Découvrez TURIN : Beaux-Arts (Peinture / Sculpture / Street Art / Photo)

Les musées de Turin et du Piémont sont aussi nombreux que variés. La ville abrite même une éblouissante collection d’art égyptien. Elle s’impose aussi dans le domaine de l’art contemporain. Turin est indissociable de l’Arte Povera. De nos jours, on rencontre un art parfois troublant comme au château de Rivoli, ou une culture plus accessible à la Fondation Sandretto Re Rebaudengo. Plusieurs grands noms de l’art du XXe siècle ont ouvert des centres culturels dans les campagnes : la Fondation Merz, la Fondation Spinola Banna et bien sûr la Città dell’arte à la Fondation Pistoletto. Se balader dans les rues de Turin, c’est aussi partir à la rencontre d’un art urbain foisonnant et d’une multitude de galeries d’art. En prime, tous les mois de novembre, la foire Artissima vous donne rendez-vous avec le must des arts visuels. Que les amoureux des maîtres classiques se rassurent, il suffit de pousser la porte des églises pour rester ébloui !

Origines

L’art italien prend sa source dans la Grèce antique. Sous l’Empire romain, il se met avant tout au service de la politique et de la religion. La tradition des fresques murales et des mosaïques est un héritage direct de la culture byzantine. Après la signature de l’Édit de Milan en 313, autorisant chacun à adorer le divin à sa façon, l'art paléochrétien sort des catacombes pour embellir les basiliques. S’ensuit une période de conflits, les dirigeants fuient sous l’invasion des Huns puis des Lombards. La conversion de ces derniers ouvre la voie aux innovations sculpturales dans le nord de l'Italie.  A l’aube du Moyen Age, cette partie de la Botte demeure un lieu d'échange d'une richesse inouïe. L’école piémontaise s’épanouit entre le XIVe et le XVIe siècle. Certains de ses chefs-d’œuvre sont réunis à la Galleria Sabauda de Turin. C’est l’une des plus riches pinacothèques d’Italie. Parmi plus de 700 œuvres de maîtres italiens et flamands, citons Fra Angelico, Botticelli (La Vierge à l’enfant), Mantegna, Véronèse, Rembrandt (Portrait de vieillard)...

Gothique : Jacquerio

Le style gothique se développe en France au XIIe siècle, puis traverse la frontière sous les Visconti. L’influence transalpine se ressent dans l’élégance du maître Giacomo Jacquerio. Né à Turin vers 1375, il exerce son talent de peintre dans le Nord italien, en Savoie et jusqu’à Genève. Entré au service d’Amédée VIII de Savoie, il fréquente des artistes du gothique français et vénitien (Gregorio Bonio). Au sommet de son art, il réalise les fresques de l'abbaye Sant'Antonio di Ranverso (Turin 1450) ; leur découverte en 1912 consacre son talent. Le presbytère abrite sa Madone sur son trône, entourée de scènes champêtres d’un réalisme remarquable ; d’autres réalisations de l’artiste sont visibles dans les voûtes d’ogives de la sacristie (Montée au Calvaire, les Quatre évangélistes, Oraison dans le jardin potager). Son art orne également les châteaux de Pignerol en Piémont, de Saint-Pierre de Pianezza non loin de Turin ainsi que le Castello della Manta, près de Saluces. Les peintures de la Salle des Barons appartenant au gothique courtois sont attribuées à Jacquerio ou à Jacques Yverni selon les sources. Le cycle des Preux et des Héroïnes serait quant à lui l’œuvre d’un anonyme dit le Maestro del Castello della Manta. Les personnages à taille réelle sont montrés dans une profusion de motifs végétaux. Comme ses contemporains, Jacquerio exerce son talent dans les domaines de la miniature et du tableau, comme la Vie de saint Pierre hébergé au Palazzo Madama – Museo Civico d’Arte Antica.

Après sa mort survenue à Turin en 1453, l’influence de Jacquiero est colossale. Ses fils transmettent ses enseignements, tout comme ses nombreux élèves, parmi lesquels Giovanni Canavesio et Guglielmetto Fantini da Chieri.

A voir également dans le Piémont, le long mur de fresques de l'église Santa Maria delle Grazie de Varallo (XVe siècle) sur le Sacro Monte di Varallo. Les scènes de la vie du Christ sont de Gaudenzio Ferrari (1484-1546).

Renaissance et baroque

Les grandes familles princières dominent les cités italiennes de la Renaissance. Ce tournant se caractérise par plusieurs changements picturaux qui révolutionnent les canons médiévaux. Masaccio invente le point de fuite unique, modifiant ainsi le rendu de la perspective, des volumes et des proportions. À cette époque décisive d’ouverture sur le monde et à la connaissance, les sujets profanes séduisent de plus en plus d’artistes.

La grande crise religieuse du XVIe siècle ouvre la voie au baroque. Les artistes explorent les exagérations et les contrastes aussi bien en peinture qu’en sculpture. Le sculpteur Bernin et le peintre Caravage en sont les grands représentants. L’Italie du Nord, Venise, Turin et Gênes sont fortement touchées par le style baroque jusqu’au XVIIIe siècle.

Dans la ville aux nombreux édifices baroques de Casale Monferrato, la cathédrale, les églises comme les palais abritent quantité d’œuvres. Le Muse Civico e Gipsoteco Bistolfi, situé dans l'ancien monastère de Santa Croce, est décoré de fresques de Guglielmo Caccia. Surnommé le « Moncalvo » (1568-1625), ce dernier marque les décennies de la contre-réforme. Peintures, céramiques et sculptures en bois complèteront la visite. Ne manquez pas les portraits de Pietro Francesco Guala (1698-1757) dans la Galerie d’Art.

Vous appréciez l’art religieux mais vous trouvez porte close ? Le sésame qui donne accès aux églises se nomme Chiese a porte aperte. L’appli « églises portes ouvertes » permet d’accéder en quelques clics à des dizaines d’édifices et à leurs œuvres à travers la région.

Avant-garde

Turin est la première municipalité italienne à avoir constitué une collection publique d’art moderne.  Avec ses milliers d’œuvres picturales, de sculptures, d’installation et de vidéos d’artistes, le GAM ou Galleria Civica d’Arte Moderna e Contemporanea couvre désormais les XIXe et XXe siècles. On rencontre entre autres l’art de Canova, Modgliani, Picasso, Soulages, Chirico, Fontana, ainsi que les principaux courants de la création italienne des deux derniers siècles, comme le groupe Novecento et le futurisme milanais.

Il faut dire que Turin s’impose comme la capitale de l’art contemporain dès les années 1960 avec la naissance de l’Arte Povera. Cette aventure autant intellectuelle qu’artistique s’oppose aux grands courants américains résolument formalistes. Face au pop-art, ses émules répliquent par un art pauvre qui s’appuie sur l’instinct, l’éphémère et les matériaux modestes. En 1966, alors que Turin devient la ville la plus industrialisée du pays, la galerie Sperone présente l’exposition Arte abitabile, qui réunit les artistes Giovanni Anselmo (né en 1934), Alighiero e Boetti (1940-1994) et Michelangelo Pistoletto (né en 1933). A Rome, la galerie L’Attico défend Janis Kounellis (1936-2017) et Pino Pascali (1935-1968). Le courant implique douze artistes officiels pour le moins radicaux, dont Mario Merz qui intègre des tubes de néon en lieu et place de la traditionnelle toile. Pistoletto prolonge son manifeste avec l’aménagement de la Città dell’arte à Biella, rebaptisée en Cittadellarte - Fondazione Pistoletto. Il s’installe en 2000 dans ce vaste ensemble rénové qui accueille à présent des artistes en résidence, un restaurant, et voit se former de nouveaux courants.

Proche de l’Arte Povera, le photographe Claudio Abate (né à Rome en 1943, mort en 2017) poursuit ses recherches esthétiques en parallèle de son activité de photoreporteur. Ses images en noir et blanc apportent un témoignage exceptionnel de l’effervescence culturelle dans l’Italie des années 1960-1970. La décennie suivante est celle des expérimentations de la couleur. Il établit sa renommée avec ses portraits d’artistes. Marina Abramović, Jannis Kounellis, Mario Merz, Pino Pascali ou encore Giuseppe Penone posent devant son objectif.

Haut lieu de l’art contemporain

Toute l’Italie du Nord manifeste son attachement à l’art contemporain. Les fondations culturelles se multiplient dans la région : Fondazione Sandretto Re RebaudengoFondazione Merz. Un imposant centre culturel avant-gardiste s’ouvre dans une ancienne gare de tri, l'OGR - Officine Grandi Riparazioni. Dans un autre registre, le centre italien de la photographie de Turin Camera promeut des photographes italiens et internationaux. Peut-être le plus connu, le château de Rivoli – Musée d’art contemporain s’installe dans une ancienne résidence royale à 15 km de Turin. Sa collection permanente parfois déroutante reprend les courants majeurs de l’art contemporain. Toujours en quête d’originalité ? Conçu par l’artiste Piero Gilardi, le PAV - Parco di Arte Vivente se définit comme un lieu expérimental où les installations dialoguent avec l'environnement. A la fois musée à ciel ouvert et labo artistique interactif, c’est le premier établissement permanent en plein air construit dans un contexte urbain en Italie.

MAU et Artissima

Côté rue, Turin est encore à la pointe de l’innovation ! Le premier lieu permanent en extérieur dédié au street art est fondé dans la capitale du Piémont. Le MAU - Museo d'Arte Urbana propose un parcours de 180 œuvres dispersées dans le quartier Campidoglio. En se baladant à travers la ville, il n’est pas rare de tomber sur des pointures du street art : dans le secteur de la gare, le portrait réalisé par le Portugais Vhils près de la Piazza Nizza ; l’ours géant de Bordalo II près du Teatro Colosseo ; au terminal des bus de la Via Fiochetto, repérez la fresque d’Ericalcaine ainsi que celle de ROA. Dans le quartier de la Barriera di Milano, Millo a peint 13 murs après avoir remporté un concours avec son projet Habitat. Les fresques de Pixel Pancho parsèment la ville. Normal, c’est l’enfant du pays ! L’artiste né en 1984 découvre l’art urbain durant ses études à Valence. Il expérimente tous les supports, et parcourt l’Europe pour embellir les murs sur sa route. Les humains, les robots et les androïdes comptent parmi ses thèmes de prédilection qu’il reprend également dans ses aquarelles.

Parmi l’impressionnante variété de galeries d’art turinoises, signalons trois adresses. La Galerie Franco Noero présente des vedettes de l’art contemporain mondial (Sam Falls, Francesco Vezzoli…) dans ses deux espaces : le premier d’esprit industriel à Barriera, le second logé dans un sublime bâtiment du XVIIIe siècle.

Depuis la fin des années 1990, la galerie Guido Costa Project défend Boris Mikhailov et Miroslav Tichy aux côtés de la jeune génération d’artistes italiens. La fille du peintre Salvo Mangione tient la Galerie Norma Mangione où elle assure la promotion de jeunes talents.

Envie de tout voir en même temps ? La foire de l’art Artissima donne rendez-vous avec toutes les facettes de l’art contemporain à Turin. Plus de 150 galeries locales et internationales, des événements street art, des circuits thématiques à vélo et une flopée d’initiatives plus originales les unes que les autres raviront les affamés de découvertes !

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