Carcassonne, empreinte tenace et magnifique d'une histoire millénaire, fascine les visiteurs en quête d'authenticité, de fêtes, de beauté brute et d'art du bon-vivre. Étalée entre les vallons, Carcassonne est une beauté du monde. De ce haut lieu de l'histoire cathare, place forte merveilleuse, il est aisé de remonter le temps jusqu'aux persécutions des Albigeois par le pouvoir royal, ou de se laisser aller à une douce nostalgie en contemplant le crépuscule rougir les remparts millénaires.
Un peu d'histoire...
Cette ville s'est développée au long des siècles sur deux niveaux : la Bastide Saint Louis, lovée entre le canal du Midi et l'Aude, et la Cité, aérienne et fortifiée, qui tire la ville vers le ciel. Cette dernière est l'attraction qui conduit chaque année des millions de visiteurs ici. Classée au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1997, cet extraordinaire témoignage de l'architecture médiévale est le symbole de la ville et le cadre sublime du grand festival qui rythme l'été.
Attardons-nous d'abord sur la fameuse Bastide Saint Louis, berceau de la ville-basse, où le monarque du même nom relégua une partie de la population de la Cité au XIIIe siècle. Cette ville-nouvelle fut bientôt entourée de solides remparts et flanquée de bastions à ses quatre angles. Ce quartier rectangulaire devint le nouveau centre commercial de Carcassonne au détriment de la Cité, grâce notamment au développement de l'activité textile. Aujourd'hui, cette partie historique qui a perdu ses murs de défense s'organise autour de la belle place Carnot et est délimitée par des boulevards tracés à partir du XVIIIe siècle sur les anciens fossés. Déambuler le long des artères à l'ombre des vieilles maisons, faire halte sur une terrasse de la place Carnot en admirant la fontaine ou déguster une spécialité locale dans l'un des nombreux petits restaurants font partie des choses à ne pas manquer. Autre atout de la ville, dont nous ne pouvons manquer d'évoquer la douceur : le canal du Midi. Dévié vers la ville en 1810 et lui aussi reconnu par l'Unesco comme " l'une des réalisations les plus extraordinaires du génie civil de l'ère moderne ", cette langue d'eau qui relie la mer Méditerranée à l'océan Atlantique permet de découvrir les environs de la ville par plusieurs moyens tous fort plaisants : en bateau pour des croisières variées ; en louant des vélos pour découvrir les berges aménagées en direction de Trèbes ou de Castelnaudary ; à pied, pour de longues balades.
Immortelle cité
En route maintenant vers le sud. Lien depuis le XIVe siècle entre la Bastide et la Cité, le Pont-Vieux enjambe l'Aude de ses douze arches de pierre. De là, la vue est splendide sur les remparts, le château comtal et la barbacane qui, illuminés à la nuit venue, offrent un spectacle magistral. En mettant pied sur la rive droite, le marcheur n'aura d'yeux que pour l'immensité de l'ouvrage qui s'allonge au sommet du plateau, dans les terres duquel les murailles semblent incrustées depuis la nuit des temps. Déjà à l'époque gallo-romaine, une ceinture de pierre et de tours protégeait le site. Rénovées et consolidées au Moyen Âge puis au XIXe siècle, elles sont toujours visibles tout le long du rempart intérieur. En remontant vers la porte Narbonnaise, ce sont les couleurs des toits pointus qui coiffent la cité qui surprennent. Certains sont de tuiles de la région, d'autres d'ardoises sombres qui rappellent les édifices du Nord de la France. Une variété qui interroge et qui nous amène à évoquer l'immense chantier de rénovation, probablement le plus important en Europe au XIXe siècle, qui a sauvé la Cité de la démolition et nous permet aujourd'hui de la contempler dans sa forme actuelle.
De l'abandon à la restauration
Que d'efforts furent nécessaires pour garder vivant ce vibrant témoignage de plusieurs siècles d'histoire de France ! Stratégique de l'Antiquité au Moyen Âge, la Cité perdit de son importance au début du XVIIIe siècle. Ainsi, comme de nombreuses places fortes du royaume, elle entra dans une phase de déclin qui l'amena à n'être plus qu'un quartier misérable et excentré, déserté en 1804 par l'armée, et dont la basilique Saint-Nazaire perdit son statut de cathédrale au profit de l'église Saint-Michel, dans la ville basse...
La messe semblait dite. C'était sans compter sur Prosper Mérimée, inspecteur général des Monuments Historiques, et Eugène Viollet-le-Duc, architecte spécialiste des rénovations de monuments anciens. En 1845 débute un immense chantier : la plupart des tours sont alors lézardées, les remparts sont utilisés comme carrières sauvages par les habitants, les toitures et les crénelages sont détruits, des maisons de fortune ont poussé dans les lices... Le défi est immense. Viollet-le-Duc conduira ce projet pendant plusieurs décennies, mais ne verra pourtant jamais achevée cette oeuvre de son vivant. Certes il n'a pas recréé la Cité à l'identique de ce qu'elle fut au XIIIe siècle. Certes une partie des bâtisses, dont la porte Narbonnaise ou la basilique Saint-Nazaire, ont été restaurées en partie selon l'imagination de l'architecte. Mais ce travail titanesque a permis de redonner vie à ce grandiose ensemble fortifié et de rendre hommage à l'art exceptionnel des bâtisseurs du Moyen Âge. Qu'aurions-nous à admirer si personne n'avait su réinventer le passé et rhabiller cet amas de pierre à l'abandon que fut un temps la Cité ?
La visite guidée du château comtal, la promenade sur les remparts et dans les lices, la flânerie dans les petites rues et la visite de la basilique Saint-Nazaire sont indispensables pour comprendre l'histoire complexe de la Cité et ne pas se fier aux apparences, souvent trompeuses en ces lieux.
Corridas, tapas et feria
Au sortir de l'été, Carcassonne renoue avec son passé tauromachique : corridas et féria font vibrer la ville. Les aficionados apprécieront les spectacles qui se déroulent dans les arènes installées sur l'Espace Jean Cau. Le square André Chénier et son " Campo " deviennent ensuite un grand lieu de rassemblement. On festoie et on danse d'une bodega à l'autre pendant 4 jours. Les tapas, grillades, paellas et gardianne de taureau se dégustent entre amis, arrosés de sangria et de vins de pays au son des bandas et des concerts donnés sur le square. C'est un moment de fête qui mêle locaux et curieux venus de partout pour profiter de cette ambiance muy caliente.
Infos futées
Quand ? La ville se visite toute l'année, avec une préférence pour les périodes hors saison (avril-mai et septembre-octobre) pour éviter la cohue des mois d'été.
S'y rendre. En voiture ou en train.
SNCF
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Utile. Pour trouver cartes et brochures.
OFFICE DE TOURISME DE CARCASSONNE
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