Noyés dans la brume de l'Aude, entremêlés dans les replis du roc ou accrochés au-dessus du vide, les châteaux du pays cathare ne cessent depuis plus de huit siècles d'interroger ou d'émouvoir lorsqu'on les aperçoit au sommet d'une crête. Ils sont aujourd'hui les seuls témoins de la tragédie qui ravagea au début du XIIIe siècle une grande partie du Sud-Ouest de la France, la croisade contre les cathares.

Dans l'Aude, la découverte d'un pays aride, sauvage et mystérieux

Cette religion chrétienne dualiste voit dans le monde matériel le symbole du mal et une prison pour les âmes. Son refus des symboles de l'Église catholique, comme la croix, et sa popularité de plus en plus grande vont représenter un danger pour une Église alors en crise. Le pouvoir royal de son côté trouve là l'opportunité d'étendre son domaine et d'annexer l'Occitanie. Ce sont ici les jalons d'une croisade qui allait plonger dans une guerre sans merci le Sud-Ouest de la France entre 1209 et 1225.

Ces " citadelles du vertige ", comme on aime à les appeler, émaillent aujourd'hui la région et les découvrir, c'est aussi partir à la rencontre de ce pays aride, sauvage et authentique. Carcassonne est l'une des portes d'entrée de ce pays cathare et nombreux sont les visiteurs qui s'arrêtent pour admirer l'architecture de cette cité protégée par ses trois kilomètres de remparts. Même si la foule est parfois dense les jours d'été, il faut arpenter les ruelles de cette cité pour y trouver son âme et entendre les clameurs des luttes mais aussi des fêtes qui ont traversé son histoire.

La plaine du Carcassonnais

Puis, places aux petites routes qui se perdent entre les vignes pour se lancer à l'assaut du versant méditerranéen de la Montagne Noire et parvenir au château de Saissac. Ce témoin du catharisme étage ses terrasses et les vestiges de ses tours au-dessus du ravin de la Vernassonne et face à un paysage exceptionnel, ouvrant sur les Corbières et les premiers contreforts des Pyrénées. Les ruines imposantes qui émergent des chênes verts laissent imaginer ce que fut cette forteresse au temps de Bernard de Saissac, seigneur des lieux, protecteur des troubadours et des cathares qui fréquentèrent assidûment cette demeure et y trouvèrent refuge. La croisade menée contre eux lui fut fatale et, dès 1209, il dut se rendre et vit son château démantelé. Changeant tour à tour de propriétaire, reconstruit et restauré à plusieurs reprises jusqu'à lui donner des éléments d'architecture Renaissance.

Mais la région de Carcassonne produit aussi du vin depuis l'Antiquité grecque, alors révérence aux cathares ne dispense point de courbette à leurs ancêtres ! Ainsi, saluons au passage le vin de bon aloi qui coule dans les vignes de la région, et notamment près de Carcassonne, au château Auzias.

La forteresse de Cabaret, place forte de la cause cathare

Poursuivant la route au flanc de la montagne à travers la garrigue et les cyprès, les châteaux de Lastours apparaissent sur une crête rocheuse et sauvage qui domine les vallées de l'Orbiel et du Grézilhou. Un point de vue impressionnant et majestueux sur ces quatre châteaux, Cabaret, Surdespine, Quertinheux et Tour Régine, qui portent en eux les stigmates de leur histoire. L'ensemble de ces quatre demeures composait alors la forteresse de Cabaret, ardent défenseur de la cause cathare. Cette place forte sera comme les autres assiégée, vaincue et abandonnée.

La haute vallée de l'Aude, culture et randonnées

Quittant la plaine narbonnaise, les premiers escarpements des Corbières mènent vers une terre où les genêts, la lavande et le thym se disputent ce sol aride avec un riche vignoble dont le vin a obtenu ses lettres de noblesse. Farouche et sauvage, ce paysage cache derrière ses formes chaotiques, des villages isolés, des abbayes perdues, des chapelles romanes et des châteaux aux formes hiératiques qui laissent deviner l'histoire de ces contrées.

À 700 mètres d'altitude au sommet d'un roc couvert de chênes verts, le château de Termes dévoile l'architecture de ses créneaux de pierre. Jusqu'à la signature du traité des Pyrénées en 1659, il va, avec les châteaux de Quéribus, Aguilar, Peyrepertuse et Puylaurens, faire partie de ce que l'on a appelé les " cinq fils de Carcassonne ", chargés de former une ligne de défense stratégique le long de cette frontière entre la France et l'Aragon.

Aux alentours, il ne faut pas manquer les gorges de Termenet, fréquentées par les adeptes du canyoning et les randonneurs.

Des sentiers escarpés à travers la garrigue

Autre fils de Carcassonne, le château d'Aguilar porte bien son nom, du latin aquila qui signifie " aigle ". Il est posé sur un roc qui domine la plaine de Tuchan, dans l'extrême sud-est de ce qui est aujourd'hui le département de l'Aude à la limite des Pyrénées-Orientales. Ici, la garrigue partage l'espace avec la vigne, celle du vin de Fitou ou de Rivesaltes qui en sont les fleurons et qu'il convient ici de déguster.

À quelques kilomètres de là, Quéribus est le dernier bastion de la résistance cathare. Dressé sur le roc à 800 mètres d'altitude, la terrasse offre un panorama éblouissant sur les Corbières, les Pyrénées et la Méditerranée. À portée de regard et à 5 kilomètres seulement de Quéribus, le château de Peyrepertuse dresse aussi à 800 mètres d'altitude sa haute silhouette au milieu de la garrigue. C'est un immense bâtiment dont on dit que la superficie est supérieure à celle de Carcassonne. Le vestige des bâtiments est impressionnant et constitue un bel exemple d'architecture militaire médiévale. Au-delà du château, à 1 kilomètre à l'est du village, il faut aller voir les superbes gorges du Verdouble.

Les vallées de l'Ariège

À l'ombre des Pyrénées, l'Ariège élève ses sommets et referme ses vallées créant une atmosphère de mystère renforcée par les flancs sombres couverts de sapins et de chênes. C'est dans cette ambiance, qu'apparaît Montségur, l'emblème douloureux de cette lutte moyenâgeuse contre l'hérésie cathare. Au sommet de cette colline d'accès difficile, 400 personnes vivront retranchées pendant 10 mois, encerclées par les armées de croisés. Leur reddition les conduira le 16 mars 1244 au bûcher dressé aux abords de la forteresse. Aujourd'hui, le château et son architecture attirent chaque année des centaines de passionnés qui viennent lors du solstice d'été voir cette curiosité des premiers rayons du soleil traversant la forteresse de part en part. Hasard ou geste architectural, nul ne le sait.

Entre Foix et Lavelanet, Roquefixade est visible de Montségur et, comme lui, il servira de lieu d'accueil et de protection à cette population persécutée par l'Inquisition. Construit comme toutes ces " citadelles du vertige " au sommet d'un roc, il en prend de loin les formes et la couleur. Un chemin raide et caillouteux mène au sommet, mais l'effort en vaut la peine puisqu'un panorama exceptionnel nous attend sur Montségur et les sommets enneigés des Pyrénées. Foix n'est plus qu'à une dizaine de kilomètres et semble elle aussi tout entière vouée à son puissant château édifié sur son roc. Dans l'Ariège comme dans l'Aude, l'histoire cathare fait partie de l'identité et de l'âme de ce territoire.

 

Infos futées

 

Quand ? Le printemps et l'été indien sont de bonnes options pour éviter la foule estivale.

 

S'y rendre. Direction Carcassonne, en avion, en train ou en voiture.

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Utile. Pour préparer au mieux son escapade.

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