 6,3 qui coûta la vie à 185 personnes.
2013
Légalisation du mariage entre personnes du même sexe. Une mesure qui va dans le sens des valeurs du pays qui se veulent progressistes. (Etonnant de constater en contraste que l'avortement n'a été officiellement dépénalisé qu'en 2021).
2021
Matariki, le Nouvel An māori, devient un jour férié. Via cette décision politique la Nouvelle-Zélande fait un pas de plus vers l'affirmation de sa bi-culturalité, donnant à la culture et à la langue māori de plus en plus de place dans la société.