L’histoire des Alpilles et de la Camargue n’est pas un long fleuve tranquille. De batailles en actes de bravoures, de complots en embuscades, les hommes du Néolithique se sont avancés vers les légions romaines qui ont laissé place aux hommes du Moyen Âge, puis aux lumières des artistes contemporains. Tous ont apposé leur sceau au bas du parchemin pour faire de cette région ce qu’elle est, aujourd’hui. Bien sûr, certaines périodes ont laissé plus de traces que d’autres. L’Antiquité, notamment, a semé d’innombrables monuments qui ont traversé le temps pour témoigner de la grandeur de leurs bâtisseurs. Le Moyen Âge également n’a pas manqué de constructions remarquables qui s’érigent encore sur des à-pics vertigineux, dominant des vallées de cultures séculaires. Moins pléthorique en matière de monuments, l’époque dite moderne a, quant à elle, plus été marquée par l’esprit des artistes et des écrivains qui s’y sont installés à leur tour.
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- 100 000 ans
Les plus vieilles (mais il est vrai rares) traces d’habitats dans la région datent de cette époque. Il s’agit d’une simple pointe de flèche et de quelques autres artefacts.
- 12000 ans, environ
Escarpements rocheux, grottes, abri sous roche sont occupés très tôt par nos ancêtres préhistoriques qui trouvaient là un habitat les mettant hors de portée des animaux sauvages, comme de leurs ennemis. Les vestiges : pointes de flèches, poignards, objets divers témoignent de l’intense activité qui régnait dans les Alpilles.
- 3000 ans
À cette époque les cavernes sont progressivement abandonnées et la population augmente sensiblement, autant dans les plaines que sur les hauteurs. C’est aussi à cette période que l’élevage se développe. C’est également le début de l’exploitation des premières carrières.
IIIe siècle Av. J.-C.
Fondation de Glanum. La cité gauloise, dont les vestiges font encore la renommée de Saint-Rémy-de-Provence, a connu son apogée au IIe siècle avant notre ère. Découverte en 1921, la ville abrite d’importants monuments religieux et civils.
46 Av. J.-C.
Les Romains arrivent dans la région. Séduits par le lieu, ils ne tardent pas à y construire de nombreuses villae. De grands domaines agricoles voient le jour et leur maillage préfigure celui des domaines actuels. Arles devient officiellement une colonie romaine. L’activité céréalière se développe, de même que la culture de la vigne et l’élevage des chevaux.
149
Construction du cirque romain d’Arles. C’était la plus grande extension urbaine de cette époque.
513
Césaire, primat des Gaules, évangélise la région encore fortement marquée par les cultes des dieux païens et notamment romains. Pour éradiquer les anciennes croyances, il n’hésite pas à les intégrer à la religion catholique.
Vers 790
Sous le règne de Charlemagne, construction de la tour Matafère, près d’Aigues-Mortes. Elle marque le début de l’existence de la ville. Sa fonction était de surveiller la côte.
869
Les Sarrasins font une razzia sur la région. Ils capturent l’évêque d’Arles et demandent, pour sa libération un énorme butin, des armes et des esclaves. Les Arlésiens acceptent, mais ne récupèrent que le cadavre de leur évêque au moment de la remise de la rançon.
Moyen Âge
Cette période marque l’arrivée des villages fortifiés, refuges en nid d’aigle qui se dressent sur des falaises imprenables pour échapper aux grandes invasions. Les grandes familles tentent, par tous les moyens, d’imposer leur domination et d’étendre leurs possessions.
1144 - 1162
Les guerres Baussenques font rage. Elles sont le résultat à la fois de problèmes de succession, mais aussi de rivalité pure entre les maisons de Toulouse et de Barcelone. Pour les Provençaux, ces guerres sont un symbole fort de la résistance à l’oppresseur catalan.
XVe siècle
C’est à cette époque qu’apparaît le culte des Saintes Maries. La découverte de reliques attribuées aux saintes, Marie Jacobé et Marie Salomé, motive la décision d’organiser, trois fois par an, l’exposition desdites reliques.
XVIe siècle
C’est une période de grande insécurité. Les guerres d’Italie font rage et Arles compte les hommes aptes à porter les armes pour défendre la ville. C’est à cette époque que voit le jour la confrérie de Saint-Georges, créé par les gardiens de taureaux. Cette confrérie, qui existe toujours, avait pour but de parer à l’enrôlement abusif des jeunes hommes de la région.
1508 et 1511
Par deux fois, le Rhône sort de son lit et provoque des inondations majeures totalement catastrophiques qui ruinent le pays.
1521
C'est autour de la mer d'apporter le danger. Des bandes de pirates turcs débarquent aux Saintes-Maries-de-la-Mer. La ville doit faire appel à sa voisine, Arles, pour éviter d'être rasée.
1591
Arles est assiégée par les troupes du maréchal de Montmorency et du gouverneur de Provence. Lorsque l’armée se retire, la région est totalement ruinée.
XVIIe siècle
Le pays s’embrase à nouveau. Louis XIII doit faire face à l’opposition de la noblesse qui rêve de retrouver ses privilèges.
1632
La cité de Baux-de-Provence doit capituler devant les troupes de Richelieu. Ses remparts sont abattus.
1642
Le fief des Baux échoit à la famille Grimaldi, en récompense des services rendus au roi. Les Grimaldi sont d'ailleurs toujours en charge du titre de marquis des Baux, détenu actuellement par le Prince Albert de Monaco. Les habitants regagnent les basses terres et la ville connaît une période de déclin.
1720
À l’instar du reste de la Provence, la région doit faire face au pire fléau qu’elle ait jamais connu : la grande peste qui emporte un tiers de la population des Alpilles. Seule la ville des Saintes-Maries-de-la-Mer, qui avait refusé d’accueillir des réfugiés est épargnée. Le pays va mettre de nombreuses années à se relever.
1790
Après une période de calme, la Révolution divise la population. Des affrontements ont lieu dans toute la région, entre royalistes et républicains. Les Alpilles et la Camargue comptent un nombre important de nobles qui n'entendent pas baisser les bras et abandonner leurs privilèges. Ils font de la région une véritable plaque tournante de la contre-révolution. Le ton monte, entre Monadiers (pro-révolutionnaires) et Chiffonistes (royalistes) et le pays entre dans un cycle de terreur. Par ailleurs, la nature se déchaîne une nouvelle fois contre la région. Des pluies diluviennes provoquent des inondations d'une ampleur rare. On compte de nombreuses pertes humaines.
XIXe siècle
Le XIXe siècle est un siècle extrêmement prospère dans les Alpilles comme en Camargue. L’agriculture et l’industrie se développent de manière exponentielle. En Camargue, on assèche les marais et l’activité salinière prend son envol. Vers la fin du siècle, l’électricité et le chemin de fer arrivent. Ce sera un véritable tournant dans le développement de la région.
1896
La ligne Arles / Les Saintes-Maries est inaugurée par la compagnie des Chemins de fer de Camargue. C’est aussi le début des grands vignobles.
XXe siècle
Dans la première moitié du XXe siècle, d’importants travaux sont réalisés pour maîtriser le débit du Rhône, souvent capricieux.
1904
Frédéric Mistral obtient le prix Nobel de littérature pour son œuvre Mireio qui est toujours une référence. Mistral reste l’icône de la Provence et l’un de ses plus grands poètes.
1909
Le marquis de Baroncelli crée la Nation Gardiane qui a pour objectif de défendre et maintenir les traditions camarguaises. Une association toujours en activité de nos jours.
1914 - 1945
Les deux guerres du XXe siècle vont purger les Alpilles et la Camargue d’une bonne partie de leur population. Certains villages, comme les Baux seront quasiment désertés. En Camargue, le Camp de Saliers, dont il ne reste plus rien aujourd’hui, demeure comme une tache sombre dans l’histoire de la région. Le régime de Vichy y fit interner, entre 1942 et 1944, plus de 700 gitans dont beaucoup périrent sur place.
1945
Intensification de l’agriculture et plus particulièrement de la riziculture, en Camargue.
1960
Dans les années 1960, de nombreux pieds-noirs viennent s’installer dans la région. Ils apportent des techniques de culture : riz, oliviers, vignes qui font la richesse du pays. Le tourisme commence à se développer jusqu’à devenir la principale ressource de la région.
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