Histoire Histoire

Plus de 2 000 ans d’histoire ont façonné la ville de Séville au travers de vagues successives de luttes et de conquêtes. Mais elle a souvent joué un rôle de premier ordre sur la scène  politique, militaire, commerciale et culturelle de la péninsule ibérique : point stratégique sur le Guadalquivir lors de la présence romaine, ville de Saint Isidore, centre culturel brillant d’Al-Andalus, point crucial de la Reconquête, siège régulier de la cour sous Alphonse X de Castille et ses successeurs ou plaque tournante du commerce avec les Amériques. Si comme pour l’Espagne et l’Andalousie, l’expulsion des juifs, des maures et des morisques l’a fait entrer dans une période de profonde crise économique aux XVIIe et XVIIIe siècles, la ville a retrouvé une nouvelle vitalité au milieu du XIXe siècle. Et deux expositions universelles, en 1929 et 1992, lui donneront un nouvel élan économique et artistique. Retour sur ces différentes étapes.

VIIIe siècle av. J.-C.

La légende attribue à Hercule la fondation d’Hispalis mais de nombreux historiens s’accordent sur la date et sur ce qui aurait pu être son premier lieu de peuplement, la rive gauche du Guadalquivir. Les avis divergent toutefois sur les fondateurs, Tartessiens ou Phéniciens. A partir de ce siècle, l’antique Séville sera conquise successivement par les Phéniciens, les Grecs et les Carthaginois.

210 av. J.-C.

Pour couper les approvisionnements des Carthaginois, Scipion l’africain, général romain, entame la conquête de la péninsule ibérique et fondera la cité d’Itálica, à quelques km de Séville, en 206 av. J.-C.  Donnant à cette cité une fonction résidentielle. Reconstruite et rebaptisée Hispalis, Séville va connaître quant à elle un rayonnement économique majeur au sein de la péninsule durant la période romaine. Elle sera fortifiée en 49 av. J.-C., sur ordre de Jules César et élevée au rang de colonie romaine en 45 av. J.-C. Elle donnera aussi deux empereurs à l’Empire romain : Trajan puis Hadrien. C’est dans l’actuelle calle Mármoles, dans le quartier de Santa Cruz, que l’on trouvera des vestiges de l’ancien forum de l’époque impériale romaine. 

(53 ap. J.-C.- 117)

Trajan

Déclaré optimus princeps, meilleur des empereurs, par le Sénat romain, il succède à Nerva, à l’âge de 45 ans et régnera 20 ans. Avec lui, l’Empire romain connaîtra la plus grande extension mais aussi de très grands travaux. 

419 ap. J.-C.

Ce sont désormais les Wisigoths qui dominent toute la péninsule, après le déclin de la domination romaine. Ils assimilent la culture hispano-romaine en se convertissant au catholicisme. En 461, ils feront d’Hispalis, rebaptisée Spali, leur capitale qui deviendra un grand foyer intellectuel occidental grâce à deux archevêques de Séville, San Leandro et San Isidro qui contribuent au rayonnement de la culture latine dans tout l’occident. Mais les querelles internes entre Wisigoths vont faciliter la conquête de la région par les maures. 

(76-138)

Hadrien

Il succède à Trajan et régnera jusqu’à sa mort. En rupture avec son prédécesseur, il s’attache surtout à structurer l’empire. Mais comme lui, il sera généreux avec sa ville natale en poursuivant la construction d’une nova urbs comprenant un amphithéâtre de 2 500 spectateurs, l’un des 5 plus grands de tout l’empire. 

711

Après avoir franchi le détroit de Gibraltar, les troupes maures, placées sous le commandement de Tariq ibn Ziyad, vont remporter la bataille de Guadalete, au sud de la péninsule, donnant ainsi la victoire aux Omeyyades et précipitant la chute du royaume wisigoth. Elles vont conquérir très rapidement l’Andalousie qui passe sous la domination du Calife de Damas et des Omeyyades. Ce sera le cas de Séville, conquise dès 712 et rebaptisée Isbylya.

1031

Après la mort du Calife Al-Mansour, les problèmes de succession entraînent la chute du Califat de Cordoue et la scission d'Al-Andalus, progressivement morcelé en plusieurs petits royaumes, les Taïfas. C’est Abu Al-Qasim qui prend le pouvoir à Séville et donne naissance à la dynastie des Abbadides. C’est pour Séville une période de grand apogée littéraire et artistique. 

1091

Pour faire face aux avancées de la Reconquista chrétienne menée au nord de la péninsule ibérique, les Abbadides vont faire appel aux Almoravides, en provenance du Maroc actuel. Après deux campagnes victorieuses, ils décident de soumettre tous les Taïfas. Conquise en 1091, Séville sera intégrée dans cet ensemble Almoravide. 

1147

Séville est désormais envahie par les Almohades qui investiront tout Al-Andalus. La ville devient leur capitale et atteint un grand rayonnement qui se traduira notamment au plan architectural par la construction d’une très grande mosquée dont le minaret est toujours présent dans l’actuelle Giralda l’agrandissement de l’Alcazar et la reconstruction de la muraille dotée d’un élément défensif : la torre del Oro

1212

La bataille de Las Navas de Tolosa marque une étape décisive dans la reconquête d’Al-Andalus. Après un siège de plus d’un an, Ferdinand III, roi de Castille va conquérir Séville en 1248, y établira sa cour et en fera la capitale de l’Andalousie reconquise. La ville va acquérir une importance grandissante et deviendra la capitale d’Alphonse X, le sage, fils de Ferdinand III, à la fin du XIIIe siècle. 

XIVe et XVe siècles

Le premier sera marqué par des querelles nobiliaires et des conflits de succession ainsi que par la peste noire de 1348. C’est à partir de 1350 que débute le règne de Pierre Ier le Cruel, mais il ne s’installe dans l’Alcazar de Séville que 10 ans plus tard. Il faudra attendre le XVIe siècle pour que Séville rayonne à nouveau. L’Espagne est unifiée depuis 1469, mais au détriment des minorités juives et musulmanes et le 1er tribunal de l’Inquisition s’installe à Séville en 1480. Le XVe siècle voit aussi le début de la construction de la cathédrale de Séville qui s’achèvera en 1509.

1334-1369

Pierre Ier le Cruel ou le Justicier

Roi de Castille et de Léon, fils du roi Alfonso XI et de la reine Marie de Portugal, il est né à Burgos mais a été élevé à Séville. Il est affublé du surnom de « Cruel » lorsque, une fois sur le trône, il décide de faire assassiner la femme de son père (Leonor de Guzmán). En 1353, il épouse une princesse française, Blanche de Bourbon, mais l’abandonne rapidement pour María de Padilla. Femme et maîtresse décèdent la même année, en 1362, et se pose alors la question de la succession. Il convainc les Cortes de Séville de valider son union avec María de Padilla afin que les quatre enfants qu’elle lui a donnés puissent accéder au trône. Ce sera chose faite. Mais Pierre Ier, en tentant de sauver Tolède, est assassiné en 1369 par son frère Henri qui le trahit.

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1492

C’est une date clé pour l’Espagne et l’Andalousie puisqu'elle marque la fin de la reconquête, avec la prise de Grenade, et la découverte du nouveau Monde lors du premier voyage de Christophe Colomb. Cette découverte va faire de Séville, durant une partie du XVIe siècle, le centre économique de l’Empire espagnol (voir zoom). 

XVIIe et XVIIIe siècles

Malgré les politiques de repeuplement, l’expulsion des Juifs, des Maures puis des Morisques (maures convertis au christianisme) va conduire l’Espagne, l’Andalousie et Séville dans une profonde crise économique. De plus, la navigation sur le Guadalquivir devenant de plus en plus difficile, le monopole commercial vers le nouveau continent et ses institutions sont transférés à Cadix. Séville subissant par ailleurs une autre grande épidémie de peste qui tuera près de la moitié de sa population. L’esprit « contre-réformiste » de la ville va aussi en faire une ville-couvent (45 monastères de frères et 28 couvents de femmes recensés en 1671) qui verra l’épanouissement de l’art baroque religieux dans les monuments et dans la peinture. Contrepoint à cette crise, Séville profite de l’installation d’une manufacture de tabac qui emploiera environ 5 000 ouvrières.  

1808- 1812

La nomination de Joseph Bonaparte, frère de Napoléon, comme roi d’Espagne en 1808 marque le début de la guerre d’indépendance et de 1809 à 1810, Séville sera la capitale de l’Espagne libre, avant d’être occupée par l’armée française dès le 1er février 1810. Cette occupation s’accompagnera de nombreux pillages d’œuvres d’art (plus d’un millier, dont de nombreux tableaux de Murillo), envoyées à Madrid et en France. La ville sera libérée par un contingent anglo-espagnol après la bataille du Puente de Triana (août 1812).

1835

Après la sécularisation des biens des ordres religieux (desamortización de Mendizábal), de nombreuses œuvres provenant des couvents et des monastères sont transportées dans un musée de peinture, devenu aujourd’hui le Musée des Beaux-Arts de Séville. En 1841, c’est dans l’un des monastères ayant le plus souffert de la confiscation, la Cartuja, que Carlos Pickman fonde une usine de céramique, aujourd’hui à Salteras. 

Milieu du XIXe siècle

Le chemin de fer arrive à Séville, qui inaugure une ligne avec Cordoue en 1859 puis Jerez de la Frontera (1860) et Cadix en 1861.

1929

Plusieurs fois repoussée par la Première Guerre mondiale et la dictature du général Rivera, l’exposition ibéro-américaine ouvre ses portes le 9 mai, à Séville, considérée comme le berceau de la découverte du Nouveau Monde par une Espagne qui souhaite renouer des liens avec ce continent après la perte des colonies. Pour Séville qui va se centrer sur l’art, la culture et l’héritage historique, cet événement qui durera un an sera le plus important de ce début du XXe siècle. S’il a augmenté les dettes de la ville, il a aussi contribué à en faire une ville moderne. Avec la construction de sites emblématiques comme la Plaza de España, œuvre d'Anibal González, mais aussi l’hôtel Alphonse XIII ou la place d’Amérique, le prado San Sebastián, ou encore le théâtre Lope de Vega...

1936

C’est le 17 juillet 1936 à Melilla (Maroc) que la première garnison militaire se soulève, préparant l’offensive du mouvement national et le début de la guerre civile opposant nationalistes et républicains, jusqu’en 1939. Dès juillet 1936, le général Queipo de Llano prend le contrôle de Séville qui deviendra une tête de pont pour l’occupation du reste du pays par l’armée d’Afrique (plus de 3 000 morts recensés à Séville de juillet 1936 à janvier 1937).

1975

Après trente-six ans de dictature, la mort du général Franco marque le début de la transition démocratique du pays, un processus qui court, pour l’essentiel, des gouvernements d’Adolfo Suárez jusqu’à l’arrivée au pouvoir des socialistes en 1982. 

30 décembre 1981

Ratification par le roi du statut d’autonomie de l’Andalousie après son approbation par les Andalous lors du référendum du 21 octobre 1981. C’est la troisième région espagnole accédant à ce statut qui permet l’exercice du droit à l’autogouvernement. Et c’est en 1982 que Séville devient la capitale de la Communauté autonome d’Andalousie.

1992

D’avril à octobre, Séville accueille une exposition universelle qui lui a permis de moderniser considérablement ses infrastructures : construction d’un nouvel aéroport, nouvelle gare ferroviaire de Santa Justa pour accueillir le 1er train à grande vitesse de l’Espagne (AV) Madrid-Séville, constructions d’autoroutes. Une partie des installations de l’expo ont été converties en parc technologique, Cartuja 93, le plus important d’Andalousie. Autres constructions de cette époque : le parc à thème Isla Mágica ou le Puente del Alamillo (œuvre de Santiago Calatrava).

Années 2000

Comme toute l’Andalousie, Séville a été touché par la crise économique de 2008 et connu des taux de chômage très élevés, notamment chez les jeunes. Mais après l’impulsion donnée par l’expo universelle de 1992, elle a continué sa transformation urbaine : inauguration d’une ligne de métro et d’un tramway, multiplication des pistes cyclables, piétonnisation de nombreuses zones du centre, développement de la berge ouest du Guadalquivir. La silhouette avant-gardiste des Setas de Séville en 2011 et la verticalité impressionnante de la Tour Pelli (la plus haute d’Andalousie) en 2016 sont venues aussi l’inscrire comme une ville installée dans le XXIe siècle. 

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