La musique traditionnelle

Quand les Espagnols sont arrivés en Floride au XVIe siècle, ils ont rencontré deux nations indiennes : celle des Tequestas, dont il ne reste maintenant que les vestiges de souvenirs archéologiques, ainsi que la nation des Séminoles. Farouches et solides guerriers, ces derniers ont su résister à l’extermination, protégés par la nature inhospitalière des Everglades. À l’instar des autres nations amérindiennes, les musiques des Séminoles avaient une fonction rituelle : certaines servaient à entrer en communication avec les ancêtres ou en transe, d’autres à apaiser les esprits de la nature. La musique officiait aussi lors d’assemblées, connues sous le nom de pow-wow. Parmi les instruments fréquemment utilisés par les Séminoles, on trouve le mouthbow, sorte de guimbarde formée d’un arc d’une vingtaine de centimètres, sur lequel est attachée une corde ; la flûte, souvent percée de six à sept trous ; le tambour, fait d’un tronc d’arbre creux sur lequel des peaux de bêtes sont fixées l’une à l’autre ; et enfin les maracas ou hochets, souvent utilisés par le chaman lors de danses d’incantations. Le Miccosukee Everglades Music And Crafts Festival se tenant dans les Everglades entre fin décembre et début janvier est un bon moyen de découvrir la culture des peuples premiers de la région, notamment leur artisanat et leur musique. Et pour pousser la découverte plus loin, dans la Big Cypress National Preserve se trouve le Ah-Tah-Thi-Ki Museum, musée entièrement dédié à la vie des Séminoles, comportant une riche collection et de nombreuses reproductions saisissantes montrant comment les premiers habitants de cette région vivaient autrefois.

La musique classique

Si la Floride n’a pas produit de compositeurs notables - mais une grande musicienne, Constance Weldon (1932-2020), première femme à jouer du tuba dans un orchestre majeur américain -, l’État comporte néanmoins quelques ensembles et scènes intéressantes. Avant de disparaître suite à des problèmes financiers en 2003, le Florida Philharmonic Orchestra (de Fort Lauderdale) était sans doute l’orchestre le plus important de l’État. Dirigé, une grande partie de son existence, par le chef d’orchestre britannique James Judd, l’ensemble était, avec l’Opéra de Miami (le « Florida Grand Opera » ou « FGO »), la grande institution musicale de la région de Miami. Depuis, ce sont l’Orlando Philharmonic Orchestra, très bien financé, ou la Jacksonville Symphony, l’ensemble doyen de Floride (fondé en 1949) qui sont les entités philharmoniques floridiennes les plus importantes. Cette dernière s’est fait remarquer par le passé en multipliant les invités de prestige : Leonard Bernstein, Luciano Pavarotti, Mstislav Rostropovich, André Previn ou encore Ravi Shankar et Duke Ellington.

À Miami, outre l’Opera, on trouve la New World Symphony. Fondée en 1987 par Michael Tilson Thomas et pensée comme un tremplin pour les jeunes talents, la New World Symphony offre une saison complète de concerts dans la salle du New World Center. Cette salle à l’architecture futuriste était un ancien cinéma Art déco, magnifiquement restauré par Franck Gehry dans un style moderne et ultra design. Une salle splendide, comme l’Olympia Theater, elle aussi ancienne salle de cinéma reconvertie, qui accueille également des concerts du New World Symphony en plus d’opéras, de ballets et d'autres spectacles.

La musique populaire

La communauté latine, surtout cubaine, étant évidemment importante et particulièrement dynamique à Miami et dans la région, on y trouve en conséquence de nombreux grands succès pop teintés de diverses esthétiques d’Amérique latine. Un des exemples les plus fameux est sans aucun doute le rappeur et chanteur Pitbull, d’origine cubaine et très friand de reggaeton. C’est aussi le cas de Camila Cabello, née à Cuba mais résidant à Miami depuis l’enfance, et qui invite régulièrement les couleurs de son île de naissance dans sa musique.

La Floride est une incontestable terre de pop. La région est un terreau fertile pour cultiver les tubes et depuis les années 1970, avec le carton disco KC and the Sunshine Band, les groupes de Floride multiplient les succès nationaux, voire internationaux. Dans les années 1980, c’est Gloria Estefan & The Miami Sound Machine qui enchaîne les tubes puis peu après dans les années 1990, la Floride contribue à la vague des boys band avec deux de ses principales entités : les Backstreet Boys et N Sync, tous deux formés à Orlando. Plus récemment, ce sont T-Pain de Tallahassee, Flo Rida de Carol City ou Ariana Grande de Boca Raton qui sont associés à des succès importants.

À Miami, les gros concerts sont organisés dans des lieux comme la FTX Arena ou le Fillmore Miami Beach qui a également pour particularité de convier de nombreuses stars françaises comme Patrick Bruel ou IAM.

Les musiques latines

Étant donné l’étendue, la richesse et la diversité des communautés latino-américaines présentes à Miami, presque tous les genres musicaux d’Amérique latine sont présents ici et dans le sud de la Floride. Ainsi il est courant d’entendre sur place de la cumbia colombienne, irrésistible grâce à son contretemps unique ; de la salsa, évidemment, étant donné la proportion de Cubains habitant la ville, fusion de son, jazz, mambo et rythmes caribéens comme le merengue ; du merengue, justement, pur produit de la République dominicaine aux influences hisapano-africaines ou encore le fameux reggaeton, dérivé portoricain du dancehall jamaïcain qui tourne en boucle partout dans le monde.

Les amoureux de salsa - et musiques latines en général - ne manqueront sous aucun prétexte de passer par Ball And Chain, grand bar ouvert depuis 1939 à Little Havana et vraie référence en matière de musique latino à Miami.

La musique électronique

On peut faire remonter l’histoire de la musique électronique à Miami aux années 1980, époque où l’ouverture des clubs jusqu'à 5 heures du matin et l’abondance de drogues ont dynamisé grandement la scène électro. Mais le vrai boom intervient en 1985 avec la première édition de la Winter Music Conference, un grand rassemblement de professionnels de la musique électronique où se décident les tendances musicales des dancefloors l’année suivante. Associé à son festival, le fameux Ultra Music, qui se déroule la même semaine, la WMC a participé nettement à placer Miami sur la cartographie de la musique électronique. Rapidement, sous son impulsion, toute une scène se met en place, des clubs ouvrent et tournent à plein régime et des artistes commencent à se distinguer comme Jellybean Benetiz (un proche de Madonna), Danny Tenaglia et David Padilla (deux légendes aujourd’hui connues d’un public de niche).

Aujourd'hui, Miami abrite une scène électro très dynamique, où l’EDM (un style bruyant pas très fin) est roi, incarné notamment par Steve Aoki, DJ superstar adoré autant que critiqué, originaire de Miami.

Le hip-hop

C’est peut-être dans le hip-hop que l’on trouve un des produits les plus typiques de Floride : la booty bass. Née à Miami (on l’appelle d’ailleurs aussi « Miami Bass »), cette petite cousine floridienne du rap apparaît dans les années 1980 entre les mains de plusieurs jeunes producteurs avant d’être largement popularisée par le groupe 2 Live Crew, dès 1986 avec la sortie de son premier album 2 Live Crew Is What We Are. Caractérisé par une ligne de basse très lourde et agile, les rythmes emblématiques de la Roland TR-808 et des paroles particulièrement licencieuses (le terme « booty » désigne le fessier), la booty bass est un rap moite et particulièrement enclin à la controverse.

Depuis cette époque, le rap de Floride a maintenu une ébullition constante. La région a largement contribué à l’esthétique dirty south, hip-hop typique du sud états-unien, et a porté de très nombreux artistes qui ont fait et font date : Rick Ross, le patron à la voix de ténor, Kodak Black, qui raconte mieux que personne la vie de rue en Floride, Denzel Curry, une nouvelle voix très réfléchie, ou encore Smokepurpp, Ace Hood et Plies, trois rappeurs qui ont marqué leur temps.

Quelques belles têtes d’affiche du genre se produisent régulièrement au Sunfest, festival musical en bord de mer à West Palm Beach durant cinq jours et programmant une cinquantaine de concerts devant un public d’environ 300 000 personnes.