Guide de voyage Ougoditchi

En revenant vers Poretchïé, on accède au village d’Ougoditchi par une route en très mauvais état. Fondé dans des temps très reculés, son nom, comme c’est souvent le cas, est lié à deux légendes qui rivalisent d’ingéniosité pour expliquer son origine. D’après la première, le village, appelé Ougoji jusqu’au XVIe siècle, aurait changé de nom à cause de la fille d’un prince de Rostov, une certaine Boudislava Ougoda (un prénom typiquement slave et un nom de famille qui vient de l’adjectif « ougodlivaïa », qui signifie obséquieuse, empressée et correspondait très bien au caractère de la jeune fille). Selon la seconde légende, les habitants du village répondirent les premiers à la demande du prince de Kiev, Vladimir, qui voulait se faire baptiser sur les rives du lac Nero, et ne le rejetèrent pas (du verbe « ougodit »). Dans le village, l’église en bois Saint-Kirik et Sainte-Oulita témoignait de cet événement, qui est considéré comme le baptême de la Russie. Les princes de Rostov venaient souvent chasser dans les environs d’Ougoditchi, et le fils de Vladimir Monomaque, Mstislav, y fit construire un palais en bois de chêne (« la maison des Monomaque ») et une église en bois. En 1553, Ivan le Terrible séjourna à Ougoditchi, une terre qu’il tenait en héritage de sa mère, Elena Glinskaïa. Ce vieux rival de Poretchïé gagna finalement la possession du lac Nero, et tous les villages riverains durent payer à Ougoditchi le droit de pêcher dans le lac. Les activités principales des habitants ont toujours été la pêche et la culture maraîchère. A partir du XVIIe siècle, on commença (sous l’influence de Poretchïé) à cultiver des plantes médicinales, à extraire le sel et, en hiver, à approvisionner en glace les villages voisins. Aujourd’hui, sur la place du marché, on pourra voir plusieurs maisons de marchands assez bien conservées ainsi que des maisons entièrement en pierre de la fin du XVIIe siècle. La rue Nicolskaïa, longue d’un kilomètre et demi environ, parcourt tout le village et longe les berges du lac. A mi-chemin, se dresse l’église Saint-Nicolas à cinq coupoles en forme de bulbe, construite entre 1707 et 1709 à la place de l’église en bois qui s’y trouvait. Plus tardif, son haut clocher circulaire à trois niveaux date du début du XVIII siècle.