DUVEL MOORTGAT

Bel Pils, Duvel, Maredsous, Vedett

La ferme-brasserie créée en 1871 à Breendonk par Jan-Leonard Moortgat et son épouse n'est, au tournant du siècle, que l’une des... trois mille brasseries actives en Belgique. Mais les choses ont bien changé, puisque la famille Moortgat est aujourd'hui aux commandes de l'une des brasseries les plus importantes du pays. Après avoir forgé son image de marque avec la célébrissime Duvel, elle a repris successivement la brasserie d'Achouffe en 2006, Liefmans en 2008 et la dernière brasserie anversoise De Koninck en 2010. Duvel Moortgat, est coté en bourse, propriétaire de la brasserie Bernard en République Tchèque et Ommegang aux Etats-Unis.

En 1923, les deux fils de Jan-Leonard mirent au point une bière pour laquelle la première réaction du boulanger de Breendonk fut « Duvel ! ». En patois, cela signifie tout simplement « Diable ! ». Si le démarrage fut laborieux -sous le nom de Victory Ale-, la Duvel est aujourd'hui l'une des bières spéciales belges les plus prisées à l'étranger et la blonde de haute fermentation la plus consommée dans le royaume. Elle fait même office de véritable étalon vis à vis des autres bières spéciales.

Mais si les amateurs connaissent bien l'origine du nom Duvel, ils savent peut-être moins qu'au fond de leur verre sommeille toujours un soupçon d'ale anglaise. Albert Moortgat, qui voulait absolument produire une bière de qualité, s'est rendu en Ecosse dans l'espoir de ramener de la levure, pendant que son frère Victor se chargeait de la distribution des bières en se rendant à Bruxelles avec une charrette attelée...

L'entreprise était laborieuse, mais l'homme est parvenu à retraverser la manche après s'être procuré un cruchon rempli de levain. Celui-là même qui est toujours utilisé aujourd'hui, puisque le ferment est nourri et se renouvelle : il donne son goût si caractéristique à la Duvel. Son amertume subtile et son arôme délicat lui confèrent une place unique. Après la mise en bouteille, la bière refermente pendant deux semaines dans les caves chaudes de la brasserie. Elle est ensuite refroidie pendant six semaines dans des chambres froides. Cette phase de maturation est particulièrement longue : l'ensemble du processus de brassage dure trois mois.

Fin des années 60, le nouveau et imposant verre Duvel devient le premier verre de dégustation en forme de tulipe. Depuis 2007, une Duvel Tripel Hop (houblonnage à cru) produite en édition limitée, fait annuellement parler d'elle. Ses deux houblons traditionnels sont mariés avec un troisième, qui varie d'année en année (Citra en 2017).

Autre fleuron de Moortgat : les trois bières d'abbaye de Maredsous (blonde, brune et triple), largement distribuées dans tout le pays. Visant un public plus jeune et branché, la Vedett a été relancée en trois versions : Extra Blond (pils premium de 5,2% alc.vol.), Extra White (Blanche) et IPA. Il faut aussi mentionner la traditionnelle Bel Pils de 5% alc. vol.

Bel Pils

Née en 1930 sous l'appellation Extra Blond, la pils de la Brasserie Moortgat fut nommée Extra Pilsner de 1976 à 1991 avant d'être baptisée Bel Pils en 1991. Elle s'affiche comme l'une des pils belges au caractère le plus affirmé, grâce notamment à son amertume typique, conférée par le houblon Saaz.

Maredsous

S'il n'y a plus de brasserie à Maredsous depuis belle lurette, pain, fromage, boutique souvenirs et… une bonne bière attirent la grande foule pendant les week-ends d'été sur les terrasses qui jouxtent l'abbaye, à quelques enjambées de la vallée de la Molignée ! Ce pèlerinage dominical de masse est pourtant relativement récent puisque, si l'abbaye néogothique proprement dite a été terminée dès 1881, le centre d'accueil permettant à la communauté monastique de s’ouvrir à la vie extérieure n'a été inauguré qu'en 1948.

Mais il a été transféré en 1999 dans une partie des infrastructures située plus à l'écart de l'abbatiale. Histoire sans doute, de ne pas trop mélanger sacré et profane ! Sous la devise “Ora et labora” (prière et travail), les moines bénédictins de Maredsous perpétuent des valeurs comme le dévouement et l'hospitalité. On rappelle aussi à Maredsous qu'en 768 déjà, les bénédictions de Weihenstephan, en Bavière, ont commencé à y brasser de la bière. On évoque aussi le nom de Dom Perignon, le moine à qui l'on attribue la découverte de la “méthode champenoise” de vinification. La trilogie des bières Maredsous n'a jamais été produite à l'abbaye. Après avoir procédé à de multiples essais, le Père Attout élabora bien une recette en 1940 mais les moines confièrent alors la fabrication à la Brasserie Binard à Châtelineau (Hainaut). A la disparition de celle-ci dans le courant des années 1960, la brasserie Moortgat (Anvers) a pris la relève. Sur place, le visiteur a la possibilité de déguster les Maredsous dans une chope en terre. Outre une série de pays européens, Maredsous est également appréciée aux Etats-Unis et au Japon.

Vedett

La Vedett s’est taillée une place enviable dans les milieux branchés du pays. Ou plutôt, il faudrait parler de renaissance puisque, on le sait sans doute peu, l’arrivée de la Vedett remonte à 1945. Cette blonde légère, agréablement houblonnée et à la robe dorée claire affiche 5,2% alc. vol. Elle bénéficia d’un succès d’estime dans les régions anversoise et bruxelloise, avant de tomber peu à peu dans l'oubli. C'est au début du 21^ème siècle qu'elle fut judicieusement remise à l’honneur grâce à une stratégie marketing assez appuyée et un look rétro. Elle se positionne clairement comme concurrente de la danoise Carlsberg et s’adresse d’ailleurs à la même clientèle. La Vedett Extra White titre 4,7% alc. vol. et offre une robe jaune pâle, légèrement trouble.