Arènes inspirées du Colisée de Rome, un remarquable temple des jeux, un site classé monument historique à Arles.
Aux portes de la Camargue, sur les rives du Rhône, se trouve l'un des plus grands amphithéâtres de France. Visiblement inspirées du Colisée de Rome, contemporaines, les arènes, construites vers 80 après J.-C., ont fait la fierté d’Arles pendant près de quatre siècles. Colonie romaine depuis le Ier siècle av. J-C, Arles est un pôle commercial stratégique pour l'Empire, qui développe la cité, l'embellit avec de nouveaux monuments et fait construire des remparts pour la protéger. Les Romains sont des bâtisseurs ; partout où ils s'installent, il reproduisent une petite Rome et construisent théâtres, termes, amphithéâtres... C'est particulièrement vrai à Arles : si la cité est surnommée la petite Rome de la Gaule, c'est parce qu'il s'agit de la ville comptant le plus d'édifices romains en dehors de Rome.
L'amphithéâtre d'Arles est le plus important édifice qu'il nous reste de l'ancienne colonie romaine. Ce colosse de pierre possède toutes les caractéristiques des constructions romaines, notamment l'arène centrale entourée de gradins, eux-mêmes protégés d'un muret, et un véritable système d'évacuation. Toutefois, ce qui le différencie des autres grands monument romains, c'est l'utilisation de la pierre pour construire l'édifice, là où la brique était habituellement le matériau de prédilection. Le Colisée de Rome, par exemple, a été bâti en briques habillées de marbre. Aujourd'hui, il ne reste plus que la brique, le marbre ayant disparu à travers les siècles. A l'inverse, la façade des arènes d'Arles présente aujourd'hui son aspect d'origine, et le visiteur admire l'édifice tel que l'ont vu les Romains. D’un point de vue architectural, l’amphithéâtre mesure 21 mètres de haut avec deux niveaux de soixante arcades en plein cintre, séparés par des piédroits massifs de section rectangulaire. Avec un grand axe de 136 mètres de longueur et un petit axe de 107 mètres, l’amphithéâtre d’Arles est légèrement plus grand que celui de Nîmes, et occupe le vingtième rang parmi ceux du monde romain.
Pénétrer dans ce lieu monumental, dont les pierres racontent 20 siècles d'histoire, c'est faire un saut dans le passé et être transporté dans la Rome Antique. Il faut s'imaginer l'ambiance survoltée qui animait le public venu assister aux jeux. Haut lieu de la fête, l'amphithéâtre pouvait accueillir jusqu’à 25 000 personnes, qui se pressaient pour admirer les spectacles vivants indispensables à la vie sociale des Romains. Le divertissement est l'essence même de ce bâtiment. Lorsque des jeux sont organisés dans l'amphithéâtre, ils se déroulent toujours plus ou moins de la même manière. Le matin, ce sont les chasses d'animaux sauvages qui se tiennent dans l'arène : ours, sangliers, fauves, lapins, etc., sont lâchés et les gladiateurs sont chargés de les tuer. A midi, les condamnés à mort sont exécutés devant le public. Mais c'est l'après-midi que la ferveur s'empare réellement des gradins, remplis de milliers de spectateurs venus assister aux combats de gladiateurs. Contrairement à l'idée généralement reçue, popularisée par le cinéma, les mises à mort ne sont pas systématiques. Si les combats sont spectaculaires et sanglants, les gladiateurs sont, le plus souvent, des professionnels qui se portent volontaires et perçoivent une rémunération. Leur rôle est de divertir la foule, ils font donc durer le plaisir à grand renfort de cascades spectaculaires. Les blessures sont courantes et parfois très graves, mais la mise à mort reste occasionnelle et n'a lieu qu'à la demande expresse du public. Celle-ci est installée le long des gradins, organisés de manière hiérarchique : les deux tribunes les plus proches sont attribuées à l'élite de la colonie romaine ; puis vient le peuple romain uniquement constitué d'hommes ; et, enfin, le peuple dont le statut social est le moins important, à savoir les femmes, les enfants, les esclaves ou encore les étrangers. Le public assiste gratuitement aux jeux, qui sont un véritable outil politique et de manipulation des masses. Car les magistrats l'ont bien compris : un peuple diverti ne se rebelle pas. « Panem et circenses », comme l'a écrit le poète satirique Juvénal pour avancer l'idée qu'il suffit de donner au peuple du pain et des loisirs pour qu'il soit satisfait.
Les arènes d'Arles accueillent des jeux jusqu'au IVe siècle, lorsque le christianisme devient la religion officielle de l'empire romain et que l’empereur Théodose abolit les fêtes païennes, y compris les jeux. A la chute de l’Empire, les arènes changent de fonction et se transforment en forteresse urbaine avec la construction de quatre tours, près de deux cents habitations et même deux chapelles. C'est une cité dans la cité qui se développe et qui sera finalement détruite au début du XIXe siècle, mais dont la maçonnerie antique porte encore les traces. C’est finalement à l’initiative de l’écrivain Prosper Mérimée que ce lieu unique est classé monument historique en 1840. Sa vocation première, l’accueil de grands spectacles, est de nouveau d’actualité : les jeux romains du Ier siècle laissent aujourd’hui place aux corridas organisées lors des deux ferias annuelles, aux courses camarguaises ou même aux spectacles musicaux. Les arènes, il y a peu au centre d’un vaste plan de restauration et de mise en valeur (les travaux ont duré dix ans et ont coûté 25 millions d’euros), ont depuis juillet 2013 retrouvé leur éclat originel.
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Avis des membres sur ARÈNES D'ARLES (AMPHITHÉÂTRE)
Les notes et les avis ci-dessous reflètent les opinions subjectives des membres et non l'avis du Petit Futé.
Un bémol toutefois, lors des manifestations et des corridas en particulier, la signalétique est désordonnée .
A revoir , absolument