Découvrez les Canaries : Environnement

Certes, les îles Canaries sont une destination de masse. Difficile de ne pas s'en apercevoir, entre les grands complexes touristiques, les bus qui défilent et les plages bondées. Certaines côtes sont clairement surexploitées, en particulier à Gran Canaria et Tenerife. Mais d'autres espaces méritent le coup d’œil pour leurs aspects nature. Forêts millénaires, plages paradisiaques, dunes de sable, falaises, piscines naturelles… Chaque île se pare d’une beauté particulière et toutes offrent des paysages volcaniques spectaculaires et bien préservés. La principale difficulté des autorités canariennes pour les prochaines années va être de concilier la rentrée de la manne du tourisme, plus de 15 millions de visiteurs en 2017, soit 30 % du PIB régional, avec les impératifs écologiques. Mais les innovations, et la volonté ne manquent pas. Pour un séjour placé sous le signe de l'écotourisme, vous êtes au bon endroit.

De nombreux espaces protégés

En Espagne, le domaine de l’environnement, à l’exception notable des parcs nationaux, relève du pouvoir régional. La Communauté autonome des Canaries mène en matière de protection de la nature une politique volontariste avec de nombreux espaces protégés qui couvrent environ 40 % des terres. Les plus grands espaces protégés sont les parcs, naturels ou ruraux, situés pour la plupart dans des zones élevées, tandis que l’urbanisation oblige la protection des côtes à se diviser en de nombreux sites de petites dimensions : monuments naturels, paysages protégés ou sites d’intérêt scientifique. Il y a 4 parcs nationaux, 3 réserves marines, 7 réserves de la biosphère, 60 piscines naturelles et 3 000 espèces de flore et de faune endémiques. Pensez à vous éloigner des complexes et sentiers touristiques pour pouvoir découvrir des villages, des merveilles isolées et blotties au creux des falaises, des forêts…

Tenerife représente à elle seule le tiers des zones protégées. Le Parc national du volcan Teide est un incontournable, classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Le Parc du Garajonay, créé en 1981, a permis de protéger la plus belle forêt de lauriers de l’archipel, celle de La Gomera, également au Patrimoine de l'humanité. Sur La Palma, le Parc national de la caldera de Taburiente protège un incroyable cratère émergeant et humide abritant une large variété de végétation luxuriante. Ce site classé réserve de la biosphère est à découvrir lors de multiples randonnées ou balades. Sur Lanzarote, le Parc national de Timanfaya est spectaculaire de beauté, mais assailli par les tour-opérateurs. D'autres paysages volcaniques de l’île sont à admirer en dehors du parc. Les îles de El Hierro, La Palma, La Gomera, Fuerteventura et Lanzarote sont intégralement classées Réserves de la biosphère. Les dunes les plus connues, celles de Maspalomas au sud de Gran Canaria, sont également déclarées Réserves de biosphère depuis 2005, mais souffrent de l’urbanisation touristique envahissante dans la région.

Déchets, énergie, qualité de l'air : peut mieux faire

La Communauté autonome des Canaries a créé en 2009 une Agence du développement durable et du changement climatique, et a régulièrement affiché sa volonté dans le domaine. Mais les évolutions sont lentes. En 2018, sur l'archipel, 89 % de l'énergie provenait de sources fossiles. Du côté de la gestion des déchets non plus, le compte n'y est pas. Il y a encore de nombreuses décharges illégales, et pas assez de déchets triés et recyclés. Avec des disparités importantes entre les îles : Tenerife est la moins bonne élève avec 80 % d'ordures ménagères enfouies, tandis que La Palma est la plus en avance, avec près de 50 % de déchets valorisés, et un service de collecte des déchets organiques. De même, en 2018, selon l'association Ecologistas en Acción, 89 % de la population des îles Canaries a été exposée à des niveaux de pollution atmosphérique supérieurs aux recommandations de l'Organisation mondiale de la Santé. La qualité de l'air est impactée par les centrales thermiques de l'archipel, ainsi que le trafic routier, aérien et maritime. Le tourisme a donc un impact indéniable sur les Canaries, mais à des niveaux foncièrement différents d'une île à l'autre. Ainsi, l’île de La Palma, avec plus de 81 000 visiteurs en 2023, est beaucoup moins fréquentée que Lanzarote (2,7 millions de visiteurs la même année), pour une superficie légèrement inférieure. Les impacts ne sont pas comparables.

Lanzarote et l'héritage de César Manrique

Lanzarote est reconnue comme l’une des pionnières du tourisme durable. Elle doit cela en grande partie au peintre et sculpteur César Manrique qui est revenu en 1966 sur son île natale pour y édifier différents édifices en harmonie avec le paysage. Il a également travaillé en étroite collaboration avec le gouvernement local sur les réglementations qui protégeaient Lanzarote des ravages du tourisme. Il a notamment contribué à imposer des normes de construction et à limiter la publicité. Ces efforts ont été reconnus par l'UNESCO, qui a désigné l'île en tant que Réserve mondiale de la biosphère en 1993 – un an après la mort de Manrique dans un accident de voiture à l'âge de 72 ans. Nous n'irons pas jusqu'à dire que Lanzarote est complètement épargnée par les impacts du tourisme. Entre 1990 et 2017, le nombre de visiteurs y est passé de 760 000 à 3 millions, pour 150 000 résidents. Non sans conséquences. Des côtes entières sont dévastées par l’urbanisation touristique, les visites sont souvent groupées, la voiture et le bus sont privilégiés par rapport à la randonnée. Mais au-delà des hôtels de luxe de grande capacité, Lanzarote est plutôt bien équipée en matière de tourisme rural, une belle manière de profiter de ses charmes indéniables.

El Hierro, île durable

Pour les innovations écologiques, c'est certainement vers El Hierro qu'il faut se tourner. La plus petite île des Canaries est pionnière en matière d’énergie renouvelable. Fruit d'un travail de plus de 30 ans, la centrale hydro-éolienne Gorona del Viento, mise en route en 2014, est un système novateur alliant éoliennes et bassins de rétention d'eau douce, avec des turbines qui prennent le relais quand le vent vient à faiblir. L'île, qui compte aussi des installations solaires, revendique l'autonomie énergétique. El Hierro mise également sur le développement des véhicules électriques. Un système de collecte des huiles domestiques, pour alimenter une petite usine de bio carburant, a été mis en place.

Astrotourisme et agrotourisme à La Palma

Les amoureux de la nature trouveront leur bonheur à La Palma. Au sein de sa forêt tropicale et ses paysages volcaniques, l'île assemble toutes les espèces végétales des Canaries. Elle est classée réserve de la biosphère depuis 2002. On y retrouve plus de 1 000 kilomètres de sentiers de randonnée balisés. Ici, on mise sur les productions locales et bio, l'agritourisme de qualité et le mode de vie « slow ». À Tijarafe, la Finca Autarca, créée en 2007, est un centre de recherche sur la permaculture que l'on peut visiter et qui propose également des formations. L'autre grand attrait de La Palma est son ciel étoilé. Sur son point culminant, à plus de 2 400 m d'altitude, l'observatoire Roque de Los Muchachos est considéré comme l'un des meilleurs endroits sur terre pour observer le ciel. Afin de préserver cet atout, l'île s'est dotée, en 1988, d'une « loi du ciel » qui régule l'éclairage public et la pollution atmosphérique. L'agence Cielos La Palma (lapalma-sky.com) propose différentes activités autour de l'astronomie. À savoir : Tenerife est elle aussi couverte par la « loi du ciel » et dispose d’un observatoire réputé.

La sécheresse, une réalité

Les Canaries n'échappent pas aux changements climatiques. Les îles font régulièrement face à des périodes de sécheresse. Un incendie a ravagé quelque 10 000 hectares de forêt sur l’île espagnole de Grande Canarie en août 2019. Et l’été 2023, c’est le nord de l’île de Tenerife qui a été touché via un incendie considéré comme le pire connu par l'île depuis 40 ans (près de 15 000 hectares de forêts ravagés). Pour ne pas assécher leurs nappes et continuer à assurer les besoins des touristes, elles s'appuient sur une innovation qui a été développée ici : le dessalement de l'eau de mer. Il y a 327 usines de dessalement en fonctionnement dans l’archipel, ce qui en fait le territoire qui compte le plus d’usines de dessalement par mètre carré au monde. À Lanzarote et à Fuerteventura, la totalité de l’eau provient du dessalement. La proportion baisse légèrement pour Grande Canarie (86 % de la consommation humaine et 50 % de l’utilisation totale) et à Tenerife, île qui dispose des plus importantes ressources hydrologiques.

Des citoyens mobilisés

Les Canariens sont les premiers à se mobiliser pour préserver leurs écosystèmes. Le mouvement Océano Limpio Tenerife, (Océan propre Tenerife) dénonce ainsi la pollution sur Facebook et Instagram. Il a par exemple fait circuler une vidéo impressionnante montrant une plage recouverte de petits morceaux de plastique tellement compacts qu'on croirait de la houle. L'archipel des Canaries est en effet en première ligne concernant la pollution plastique. Les courants y rapportent des déchets de tout l'océan Atlantique. D'autres organisations, telles que la Fondation Canarias Recicla ou encore Canarias Libre de Plásticos se mobilisent sur ce sujet. Différentes associations écologistes de l'archipel sont rassemblées au sein de la fédération Ben Magec – Ecologistas en Acción. Parmi leurs principaux combats des défenseurs de l'environnement ces derniers temps, figure l'opposition au projet d'un nouveau port à Tenerife, dans la province de Santa Cruz. Ils s'opposent également à la construction de nouvelles autoroutes sur Gran Canaria. Si vous aussi vous souhaitez contribuer à cet élan de protection de la nature, petit rappel des basiques : ne pas jeter ses déchets à terre, ne pas faire de feu aux endroits non autorisés, ne pas pêcher sauvagement ou encore ne pas cueillir les espèces rares.

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