Découvrez la Bavière : Religions

Le catholicisme colle irrémédiablement à l’image de la Bavière. Il est vrai que les catholiques y sont en majorité, près de 48 % des Bavarois étant affiliés à l’Église romaine catholique. Les églises baroques à bulbe marquent le paysage, il y a des croix au sommet des montagnes et les célébrations chrétiennes rythment le calendrier des fêtes. Mais à y regarder de plus près, c’est un peu plus compliqué. Premièrement, la tendance est décroissante et les Bavarois sont toujours plus nombreux à demander à être retirés des registres de l’Église. 2010 connaît un pic de départs avec la révélation de scandales pédocriminels au sein de l’Église catholique. Deuxièmement, les protestants sont majoritaires dans certaines régions du nord de la Bavière. Enfin, il y a depuis plusieurs décennies une minorité musulmane qui avoisine les 4 %. On est en Bavière loin des chiffres polonais où, par comparaison, les catholiques atteignent plus de 86 %.

Survol de l’histoire confessionnelle de la Bavière

L’article 4 de la Loi fondamentale (la constitution allemande) garantit le libre exercice de la religion en Allemagne. Dans ce pays, et notamment en Bavière, les guerres de religion ont été destructrices. Petit retour sur le chemin parcouru.

On sait peu de choses des croyances et des cultes païens pratiqués dans les régions qui forment aujourd’hui la Bavière avant l’arrivée des Romains et avant la christianisation. La région autour du Danube était peuplée de tribus celtes et de peuples germains, donc on peut supposer que des divinités celtes et germaniques ont été vénérées par les premières populations de Bavière. Aux VIIe et VIIIe siècles, plusieurs missionnaires venus de l’ouest (Irlande, Écosse et territoires de l’actuelle France) parcourent la Bavière pour répandre le christianisme. Certains de ces évangélisateurs ont imprimé leur nom dans la conscience collective et on les retrouve dans de nombreuses toponymies : Emmeram, Corbinian, Rupert. L’un d’entre eux, Kilian, né en Irlande, devient évêque de Wurtzbourg et est aujourd’hui connu comme apôtre de la Franconie. Au Moyen Âge, comme dans le reste de l’Europe de l’Ouest, les Bavarois fondent des monastères et des abbayes, qui participent au développement du territoire : les moines contribuent notamment au défrichage des forêts. Certaines de ces abbayes existent encore aujourd’hui : Ettal, Andechs, Weihenstephaner, toutes trois réputées pour leur bière. Au Moyen Âge, on bâtit aussi de gigantesques cathédrales. Le plus bel exemple de construction religieuse médiévale se trouve à Ratisbonne, ville qui peut se targuer d’avoir la plus impressionnante cathédrale gothique de Bavière (voir Dom Sankt-Peter).

En 1517, la publication des 95 thèses de Martin Luther crée un séisme en Allemagne et la Réforme protestante atteint aussi la Bavière et la Franconie. A partir de cet épisode, l’Allemagne est profondément et durablement divisée entre les partisans du protestantisme (majoritaires dans le nord) et les croyants restés fidèles à l’Église catholique romaine (majoritaires au sud). Certains princes se convertissent à la foi réformée, d’autres choisissent de rester fidèle à l’empereur, profondément catholique. Cette adversité entre catholiques et protestants sera source de nombreux conflits et les guerres de religion seront dévastatrices en Allemagne. En 1555, un compromis suspend momentanément les hostilités entre les États luthériens et les États catholiques dans le Saint-Empire romain germanique : c’est la Paix d’Augsbourg. Ce compromis est fondé sur le principe : « cujus regio, ejus religio » (« à chaque région sa religion ») : il est conclu que les princes choisissent la confession de leurs sujets et mettent tout en œuvre pour assurer l’uniformité des cultes sur leurs terres. Cette Paix d’Augsbourg explique en partie la répartition des principautés entre États catholiques et États protestants au nord : les princes de Franconie embrassent tous la foi réformée. Seules les principautés épiscopales (Wurtzbourg, Bamberg) restent catholiques.

Les hostilités reprennent en 1618 avec la défenestration de Prague, entraînant une guerre qui durera 30 ans. Pendant ces trente années de guerres, de famines, d’épidémies, les territoires de l’actuelle Bavière sont ravagés, tour à tour par les Suédois, protestants, et les troupes impériales, catholiques. La Paix de Westphalie en 1648 met fin au conflit mais ne change fondamentalement rien au paysage confessionnel en Bavière. L'appartenance religieuse d'une ville a des conséquences considérables sur sa survie ou son élimination.

Jusqu’au XVIIIe siècle, la Contre-Réforme catholique est menée énergiquement par les Wittelsbach, restés profondément catholiques. Le duc Albert V (Albrecht) permet la fondation de collèges jésuites à Ingolstadt et Munich. Son fils et successeur Guillaume V (Wilhelm) est aussi un acteur important de la Contre-Réforme en Bavière. Pour manifester son engagement dans la conservation du catholicisme, il fait construire la grande église Saint-Michel de Munich (voir Michaelskirche).

Au nord, à l’inverse, les princes protestants de Franconie s’engagent dans l’accueil des Huguenots, qu ont quitté la France après la révocation de l’Édit de Nantes en 1685. Christian-Ernest, le margrave de Brandebourg-Bayreuth, saisit l’occasion et fait construire une ville nouvelle à Erlangen pour accueillir ces réfugiés.

Entre 1802 et 1803, les possessions de l’Église catholique sont sécularisées : les biens des monastères sont expropriés au profit de l'État bavarois.

Le christianisme en Bavière aujourd’hui

Les chrétiens représentent aujourd’hui 65,4 % de la population bavaroise, répartis entre les catholiques, 47,8 %, et les protestants, 17,6 %. Il y a là encore des disparités entre villes et campagnes. Dans le diocèse de Passau, la communauté catholique représente 76 % de la population. A Munich à l’inverse, seuls 46 % des habitants se disent catholiques. En 2010, les scandales révélant des actes de pédocriminalité dans l’Église ont conduit de nombreux Allemands à engager les démarches pour quitter l’Église.

C'est en Franconie, dans le nord du Land, que les protestants sont les plus nombreux. Sur l’ensemble des trois districts (Haute-Franconie, Basse-Franconie, Moyenne-Franconie), le rapport numérique entre catholiques et protestants est assez équilibré. Mais il y a des différences ici et là qui s’expliquent par l’histoire : les régions situées dans l'ancienne sphère d'influence des principautés épiscopales de Bamberg, Wurtzbourg et Eichstätt sont, presque par définition, catholiques aujourd'hui. En revanche, tous les anciens territoires des villes libres et des margraviats d'Ansbach et de Bayreuth sont encore luthériens à ce jour.

Les églises catholiques et protestantes marquent le paysage bavarois avec des langages architecturaux bien différents. On prête aux églises protestantes une grande sobriété. Les églises catholiques sont souvent opulentes, exubérantes, baroques. Mais la différence est bien plus fondamentale que seulement esthétique et architecturale. Tout d’abord, les protestants ne reconnaissent pas l’autorité du pape. Pour Luther, l’étude de la Bible - « Sola Scriptura » - compte bien davantage que les dogmes définis par l’Institution ecclésiastique. Contrairement aux catholiques, les protestants désapprouvent la vénération des saints. Une autre différence absolument majeure repose dans celles de l’ordination des prêtres et des pasteurs. Chez les protestants, les femmes peuvent occuper tous les ministères. En novembre 2021, c’est une femme, Annette Kurschus, qui est désignée à la tête de l’EKD (Evangelische Kirche Deutschlands, Église évangélique d’Allemagne). Et si l’Église de Rome reste attachée au célibat des prêtres, les pasteurs allemands ont depuis bien longtemps fondé des familles.

Le 19 avril 2005, c’est un Bavarois qui est élu pape à Rome. Le très conservateur Joseph Ratzinger, né en 1927 à Marktl en Haute-Bavière, est archevêque de Munich et Freising entre 1977 et 1982 avant d’être promu cardinal-évêque en 1993. En 2005, il devient, sous le nom de Benoît XVI, le 265e pape de l’Église catholique. Il n’y avait pas eu de pape allemand depuis le XVIe siècle !

Quelques spécificités bavaroises : célébrations et pèlerinage

Fronleichnam, la Fête-Dieu, se célèbre un jeudi au début de l’été, après le premier dimanche qui suit la Pentecôte. C’est une grande manifestation pendant laquelle les catholiques décorent leurs maisons avec des branches de bouleau et sortent les drapeaux. On installe dans les rues quatre autels que l’on couvre de fleurs. Il y a une grande procession où, sous un baldaquin porté par plusieurs hommes, le prêtre ou l’évêque tient haut un ostensoir en or contenant une hostie. Au défilé participent aussi des enfants de chœur, et d’autres organisations catholiques. Fonleichnam est un jour férié en Bavière, comme dans les autres Länder à majorité catholique.

Oberammergau est une petite ville du sud de la Bavière. Elle est connue pour organiser tous les 10 ans un grand spectacle retraçant l’histoire de la Passion. Deux jeunes hommes d’Oberammergau sont choisis pour incarner sur scène, à tour de rôle, Jésus. A peu près la moitié des habitants de la ville – chrétiens ou non – sont investis dans la préparation de ce spectacle amateur qui attire des milliers de curieux venus du monde entier. Pendant un an et demi, tous les hommes de la ville se laissent pousser la barbe pour pouvoir incarner fidèlement les Galiléens de l’Antiquité.

La Bavière compte plusieurs lieux de pèlerinage, mais parmi tous un se détache tout particulièrement : Altötting. C’est le plus connu et le plus fréquenté de tous les pèlerinages de Bavière. La Madone noire dans la Gnadenkapelle attire plus d’un million de pèlerins par an.

La Croix et la Bavière

En juin 2018, le ministre-président de Bavière, Markus Söder, veut redorer l’image « historique et culturelle de la Bavière », dit-il, en imposant à tous les bâtiments publics de décorer leurs halls d’entrée d’un crucifix. L’arrêté approuvé par le gouvernement concerne environ 1 100 institutions dont les musées, les écoles, les théâtres ou encore les mairies. La « meilleure façon », selon la CSU, d’empêcher la montée des populistes d’extrême-droite, a fait fortement débat et a fait grincer des dents… Si l’on sait que Söder a fait installer une croix dans la chancellerie de Munich, on ne sait pas exactement si la mesure est appliquée partout.

Judaïsme et islam en Bavière

Il reste en Bavière quelques synagogues qui ont échappé – au moins en partie - aux destructions de 1938. Elles témoignent encore aujourd’hui de la vie et de la culture juives en Bavière avant la Shoah : on pense notamment aux synagogues d’Ansbach et d'Augsbourg. C’est aujourd’hui à Munich que la culture juive est la plus vivante. Dans les années 1990, l’immigration d’un grand nombre de russes juifs, ayant quitté l’URSS et ses républiques satellites, donne un nouveau souffle à la communauté munichoise. En plein centre de la ville, deux édifices en sont la preuve : la nouvelle synagogue ultra moderne Ohel Jakob et, juste à côté, le Jüdisches Museum München, le musée juif de Munich. Munich planifie actuellement la construction d’une seconde synagogue d’orientation plus libérale, dont les plans seront conçus par l’architecte star Daniel Libeskind. Les juifs bavarois restent aujourd’hui une toute petite minorité : en 1990, la Bavière compte une communauté de 5 500 membres. En 2019, ils sont 18 000.

L'islam, quant à lui, revêt une importance croissante en Bavière, notamment dans les grandes villes. Munich compte plusieurs mosquées, même si pour l’heure il manque un édifice représentatif dont l’architecture marque le paysage de la ville. Deux constructions de mosquées à Munich sont à l’étude. Une étude du ministère fédéral de l'intérieur estime à environ 4 % la proportion de musulmans dans la population totale de la Bavière en 2008.

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