Guide de LEIPZIG : Survol de la ville

Leipzig et son agglomération occupent le nord-ouest de l'Etat libre de Saxe. L'aire urbaine et économique leipzigoise s'étend aussi sur le sud-est de l'Etat de Saxe-Anhalt, en imbrication notamment avec celle de la ville de Halle (Saale), avec laquelle elle partage un certain nombre d'infrastructures, notamment l'aéroport.

Sur le plan géologique, Leipzig est au coeur d'une vaste plaine sédimentaire appelée Leipziger Tieflandsbucht (littéralement : " baie du bas-pays de Leipzig ") ou Leipziger Becken (cuvette leipzigoise). Il s'agit d'un très bas plateau morainique, sédimentaire, apparu au tertiaire suite au soulèvement des monts Métallifères et du Vogtland. La cuvette de Leipzig constitue le sud-ouest de la grande plaine germano-polonaise. Le sud de cette cuvette très plate se réhausse lentement au sud avec le piémont des monts Métallifères et les collines de Saxe moyenne. A l'ouest, elle est délimitée par la Saale, à l'est par l'Elbe. Au nord, la Dübener Heide (forêt de Düben) la sépare de la grande plaine brandebourgeoise.

A l'origine, la plaine de Leipzig était une étendue humide et marécageuse, occupée par le lit d'inondation de nombreux cours d'eau (dont l'Elster et la Pleisse qui traversent Leipzig, ainsi que la Mulde, tous trois affluents de l'Elbe) ainsi que par une dense forêt primitive tempérée. L'activité humaine et industrielle, notamment à partir des années 1920, puis à l'époque de la RDA, a intensément détruit ce milieu, préservé aujourd'hui en de rares endroits, notamment dans l'Auenwald de Leipzig. L'agriculture extensive, puis l'extraction frénétique de la lignite ont presque entièrement déforesté et asséché la cuvette. Ce paysage étonnant est aujourd'hui, à l'ère post-industrielle, de nouveau en pleine transformation. Dans toute la zone d'anciennes mines à ciel ouvert, au sud et à l'ouest de Leipzig, l'Allemagne mène une politique de renaturalisation, en conduisant la recréation de la forêt et en créant un nouveau plateau lacustre avec l'inondation des mines qui deviennent ainsi des lacs ex-nihilo. Ce processus est en cours et devrait avoir trouvé une première stabilité à l'orée de 2020. Les champs de betteraves et de colza viennent compléter ce paysage dont les points forts sont les cours des rivières, restés en partie sauvages.

Comme toute l'Allemagne, Leipzig appartient à la zone tempérée de l'Europe. Géographiquement, la Saxe occupe un carrefour entre trois Europes : du nord, de l'est et de l'ouest. De même, elle subit l'influence de trois climats : océanique, continental et tempéré. Du climat océanique, Leipzig hérite d'une certaine pluviosité, mais atténuée par rapport au nord et à l'ouest de l'Allemagne. Du continental, elle subit une certaine rigueur thermométrique, avec notamment des hivers plus froids que dans de nombreuses zones du pays, ainsi qu'une amplitude thermique plus élevée. Ainsi, la saisonnalité est assez marquée : hivers froids et secs, étés assez chauds et humides, intersaisons marquées. Avec les aléas liés au réchauffement climatique, cette amplitude peut être assez spectaculaire. A l'été 2015, la canicule européenne atteint des sommets à Leipzig, avec des 37 °C pendant plusieurs jours. L'hiver 2008, particulièrement froid, a lui connu des -21 °C. Mais dans l'ensemble, les influences océaniques tempèrent les vélléités extrêmes du climat continental, qui préserve la ville des abondantes précipitations de la Mer du Nord.

Leipzig et sa plaine sont au coeur d'enjeux écologiques qui sont majeurs pour l'Allemagne et d'une exemplarité valable pour l'ensemble du monde industriel. La région de Leipzig avait été exploitée jusqu'à l'asphyxie à l'époque communiste en raison de l'abondance en lignite de son sous-sol. Depuis le milieu des années 1990, la Saxe a entrepris l'un des plus vastes programmes de réhabilitation écologique et de renaturalisation, sur deux zones principales : le bassin minier de Leipzig et celui de Lusace autour d'Hoyerswerda. Il s'agit d'un projet titanesque : remplir d'eau les dizaines de cratères gigantesques laissés par les mines à ciel ouvert en détournant à faible intensité mais continuellement l'eau des rivières voisines, ainsi que recréer d'importantes zones forestières là où elles avaient disparu. Le projet est déjà arrivé à moyen terme, puisque certains lacs ont trouvé leur niveau définitif (Cospudener See, Markkleeberger See) et que la reforestation est en cours (Neue Harth par exemple). Un certain nombre de lacs sont encore en cours de remplissage (le Zwenkauer See arrive presque à son niveau définitif) et la forêt a besoin d'une dizaine d'années encore pour avoir une (jeune) taille adulte.

Par ailleurs, la cessation de l'exploitation industrielle lourde et salissante de l'époque communiste a redonné tous ses droits à la nature dans Leipzig, devenue une ville verte. Pistes cyclables et vélos font partie intégrante du monde de vie d'une part importante de la population, et les nombreux espaces verts offrent à la ville une qualité de l'air excellente.

C'est l'unique parc national de la région de Leipzig. Couvrant 75000 hectares au nord-ouest de la Saxe et au sud-est de la Saxe-Anhalt, il protège le plus grand périmètre du séduisant milieu naturel de la forêt mixte d'Allemagne moyenne, entre les bassins fluviaux de l'Elbe et de la Mulde. La forêt, très propice à la randonnée, abrite de nombreux lacs et étangs où vivent notamment des castors.

Au sud de Dresde, le parc national de la Suisse saxonne, protège une partie des merveilleux monts de Grès de l'Elbe, avec leurs pittoresques formations rocheuses, les cheminées de fées qui furent l'un des berceaux de l'alpinisme moderne.

Le parc national du Harz, à l'ouest de la Saxe-Anhalt et à cheval sur la Basse-Saxe, qui couvre une part du massif de moyenne montagne le plus septentrional d'Allemagne, avec ses villages à colombages, ses châteaux et ses légendes de sorcellerie. Il englobe le point culminant de l'ex-RDA, le mont Brocken (1141 m).

Avec une part non négligeable de sa superficie couverte par l'Auwald (forêt du lit d'inondation de l'Elster et de la Pleisse) et ses parcs attenants, Leipzig abrite une part importante de la faune et de la flore typiques des forêts mixtes d'Allemagne moyenne. La forêt de l'Auenwald est constituée en grande partie d'aulnes, de peupliers noirs et chênes (forêt primitive), de frênes, d'érables et de tilleuls (sous impulsion humaine). Un élément typique de l'Auwald est son parterre d'ail des ours, qui au printemps et en été rend ce milieu olfactivement très reconnaissable et vient assaisonner la cuisine saxonne.

Les oiseaux typiques du milieu naturel de la forêt marécageuse de plaine leipzigoise sont le pic mar et le loriot. Un élément notable : lors de la reproduction des corneilles (printemps), deux espèces, l'une de l'ouest et du sud de l'Europe (corneille noire), l'autre du nord et de l'est (corneille mantelée), se retrouvent dans les parcs de Leipzig, qui comptent parmi les rares lieux où ces deux espèces cohabitent... Montrant au passage la position clé de la ville entre Est et Ouest ! L'hybridation, quoique restant marginale, est possible entre les deux espèces. Du côté des mammifères, les animaux endémiques de ces forêts sont le sanglier, le cerf, le daim, le chevreuil, le renard, la martre, le bison (disparu depuis longtemps), le lynx et le loup (également disparus). Le Wildpark, parc animalier situé dans l'Auenwald, a fait une place à des individus de ces espèces aujourd'hui disparues en milieu naturel. Les berges des canaux et des parcs sont peuplées de ragondins et de castors. Dans les rues de Leipzig, c'est en revanche le chien qui prédomine !