Un verger d'envergure
Parcourir le Lot-et-Garonne demande une certaine connaissance florale tellement la diversité des champs d'arbres qui se suivent est prégnante. Des noisetiers qui font de Cancon sa capitale française en passant par les lianes si reconnaissables de l'actinidia donnant le kiwi, ou encore les pruniers emblématiques, on pourrait presque s'y perdre. Cette flore fruitière caractéristique donne une production à l'année, le kiwi se dévoilant à la saison froide quand les pêchers, parmi d'autres, fournissent la saison estivale. C'est bien sûr aux jours de la floraison blanche que ces arbres invitent à l'admiration. Perché en hauteur, il faut profiter de cette période pour contempler cette écume odorante qui a fait dire à Michel Serres qu'il n'y a que deux endroits au monde où l’on peut assister à un tel spectacle : le Japon et le Lot-et-Garonne !
La tulipe d'Agen : unique
On recense 400 espèces naturelles et 50 espèces vivaces qui peuplent la terre lot-et-garonnaise. Toutes sont qualifiées de noms poétiques qui « sentent bon » : le mouron des oiseaux, la véronique de Perse, le pâturin annuel, la moutarde des champs… Parmi les vivaces : la prêle géante, le sorgho d'Alep, ou encore l'achillée millefeuille. Cette diversité de fleurs vient de la multiplicité des sols entre calcaire, sable, argile… qui provoquent différentes pousses selon leur spécificité.
La tulipe d'Agen est, elle, unique au département. Indigène du fait de son ancienneté et de sa présence majoritairement en Lot-et-Garonne, la tulipe d'Agen trouve sa véritable origine en Iran. Elle est une des rares tulipes à l'état sauvage que l'on peut admirer, notamment dans les vignes de Buzet. Avec ses 25 à 40 centimètres de hauteur, elle détonne grâce à sa tige simple et sa fleur en forme de campanule. En voie d'extinction du fait du changement des pratiques agricoles, elle est aujourd'hui sauvegardée et bénéficie d'une protection nationale depuis 1995. Il faut absolument admirer son rouge éclatant et son étoile jaune dessinée au cœur de sa fleur signant sa particularité.
On ne saurait parler de façon complète de flore en Lot-et-Garonne sans évoquer les champignons et le cèpe. Comme dans bon nombre de régions françaises, il connaît ses cueilleurs, retraités ou bien plus jeunes, qui bravent les ronces et retournent les feuilles à la recherche de cette moisissure noble qui fait tant rêver les gastronomes. On en profitera pour conseiller aux curieux de respecter les avertissements des propriétés privées qui interdisent de cueillir les cèpes… ou les girolles !
Une faune de campagne typique
Chevreuils et cerfs, sangliers, petits lièvres, lapins, sans oublier ragondins et visons d’Europe, toute cette faune explique pourquoi un conducteur doit faire attention lorsqu’il traverse une forêt ! Ce petit tour d'horizon animalier serait incomplet si nous n'évoquions pas le cerf et son brame. Son cri puissant et rauque retentit dans les Landes ou les forêts du nord du département.
Côté volatile, route de passage entre les pays du Nord et ceux du Maghreb, on en compte un certain nombre. Sans avoir d'espèces charismatiques qui identifieraient le département comme terre d'accueil spécifique, il est un oiseau qui rencontre un grand succès du fait de son passage dans le ciel d’Aquitaine, la palombe ! Ce pigeon ramier dont la route vers le sud passe dans le ciel lot-et-garonnais provoque ce que l'on appelle « le mal bleu ». Entendez par là l'attente des chasseurs qui, durant un mois dans des cabanes nichées dans les arbres, patiente jusqu'au passage des volatiles dans le ciel. On ne saurait être exhaustif si l'on ne mentionnait pas les quelques jours du passage des grues qui, en plus d'être annonciateur des changements de saison, font lever la tête.
Par ailleurs, il existe un grand nombre de cours d’eau et de lacs : 540 hectares de plan d’eau sont reconnus par la fédération de pêche, soit 38 lacs. L’ensemble de la faune halieutique est représentée : carpe, tanche, perche, brochet, sandre, silure, l’esturgeon ou encore l’alose. La grande famille des pêcheurs attend l’ouverture au printemps, pour passer le temps à buller, cane en main, que le poisson morde à l’hameçon. Chose étonnante et qui a un impact négatif sur la vie aquatique et la flore des cours d’eau, la présence d’écrevisses exotiques qui mangent tout : végétation aquatique, insectes, mollusques, têtards, alevins de poissons, tritons, vase, œufs, poussins, grenouilles, libellules, gastéropodes… Elles fragilisent les berges et peuvent mettre à mal l’ensemble d’un écosystème en 10 ans.
Le plus bel arbre de France
Les arbres sont divers et variés. On peut croiser du châtaignier, de l’érable, du genévrier, du chêne (bien sûr !) ainsi que, plus spécifiquement dans la région de Casteljaloux, les pins maritimes charismatiques de la forêt des landes. Il y a quelques belles balades à faire, notamment en automne, dans la forêt domaniale de chênes du Mas d'Agenais et de Senestis, site prisé des cueilleurs de champignons. On s’en rend d'ailleurs compte avec les voitures garées sur le bas-côté lors de la saison.
Le Lot-et-Garonne, terre de conservation d'une nature séculaire. Magique, féerique, époustouflant... les adjectifs manquent lorsque l'on évoque les caractéristiques du chêne de Tombebœuf, cet « Ancien » champion de France. Avec ses près de 300 ans au compteur, ses 25 mètres de haut et ses 38 mètres d'envergure, le « chêne de Tombebœuf » fut élu plus bel arbre de l'année 2019 par le magazine Terre Sauvage en partenariat avec l'Office National des Forêts et ce, face à une centaine de candidats. Ce sont ses dimensions et sa longévité, mais aussi et surtout sa beauté qui ont séduit le jury. Ce chêne unique trône dans cette prairie verdoyante de Tombebœuf. Refuge de la faune et de la flore, il est un endroit privilégié par l'homme et invite au repos et à la sagesse. Loin d'une nature hostile et d'une ère anthropocène, le multicentenaire chêne de Tombebœuf est la démonstration du lien qui unit l'homme et la nature et s'inscrivant dans la durée. Sa reconnaissance récente en fait un site naturel incontournable à visiter.
