Découvrez le Pays de Galles : Architecture (et design)

Le pays de Galles abrite d'incroyables richesses patrimoniales, témoins d'une histoire aussi légendaire que mouvementée ! Les amateurs d'archéologie découvriront avec bonheur les sites mégalithiques, romains et saxons indissociables des grandes épopées mythiques de la région. Les férus d'architecture médiévale seront éblouis par les splendeurs galloises, des incroyables châteaux forts (le pays de Galles en possède des centaines !) – notamment ceux de la mythique Ceinture de Fer – aux superbes vestiges des abbayes cisterciennes. L'époque victorienne, elle, a laissé des témoins d'une ère de prospérité économique et industrielle qui a durablement marqué le pays de Galles. Un patrimoine à ne surtout pas manquer. Avec ses nombreux bâtiments iconiques, désormais connus dans le monde entier, le pays de Galles ravira également les passionnés d'architecture moderne et contemporaine. Un voyage étonnant auquel on vous convie dès maintenant !

Un passé légendaire

L'histoire du pays de Galles est une histoire multimillénaire qui se lit à travers d'étonnants témoins architecturaux. Tout commence avec les sites mégalithiques datant pour la plupart de l'âge du bronze. Les menhirs – pierres commémoratives ou cultuelles – sont souvent situés à proximité de tumulus – amas artificiels de terre ou de pierre érigés au-dessus d'une sépulture – et témoignent de rites funéraires très élaborés. Parmi les sites les plus célèbres, ne manquez pas ceux du Pembrokeshire ou de l'île d'Anglesey. Dans le Pembrokeshire, ne manquez pas non plus l'étonnant site de Castell Henllys, littéralement le château de la cour du prince. Ici, l'archéologie se fait expérimentale. Sur le site, vous découvrirez la vie à l'âge du fer, grâce à la reconstitution de maisons rondes, d'un grenier, et de fermes préhistoriques abritées par des fortifications conçues sous forme de terrassements avec berges et fossés. Cette recréation d'un authentique fortin préhistorique est passionnante. Rejoignons maintenant le pays de Galles romain. Au sommet de sa splendeur, la Rome impériale veut faire bénéficier tous les peuples soumis de la fameuse « Paix romaine » et de sa puissante organisation administrative, et cela doit se traduire dans l'architecture. Les provinces se dotent ainsi de constructions fonctionnelles (ouvrages de défense militaires, forts…) et de constructions rappelant les éléments phares de la grande Rome, eux-mêmes empruntés aux Grecs (amphithéâtres, thermes, temples). La ville de Carmarthen, connue chez les Romains sous le nom de Moridunum, le fort de la mer, abrite les vestiges d'un amphithéâtre, d'un temple romano-celtique, d'une basilique (alors lieu de rencontre et de commerce), de thermes, d'un forum, ainsi que de plusieurs habitations. L'autre grand site à ne pas manquer est la Forteresse de Caerleon (dérivé du gallois Caer Legionis, la forteresse de la légion). Son nom romain était Isca Silurum. Elle fut construite par les Romains pour mater les résistances galloises. Le site permet au visiteur de se rendre compte du génie romain avec les vestiges du castrum (camp militaire rigoureusement organisé autour de la tente du général, découpé selon deux grandes voies et protégé par une enceinte), de l'amphithéâtre (arène ovale pouvant accueillir jusqu'à 6 000 personnes), mais aussi de thermes, casernes et temples. Une architecture pragmatique et fonctionnelle au service de la gloire de l'empire. Enfin, ne manquez pas le Offa's Dyke ou Mur d'Offa (VIIIe siècle), qui court aujourd'hui le long de la frontière entre l'Angleterre et le pays de Galles. Ce grand mur de terre, chef-d'œuvre d'ingénierie que l'on doit au roi saxon Offa, devait permettre de protéger la Mercie des troupes galloises. Le chemin de randonnée « Offa's Dyke Path » vous permet de le parcourir et de découvrir cette page étonnante de l'histoire galloise.

Splendeurs médiévales

Le pays de Galles possède la plus grande concentration de châteaux forts au monde ! Parmi ses centaines de châteaux, il en est un qui sort du lot : c'est celui de Chepstow, l'une des toutes premières forteresses en pierre bâties par l'envahisseur normand… une véritable nouveauté, puisque jusqu'au XIe siècle, les châteaux étaient en bois.

Dérivé du castrum romain, le château fort est édifié sur un promontoire, assurant ainsi protection et surveillance, et se compose d'une enceinte fortifiée abritant un donjon et un campement. Ce n'est qu'à partir de l'époque romane que les châteaux passent de simple refuge à véritable demeure avec un mur d'enceinte entouré d'un fossé et muni de tours et de pont-levis abritant toujours le donjon, mais également un logis. Les châteaux romans se caractérisent également par leurs arches et leurs tours rondes, et une décoration en chevrons (motif décoratif en forme de V employé en nombre pour former des zigzags.) Vous pourrez en observer de magnifiques partout dans le pays, à commencer par celui de Cardiff. Au XIe siècle, le château n'était qu'une motte castrale, comprenez une fortification en bois érigée sur une motte de terre, puis au XIIe siècle, on le reconstruisit en pierre et on lui ajouta un donjon, le Norman Keep, qui est aujourd'hui la partie la plus ancienne encore debout. Autre joyau à ne surtout pas manquer, le château de Caerphilly, le plus grand du pays de Galles et celui qui marque un véritable tournant dans l'architecture militaire. Protégé par un système de barrages, douves et lacs extrêmement sophistiqué, le Château de Caerphilly est le premier à suivre un plan concentrique composé de deux cours, une cour intérieure fortifiée, intégrée à une cour centrale. Les murs de la cour intérieure dominent ceux de la cour centrale produisant un système de défense concentrique composé de deux anneaux de fortifications fermés. Ses imposantes guérites-donjons contribuent également à renforcer cet aspect de grande puissance. Ce plan inédit sera largement repris dans les étonnants châteaux de la Ceinture de Fer. Leur construction est indissociable de celle de la conquête du pays de Galles par les Anglais. Commencée par Henri III et poursuivie par son fils Édouard Ier, cette ceinture de fer est un puissant système défensif composé de nombreux châteaux que père et fils ont restaurés ou construits ex nihilo de manière à contrôler et pacifier la région. Pour réaliser cet incroyable système de défense, Édouard Ier s'adjoint les services d'un maçon venu du continent, Maître James de Saint-Georges, qu'il nommera architecte de la Couronne. Le maître participe ainsi à la construction ou à la rénovation de 12 des 17 châteaux de la ceinture. Il y développe une architecture défensive basée sur un plan concentrique. Parmi les plus beaux châteaux de Maître de Saint-Georges, ne manquez pas le château de Conwy, le château d'Harlech, le château de Beaumaris et bien sûr le superbe château de Caernafon, véritable ville dans la ville avec ses superbes murailles de pierres polychromes. Tous les châteaux de la Ceinture de Fer sont classés au Patrimoine mondial de l'UNESCO.

Le Moyen Âge gallois se fait aussi religieux comme en témoignent les superbes ruines d'abbayes cisterciennes jalonnant le pays. Prônant une vie faite d'ascèse et de pauvreté, les Cisterciens ont imaginé une architecture porteuse de ces valeurs basée sur des lignes simples fondées sur le rapport entre les formes géométriques élémentaires dont la juxtaposition crée l'équilibre. Rejetant toute forme de décor superflu, ils utilisent la lumière comme moyen de souligner les volumes et d'animer les espaces. Abandonnés ou détruits au XVIe siècle, nous sont parvenus de ces chefs-d'œuvre religieux des ruines impressionnantes, à commencer par celles de l'abbaye de Tintern dans la vallée de la Wye. Les ruines de l'église abbatiale laissent deviner ses incroyables proportions (80 m de long pour 25 m de large). Elles font aujourd'hui l'objet de profondes restaurations. Ne manquez pas non plus l'abbaye de Strata Florida dont subsistent encore des fragments du beau portail ouest, ou bien encore l'abbaye de Whitland. À côté de ces centres religieux, de nombreuses cathédrales sont également venues compléter le paysage gallois. Ne manquez pas la cathédrale de Bangor, avec son plan cruciforme et sa nef de 40 m, trésor de l'architecture romane, ou bien l'étonnante cathédrale Saint David's, la plus grande et la plus ancienne du pays dont on admire aujourd'hui encore les jeux de lumière sur sa pierre aux teintes grises et roses. Enfin, ne manquez pas la cathédrale de Brecon et ses incroyables torchères : des trous creusés dans la pierre et remplis ensuite d'huile pour éclairer tout l'édifice, même les recoins les plus sombres. Ingénieux et poétique.

Prospérité industrielle

L'architecture industrielle est l'un des autres trésors du pays de Galles. Dès la fin du XVIIIe siècle, la région se dote d'impressionnants ouvrages d'art témoignant d'une étonnante évolution des techniques et des savoir-faire. L'aqueduc de Cysyllte en est l'un des plus beaux exemples. Conçu par Thomas Telford en 1795, long de 300 mètres, réalisé en fonte et appuyé sur une série de 19 piles en maçonnerie, il permet à un canal de passer au-dessus de la rivière Dee. Derrière le parapet, un chemin de halage permettait de tirer les bateaux remontant le canal. En 1801, Telford réalise également un pont suspendu. En entrant dans cette période de grand essor économique et de croissance démographique, le pays transforme également son approche de l'architecture qui devient elle-même une activité du capitalisme. De nouveaux procédés et matériaux se mettent au service d'une architecture innovante et fonctionnelle. Ceci est particulièrement prégnant sous le règne de la reine Victoria. Les paysages se transforment et voient se multiplier les forges, les ateliers, les usines et surtout les hauts-fourneaux, pyramides modernes indissociables des activités minières et sidérurgiques. Les travailleurs ont également droit à des logements spécifiquement conçus pour eux, qu'il s'agisse de rangées de maisons mitoyennes, comme dans les cités minières, ou de petites chaumières dans les premières tentatives de cité-jardin où ces cottages modernes ne sont jamais loin d'un espace vert, supprimant ainsi la frontière ville/campagne. En ville, les galeries ou arcades marchandes se multiplient avec leur élégante décoration de métal et leur haut plafond de verre transformant de sombres rues commerçantes en véritables puits de lumière, comme la Morgan Arcade de Cardiff. Modernité et hygiénisme sont les nouveaux moteurs de l'époque. Mais l'architecture victorienne possède aussi un autre visage : celui de l'éclectisme historicisant, sorte de romantisme s'inspirant du patrimoine national, qui reprend des références passées et les mélange de façon parfois un peu outrancière. On s'intéresse au normand, au roman, au gothique et on emploie abondamment la brique rouge. L'un des grands architectes de cette époque est William Burges. Architecte, Burges est aussi artisan et maîtrise la métallurgie, la sculpture ou bien encore l'ameublement, ce qui lui permet de proposer des œuvres d'art total, si l'on peut dire. Son style s'inspire beaucoup des codes médiévaux, surtout le gothique français, en y ajoutant des influences venues d'Inde ou du Japon. Sa restauration du château de Cardiff et son déchaînement de médiévalisme polychrome en sont un bon exemple. L'époque victorienne multiplie également les revivals Jacobin et Tudor (les grands styles de la Renaissance anglaise) dans d'imposantes demeures, à l'image du manoir The Hendre, avec ses 7 faces de brique rouge et de pierre de Bath, sa toiture en ardoise, ses fenêtres à meneaux ou à vitraux, ses bow-windows et ses gargouilles décoratives. Comme l'Angleterre, le pays de Galles se dote de nombreux bâtiments à vocation pédagogique comme la bibliothèque ou le Musée national.À ce style victorien, entre tradition et modernité, succède le style édouardien et son sens démesuré de l'échelle et du détail, que l'on utilise pour l'architecture publique comme en témoigne le Cathays Park ou Cardiff Civic Center avec son superbe hôtel de ville tout de marbre blanc ou son palais de justice, entre flamboyance baroque et sobriété Renaissance.

Insolite modernité

Annoncé par le travail de Burges, le mouvement Arts and Crafts prône des constructions franches et logiques très inspirées des modèles médiévaux, avec un retour à la tradition artisanale. Objectif : façonner l'espace vital avec des produits de qualité et de fabrication artisanale tout en rendant à l'art et à l'architecture un but édifiant et fonctionnel. Le mouvement Arts and Crafts se retrouve surtout dans des maisons cossues dont on peut observer la solide élégance dans le Monmouthshire notamment, à l'image de High Glanau et Wyndcliffe Court. Quelques années plus tard, c'est l'Art déco qui va faire son apparition avec ses savants jeux d'opposition entre lignes droites et courbes et l'élégance de ses motifs décoratifs très sobres. On le retrouve au Pola Cinema de Welshpool ou au Pavillon de la Penarth Pier (jetée datant, elle, de l'époque victorienne). En 1925, l'inclassable architecte Clough Williams-Ellis se lance dans le projet fou de créer un village de toutes pièces, fait de palais, cottages et folies au style italianisant et profondément fantaisiste. Une sorte de village idéal, exubérant et gai, loin des codes monotones de la modernité. Entre romantisme, pittoresque et baroque, Portmeirion attira les plus grandes personnalités, dont le légendaire architecte Frank Lloyd Wright. Il faut dire que Williams-Ellis et Wright possèdent un même amour inconditionnel de la nature. Dès 1945, l'extravagant architecte participera à la création des British National Parks et n'aura de cesse d'insister sur la nécessaire préservation de l'environnement et du patrimoine. Portmeirion est bien loin des lignes épurées de la Villa Marina à Llandudno, dont l'architecture rappelle celle d'un bateau, notamment ses hautes cheminées et ses balcons aux allures de bastingage. Une villa qui porte tous les codes du style international.

Trésors contemporains

L'architecture contemporaine au pays de Galles est un savant mélange d'identité galloise, de recherches technologiques et de développement durable. Dans les années 90, Norman Foster dote le pays de Galles de son Jardin botanique national… la plus grande serre monobloc du monde (95 m de long pour 55 m de large !). La serre est une sorte de dôme constitué de 785 panneaux de verre s'enfonçant partiellement dans le sol, donnant ainsi l'impression que la serre émerge littéralement des profondeurs de la terre. Une serre enracinée… jolie métaphore ! On doit également à Foster le siège de la BBC au cœur de Cardiff, incroyable canopée de métal protégeant un édifice tout en transparence. Autre architecture étonnante, la Maison Malator de l'agence Future System. Avec sa toiture végétale, son intérieur lumineux et son architecture high-tech, mais organique, la maison semble comme naturellement incluse dans la falaise. À Cardiff, le projet de la Cardiff Bay a été lancé dès les années 80. Ce projet de réhabilitation du quartier des docks abrite aujourd'hui une marina, une réserve naturelle, plusieurs parcs et surtout deux icônes de l'architecture contemporaine galloise. D'un côté le Millennium Center que son architecte, Jonathan Adams, a imaginé comme une ode à l'identité galloise, en employant notamment des matériaux phares de la région comme l'ardoise, le bois et le métal. Son objectif était de créer un édifice qui, à l'image des falaises des côtes galloises, pourrait supporter le passage du temps sans rien perdre de sa beauté. L'avenir nous dira comment évoluera cet étonnant dôme cuivré percé de fenêtres de verre en forme de lettres écrivant dans la nuit les vers d'un poème gallois. De l'autre, le Senedd ou Assemblée nationale, imaginée par Richard Rogers. Ce bâtiment est un modèle d'écologie et de transparence, entre architecture high-tech et durable. La transparence du verre symbolise celle du pouvoir, tandis que les espaces publics, imaginés comme des agoras symboles de démocratie, sont protégés par un vaste toit aux courbures rappelant les vagues fouettant le rivage tout proche, toit que côtoie une étonnante cheminée aux allures de tour à vent. Bois, verre et ardoise sont utilisés comme symbole de l'identité galloise et sont ici associés à de nombreux procédés d'énergies renouvelables. Un bâtiment iconique qui prouve que s'appuyer sur son identité et ses traditions n'empêche pas de regarder vers l'avenir !

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